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Ne pas donner à la république le Bon Dieu sans confession…, par François Marceron

Les ministres de la République, qui connaissent mieux les loges que les églises, nous surprendront toujours. Après Monsieur Castaner qui, après des études poussées en poker, se mêlait de théologie en disant que les catholiques n’avaient pas besoin d’églises puisqu’ils pouvaient prier chez eux, nous avons Monsieur Darmanin qui prétend modifier la discipline canonique des sacrements au vu de la prétendue suprématie du droit républicain …

Cette remarque fait suite aux remous suscités par la production d’un calamiteux rapport sur la pédophilie dans l’Eglise (rapport sur lequel il y aurait beaucoup à dire ne serait-ce que parce que, si les partisans de la laïcité le désirent, d’autres milieux plus proches d’eux pourraient bénéficier d’une étude comparable). Les recommandations des auteurs comportent notamment le souhait de la remise en cause du secret de la confession. Cette prétention témoigne de la part desdits auteurs d’une manie de réglementer tous azimuts et d’une ignorance crasse des bases de la religion qui était naguère encore celle de la majorité des Français.

À vrai dire, cette intrusion des rapporteurs dans le domaine de la théologie relève de l’incompétence ou bien du phantasme. Comme si les criminels pédophiles se pressaient à l’entrée des confessionnaux ! Et les partisans de la laïcité qui font de telles recommandations n’oublient-ils pas quelques détails ? Ainsi est-ce leur clique qui a décidé, en 1905, la séparation de l’Église et de l’État. Depuis lors, en bonne logique, ils n’ont plus rien à voir dans l’organisation interne de l’Eglise. Il fallait y penser avant ! 

D’autre part et surtout, il s’agit de discipline des sacrements. En cette matière, l’Eglise n’est pas libre de faire n’importe quoi. Outre le fait qu’il existe une législation canonique universelle, et non particulière à tel ou tel pays, l’Eglise  est tenue par des préceptes divins. C’est d’ailleurs là le nœud de la question, qui détermine tout : comme dans les Actes des Apôtres, l’on ne peut que répondre, lorsqu’un précepte divin s’oppose à la décision de Césars quelconques, qu’ils soient tyrans, empereurs ou républiques : « NOUS NE POUVONS PAS… » (« NON POSSUMUS », Actes IV, 20) et «  IL FAUT OBEIR A DIEU PLUTOT QU’AUX HOMMES. » (Actes V,29). 

À ces citations, qui résolvent le problème sans discussion possible, l’on peut ajouter une observation de bon sens : si le secret de la confession n’était pas absolu, les gens qui ont de graves fautes à se reprocher ne se confesseraient pas, même s’ils en avaient la velléité. Ainsi le soi-disant remède entrevu par les auteurs du rapport ferait- il l’effet d’un cautère sur une jambe de bois… Il ne faut pas confondre un sacrement, qui permet parfois à des pécheurs, qui sont aussi des délinquants, de se reprendre, avec une institution de police. Mais, au-delà de l’absurdité, il faut relever, dans une telle proposition, un désir totalitaire d’assujettir l’Eglise à un Etat de plus en plus liberticide. À quand l’enregistrement obligatoire des confessions ?

Nous devons noter qu’un évêque a répondu ce qu’il fallait. Une fois n’est pas coutume : nous avons plaisir à féliciter en cette occasion le président de la Conférence Episcopale, Mgr de Moulin-Beaufort, qui a rappelé, sans provocation, mais avec netteté que le secret de la confession l’emporte sur les lois de la République. Aussitôt l’on a eu des cris d’orfraie, comme à la suite d’un crime de lèse-majesté. Le porte-parole du gouvernement, Monsieur Gabriel Attal, qui n’a probablement qu’une notion vague du catéchisme catholique, a solennellement déclaré : « il n’y a rien de plus fort que les lois de la République dans notre pays. » Comme si la France n’avait pas vécu plus de dix siècles de monarchie ! Et comme si sa République, qui est la cinquième, ne changeait pas constamment de lois ! Monsieur Darmanin, le Ministre de l’Intérieur a même prétendu «convoquer » l’imprudent prélat comme on le ferait pour n’importe quel sous-fifre. Ce goujat de ministre ignore sans doute qu’un évêque n’a pas de compte à rendre à la République en matière religieuse… 

Nous espérons que l’évêque maintiendra la position chrétienne qu’il a rappelée. Il pourrait en profiter pour rappeler à ses interlocuteurs que la séparation et la laïcité sont leur œuvre, et qu’il n’est pas soumis à la discipline des agents publics. Quant à la loi de l’État, l’obéissance lui est due en principe. Cependant elle ne peut et doit être respectée que si elle est respectable (pensons que c’est ce même Etat qui a, par exemple, prétendu légaliser l’avortement, c’est-à-dire le crime contre les tous petits, et qui s’apprête à allonger les délais du crime autorisé !) 

La meilleure solution pour éviter les conflits entre l’ordre spirituel et l’ordre temporel serait d’avoir une législation « catholico-compatible », comme aux temps concordataires. Les républicains le comprenaient plus ou moins jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale (par exemple, malgré la séparation de 1905, l’avortement est resté condamné par la loi jusqu’en 1975). Ne dissimulons pas que l’objectif politique de tout catholique, s’il a réellement la foi, doit être de faire du Décalogue une des sources de la légalité. Cette solution reviendrait seulement à appliquer les principes du Notre Père : « que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » À ceux qui invitent les catholiques à rendre à César ce qui est à César, il convient de rappeler inlassablement que César n’a le pouvoir légitime que s’il est lui-même soumis à Dieu.

François Marceron

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