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La ruée vers l’or

Selon la banque australienne Macquarie, les diverses banques centrales ont acheté 264 tonnes d’or entre janvier et septembre, ce qui est un record sur les six dernières années et ce, alors que la tendance de l’or était plutôt baissière depuis un an (chute de 1350 $ au 17 avril à 1175 $ le 15 août), notamment à cause des entreprises spéculatives des hedge funds qui se désengagent de ce marché, après les records atteints en 2011 (1921.17 $ l’once le 6 septembre) avec une valeur multipliée par 6 en 8 ans (319.89 $ le 9 mars 2003) et une stabilisation relative depuis juin 2013 où le cours oscille entre 1000 et 1300 $ l’once.

La liste des pays acheteurs est instructive :

– Plus de 100 tonnes d’or : Russie (383.3), Turquie (125.8).

Plus de 50 tonnes : Kazakhstan (68.4)

Plus de 10 tonnes : Inde (15.3)

Plus de 5 tonnes : Pologne (9), Colombie (7.1), Irak (6.5), Tadjikistan (5.1)

– Plus d’1 tonne : Mongolie (5), Kirghizistan (4.9), Egypte (2.7), Indonésie (2.5), Jordanie (2.2), Philippines (1.6), Thaïlande (1.6), Serbie (1.1)

Quand on analyse dans les détails on y trouve la Narodowy Bank Polski qui a acquis les deux premiers mois du 2e semestre 2018 pas moins de 9 tonnes de métal précieux, soit le plus gros achat de la nation de l’aigle blanc depuis 20 ans et le plus gros achat d’une banque centrale européenne au XXIe siècle.  Les pays émergeants se taillent aussi une belle part : l’Egypte a acheté de l’or pour la première fois depuis quarante ans. L’Inde, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande ont fait de même pour la première fois depuis des années. L’Irak aurait acquis 6,5 tonnes pour diversifier ses investissements, un achat effectué par l’intermédiaire de la Banque de France, indiquait Bloomberg début septembre.

Cependant, 86 % des acquisitions au premier semestre ont été effectuées par la Russie, la Turquie et la Kazakhstan selon le Conseil mondial de l’or (CMO). A elle seule, la banque centrale russe a acheté plus de 383 tonnes d’or entre janvier 2017 et juillet 2018. Elle approche ainsi le niveau de réserves que l’on prêtait à l’URSS en 1990 (jusqu’à 2.000 tonnes). Si Moscou maintenait ce rythme, la Russie posséderait alors, d’ici à la fin de l’année prochaine, presque autant d’or que la France qui abrite les quatrièmes plus grosses réserves de la planète. « La soif d’or de la Russie n’est pas près de se tarir car le pays accumule le métal pour diversifier ses réserves de changeUtiliser l’or comme réserve internationale peut réduire la dépendance russe au dollar et potentiellement internationaliser sa devise dans un contexte de sanctions américaines imposées au pays » déclare Eily Ong, analyste métaux et mines chez Bloomberg. Propos confirmés par Natalie Dempster, directrice générale en charge des banques centrales et des politiques publiques au CMO : « Dans certains pays, le désir de dédollariser [son économie, NDLR] semblerait certainement jouer un rôle dans les achats d’or. Cela résulte de l’association des tensions géopolitiques, de la vision à long terme sur le dollar et des mutations structurelles du commerce mondial. ». Quant à la Turquie, l’effondrement de la livre turque fait de l’or le refuge idéal pour ne pas connaître la banqueroute. Notons qu’elle a fait rapatrier ses réserves placées dans la Réserve Fédérale américaine (28.6 tonnes) entre avril et juin 2018 et qu’à partir de juillet, elle a obtenu la concession du raffinage de l’or vénézuélien au détriment de la Suisse (il est intéressant de noter que business is business et qu’un régime d’extrême gauche confie son or à une démocratie musclée de droite… tout comme pendant la guerre des Malouines, la junte militaire de Videla avait reçu un soutien inattendu de l’URSS…).

Voici les dernières données mondiales quant aux réserves d’or par banque centrale :

Hristo XIEP

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