Il était une fois un homo sapiens souhaitant retirer 3500 brousoufs à sa banque pour acheter le bien de ses rêves à l’étranger (1)
Le rendez-vous est pris avec son banquier un mardi après-midi qui lui assure qu’il n’y aura pas de souci et qu’il pourra retirer en toute quiétude à l’agence bancaire du coin. Il s’y rend et est accueilli par un gentil collaborateur. Il lui indique qu’il vient chercher la somme dite.
Le barbu de l’agence le regarde avec un grand sourire et lui dit : « le distributeur est en panne, je ne sais quand viendra le réparateur, peut-être dans cinq minutes, dans trois heures ou jamais… ! Je n’en sais rien car il vient incognito en civil et rentre sur le côté. Avant il passait chez nous pour nous indiquer que c’était bon ». Il reste interloqué, les bras ballants devant l’affichette collée à la va-vite sur la glace du distributeur de brousoufs.
Reprenant un peu ses esprits, il lui répond calmement : « Mais vous n’avez pas de liquide autre part ? ». Réponse du barbu hilare : « Non, non, tout est là-dedans ! ». « Mais, comment puis-je faire pour récupérer la somme avant ce soir, nous partons demain matin très tôt ? ». « Vous devez aller à une autre agence à 30 km pour retirer ce qu’il vous faut, je les préviens… ».
Donc, notre homme prend son courage à deux mains et court avant la fermeture à ladite agence à 30 km de la première.
Il entre et aborde une dame à l’accueil qui le voit venir : « Vous êtes M….pour le retrait unique ? ». « Oui, c’est exact ». Elle lui donne une carte qui ressemble à une carte bleue et lui dit : « Vous l’insérer dans le distributeur et vous prenez les billets qu’il vous donne et n’oubliez pas d’appuyer sur CONTINUER pour tout retirer ». « Je vous donne aussi une enveloppe, c’est plus discret ».
Et devant tous les clients, il introduit la fameuse carte…sans rien dire, le DAB s’ébranle, se réveille, s’ébroue, on l’entend qui compte les billets frénétiquement, et hop, une première liasse arrive. Stupeur, que des billets de 10 brousoufs !!! Le ciboulot travaille ! A ce compte, ce n’est pas une enveloppe dont il a besoin, mais d’une caisse ! Il appuie sur CONTINUER comme lui a indiqué la dame et rebelote, une liasse de 10 ! L’enveloppe grossit à vue d’œil ! 3° tour, le DAB couine et sort une liasse bigarrée de 10 et de 20 ! Ouf, il commence à respirer, 4° tour qu’une de 20, cela va mieux, 5° tour le DAB s’énerve, on l’entend qui trie bizarrement, un gros couinement, puis, plus rien ! Si, un message laconique « erreur de distribution » et lâche un ticket, « 2490 brousoufs sur 3500 ».
Et tout cela devant les clients…intéressés et médusés.
Il retourne voir la dame à l’accueil, mais est obligé d’attendre car entretemps, elle règle des affaires avec un autre client. Dix minutes passent et elle l’appelle. Il lui indique l’affaire, lui montre les petites coupures tout juste sorties du distributeur et elle répond : « Ah décidément, il a dû mal aujourd’hui; qui a vidé le distributeur ? Bon, je suis obligé de refaire une carte et de vous créditez les 1010 brousoufs que j’ai enlevés initialement des 3500 en espérant pas me tromper sur votre compte courant ».
Elle s’agite sur son ordinateur et part chercher la carte au premier étage. Elle lui redonne la nouvelle. Cela devient gaguesque. Deuxième essai pour disposer du reste : idem, il donne une fois, deux fois et tombe en rade après avoir donné 910 brousoufs. Puis arrive toute légère une autre collaboratrice bien plus jeune, toute menue qui déclare à la dame d’accueil : « Ah, il est encore en carafe, comme j’ai effectué ce matin un gros retrait pour un client, tu comprends, il a dû prendre toutes les grosses coupures (Dans les DAB, grosse coupure égale 50 brousoufs ». On se demande à quoi servent les coupures de 100, 200 et 500…
Ceci explique cela…
Et la dame de l’accueil renchérit : « finissez avec votre carte bleue, cela ira plus vite… ». Il s’exécute avec résignation et termine le retrait tant désiré et repart avec une enveloppe bien épaisse.
Le tout a duré 45 minutes à cette agence sans compter le trajet supplémentaire et les 10 minutes dans l’agence du départ.
Ah, quand ils disaient que la modernité allait nous faire gagner du temps !
On a la nostalgie quand on téléphonait et que la somme était prête directement dans une enveloppe à son agence préférée en toute discrétion.
On n’arrête pas le progrès !
(Histoire tirée d’un fait réel)
Anatole Castagne.
(1) en France, c’est quasi impossible car limité – dans la la plupart des cas – à 1000 depuis bien trop longtemps).
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