Cette nuit, Israël a frappé l’Iran, pays souverain. Deux objectifs ressortent de ces frappes ciblées contre des hauts dirigeants iraniens et des installations militaires perses : atteindre les frontières du Grand Israël et occulter le drame qui se déroule à Gaza.
Depuis 1992, Benjamin Netanyahu avertit sur le risque éminent que serait le programme nucléaire iranien. 33 ans qu’il accuse l’Iran de dépasser la ligne rouge du nucléaire
Pour certains analystes géo-politiques, l’attaque israélienne de cette nuit contre l’Iran, pays souverain, parmi de nombreuses raisons, en auraient deux primordiales : la réalisation du Grand Israël et l’occultation de l’épuration ethnique qui se joue à Gaza.
Depuis 1992, Benjamin Netanyahu avertit sur le risque éminent que serait le programme nucléaire iranien. 33 ans qu’il accuse l’Iran de dépasser la ligne rouge du nucléaire. 33 ans et cette nuit, cette éminence serait devenue réalité…
Voilà une liste du nombre d’avertissements foireux de Netanyahou concernant le programme nucléaire iranien.
Il en a parlé au moins 14 fois depuis 92 ou il disait à chaque fois que c’était imminent. 33 ans d’imminence…
La France affirme qu’Israël a « le droit de se DEFENDRE » 😳 . pic.twitter.com/uZ9nTfAQah— Guy Fawkes News (@Guy_Fawkes_News) June 13, 2025
L’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, a ajouté de l’huile sur le feu en tenant une séance de travail cruciale à Vienne cette semaine : « Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne », a écrit hier le New York Times, « ont soumis à l’agence une résolution demandant que l’Iran soit censuré pour son programme nucléaire en progression rapide et pour avoir violé d’autres engagements dans le cadre de l’accord nucléaire de 20153 ».
Sous la pression, et peut-être la soumission du directeur Rafael Grossi aux désirs de Tel-Aviv, comme le démontrent les documents piratés par Téhéran, l’AIEA a fini par dénoncer les violations du traité par l’Iran, qui serait sur le point de produire des armes nucléaires. Une résolution qui sonne comme un feu vert à l’attaque, un véritable casus belli. Or, selon Piccole Note, les prétendus non-respects iraniens sont sans fondement. Piccole Note rapporte pour justifier son analyse un communiqué de Reuters publié aujourd’hui : « Une source proche des services de renseignement américains a déclaré que l’évaluation de ces derniers selon laquelle l’Iran ne construisait pas d’arme nucléaire n’avait pas changé récemment et que le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, n’avait pas autorisé la reprise du programme d’armement nucléaire, interrompu en 2003. »
L’attaque israélienne contre l’Iran :faire capoter l’accord américanoo-iranien
Les faucons américains de leur côté soumettent Trump, qui est proche d’un accord avec l’Iran, à une forte pression comme nous l’avons écrit hier sur MPI. Parmi les nombreux membres de l’entourage de Trump qui ont pris position contre l’attaque, Politico cite Tucker Carlson mais surtout le vice-président JD Vance, peut-être l’esprit le plus lucide parmi ceux qui entourent le président. Ainsi que Tulsi Gabard. Mais finalement l’Etat profond, va-t-en-guerre, qui entretient des relations étroites avec Israël, tient encore les rênes du pouvoir aux Etats-Unis. Et Israël a bombardé l’Iran… Selon CNN, Trump n’a pas donné son feu vert à l’attaque mais en a été informé. Le Secrétaire d’État Marco Rubio a d’ailleurs publié une une déclaration affirmant que les États-Unis ne sont pas impliqués dans les attaques d’Israël contre l’Iran.
Si une raison de l’attaque peut être d’éviter l’accord entre les Etats-Unis et l’Iran qui aurait été annoncé dimanche, comme le suggère le communiqué publié par le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi, qui avait déclaré la veille de l’attaque que l’accord « est proche », deux autres objectifs sont le Grand Israël et l’occultation du drame de Gaza.
Les pulsions messianiques du Grand Israël vont de pair avec l’hécatombe des Palestiniens à Gaza
Piccole Note souligne que « Ce qui s’est passé peut s’expliquer par la convergence entre les visées expansionnistes du Premier ministre, qui veut faire d’Israël une puissance régionale/mondiale, et les pulsions messianiques du Grand Israël, pulsions divergentes qui ont trouvé un catalyseur symbiotique dans le génocide des Palestiniens, comme le démontre de manière théophanique la note de prière laissée hier par Netanyahu au Mur des Lamentations : « Voici, le peuple se lèvera comme un grand lion », Livre des Nombres 23:24 (l’opération contre l’Iran est appelée Lion qui se lève). »
Et relaye l’analyse de Daniel Lobato sur al Mayadeen :
« Pour Israël, écrit Lobato, « il s’agit d’une guerre existentielle contre la résistance existentielle des Palestiniens, et l’impasse actuelle mène le régime vers sa fin, qui surviendra dans quelques années. Israël part du principe que si le contexte géopolitique ne permet pas l’extermination ou l’expulsion de millions de Palestiniens, il doit alors changer de contexte géopolitique et identifier un autre scénario régional et mondial susceptible d’offrir la possibilité de vider la Palestine de ses Palestiniens. Israël aspire à ce changement radical. »
« […] Dans le cadre de la protection illimitée accordée par l’Occident au régime israélien depuis 77 ans et pendant le génocide actuel, les dirigeants sionistes estiment que le changement souhaité du contexte géopolitique implique l’ouverture d’une guerre régionale de grande intensité contre l’Iran et c’est pourquoi ils ont annoncé qu’ils la mèneraient même sans l’autorisation des États-Unis . La véritable raison n’est pas de neutraliser le programme atomique de Téhéran par des attaques « ciblées », chose impossible sous les montagnes iraniennes [peut-être… ndlr], mais de lever le voile sur un scénario plus sanglant que celui actuel. »
Selon Piccole Note le déclenchement « d’un chaos dans la région, susceptible de faire des centaines de milliers de morts, dont de nombreux Israéliens, afin d’exploiter les spectres occidentaux de l’“extermination massive des Juifs” » permettrait à Israël de « parvenir à l’objectif souhaité concernant la question palestinienne, (…) leur garantirait l’impunité pour la “solution finale” à Gaza ».
Les préparatifs d’une nouvelle guerre majeure au Moyen-Orient battent leur plein
Pour l’instant, la réaction iranienne a été limitée jusqu’à présent, et peut-être la réponse future, plus massive et plus réfléchie, le sera-t-elle aussi, l’ayatollah Khamenei ayant parlé d’une réponse « sévère », évitant des adjectifs plus dévastateurs.
En bref, les préparatifs d’une nouvelle guerre majeure au Moyen-Orient battent leur plein, même si plusieurs analystes voient dans le fait de forcer l’Iran une stratégie pour le faire céder aux exigences de démantèlement total de son appareil nucléaire.
Un nouveau cycle de négociations américano-iraniennes devrait se tienir dimanche à Oman. Une échéance cruciale… « Nous sommes inquiets », a déclaré un haut diplomate de la région au Washington Post :
« Nous pensons que la situation est plus grave que jamais. »
Francesca de Villasmundo
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