Un futur sacre contre trente deniers ?
C’est le 15 novembre que Léon XIV a reçu Mgr Fernando Arêas Rifan, supérieur de l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney de Campos (Brésil).
Mgr Rifan est le successeur de Mgr Licinio Rangel qui avait été sacré évêque par les évêques de la FSSPX (1) en 1991 et réintégré dans la « pleine communion » avec Rome lors de l’érection de l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney en Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney le 25 décembre 2002 par Jean-Paul II.
Mgr Rifan, dés après sa nomination comme supérieur de l’Administration personnelle, a voulu donner des « gages » à la Rome conciliaire :
– concélébration dans le nouveau rite,
– abandon de « l’état de nécessité »,
– « adaptation » du magistère pour éviter de dénoncer les erreurs du Concile Vatican II.
– Remise en cause du « Bref examen critique des cardinaux Ottaviani et Bacci de 1969″ qui concluait que le Novus Ordo « s’éloigne de manière impressionnante » de la théologie du concile de Trente.
Lors de sa rencontre avec le Pape régnant, Mgr Rifan, âgé de 75 ans, a présenté sa démission et attend la nomination, par le Vatican, d’un successeur.
Pour appuyer sa demande il n’a pas hésité, toute honte bue, à souligner sa différence avec les « groupes radicaux et schismatiques », et à insister sur sa communion avec les évêques diocésains et la structure conciliaire.
La Fraternité Saint-Pie, qui a bien compris qu’elle était visée par ces propos d’une lâche ingratitude, a réagi dans une analyse qu’elle conclue fort justement ainsi :
« Cette audience, en elle-même, n’ajoute pas une rupture supplémentaire ; elle confirme plutôt un chemin : celui d’un groupe qui, après avoir résisté au nom de la Tradition, s’est employé progressivement à reformuler son discours en atténuant, puis en laissant tomber la critique doctrinale de Vatican II et de la nouvelle messe ; en centrant son identité sur une « sensibilité traditionnelle » compatible avec l’ensemble du discours conciliaire.
La situation bancale de Mgr Rifan est une invitation à garder la ligne claire de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer : obéissance filiale au pape en tant que vicaire du Christ mais refus des nouveautés qui contredisent la Tradition constante ; persévérance dans la messe de toujours, non comme simple préférence, mais comme expression achevée de la foi catholique. »
Cette lente et inexorable dérive touche tous les instituts qui s’éloignent, plus ou moins, de la déclaration de Mgr Lefebvre du 21 novembre 1974 :
Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.
Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues.
Toutes ces réformes, en effet, ont contribué et contribuent encore à la démolition de l’Église, à la ruine du Sacerdoce, à l’anéantissement du Sacrifice et des Sacrements, à la disparition de la vie religieuse, à un enseignement naturaliste et teilhardien dans les Universités, les Séminaires, la catéchèse, enseignement issu du libéralisme et du protestantisme condamnés maintes fois par le magistère solennel de l’Église.
Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l’Église depuis dix-neuf siècles.
« S’il arrivait, dit saint Paul, que NOUS-MÊME ou un Ange venu du ciel vous enseigne autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu’il soit anathème. » (Gal. 1, 8.)
N’est-ce pas ce que nous répète le Saint-Père aujourd’hui? Et si une certaine contradiction se manifestait dans ses paroles et ses actes ainsi que dans les actes des dicastères, alors nous choisissons ce qui a toujours été enseigné et nous faisons la sourde oreille aux nouveautés destructrices de l’Église.
On ne peut modifier profondément la « lex orandi » sans modifier la « lex credendi ». A messe nouvelle correspond catéchisme nouveau, sacerdoce nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles, Église charismatique, pentecôtiste, toutes choses opposées à l’orthodoxie et au magistère de toujours.
Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit.
La seule attitude de fidélité à l’Église et à la doctrine catholique, pour notre salut, est le refus catégorique d’acceptation de la Réforme.
C’est pourquoi sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment nous poursuivons notre oeuvre de formation sacerdotale sous l’étoile du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons rendre un service plus grand à la Sainte Église Catholique, au Souverain Pontife et aux générations futures.
C’est pourquoi nous nous en tenons fermement à tout ce qui a été cru et pratiqué dans la foi, les mœurs, le culte, l’enseignement du catéchisme, la formation du prêtre, l’institution de l’Église, par l’Église de toujours et codifié dans les livres parus avant l’influence moderniste du concile en attendant que la vraie lumière de la Tradition dissipe les ténèbres qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle.
Ce faisant, avec la grâce de Dieu, le secours de la Vierge Marie, de saint Joseph, de saint Pie X, nous sommes convaincus de demeurer fidèles à l’Église Catholique et Romaine, à tous les successeurs de Pierre, et d’être les « fideles dispensatores mysteriorum Domini Nostri Jesu Christi in Spiritu Sancto ».
Amen.
Christian LASSALE
(1) Le 28 juillet 1991 Mgr Tissier de Mallerais, entouré de NNSS Richard Williamson et Alfonso de Galarreta, avait sacré Mgr Licinio Rangel (†) pour succéder à Mgr de Castro-Mayer, décédé le 25 avril 1991,
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