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PMA : au pays des promesses

Imaginons ensemble que la célèbre chaîne de magasins Lapinex fasse une immense campagne publicitaire sur le thème : « En venant dans nos magasins, vous aurez droit gratuitement à notre célèbre presse-purée Vasimou. » Si vous ne disposez pas de cet instrument indispensable, vous vous précipitez au magasin le plus proche. Là on vous explique qu’il n’est plus à la disposition de la clientèle car épuisé. Mais, il est possible de vous mettre sur une liste d’attente. Vous allez tenter votre chance dans un autre magasin ; on vous fait la même réponse. N’ayant pas de nouvelles au bout de deux ans, vous vous dites que l’on vous a fait une promesse de Gascon.

Macron qui n’est plus à une promesse près voire même un mensonge, a promis aux lesbiennes et aux femmes seules de pouvoir bénéficier de la PMA en début d’année prochaine. Les femmes ne voulant ou ne pouvant pas avoir l’aide de quelque géniteur dévoué, devront avoir recours à des paillettes de sperme fournies par les Cecos (Centres d’Études et de Conservation des Œufs et du Sperme). Les médias et le gouvernement ont proclamé urbi et orbi qu’« elles y avaient droit ». Au centre de PMA il leur faudra d’abord récupérer plusieurs ovules par voie chirurgicale après stimulation ovarienne : rien à voir avec une partie de plaisir. Ces ovules seront vitrifiés et préservés en attente. En attente de quoi ? Qu’il y ait un donneur de sperme qui se dévoue. Or actuellement dans le cadre de stérilités, il y a actuellement 3.000 couples qui attendent après des spermatozoïdes. Cependant en 2016 il n’y avait que 238 donneurs.

On objectera qu’un seul donneur peut arriver à féconder une ville entière. Cela est impossible car la loi veut limiter à dix femmes pouvant bénéficier d’un seul donneur ; ceci pour des raisons de consanguinité (risque de croisement entre enfants issus de ce type de naissance) ; mais aussi dans la mesure où il est procédé à la fécondation in vitro de plusieurs ovules en même temps par de nombreux spermatozoïdes. De plus, la fécondation in vitro nécessite plusieurs tentatives (limitées à cinq par le code de la santé). Le nombre de donneurs contrairement à ce que l’on pourrait penser reste stable depuis 2012 et tendrait à diminuer. Résultat, à ce jour ces couples sont en attente et ne seront pris en charge que dans un ou deux ans voir plus ; ils sont en tête de liste d’attente.

Bien évidemment, on ne sait pas combien de lesbiennes ou de femmes isolées frapperont la porte des centres de PMA au cas où la loi Macron est votée ; en revanche dans cette éventualité, ces personnes seront prises en charge au mieux dans deux ou trois ans : elles auront le temps de changer de partenaire ou de leur mode de vie.

Avant d’accorder un « droit à », il faut savoir s’il est possible de le satisfaire. C’est valable pour chacun ; un gouvernement qui fait des promesses pas ou non réalisables est imprudent voire irresponsable. Avec les hommes politiques on a l’habitude ; mais avec Macron nous arrivons à des sommets.

Jean-Pierre Dickès

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