Le directeur du FBI, Kash Patel, a confirmé lors d’une comparution devant la commission judiciaire du Sénat que l’agence avait licencié ou accepté la démission d’employés impliqués dans la rédaction d’une note interne controversée de 2023 proposant de surveiller les catholiques traditionalistes pour d’éventuels liens avec l’extrémisme.
Il s’agit d’un pas important dans une affaire qui a généré des accusations d’abus de pouvoir et de violations de la liberté religieuse sous l’administration précédente.
Retour en arrière sur cette affaire
Le scandale remonte à janvier 2023, lorsque le bureau du FBI à Richmond, en Virginie, a publié une note intitulée « Intérêt des extrémistes violents à motivation raciale ou ethnique pour l’idéologie catholique traditionaliste radicale ». Le document suggérait de surveiller les groupes catholiques liés à la messe latine traditionnelle et des organisations comme la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX), évoquant de possibles liens avec des idéologies d’extrême droite. Il proposait également de recruter des informateurs dans les paroisses catholiques afin d’identifier les « moyens d’atténuation » de prétendus risques potentiels de radicalisation.
La note a fuité en février 2023, ce qui a incité Christopher Wray, alors directeur du FBI, à la rétracter immédiatement, la qualifiant d’erreur isolée et non conforme aux normes de l’agence. Cependant, des enquêtes ultérieures menées par la commission judiciaire de la Chambre ont révélé qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé : elle impliquait une coordination avec au moins deux autres bureaux et jusqu’à 13 documents supplémentaires contenant des références désobligeantes au catholicisme traditionaliste. Il a également été révélé qu’un agent infiltré avait interrogé un prêtre et un chef de chœur dans une chapelle de la FSSPX, et que des enquêtes sur les antécédents, les déplacements et les finances avaient été menées sur des membres du clergé qui refusaient de fournir des informations confidentielles sur des paroissiens.
Une enquête interne du ministère de la Justice, achevée en avril 2024, a révélé que la note violait les normes professionnelles en établissant un lien inapproprié entre les croyances religieuses et les risques de terrorisme.
Violation du premier amendement
Ces mesures de surveillance ont suscité des inquiétudes quant à de potentielles violations du Premier Amendement, qui protège la liberté religieuse. Des législateurs républicains tels que Jim Jordan et Josh Hawley ont dénoncé cette note, la qualifiant de preuve de partialité anticatholique et anticonservatrice au sein du FBI sous l’administration Biden-Harris. L’ancien président Donald Trump a également évoqué cette affaire lors de rassemblements, dénonçant une « persécution des chrétiens » et des complots présumés visant à infiltrer des églises.
Instructions pour éviter que l’affaire ne se reproduise
Dans sa déclaration du 16 septembre 2025, Patel, nommé directeur du FBI plus tôt cette année après la démission de Wray en décembre 2024, a affirmé que, sous sa direction, des « solutions permanentes » avaient été mises en œuvre pour restreindre le placement d’informateurs dans les lieux de culte, les limitant aux cas de menaces criminelles ou terroristes actives. En réponse à Hawley, Patel a déclaré : « Nous avons enregistré des licenciements liés à cette affaire, ainsi que des démissions », faisant référence à la note de Richmond, sans toutefois préciser les noms ni les fonctions des personnes concernées.
Patel a souligné la transparence de son administration, soulignant que le FBI avait fourni 700 documents au Congrès concernant la note, contre 19 pages pour son prédécesseur. Elle a également révélé que l’agence enquêtait actuellement sur 60 cas de crimes haineux contre des catholiques, notamment des attaques contre des églises à Kansas City, Louisville, Houston, Nashville et Richmond, et a indiqué que les sources potentielles de financement de ces incidents étaient surveillées.
Pierre-Alain Depauw
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