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Plaidoyer pour un retour du concept « d’économie politique » (Valérie Bugault)

De la civilisation européenne : de la mesure…

Plaidoyer pour un retour du concept « d’économie politique »

Le retour de l’occident à la civilisation passe par l’abandon de l’actuelle « Société de l’avoir » pour rendre à la « Société de l’être », parfaitement incarnée par la tradition culturelle française aujourd’hui malheureusement abandonnée, la prééminence qu’elle n’aurait jamais dû perdre (1. cf. http://lesakerfrancophone.fr/les-colonnes-infernales-de-la-defaite-civilisationnelle). Autrement dit, le « fait politique » doit reprendre le pouvoir sur le « fait économique » et « l’économie politique » doit remplacer « la science économique » si l’on veut que la civilisation reprenne le cours de son existence.

Après une petite mise au point politico-spirituelle sur l’état de la « civilisation européenne », qui sera faite à titre introductif, cet article présentera l’un des aspects du retour de la France à la Civilisation de « l’Etre » : celui de la mesure économique et individuelle. Plus précisément, le retour des Sociétés européennes sur la voie de la civilisation impose de supprimer les scories verbaux qui sont des facteurs bloquant toute évolution de la pensée. Il est aujourd’hui absolument nécessaire de réinvestir par et dans le langage commun les unités de mesures de la valeur tant sur les plans économiques que sur les plans individuels.

Sur un plan économique et sociétal, nous détaillerons les raisons qui militent pour la suppression des notions de PIB et PNB. S’agissant de l’individu, nous expliciterons pourquoi il est tout aussi nécessaire d’abandonner les velléités de mesure de l’intelligence humaine au moyen de QI.

  1. Petite mise au point politico-spirituelle s’agissant de la « civilisation européenne »

En réponse à une vidéo dans laquelle Alexandre Douguine invite les « européens » à lutter pour sortir des griffes de la caste dominante mondialiste et globalisatrice, appelée « le marais » (2. https://www.youtube.com/watch?v=wY-M963oEN0), il convient de rappeler quelques principes de base sans lesquels aucune lutte ne pourra être victorieuse et, bien au-delà, sans lesquels aucune lutte ne pourra « être » tout court.

La première précision concerne la notion d’Europe politique. Les institutions européennes, de type fédéraliste, sont précisément le fruit mûr de ce « marais », pour ne pas dire « marécage », sans lequel jamais les pays européens ne se seraient unis dans des institutions communes. Ce fait est amplement étayé par nombre d’historiens et d’historiennes (Annie Lacroix-Riz), des sociologues (Pierre Hillard) et beaucoup d’autres chercheurs, en particulier américains, moins connus sur le continent européen. Si certains politiques français se font le relai de cette triste réalité, ces derniers mettent toutefois bien malencontreusement d’avantage l’accent sur l’incarnation américaine du « marais » que sur le « marais » lui-même, dont la source se trouve à la City bien avant d’être à New-York ou à Washington.

Ainsi, les anciennes nations européennes sont aujourd’hui politiquement et spirituellement agglomérées, par une volonté oligarchique extérieure aux peuples concernés, dans un amas institutionnel de type autoritaire qui trouve sa source dans « le marais » dénoncé par Alexandre Douguine. Mais ce « marais » n’est pas essentiellement localisé à Washington, qui n’en a été que l’incarnation temporaire, il est géo-localisé au centre mondial de la finance internationale qu’est la City et il a étendu ses ramifications dans tous les systèmes politiques des anciens – car ces Etats ont de facto perdu l’essentiel de leur souveraineté en intégrant les traités de Maastricht et de Lisbonne – Etats européens.

La seconde précision concerne la « culture européenne ». Celle-ci est incontestablement, historiquement, formée par l’appartenance à la religion chrétienne. 

Or un des problèmes essentiels est précisément que le catholicisme romain n’est plus chrétien. Le pape est lui-même aujourd’hui le premier porte-parole du globalisme multiculturel et multireligieux et un interlocuteur institutionnel des principaux mondialistes tels que Peter Sutherland (3. Cf. http://fr.radiovaticana.va/news/2015/06/26/onu__ne_pas_oublier_ses_obligations_morales_envers_les_migrants/1154313). Cette réalité peut également être illustrée par la volonté déclarée du pape François de transformer la banque du Vatican en banque commerciale ordinaire (4. Cf. http://www.lesechos.fr/02/10/2014/lesechos.fr/0203815572968_saint-patron—quand-le-pape-reorganise-le-vatican.htm), réclamant pour ce faire, l’aide précieuse des « Fat Four »/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Big_Four_(audit) dont la réputation de bras armé de l’oligarchie n’est plus à faire. Le mélange des genres spirituel et temporel par l’actuelle direction vaticane, qui se comporte en « chef d’entreprise », en dit long sur le traitement des âmes par le successeur de Pierre. C’est ainsi qu’en bonne logique l’Union Européenne a elle-même renoncé à se prévaloir de son appartenance judéo-chrétienne. Mais là encore, le terme « judéo-chrétien » serait à préciser tant il est vrai que la religion chrétienne traditionnelle était opposée au judaïsme (5. Cf. http://lesakerfrancophone.fr/les-tres-vieilles-racines-spirituelles-de-la-russophobie). En conclusion, perdu dans la globalisation politico-économique, le catholicisme romain actuel se rapproche davantage d’un réformisme schismatique que de l’orthodoxie catholique traditionnelle.

En définitive, sortir les pays d’Europe occidentale du « marais » nécessitera en tout premier lieu de reconnaître ce « marais » pour ce qu’il est, c’est-à-dire une domination oligarchique sans partage qui trouve sa source à l’intérieur même de l’organisation du pouvoir des pays occidentaux. En second lieu, il faudra, d’une manière ou d’une autre, que les peuples européens retrouvent une spiritualité pacifiée autour de valeurs sûres.

Indépendamment de ces précisions d’ordre général, les pays Européens ne pourront retrouver la voie de la civilisation qu’en élaborant techniquement de nouveaux systèmes de mesure de la valeur tant du point de vue économique que du point de vue individuel.

  1. Les scories dont il faut débarrasser la Société pour lui permettre de retrouver la voie de la civilisation : l’impérieuse nécessité d’élaborer de nouveaux systèmes de mesure de la valeur

D’un point de vue pratique, il existe un certain nombre de concepts qui ont été imposés à nos Sociétés par les tenants « du fait économique » qui sont des facteurs empêchant, de façon dirimante, toute évolution civilisationnelle. Le problème, né dans les Sociétés européennes occidentales, est devenu beaucoup plus grave à mesure qu’il s’est imposé dans l’ordre international.

L’analyse ci-dessous ne prétend pas à l’exhaustivité, elle se concentrera sur certains concepts primordiaux que sont la mesure de la valeur économique générée par les Sociétés et la mesure de la valeur des individus composant cette Société. Ces deux concepts, pour essentiels qu’ils sont, n’épuisent néanmoins pas le sujet à eux-seuls.

  1. La prétendue mesure de la valeur économique d’une Société par les PIB/PNB doit être bannie

Le premier de ces concepts est double, il s’agit des acronymes PIB/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_intérieur_brut et PNB/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_national_brut. Ces agrégats servent aujourd’hui, au niveau mondial, d’étalonnage absolu pour déchiffrer l’état d’une Société. Tout se passe comme si les PIB/PNB avaient définitivement été acceptés par tous les pays du monde, via le vecteur des institutions internationales – au premier rang desquelles figure l’OCDE -, en tant qu’instrument de mesure inaltérable et fiable de la situation économique des Etats ; un peu comme le mètre mesure les distances ou le gramme le poids. Or, cette impression fallacieusement disséminée dans les esprits de tout un chacun – entreprises, hommes politiques, économistes et simples particuliers – est fausse à plus d’un titre.

Sur le fond, elle donne une vision tronquée de ce qu’est la création de valeur, jusqu’à en arriver, de plus en plus souvent, à mesurer mécaniquement son exact contraire, c’est-à-dire non pas la création mais la destruction de « valeurs ».

Sur la forme, ces indicateurs cachent très mal le fait que la création de richesse n’est plus du ressort des Etats et de leurs ressortissants mais de celui des principaux détenteurs de capitaux de la planète, qui opèrent via les groupes d’entreprises. Les tenants du « fait économique » détiennent, via les groupes économiques qu’ils pilotent, un pouvoir qui transforme les Etats et leurs gouvernements en simples exécutants de leur volonté, de type impériale.

La lutte pour la civilisation doit en premier lieu passer par la suppression de l’usage de ces acronymes.

1° Sur le fond, les acronymes PIB/PNB doivent impérativement être remplacés par la périphrase « création de valeur » afin de réincarner dans le cerveau de chacun ce que sont les notions de « valeur » et de « création de valeur »

Alors que les PIB/PNB sont censés mesurer la richesse générée par une Société (6. Pour une vue d’ensemble de la méthodologie de calcul du PIB, lire : https://www.nbb.be/doc/dq/f_method/m_inventaire_sec1995_fr_def.pdf), ils engendrent, de plus en plus souvent, tout au contraire et presque mécaniquement l’effet inverse pour finir par devoir être suspectés de mesurer en réalité la disparition de richesses, de valeurs et finalement se faire l’écho à peu près correct du niveau de la descente aux enfers civilisationnels.

En effet, et sans même parler des aspects négatifs du PIB classiquement recensés (7. cf. http://www.toupie.org/Dictionnaire/Pib_limites.htm ; http://www.challenges.fr/economie/comment-calcule-t-on-le-produit-interieur-brut_33779 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Stiglitz), tel le paiement d’assurance qui ne fait que compenser une perte et ne génère, en dépit des apparences, aucune création de valeur, l’augmentation du PIB intègre, de façon directe ou indirecte, tout à la fois :

La liste est longue de la prétendue création de richesse mesurée – ou prise en compte de façon directe ou indirecte – par les acronymes PIB/PNB qui est en réalité soit fictive soir une réelle disparition massive, aussi bien quantitativement que qualitativement, de valeurs – terme pris aux sens propre et figuré – de la Société. On est, du point de vue conceptuel, très éloigné de la mesure d’une quelconque création de richesse, et encore plus éloigné de la mesure d’une quelconque création de valeur, qui sont pourtant la justification de l’existence de ces indicateurs.

Les « économistes » autant que les amateurs utilisent aujourd’hui les acronymes PIB/PNB de façon mécanique, autistique pourrait-on dire, sans avoir réellement à se poser la question du sens profond de ces concepts. Ces « représentations de la richesse » ne sont en réalité que des agrégats qui recèlent une incroyable perversité tout autant qu’ils permettent toutes sortes de manipulations.

Remplacer les PIB/PNB par la périphrase « création de valeurs » aurait pour immense premier avantage d’inciter les gens qui utilisent cette notion à se poser la question de « qu’est-ce que la valeur ? ». Ainsi, le remplacement de l’usage d’acronymes par la périphrase précitée aurait pour premier et immédiat avantage de ré-incarner l’intelligence humaine dans l’organisation de la Société. La sémantique est le premier chantier de travail sur lequel les partisans de la civilisation doivent travailler. Tirons, au passage, un coup de chapeau à l’heureux et courageux travail en ce sens d’Arnaud Aaron Upinsky (12. Cf. https://www.youtube.com/watch?v=sVwdwIcUGOE ; https://medias-presse.info/du-combat-pour-la-langue-francaise-au-combat-politique-valerie-bugault-et-arnaud-aaron-upinsky/66290/).

2° Sur la forme, ces acronymes cachent mal la mondialisation imposée par quelques personnes physiques dissimulées derrière le paravent de la personnalité morale des entreprises

La différence entre PIB/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_intérieur_brut et PNB/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_national_brut mérite d’être détaillée : tandis que le PIB mesure la prétendue richesse produite sur un territoire donné, le PNB prétend mesurer la richesse produite à l’étranger par les ressortissants d’un pays donné. Bien entendu, la prétendue richesse produite à l’étranger par des ressortissants s’entend en tout premier lieu de celle produite par des entreprises dont les capitaux sont majoritairement détenus par des ressortissants du pays en question. Le problème vient du fait que ces capitaux sont aujourd’hui, par le « fait du prince » des principaux détenteurs de capitaux de la planète (13. Le lecteur curieux est renvoyé à la lecture de mes articles de « décryptage du système économique global » publiés par le Saker francophone durant le premier semestre de 2016, lire en particulier : http://lesakerfrancophone.fr/decryptage-du-systeme-economique-global-27-geopolitique-du-libre-echange ; http://lesakerfrancophone.fr/decryptage-du-systeme-economique-global-37-geopolitique-de-loptimisation-fiscale ; http://lesakerfrancophone.fr/decryptage-du-systeme-economique-global-47-geopolitique-des-paradis-fiscaux), délibérément mobiles aussi bien du point de vue de leur incarnation territoriale matérielle que de celui de leurs détenteurs apparents.

L’affectation territoriale (nationale) de la richesse créée par les entreprises est singulièrement dominée par le fait que les principaux marchés mondiaux sont en réalité détenus par des groupes d’entreprises eux-mêmes contrôlés de façon anonyme par quelques dizaines, voire centaines, de personnes.

D’une part, les entreprises font l’objet d’un jeu géopolitique consistant, pour les principaux actionnaires, à créer des entreprises sur les territoires (c’est-à-dire les Etats) juridiquement et fiscalement les plus compréhensifs, générant de facto une moins-disance fiscale mondiale (14. Cf. http://www.loretlargent.info/fiscalite/france-paradis-fiscal-deficit/18910/). Les groupes d’entreprises prennent ainsi le pas sur les Etats à qui ils sont en mesure d’imposer leurs propres intérêts privés, c’est-à-dire l’intérêt des décideurs du groupe d’entreprises en question, celui bien compris de ses actionnaires majoritaires ; étant précisé que le terme « majoritaire » doit être entendu en valeur relative et non en valeur absolue en raison de l’extrême dispersion du capital des grandes entreprises cotées en bourse.

Dès lors, la mise en concurrence fiscale des Etats devient le moteur principal de la création de richesse, laquelle profite in fine principalement aux principaux actionnaires des multinationales, c’est-à-dire ni aux ressortissants des Etats concernés par la mise en œuvre de l’activité, ni même aux petits actionnaires desdites entreprises, ceux qui n’ont pas accès aux décisions politiques du groupe.

D’autre part, s’agissant du pouvoir économique des groupes d’entreprises, il faut garder à l’esprit que ne sont pas en jeu les seuls liens capitalistiques ; les conglomérats économiques peuvent contrôler une activité professionnelle exercée sur un territoire X sans être actionnaires des entreprises qui exploitent ladite activité. En effet, par l’effet de la force des monopoles (ou des oligopoles) qui contrôlent quelques grands marchés, les petites et moyennes entreprises locales, taillables et corvéables à merci, sont en réalité des sortes de sous-traitants formellement (c’est-à-dire juridiquement) autonomes mais économiquement totalement dépendants des multinationales dominantes. En d’autres termes, les PME/PMI se trouvent aujourd’hui assez souvent en situation de simples faire valoir des « complexes capitalistiques » tout à fait étrangers aux territoires sur lequel ces PME exercent matériellement leur activité.

La détermination et l’affectation des richesses produites ne sont pas des prérogatives appartenant de plein droit aux ressortissants des Etats, ni même aux gouvernements de ces Etats, mais sont des prérogatives appartenant de façon discrétionnaire, aux quelques personnes physiques qui contrôlent les capitaux des groupes multinationaux contrôlant les principaux marchés.

Dans ces conditions, déterminer à l’aide d’indicateurs techniques à quel Etat et dans quelle proportion appartient la richesse produite par les entreprises, qui est en réalité soumise au bon vouloir de son donneur d’ordre – groupe d’entreprises en situation de monopole ou d’oligopole mondial -, revient à acter le fait que les Etats sont de simples gestionnaires du patrimoine des principaux détenteurs de capitaux de la planète.

En d’autres termes, la généralisation de l’usage du PIB (et accessoirement du PNB) revient ni plus ni moins qu’à acter définitivement aux yeux de tous, que la « prétendue » création de richesse échappe par nature aux Etats et à leurs ressortissants. Dans ces conditions, les agrégats que sont les PIB/PNB, apparaissent être en définitive une mystification technique aux mains des tenants du pouvoir économique leur permettant de s’arroger le pouvoir politique.

En conclusion, le retour à la civilisation doit passer par un retour de la prééminence du « fait politique » sur le « fait économique » ; ce qui nécessite un retour au concept « d’économie politique » (15. Sur la différence entre « «économie politique » et « science économique », voir Mikhaïl Khazine : http://lesakerfrancophone.fr/mikhail-khazine-2016-annee-de-la-grande-rupture-15), reléguant la prétendue « science économique » dans les poubelles de l’histoire.

La reconquête civilisationnelle passe non seulement par un renouveau de ce qu’est la « création de valeur » au niveau économique mais aussi, et peut-être surtout, par la remise en cause de la prétendue mesure de l’intelligence humaine.

  1. La prétendue mesure de l’intelligence humaine par le QI doit également être bannie afin de retrouver le chemin de la civilisation

Une autre unité de mesure fallacieuse, et pourtant couramment employée et utilisée aujourd’hui, est le fameux QI (pour quotient intellectuel). Cet acronyme, censé mesurer la capacité intellectuelle des individus, est pourtant construit autour d’une altération du réel qui a pour effet de rendre inefficient, de façon rédhibitoire, le concept sous-jacent.

Premièrement, comme tout questionnaire, les QI sont soumis aux biais cognitifs de leurs concepteurs : qui peut prétendre avoir la juste mesure de l’intelligence humaine alors que celle-ci est intégralement dépendantes d’un contexte et de facteurs sensitifs et émotionnels propres à chaque individu ? Une capacité calculatoire peut être mesurée, en encore celle-ci dépend-elle également pour une large part de l’interprétation émotionnelle qu’en fera le testé, mais quelles questions ou même mélanges de questions pourraient prétendre mesurer l’incroyable capacité de connexion neuronales des individus, alors même que chaque individu est unique du point de vue sensoriel et que ses connexions neuronales dépendent intimement du contexte dans lequel il est placé ?

Deuxièmement, l’aptitude au raisonnement horizontal – en étoile -, est mal appréhendé par les tests. Ce phénomène est aggravé par le fait que la qualité et le nombre des connexions neuronales sont, pour chaque individu, intimement liés au degré et à la finesse des perceptions sensorielles disponibles. Les tests censés mesurer le QI des individus prennent très imparfaitement, pour ne pas dire pas du tout, en compte le niveau de perception sensorielle de l’individu testé. Dans ce contexte, les tests de QI, même associés à de prétendus tests de personnalité, ne peuvent par construction rendre que très imparfaitement compte de l’intégralité des capacités humaines.

Par ailleurs, un autre phénomène s’ajoute pour disqualifier le concept même de test de QI : l’aspect social et auto-réalisateur de ces tests. Classifier les individus en fonction de prétendus tests de QI et de personnalité revient à tenter de mettre lesdits individus dans des boîtes sociales hermétiques qui auront pour effet pervers d’annihiler certaines capacités cognitives desdits individus en raison justement du fait que l’individu est, avant tout, un animal social. En d’autres termes, les tests de QI comme de personnalité altèrent l’interaction émotionnelle des individus (testés et non testés) en raison de la vision que ces tests rendent d’eux-mêmes vis-à-vis de l’autre ; le résultat porte finalement atteinte à l’intégrité cognitive aussi bien des testés que des testeurs.

La démarche du test intellectuel relève de la même démarche que l’utilisation des autistes de type Asperger dans la recherche fondamentale et dans différents compartiments de l’organisation sociale (16. Cf. http://katehon.com/fr/article/lautisme-outil-de-la-puissance-en-israel). Par un effet pervers, certaines capacités, voire le handicap propre à certains types d’autisme, sont mis en avant afin de faire accroire qu’ils sont la norme objective. Une infime partie des capacités humaines, voire le handicap minoritaire, devient l’unité de mesure de la normalité appliquée à la majorité. Nous assistons ici à une singulière inversion du système métrique des valeurs humaines et de la valeur humaine promues par la Société.

Il s’agit dans un cas de formater le monde de demain en mettant les autistes type Asperger à la manœuvre dans les recherches sur l’intelligence artificielle. Il s’agit, dans l’autre cas, de formater le monde d’aujourd’hui en catégorisant les individus et en les cantonnant à un certain type de comportement. C’est-à-dire qu’il s’agit, dans le cas de l’utilisation des Asperger et dans le cas de l’utilisation de tests de QI, ni plus ni moins que de donner comme norme, comme référence, au plus grand nombre un étalonnage résultant d’un handicap ou de qualités biaisées car déterminées à l’avance par les concepteurs du test.

Pour faire une traduction en langage clair, il faut avoir recours à la rhétorique : le test de QI consiste à faire prendre la partie, c’est-à-dire une partie des capacités cérébrales, pour le tout c’est-à-dire l’intégralité des connexions neurologiques et cognitives/ http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/cognitif_cognitive/17004, ce qui relève de la synecdoque/ http://www.etudes-litteraires.com/vocabulaire-rhetorique.php.

Pour conclure, les tests sont en grande partie des principes auto-prédictifs utilisés à des fins de normativité de la Société par une petite minorité d’individus pour tenir la majorité en respect. La notion même de mesure de l’intelligence implique une volonté de domination de la part de certains individus sur la masse des autres.

  1. Plaidoyer pour un retour à la civilisation française initiale : la Société de « l’être » doit reprendre le dessus sur celle de « l’avoir »

S’agissant de mesure sociale et humaine, la véritable et défunte civilisation française, modèle qui faisait prévaloir « l’être » sur « l’avoir » (17. Cf. http://lesakerfrancophone.fr/les-colonnes-infernales-de-la-defaite-civilisationnelle), était beaucoup plus efficiente que l’actuelle société de type commerciale issue de la culture anglo-saxonne.

En effet, faire prévaloir « l’être » sur « l’avoir » rend possible une mesure beaucoup plus sûre des compétences et des qualités humaines génératrices de valeur. Elle permet de juger un individu non pas a priori sur des présupposés mais, de façon beaucoup plus sûre, a posteriori sur ce qu’il a effectivement produit et apporté au groupe. A l’opposé, les batteries de test de QI et autres tests de personnalités sont des instruments de la « Société de l’avoir » en ce qu’ils présument a priori la valeur des individus, introduisant au surplus l’effet dévastateur de l’auto-réalisation ; il en va de même de l’acquisition d’un diplôme qui ne préjuge pas davantage des qualités intrinsèques d’un individu qu’un test de QI peut le faire ! La « Société de l’avoir » est en réalité une prise de pouvoir d’une minorité sociale sur la majorité ; cette prise de pouvoir passe par le contrôle des individus et groupes d’individus au moyen notamment du formatage réalisé par l’obtention de diplômes et le passage de tests de QI.

La société de « l’être » ne préjuge pas des individus, elle les laisse libres de se réaliser et n’évalue que leur éventuelle production au bien commun. Les individus y sont ainsi formés à l’école de l’autonomie et de la responsabilité, toute tentative d’enfermer les individus dans des concepts extérieurs est, par construction, impossible dans une « Société de l’être ». Si l’on considère que chaque individu composant le groupe a la possibilité d’apporter sa valeur à ce dernier, il ne fait pas de toute que la valeur générée par la Société en question sera beaucoup plus saine et pérenne que celle qui repose sur des supposés capacités désignées à l’avance par des « diplômes », ou autres tests de QI et de personnalité en vigueur dans les Sociétés actuelles.

D’un point de vue économique, une société de « l’Être » évaluera la création de valeur économique au regard du bien être des individus composant la Société et non en fonction d’indicateurs techniques qui ne permettent pas de différencier les activités factices des activités réelles, les activités socialement toxiques, corrosives ou suicidaires pour le groupe des activités constructive pour l’avenir de la collectivité.

La « Société de l’être » évalue a posteriori l’individu et le groupe tandis que la « Société de l’avoir » conditionne a priori l’individu et le groupe. Une collectivité fondée sur la prééminence de « l’être » sur « l’avoir » permet à chaque individu de suivre la voie qui lui convient le mieux de manière à faire jaillir ses propres compétences, dons et autres capacités, au profit de la collectivité. La valeur de la personne est mise à disposition du groupe social auquel cette personne appartient, elle n’est plus appréciée a priori de façon abstraite par des présupposés sociétaux ou financiers, qui ne sont que les paravents destinés à cacher l’intérêt particulier du groupe d’individus qui monopolise le « pouvoir économique » et qui phagocyte les instruments du « pouvoir politique ». La « Société de l’être » permet à une collectivité de se développer et de s’améliorer, constituant par là-même une civilisation.

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