La macronie n’en finit pas de mourir, avec des soubresauts honteux, des reniements et des reptations. Lecornu s’essaye à la formation d’un nouveau gouvernement et Macron s’accroche au pouvoir.
Macron, qui s’accroche au pouvoir « comme une moule à son rocher »
Dimanche, Sébastien Lecornu, Premier ministre présente son gouvernement. Lundi matin, il démissionne et ainsi fait chuter son gouvernement. Lundi après-midi, Macron, qui s’accroche au pouvoir « comme une moule à son rocher » demande au premier ministre démissionnaire de trouver un nouveau gouvernement. En raison des égos surdimensionnés, de politiciens qui ne veulent laisser leurs prébendes, la situation institutionnelle chaotique qu’il ont créée fait de la France la risée des chancelleries.
Il se dit que Macron, prêt à tout pour ne pas démissionner ni dissoudre serait prêt à nommer un Premier Ministre de centre-gauche, porté par les discussions entre Gabriel Attal, Olivier Faure et Marine Tondelier. Et les LR seraient prêts à un accord de non-censure.
De son côté, Elisabeth Borne, Madame 49.3 se dit favorable à une « suspension » de la réforme des retraites qu’elle a portée en 2023, quand elle était à Matignon, et fait passer avec le 49.3. Indépendamment de la question des retraites elle-même, comme l’écrit sur X, le journaliste JS Ferjou « comment pourrait-on respecter une femme qui assumait de mettre le pays à feu et à sang pour une réforme qu’elle serait désormais prête à renier pour tenter de sauver quelques sièges ? Et un Président démonétisé… ».
Petites magouilles entre amis et ennemis pour ne pas perdre le pouvoir
Quoi qu’il en soit de tous ces petites magouilles entre amis et ennemis, hier, Sébastien Lecornu a fait ses devoirs prescrit par Emmanuel. Il a tenté d’accueillir des visages et des idées, accueillant la première vague de partis à Matignon après le choc. Il a poursuivi aujourd’hui à 10 h avec le Parti socialiste et les écologistes.
Conformément à son mandat présidentiel, il évaluera un « programme d’action et de stabilité pour le pays ». Ces manœuvres permettront de concrétiser l’idée d’un gouvernement capable de présenter un projet de loi de finances à l’Assemblée avant le 13 octobre, date limite pour donner au Parlement 70 jours pour l’examiner.
Lecornu a également rencontré hier le ministre de l’Intérieur et dirigeant néo-gaulliste Bruno Retailleau, censé être le principal allié de son gouvernement, qui a duré moins de 14 heures et qui aurait été l’artisan de son implosion. L’échange a été « franc et constructif ».
Mais la crise semblait déjà prendre une tout autre direction hier, et non vers la formation d’un gouvernement d’ici ce soir ; c’est la date butoir fixée par Macron avant de prendre ses « responsabilités », comme l’ont fuité les informations, quoi que cela puisse vouloir dire.
Le Canard Enchaîné affirme que les préfets français auraient déjà reçu officieusement les dates des nouvelles législatives
Des rumeurs du Canard Enchaîné affirment que les préfets français auraient déjà reçu officieusement les dates des nouvelles législatives, pour être prêts, le 16 et 23 novembre prochains. En bref, la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État semble hautement probable, pour organiser des élections les 16 et 23 novembre ; à tel point que les dirigeants ont déjà mis en œuvre leurs stratégies respectives.
Retailleau, dont le parti serait perdant en cas de dissolution, a donc déclaré ne pas exclure le retour de son parti à l’exécutif « à une condition : que ce soit un gouvernement que j’appellerais cohabitation » avec le parti de Macron, a-t-il déclaré hier, en oubliant que la cohabitation n’est possible que si ceux qui la revendiquent disposent d’une majorité, ce qui non seulement fait défaut aux Républicains, mais les divise également sur la marche à suivre.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella a saisi l’occasion pour appeler à une dissolution rapide de l’Assemblée, à un nouveau vote législatif et a tendu la main aux néo-gaullistes excédés par la « Macronie » : « Je suis tout à fait prêt à tendre la main à un accord de gouvernement chez Les Républicains, où j’ai déjà évoqué cette possibilité avec des membres et des dirigeants. » C’est la première fois que le chef du RN évoque l’option « italienne » à la télévision ; une union de la droite qui constituerait une nouvelle défaite pour Macron, qui a justifié ses choix par sa volonté d’isoler la droite « BleuMarine ». Quant à Marine Le Pen elle a prévenu que son parti censurera tout gouvernement : « La plaisanterie a assez duré ».
Macron de plus en plus seul
Les partis de gauche sont en désarroi : le chef du Parti socialiste, Faure, a appelé à « un changement de cap » si Macron optait plutôt pour un Premier ministre aligné sur la gauche.
Le dernier soubresaut de la Macronie avant le probable de profundis n’exclut même pas un « technicien », c’est-à-dire un homme politique de longue date hors de la vie partisane comme Bernard Cazeneuve, Premier ministre pendant six mois en 2016-2017, ancien du Parti socialiste.
En attendant, la scénarisation lundi d’un Emmanuel Macron déambulant seul sur les quais de Seine de l’Île de la Cité, en plein cœur de Paris, filmée par un journaliste de BFMTV, est devenue l’emblème d’un président en crise. Et lâché par les siens.
Mais le feuilleton n’est pas encore terminé, chaque heure apporte des rebondissements, l’o n’arrive pas à suivre… Suite donc demain pour le prochain épisode de la mort lente de la Macronie…
Francesca de Villasmundo
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