Le nouveau gouvernement Lecornu II a été lancé 13 octobre, Macron absent. On prend les mêmes et on recommence, on magouille entre politiques pour sauver son fauteuil à l’Assemblée. Déréliction du pouvoir macronien.
Emmanuel Macron a laissé pour l’Égypte son propre pays avec un énorme doute sur la loi de finances et sans gouvernement
Le nouveau gouvernement Lecornu II a été lancé 13 octobre, Macron absent. Le Président de la République premier responsable du chaos institutionnel français actuel, s’est réfugié en Egypte, à Charm-el-Cheikh, au sommet « Paix 2025 », et où il a essuyé les moqueries de Donald Trump tout en se vantant d’être le garant de la « stabilité » en France. Mais ces sarcasmes trumpiens valaient mieux pour lui qu’assumer ses responsabilités en démissionnant ou en renvoyant les Français aux urnes voter de nouveaux députés. Et rejeter la faute sur les autres est une des pratiques irresponsables à laquelle ce président irresponsable nous a habitués. Emmanuel Macron a ainsi laissé pour l’Égypte son propre pays avec un énorme doute sur la loi de finances et sans gouvernement.
Sébastien Lecornu, qui se définit, presque la larme à l’œil, « moine soldat » alors qu’il est plutôt le faire-valoir d’un patron égocentrique qui ne veut pas lâcher le pouvoir, a donc présenté son gouvernement sans son Président : les magouilles entre politiques qui luttent pour garder leur fauteuils à l’Assemblée et les émoluments qui vont avec, sont allées bon train entre le Lecornu I et le Lecornu II… le boomerang au moment des élections risque de leur revenir violemment au visage, les électeurs étant dégoutés par ces tambouilles dont ils sont la fricassée.
La France a un nouveau gouvernement : Lecornu II
La France a donc un gouvernement. Un nouveau. Composé de 34 personnes, de techniciens, de technocrates et d’un homme d’affaires parmi les figures de la société civile. Un renouvellement aux deux tiers, comparé à la précédente expérience, qui avait duré moins de 14 heures. Le Lecornu II arrive le jour même où normalement la loi de finances pour la France, le budget, doit être soumise au Parlement pour discussion : elle devait être présentée le 13 octobre et votée avant le 31 décembre.
Le ministre de l’Économie et des Finances est le même qui, depuis des jours, rassure pourtant les médias et les marchés sur sa démission : Roland Lescure, comme Amélie de Montchalin, restera en charge des Comptes publics, avec laquelle il a préparé l’intégralité du budget. Il en va de même pour les pontes Darmanin à la Justice et Dati à la Culture. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, est nommé au ministère de l’Intérieur. Mme Annie Génevard, ministre de l’Agriculture, garde son marocain. Mme Vautrin passe de la Santé à la Guerre, elle fera toujours des ‘victimes’.
Parmi les surprises, la présidente du WWF France, Monique Barbut, anti-nucléaire, qui est nommée à la Transition écologique ; l’ancien patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, nommé ministre du Travail et de la Solidarité ; l’ancien patron de Système-U, Serge Papin, le géant coopératif français, nommé ministre des PME et du Pouvoir d’achat. L’imbuvable Aurore Bergé, la girouette de la vie politique, est chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
Retailleau exclut les ministres venant des Républicains
L’équipe compte ainsi six ministres qui viennent des Républicains, qui ont été immédiatement exclus du parti par Bruno Retailleau, pourtant ancien ministre du gouvernement Lecornu I et du précédent gouvernement Bayrou -mais entre Lecornu I et Lecornu II la course à l’échalotte a changé, Retailleau visant maintenant la Présidentielle et ne voulant donc plus cautionner la faillite totale d’Emmanuel Macron- ; quatre ministres du MoDem, les centristes de son prédécesseur Bayrou, dont Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères ; trois d’Horizons, le mouvement de l’ancien Premier ministre, Philippe, qui avait appelé Macron à la démission ces derniers jours ; un du micro-parti Liot ; et un de l’Udi, tout aussi petit parti, les libéraux indépendants.
Marine Le Pen a annoncé une motion de censure dès l’annonce du nouveau gouvernement, tout comme la France Insoumise de Mélenchon. Elles seront débattues jeudi 16 octobre 2025.
Pour rester à Matignon plus de 18 heures, le Premier ministre fait de l’œil à la gauche,
Aussi, pour rester à Matignon, tout au moins plus de 18 heures, durée du Lecornu I, le Premier ministre renommé après sa démission, fait de l’œil à la gauche, PS et Verts confondus. Ce gouvernement lutte en effet pour sa survie car il est clairement minoritaire. Et est donc prêt à acheter les voix de la gauche, voix qui sont prêtres à se laisser acheter…
Lors de son discours de politique générale d’hier, mardi 14 octobre, devant les députés à l’Assemblée nationale, il a annoncé, geler la très contestée réforme des retraites jusqu’en 2028, se soumettant ainsi à une exigence des socialistes pour ne pas être censuré. La question sera rediscutée après les prochaines élections présidentielles de 2027.
Cependant si d’un côté il voulait faire plaisir aux partis de centre-gauche, de l’autre il doit s’occuper des finances, c’est pourquoi il a expliqué que la perte des revenus des retraites « devra être compensée financièrement, y compris par d’autres coupes dans les dépenses ».
Sébastien Lecornu suspend la réforme des retraites jusqu’en 2028 ; soulagement au PS, ils ne voteront pas la censure et pourront garder leur fauteuil à l’Assemblée
La demande du PS sur les retraites étant satisfaite, les députés du parti à la rose sont soulagés -l’augmentation des autres taxes, hausse des impôts de 14 milliards d’euros dans le cadre du budget pour 2026, n’a aucune importance, ce n’était pas dans leurs revendications pour ne pas censurer-, ils pourront garder leur fauteuil, somme toute le but principal des magouilles politiciennes auxquelles tout ce petit monde s’est livré sans état d’âme.
Après les déclarations du Premier ministre, les camarades du Parti socialiste se sont donc réunis dans les salons secrets du Palais Bourbon et ont finalement pris une décision. Le chef de groupe, Boris Vallaud, a annoncé que la Brigade des Œillets ne voterait pas la motion de censure contre le gouvernement, se réjouissant : « C’est une victoire pour des milliers de Français, la reconnaissance d’une bataille et le premier pas vers le blocage et l’abrogation de cette réforme. »
Sébastien Lecornu peut désormais dormir sur ses deux oreilles… pour quelques nuits encore.
Francesca de Villasmundo
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