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La prêtresse shintoïste Sanae Takaichi pourrait devenir la première femme à diriger le gouvernement japonais

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Sanae Takaichi, 64 ans, devient la première femme à diriger le Parti libéral-démocrate japonais, rendant ainsi le pouvoir à l’aile dite nationaliste liée à Shinzo Abe. Admiratrice de Thatcher, elle défend des positions conservatrices : critique envers la Chine, pèlerinage au sanctuaire Yasukuni, rejet du mariage homosexuel, des femmes impératrices et des réformes familiales. Elle prône une augmentation des dépenses publiques et un durcissement des restrictions à l’immigration.

Elle est la première femme à diriger le Parti libéral-démocrate et, à ce titre, candidate à devenir bientôt la première femme à diriger le gouvernement japonais. Et surtout, elle est celle qui ramènera à la tête du parti conservateur l’aile la plus proche de Shinzo Abe, Premier ministre ayant exercé le plus longtemps au Japon et promoteur de politiques nationalistes, assassiné en juillet 2022, deux ans après avoir quitté ses fonctions.

L’ancien ministre de l’Intérieur Sanae Takaichi a remporté les primaires du Parti libéral-démocrate ( PLD) pour succéder à Shigheru Ishiba, qui a dirigé le parti pendant un an seulement et a subi une cuisante défaite aux dernières élections. Takaichi a remporté de justesse le second tour face au jeune réformateur Shinjiro Koizumi, ministre de l’Agriculture qui, ces derniers mois, a réussi à contenir les effets de la crise du prix du riz à Tokyo. Takaichi a obtenu 149 voix contre 145 pour Koizumi parmi les délégués du parti.

Opposée au « mariage homosexuel »

Originaire de Nara, où elle est née il y a 64 ans, Sanae Takaichi a explicitement cité Margaret Thatcher comme modèle pour sa mission de bâtir un Japon « fort et prospère ». Elle avait été battue par Shigheru Ishiba lors des précédentes primaires, et sa victoire représente une revanche pour l’aile la plus nationaliste du parti qui a gouverné le Japon presque sans interruption depuis l’après-guerre.

Takaichi est connue pour ses critiques envers la Chine et se rend régulièrement en pèlerinage au sanctuaire Yasukuni de Tokyo (*) , dédié aux Japonais tombés au combat. Cette situation a été une source de frictions constantes avec Pékin, qui a accentué son discours antijaponais lors des célébrations du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En matière de politique sociale, la nouvelle dirigeante maintient des positions conservatrices : elle s’oppose à l’autorisation pour les couples mariés d’utiliser des noms de famille différents – une réforme populaire auprès des électeurs, mais qui, selon elle, porterait atteinte aux valeurs familiales traditionnelles. Elle s’oppose au mariage homosexuel et est également opposée à l’idée d’impératrices.

Mesures plus strictes contre l’immigration clandestine

Sur le plan économique, l’influence d’Abe est manifeste : Takaichi prône des dépenses publiques agressives pour stimuler l’économie japonaise, la quatrième au monde. Elle a également ouvert la voie à une renégociation de l’accord de commerce et d’investissement avec les États-Unis à des conditions plus favorables pour Tokyo. Aux termes de cet accord, Donald Trump a accepté de réduire les droits de douane sur les voitures et autres biens japonais en échange de 550 milliards de dollars d’investissements japonais.

Mais le pilier de sa campagne électorale a surtout été la question sensible de l’immigration , dans une tentative évidente de reconquérir les électeurs qui avaient abandonné son parti pour soutenir Sanseito, la nouvelle force considérée d’extrême droite sortie nettement renforcée des élections à la chambre haute du parlement japonais en juillet dernier. Takaichi a appelé à des restrictions sur les achats immobiliers par les étrangers et à des mesures plus strictes contre l’immigration clandestine.

Suite à l’issue des primaires, la question de la succession d’Ishiba à la tête du gouvernement se pose, et Takaichi est la candidate toute désignée. Cependant, devenir véritablement la première femme Premier ministre du Japon ne sera pas chose aisée. Après les récentes élections, le Parti libéral-démocrate et son partenaire de coalition, le Komeito, ne détiennent plus la majorité dans les deux chambres de la Diète. Takaichi devra donc solliciter des voix au Parlement et pourrait solliciter le soutien extérieur de Sanseito. Le calendrier est toutefois serré : le président américain Donald Trump devrait arriver en Asie à la fin du mois pour le sommet de l’APEC (Organisation de coopération économique du Pacifique), qui se tient à Gyeongju, en Corée du Sud. Une escale au Japon est d’ores et déjà prévue le 27 octobre pour rencontrer le président du gouvernement japonais.

(*) Le sanctuaire Yasukuni, situé à Tokyo, est un sanctuaire shintoïste fondé en 1869 pour honorer les morts japonais de la guerre. Quelque 2,5 millions de morts y sont vénérés.

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