« L’Antéchrist est simia Christi,
tout comme Satan est simia Dei. »
Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonæ voluntatis.
S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi (Jn 15, 20). Et c’est dès le moment de Sa Naissance secundum carnem que Notre Seigneur est persécuté. Encore dans les langes, les soldats d’Hérode Le cherchent pour tuer cet Enfant dont il craint qu’Il obscurcisse sa puissance terrestre. Martyrs d’un faux monarque nommé par l’empereur, les Saints Innocents dont nous célébrerons la mémoire dans quelques jours furent les premiers – enfants eux aussi – à être martyrisés par un pouvoir aussi tyrannique qu’illégitime, qui précisément pour cette raison dut s’imposer par la violence, même sur les plus petits et les plus sans vulnérables. Crudelis Herodes, Deum venire quid times ?, chantons-nous dans l’hymne de l’Épiphanie. Cruel Hérode, pourquoi craignez-vous le Dieu qui vient ?
Les nouveaux Hérode, au cours de l’Histoire et surtout dans ce crépuscule sombre qui marque l’effondrement de la civilisation chrétienne, ont fait et continuent de faire souffrir les petits, pour crucifier encore et encore, en Ses membres, le Chef divin du Corps Mystique. Leur lignée perpétue à travers les siècles l’aversion aveugle et vindicative de ceux qui savent qu’ils sont usurpateurs et craignent l’arrivée du Roi, car cela représenterait la fin de leurs fraudes. Ils craignent encore plus Son retour, car dans la Seconde Venue – cette fois dans la gloire éblouissante du Rex tremendæ majestatis – ce ne sera pas Notre Seigneur qui échappera à Ses ennemis, mais Lui-même les traînera devant Lui et les jugera devant le monde, et face à l’évidence universelle de leurs crimes, ils seront jetés dans l’abîme.
La violence des méchants cache la terreur de savoir que leurs jours sont littéralement comptés.
Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur terre aux hommes de bonne volonté, chantent les Anges sur la grotte de Bethléem.
Paix : plus nous entendons ce mot répété par le monde et malheureusement aussi par les dirigeants de l’Église, plus il perd son sens et se révèle pour ce qu’il est : l’illusion, voire la présomption, de pouvoir avoir la paix dans le monde après en avoir délibérément chassé Notre Seigneur, Princeps pacis (Is 9, 5) ; le délire fou de glorifier l’homme pour une inexistante et blasphématoire dignité infinie[1], dans le refus rebelle des droits souverains du Christ Roi et Pontife, et dans la subversion systématique des Commandements de Dieu.
Ne l’oublions pas, chers fidèles : l’Antéchrist est simia Christi, tout comme Satan est simia Dei. C’est dans l’inversion provoquée par la révolution que prend forme son règne infernal : au lieu du toto orbe in pace composito qui marque la Naissance du divin Sauveur, c’est dans le toto orbe in bello diviso que nous reconnaissons la marque de l’Ennemi du genre humain, meurtrier depuis le commencement, menteur et père du mensonge (Jn 8, 44).
D’un côté la Lumière, de l’autre les ténèbres. D’un côté, la Vérité, de l’autre, le mensonge. D’un côté, la paix du Christ dans le Royaume du Christ, de l’autre la guerre de l’Antéchrist dans la tyrannie de l’Antéchrist. Les ténèbres craignent la Lumière, tout comme la fraude craint la Vérité, le χάος crait le κόσμος.
Gloire à Dieu, paix aux hommes : où la gloire de Dieu est le principe et la condition pour que les hommes de bonne volonté – c’est-à-dire ceux qui observent Ses Commandements et les mettent en pratique avec une véritable Charité éclairée par la Foi – puissent connaître la paix véritable. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix : ce n’est pas comme le monde vous la donne que je vous la donne (Jn 14, 27).
Ni avec le mensonge, ni avec la fraude, ni avec l’injustice et l’iniquité ; pas dans le désordre du péché et dans la tolérance du mal.
Pas là où les innocents sont tués dans le ventre maternel et les personnes âgées sur leur lit d’hôpital.
Pas là où la famille naturelle est persécutée et culpabilisée, alors que les unions sodomites sont qualifiées de « mariages » et que la gestation pour autrui est légalisée dans l’exploitation la plus abjecte de la femme et de la mère.
Pas là où la nature elle-même est trafiquée, pour effacer de l’homme cette image et cette ressemblance avec Son Créateur, que le Serpent déteste.
Pas là où l’homme est émasculé et la femme virilisée.
Pas là où l’ouvrier est traité comme un esclave pour enrichir ses patrons.
Pas là où les coupables sont acquittés et les innocents emprisonnés.
Pas là où la fiction remplace la réalité, où la pauvreté est une opportunité de profit, où la pureté et la chasteté sont moquées et où les pires vices sont promus et encouragés même chez les plus jeunes.
Pas là où les cris de la foule scélérate effacent les fêtes chrétiennes, pas là où le son des cloches cède au cri du muezzin, tandis que les dirigeants – qui se proclament laïcs quand ils interdisent les Crèches et les Crucifix – rendent fièrement hommage à la fête juive de Hanouka, dont les lumières ont remplacé la Nativité de Notre Seigneur.
Pas là où la soif d’argent et de pouvoir a remplacé l’honneur et l’honnêteté.
Pas là où les pouvoirs subversifs commandent les politiciens sans dignité ni décence, et où l’information est asservie et complice du mensonge.
Pas là où les personnes en bonne santé sont rendues malades pour nourrir le Moloch pharmaceutique et où des millions d’êtres humains sont envoyés à l’abattoir pour enrichir les fabricants d’armes.
Pas là où la lumière du soleil est obscurcie, où l’air, l’eau et les champs sont empoisonnés, où le bétail est massacré et où les récoltes sont détruites au bénéfice des multinationales.
Pas là où prier en silence devant une clinique d’avortement implique une arrestation, et où dire la vérité sur les réseaux sociaux est considéré comme un discours de haine (hate speech).
Pas là où l’autorité, à quelque niveau que ce soit, gouverne illégitimement en légiférant contre Dieu et contre l’homme.
Pas là où l’on se berce d’illusions en pensant échapper au regard de Dieu, tout en imposant un contrôle total sur les masses.
Pas là où la Sainte Église – beata pacis visio – est éclipsée par une secte d’hérétiques, de fornicateurs et de corrompus.
Pas là où ceux qui veulent rester fidèles à Notre Seigneur sont persécutés et excommuniés par des mercenaires qui usurpent Son Nom en exigeant l’obéissance.
Les serviteurs de l’Antéchrist veulent nous faire croire qu’il n’y a pas d’issue, que cette guerre est désormais perdue et que chacun de nous doit se résigner à l’idée de vivre dans cette dystopie infernale, sans aucune possibilité de chasser les usurpateurs, les traîtres, les complices de ce coup d’État mondial. La terreur des ennemis de Dieu réside dans la perte d’un pouvoir acquis par la fraude et exercé illégitimement. Notre détermination à rester fidèle au Christ dénonce leur tromperie criminelle et les force à se montrer tels qu’ils sont.
Regardons le Saint Enfant. Dans ces épaisses ténèbres qui nous enveloppent, regardons-Le, vraie Lumière qui éclaire tout homme (Jn 1, 9). Regardons le Roi des rois, qui a choisi, par obéissance au Père, de S’incarner et de mourir pour nous. Puer natus est nobis, nous avons chanté dans l’introït : un Enfant est né pour nous. Pour nous : propter nos homines et propter nostram salutem, pour nous les hommes et pour notre salut. Regardez vers Celui que nous adorons tandis qu’Il cache sa divinité sous le voile de la chair, et que nous verrons revenir avec gloire pour juger les vivants et les morts.
L’Incarnation du Verbe Éternel du Père ne nous apporte pas la paix selon le monde ni une espérance purement humaine.
La Naissance de Notre Seigneur nous donne la véritable paix du cœur : la paix avec Dieu qui dérive du fait de vivre dans Sa Sainte Grâce, et l’espérance inébranlable qu’Il nous assiste avec l’Esprit Paraclet afin que nous puissions atteindre cette béatitude éternelle qui couronnera notre combat sur cette terre.
Avec le divin Consolateur, le Seigneur nous donne aussi Sa propre Mère, faisant de nous Ses enfants et nous plaçant sous la garde de Celle qui a écrasé la tête de l’ancien Serpent. Le Fils de Dieu est apparu précisément pour détruire les œuvres du diable (1 Jn 3, 8). Il est le descendant royal de la Femme couronnée d’étoiles qu’attendaient nos Pères. Il est le Messie promis que nous avons reconnu en Jésus-Christ, et qui s’est complut à confier à la créature la plus sainte, pure et humble la tâche d’enfoncer Satan dans l’abîme après que l’Archange Saint Michel aura renversé et tué l’Antéchrist. En attendant cette défaite du Mal et le triomphe définitif du Bien, ne cessons pas de L’invoquer comme notre Reine, Regina Crucis, notre Mère, notre Espérance. À Elle, la Providence a confié les trésors de toutes les Grâces : qu’Elle raccourcisse ces jours de tribulation et nous montre, après cet exil, le Roi-Enfant dont nous célébrons aujourd’hui la naissance. Ainsi soit-il.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
25 décembre MMXXV, In Nativitate D.N.J.C
© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò
[1] Dicastère pour la doctrine de la Foi, Déclaration Dignitas infinita, 2 avril 2024 – https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_ddf_doc_20240402_dignitas-infinita_it.html
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