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Maisons vertes : après l’Italie, même l’Allemagne dit non

Le programme Maison verte de l'UE

Après l’échec de la fin des voitures thermiques, le ras-le-bol contre les folles politiques vertes croit. Le ministre fédéral du Logement, du Développement urbain et des Travaux publics, membre du Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), Klara Geywitz demande des changements, le ministre fédéral de la Justice, le libéral Marco Buschmann émet des doutes sur le respect de la constitution : dans le gouvernement allemand, il y a une fronde contre les maisons vertes. Et les Verts sont isolés. Une contestation qui pourrait s’étendre à d’autres pays.

Même en Allemagne, pays pilote de l’Union européenne, le mécontentement commence à se répandre contre la directive européenne sur l’efficacité énergétique qui va pousser à rénover des dizaines de millions de logements et de bâtiments publics sur tout le Vieux Continent pour atteindre les objectifs climatiques. Une directive vivement souhaitée par la Commission dirigée par l’Allemande Ursula von der Leyen, et en faveur du contexte allemand qu’elle parait presque une aide politique à Berlin, sur laquelle pourtant la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz commence à craquer.

De ce point de vue, les principaux partisans des politiques vertes, les Verts, qui sont la deuxième force du gouvernement berlinois, sont isolés. Assiégé par l’axe inédit entre les sociaux-démocrates du SPD et les libéraux du FDP, premier et troisième partenaire de la coalition en termes de poids politique.

Le ministre fédéral du Logement membre du SPD demande la modification de la directive sur les maisons vertes

Au premier rang pour demander un ajustement de la directive au Conseil de l’UE se trouve Klara Geywitz, ministre social-démocrate du Logement, du Développement urbain et des Travaux publics. Représentante de la composante plus à gauche et travailliste du parti, elle ne peut donc certainement pas être suspectée de manquer de sympathies progressistes.

L’exposant du SPD, parlementaire dans les Lander de Brandebourg de 2004 à 2019, a toujours accordé une grande attention à la question de l’habitat et a émis une réflexion claire : malgré la part de bâtiments que l’Allemagne devra rénover, bien inférieur à celui de pays comme l’Italie, le coût social pour une population déjà grevée par l’inflation et la crise énergétique risque d’être insupportable.

Geywitz, écrit Bild, « propose l’approche dite du quartier comme nouvelle base pour cela : chaque bâtiment ne doit pas réduire ses émissions de CO₂, mais un quartier dans son ensemble, c’est-à-dire un quartier ou un village » ce qui permettrait de déplacer les financements et les stratégies vers de nouveaux bâtiments plus gérables avec des technologies de chauffage avancées et des pompes à chaleur, afin de préserver les valeurs immobilières d’une part et de créer un marché structuré d’autre part. Geywitz a rappelé au tabloïd allemand qu’avec cette approche « les nouveaux bâtiments bien isolés dans le quartier résidentiel garantiront que les anciens bâtiments n’ont pas à être rénovés immédiatement, car toutes les maisons ne sont pas considérées individuellement ». Un tournant significatif par rapport à la directive européenne qui s’inspire plutôt de la restructuration.

Geywitz milite depuis un certain temps pour des politiques de transition énergétique justes et graduelles, pragmatiques par essence, qui ne sacrifient pas les travailleurs et les couches les plus pauvres de la population. Le SPD a regagné la chancellerie en 2021 justement à cause de la reconquête d’une partie des voix des classes moyennes et du refus de suivre les Verts sur l’écologisme idéologique mis à mal d’ailleurs ces derniers mois par les conséquences de la guerre en Ukraine. Le ministre fédéral a ainsi demandé la modification de la directive dans un sens plus pragmatique et moins contraignant pour les citoyens.

La critique des Libéraux contre la directive liée au principe de liberté

Si une vive critique du coût de l’opération est venue de la gauche du SPD, les libéraux du FDP, à la tête du prestigieux ministère des Finances avec Christian Lindner, se sont opposés à la directive sur les maisons vertes sur des questions de fond liées au principe de liberté.

Il y a déjà un mois, Daniel Föst, porte-parole de la politique de la construction et du logement du groupe parlementaire FDP au Bundestag, a qualifié d’ « illusoire » l’obligation de l’UE imposée « avec le pistolet sur la tempe » de la contrainte de temps pour la restructuration. « Toute la démarche est chamboulée », a souligné de son côté son collègue Andreas Gluck, évoquant l’éventuelle atteinte portée au principe de propriété privée qui résulterait de l’application de la directive.

Mais le non du FDP s’est surtout manifesté à travers les critiques de Marco Buschmann, ministre de la Justice, qui comme le rapporte Merkur s’emploie à trouver dans la directive européenne qui oblige la rénovation des maisons les plus polluantes jusqu’à la classe E en 2030 et la classe D en 2033 des points d’incompatibilité avec la loi fondamentale, la Constitution de la République fédérale. Est scrutée, notamment, la perspective selon laquelle la fonction sociale de la propriété est violé par une obligation imposée d’en haut par Bruxelles. La Cour constitutionnelle pourrait être le siège vers lequel à l’avenir le gouvernement lui-même ou ses ministres pourraient se tourner pour faire valoir leurs prérogatives sur la loi.

Qu’est-ce que cela signifie pour le reste de l’Europe ?

L’éventuel tournant allemand ouvre un front et une brèche non négligeables et, comme le rappelle le quotidien italien Il Messaggero, peut amener le premier pays de l’UE avec Rome, la Pologne et la Croatie sur le front des opposants, en attendant qu’un autre pays important comme l’Espagne clarifie sa position qui penche vers le Non. Ce serait un tournant important, et l’ouverture d’un processus réaliste contre des directives européennes descendantes potentiellement préjudiciables à des millions de citoyens. Même dans les pays formellement « vainqueurs » de cette percée verte comme l’Allemagne, où les coûts sociaux seraient encore énormes.

Et la France dans tout ceci ? Tant qu’elle aura à sa tête un vassal de l’Europe technocratique d’Ursula von der Leyen tel qu’Emmanuel Macron, elle risque, comble du comble, d’être un des rares pays à accepter sans broncher cette directive idéologique européenne, véritable diktat fou de khmers verts principalement allemands…

Francesca de Villasmundo

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