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Premier jour de la mission Rosa Mystica 2020 au Misamis oriental

MPI – Rosa Mystica 2020 – 1er rapport

Mission Rosa Mystica – Février 2020 – Misamis oriental, nord de Mindanao

Les préparatifs ont été mouvementés à cause du coronavirus : Manille refusait d’accueillir tout visiteur ayant transité par la Chine, donc plusieurs volontaires ont dû changer au dernier moment leur billet d’avion ; puis la municipalité de Butuan, par prudence exagérée semble-t-il, a jugé bon de refuser notre mission, et cela le 10 février dernier. Il restait donc moins d’une semaine à Yolly et Elaine, nos responsables philippines Acim Asia, pour tout réorganiser, des lieux de mission à la publicité, en passant par les repas et les médicaments, les autorisations locales, le logement des volontaires, etc.

Dimanche 16 et lundi 17 février
De Manille, nous prenons un vol vers Butuan. Elaine nous accueille à l’aéroport. C’est parti pour un programme inconnu ! Quelques heures de trajet sur des routes en travaux, caillouteuses et sinueuses. Le premier lieu de mission est en montagne au-dessus de Gingoog. Il y a quelques maisons au bord de la route. Entendons-nous bien par le terme « maison » : ce sont des palissades en bois recouvertes de quelques tôles. Un préau ouvert au vent, à la poussière et à la pluie, où les soeurs sont en train d’installer le coin chapelle sera notre lieu de consultations le jour, et l’hôtel des volontaires la nuit ; quelques tentes posées sur le sol, et c’est presque le luxe !

Brigitte va aux nouvelles de sa pharmacie : elle trouve un monceau de cartons entassés dans une pièce insalubre et sombre : ce lieu servira aussi de salle d’opération, et peut-être de consultation pour les examens des yeux. Il suffit juste de s’adapter, et se dire que les précédentes années, nous avions beaucoup de chance !

Nous commençons par la messe, et juste après le repas, Father Tim emmène tout le monde en procession pour mettre sous la protection de la Vierge cette semaine dont le programme est encore bien improbable… Les enfants des maisons voisines nous rejoignent, certains en spectateurs, d’autres en chantant et dansant devant nous, accompagnés de leurs animaux domestiques : chiens, canards et cochons ! De retour sous le préau, la consécration à Marie est renouvelée par les prêtres et les médecins.

Pour finir la journée, nous avons le briefing de présentation : il y a moins de Philippins volontaires, tous n’ont pas pu venir de General Santos ; quant aux autres volontaires, ils se répartissent entre Français, Suisses et Américains toujours plus nombreux ! Nous avons en plus un Croate, une Polonaise, et nos deux Moldaves de l’année dernière. Elaine et Yolly nous présentent le programme encore vague : demain, s’il ne pleut pas trop, la mission sera dans un petit baranguay plus haut dans la montagne. On ne sait pas trop encore qui ira : inutile de transporter les lunettes qui ne sont pas triées ; quelques médecins monteront, peut-être une pharmacienne avec un peu de médicaments… On ne sait pas si des lieux abrités seront utilisables, et s’il y aura des tables et des chaises. « Wait and see », notre chère devise philippine, plus que jamais vraie cette année !

Quelques volontaires ont le privilège d’aller dormir dans un hôtel, au risque de leur vie : une demi-heure de route dans un 4×4 militaire, pour redescendre la montagne que nous avions montée en plus d’une heure le matin. Il paraît que nous avions un chauffeur exceptionnel !

Il a plu toute la nuit, mais nous partons quand même vers une zone reculée ; une heure de trajet, moins de dix habitations croisées en chemin.

A l’arrivée, malgré les averses qui reprennent, nous installons nos quartiers : à l’avant de plusieurs maisons, il y a un espace assez grand recouvert de tôle. L’un sert pour la pharmacie, l’autre pour l’opticien, un autre encore pour les médecins qui remportent un record cette année : ils sont quatre, installés dans 20m2… On oublie le silence et la limite de confidentialité ! D’autant que Docteur Viray, la responsable officielle de la mission, a eu de graves problèmes de dos l’année dernière. Elle est quand même là, bien affaiblie, avec minerve et corset, et mène ses consultations avec la même efficacité que les précédentes années. Le docteur Ledoux, lui, médecin ORL, se propose d’être généraliste pour l’occasion ; il s’improvise spécialiste cardiologique pour lire l’ECG d’un patient. A la mission, chacun peut faire évoluer ses compétences, et s’en découvrir de nouvelles ! Les cas de gale sont très nombreux, liés au climat et à l’hygiène, semble-t-il. Sinon, une dame a un goitre depuis des années, on ne peut pas faire grand chose ; et un enfant a une jambe amputée, il semble très à l’aise avec sa béquille. En fait, ici, quand on a ce genre de problème et pas d’argent, du moment que cela ne touche pas une fonction vitale, on s’en accommode, puisqu’il n’ a pas d’autre solution. On accepte son sort, et la vie ne semble pas si terrible.

Les enfants s’approchent et nous regardent nous activer, nous sommes l’attraction de la journée. Monsieur l’abbé Peron s’improvise charmeur d’indigènes avec sa flûte magique qui leur joue toute une série d’airs philippins ! Puis deux garçons tiennent à nous montrer leur jeu préféré. Ils ont un bâton de bambou à la main, entaillé de petites cases avec couvercles. Ils en sortent deux araignées priées de se battre ensemble sur une tige. L’attraction est amusante.

La pharmacie est très rudimentaire pour ce début de mission. Une table, un billard et quelques bancs pour s’organiser, et une quinzaine de cartons de médicaments faits à la hâte hier soir. Du coup, il faut noter tous les médicaments prescrits mais non délivrés, pour préparer ce soir les livraisons à faire demain. Françoise est venue comme l’année dernière avec ses peluches pour décorer la boutique, elle fait des heureux !

Les Soeurs nous ont rejoints et apprennent des prières aux enfants. Il y a peu de catholiques, Father Tim n’était venu qu’une seule fois à cet endroit, et ce petit village de montagne est loin de tout lieu de culte. Quelques adultes s’engagent dans la Milice de l’Immaculée, le prêtre a su les convaincre de l’utilité de cette protection mariale.

Nous finissons plus tard que prévu car les patients sont nombreux ; nous pensions en avoir une centaine, et ils sont venus presque deux cents. Une tribu locale est venue, reconnaissable par ses accessoires « fait maison » : machettes à la ceinture, sacs et tissage, et colliers colorés à plusieurs rangs. Une journée bien remplie, qui assure un sommeil profond à beaucoup, malgré les klaxons, la pluie et les coqs nocturnes !

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