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Gaza et le massacre infini

Rafah sous les bombardements israéliens
Rafah sous les bombardements israéliens

La nuit de feu s’est abattue sur Rafah, ville frontalière entre Gaza et l’Egypte, ville où un million et demi de Palestiniens se sont réfugiés, dans leur fuite du Nord de l’enclave, enclave d’où ils ne peuvent sortir. Les violents bombardements ont eu lieu à Rafah pendant la nuit, faisant plusieurs morts. « Une centaine de victimes », a annoncé le ministère de la Santé du Hamas.

Israël s’est préparé avant cette nuit, à attaquer la dernière redoute palestinienne, la ville de Rafah, à la frontière égyptienne, dans laquelle s’entassent 1,4 million de réfugiés réduits à la famine en raison des restrictions de l’aide. Et cette nuit se fut un massacre qui s’ajoute aux précédents : 100 morts qui s’ajoutent aux 28 000 morts déjà en quatre mois de bombardements, pour la plupart des femmes et des enfants.

L’appel sans fermeté des Etats-Unis à Israël à ne pas « déshumaniser » les Palestiniens

L’Amérique continue d’exercer sa bienveillante pression sur son allié : après les déclarations du secrétaire d’État Tony Blinken, qui a déclaré qu’Israël ne pouvait pas utiliser la déshumanisation du 7 octobre « pour déshumaniser les autres », c’est au tour de Biden, qui a parlé d’une politique « exagérée » de la part d’Israël, ajoutant qu’ « il y a beaucoup d’innocents qui meurent de faim, beaucoup d’innocents qui sont en difficulté et qui meurent et cela doit cesser ».

C’est dommage qu’en disant cela, il ait commis une de ses gaffes habituelles, en confondant le président égyptien Al Sisi – avec qui il avait parlé pour apporter de l’aide aux Palestiniens – avec le président du Mexique.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en réponse à une question de la presse sur la situation dans la bande de Gaza, a déclaré :

« L’UE ne fournit pas d’armes à Israël, d’autres le font. Si l’on pense que le nombre de victimes est trop élevé, peut-être que quelque chose peut être fait pour le réduire. » Et il a ajouté : « De nombreuses personnes, y compris le président américain Biden, ont déclaré hier que l’action n’était plus proportionnelle, que le nombre de civils tués était insoutenable, avertissant Israël de ne pas continuer sur cette voie. Mais ma question est la suivante : mots mis à part, que pouvons-nous faire ? »

Ainsi, la seule véritable pression à ce jour, hormis les marchés mondiaux mobilisés pour arrêter la guerre, est la dégradation de la note d’Israël par Moody (« la première fois dans l’histoire du pays », note Haaretz) car elle affecte le porte-monnaie. Mais Netanyahu l’a rejeté en plaisantant : un accident passager.

La guerre à Gaza et le délire

Le Premier ministre israélien a également tenté de faire échouer définitivement les négociations, en déclarant qu’après le rejet de la proposition du Hamas d’échange de prisonniers visant à mettre fin au conflit, il ne présenterait pas de nouvelles propositions de trêve, insistant sur le fait que Tel Aviv ne pouvait pas accepter que des trêves temporaires (une condition que le Hamas ne peut accepter car, une fois les otages libérés, il n’aurait plus aucun levier pour forcer Israël à mettre fin aux hostilités).

Mais malgré la fermeture du Premier ministre, ses adversaires l’ont contraint à poursuivre les négociations, même si les espoirs de succès sont plus ténus qu’auparavant. Avec son refus ferme, Netanyahu a démontré qu’il est fort et qu’il peut résister aux pressions, tant externes qu’internes.

Le Premier ministre israélien a qualifié la proposition du Hamas de « délirante ». Sur ce qualificatif de « délirant », deux articles publiés sur le sujet par Haaretz et le Washington Post semblent intéressants, le premier d’Anshel Pfiffer et le second d’Ishann Tharoor.

C’est le titre de Haaretz : « Le refrain de Netanyahu selon lequel il combat le Hamas jusqu’à la « victoire totale » est un fantasme » ; comme le titre le WP : « La quête délirante et meurtrière de Netanyahou pour une ‘victoire totale’ ».

« Dans son article, Pfeffer explique comment Netanyahu n’a jamais donné de connotation à cette victoire totale, restant toujours vague. En cela, Netanyahu reprend un cliché habituel des guerres sans fin, qui le sont précisément en raison de l’indétermination des objectifs » commente Piccole Note, un quotidien géo-politique italien.

Netanyahu restera à jamais dans l’histoire comme le pire Premier ministre d’Israël

Pfeffer rappelle que, commentant l’opération militaire, Netanyahu a déclaré « nous détruisons les [tunnels] souterrains » et ce « en dépit du fait que des officiers supérieurs, à tous les niveaux ». Or « les militaires israéliens affirment depuis des semaines que le réseau de tunnels de Gaza est trop vaste pour une telle entreprise » souligne l’article de Haaretz.

Un concept repris par Tharoor, qui explique que « le Hamas reste enraciné. Son réseau de tunnels est probablement trop vaste et complexe pour qu’Israël puisse le détruire complètement », ajoutant ce que l’ancien chef d’état-major israélien Gadi Eisenkot, qui siège au cabinet de guerre, a déclaré il y a quelques jours : ‘Quiconque parle de défaite totale [du Hamas à Gaza] et vous assure qu’il n’aura ni le désir ni la capacité [de nuire à Israël], il ne dit pas la vérité’ ».

Si l’objectif reste incertain et insaisissable, « la seule chose certaine, conclut Piccole Note, est la boucherie constante qui a lieu à Gaza, qui se poursuit en raison du délire cynique dont se défend cette partie de la direction israélienne qui se reconnaît en Bibi Netanyahu, sur lequel Pfeffer est lapidaire : il croit qu’il est Churchill, mais ce qu’il ‘ne peut pas accepter, c’est que, dans son cosplay de la Seconde Guerre mondiale, il n’est pas Winston Churchill, mais Neville Chamberlain, le triste pacificateur que Churchill a remplacé huit mois après le début de la guerre’. Tous, exceptés les bibistes purs et durs, connaissent la vérité incontournable : Netanyahu restera à jamais dans l’histoire comme le pire Premier ministre d’Israël, celui qui a conduit le pays dans la plus grande tragédie qui est jamais frappée l’État ». Et comme le triste auteur de l’un des plus graves génocides enregistrés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (derrière celui du Rwanda, pour l’instant).

« Les dirigeants israéliens qui se cachent derrière son ombre espèrent rejeter toute la responsabilité sur lui, renforçant ainsi sa volonté de continuer ». Le tribunal de l’histoire, au-delà de celui de La Haye, pourrait leur donner tort.

Francesca de Villasmundo

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