Site icon medias-presse.info

Quelques éléments de réflexion à propos de la révolution sanitaire-mondialiste, par M. l’abbé Raphaël d’Abbadie d’Arrast

Chapelet public devant le Parlement du 14 mars 2021 : Quelques éléments de réflexion à propos de la révolution sanitaire-mondialiste. Allocution de M. l’abbé Raphaël d’Abbadie d’Arrast à l’occasion du chapelet public devant le Parlement de Québec, le dimanche 14 mars 2021. 

Chers amis,

Nous voici réunis pour un quatrième chapelet public devant le Parlement, afin de demander la libération de la messe de toujours. Cette fois, nous sommes dans l’action de grâces et notre joie est grande puisque désormais cent personnes peuvent assister à la messe. Alors pourquoi, me direz-vous, revenir encore puisque le Gouvernement se montre si généreux ? Si vous le voulez bien, nous allons rappeler brièvement les faits.

Le 6 janvier dernier, le Premier ministre décrétait la fermeture des lieux de culte, au moins jusqu’au 8 février. Dix jours plus tard, nous récitions ici, devant le Parlement, un chapelet pour réparer publiquement cette grave injustice. Et contre toute attente, le ministre de la Santé signait discrètement, le 21 janvier, une autorisation d’ouvrir les lieux de culte pour 10 personnes. Première victoire, humble certes, mais bien réelle ! Cependant, le Premier Ministre, M. Legault, précisait que cette autorisation valait pour tout un bâtiment, et ne permettait pas de multiplier les fidèles par le nombre de salles disponibles. Nous sommes donc retournés le 31 janvier, notre chapelet à la main, devant le Parlement. La deuxième victoire ne se fit pas attendre : une décision judiciaire autorisait ce que le M Legault venait de refuser ! Cela ne pouvait que nous encourager à continuer nos chapelets publics, ce que nous fîmes le 20 février. Cette fois, il n’y eut pas de victoire immédiate… Le bon Dieu voulait nous faire patienter pour mieux nous exaucer. Ce n’était plus dix ou même vingt-cinq personnes que l’on autorisait, mais cent ! Allions-nous nous arrêter en si bon chemin ? Certainement pas ! Dans ce genre de combat, la trêve est une défaite. Pourquoi ?

Je voudrais essayer d’analyser avec vous cette crise qui nous touche depuis un an. Nous ne voulons pas nier l’existence du virus, ni sa nocivité pour certaines personnes. Mais les mesures extrêmes qui bouleversent le monde entier nous paraissent présenter les aspects d’une véritable révolution, même si celle-ci vient du pouvoir en place. La Révolution, qu’elle soit française, marxiste, conciliaire ou aujourd’hui sanitaire-mondialiste, tend toujours à détruire l’ordre établi par Dieu. Autrefois, les révolutions s’attaquaient à la hiérarchie, représentante de Dieu. La crise actuelle semble plutôt vouloir détruire tous les liens humains et naturels qui unissent encore un tant soit peu les individus entre eux. Non seulement anti-religieuse, cette révolution est aussi et peut-être surtout anti-sociale, anti-humaine, inspirée par celui qui se révolte contre Dieu et contre toute œuvre de Dieu.  Comme ses grandes sœurs, cette révolution présente facilement trois phases : la terreur sans laquelle elle ne saurait s’imposer, la séduction par laquelle elle attire l’ennemi sur son terrain glissant, et enfin la division qui est son fruit nécessaire. Terreur, séduction et division : ces trois phases sont de véritables armes dans cette guerre psychologique que la Révolution nous livre. Essayons de les analyser.

La terreur.

Voltaire disait qu’il faut plutôt frapper fort que juste. La Révolution a tout intérêt à s’imposer par la peur, afin de déstabiliser son adversaire. On a eu en France la « grande peur » (infondée) de 1789, et la Terreur (malheureusement bien réelle) de 1793. Aujourd’hui, les médias terrorisent tout le monde. Ceux qui croient au virus craignent pour leur santé (et éventuellement celle des autres), et cette « grande peur » est entretenue chaque jour par l’annonce rituelle du nombre de cas et de décès, par l’apparition médiatique des innombrables variants, par les pronostics qui prédisent qu’« on en a pour des années », et que « plus rien ne sera jamais comme avant ». Ceux qui ne croient pas au virus ont peur de l’avenir « après-covid » : vaccin, 5G, crise économique… Certes, tout cela n’est ni anodin, ni réjouissant. Mais tous, les « pour » et les « contre », ont ceci de commun qu’ils sont terrorisés par les mesures drastiques et la persécution mises en place. Ceux qui pensent résister en entretenant leur peur sur internet, entrent en réalité bien souvent dans l’engrenage de la Révolution. Car il est toujours utile de démoraliser son adversaire, quel qu’il soit. La Révolution cherche donc à terroriser pour mieux s’imposer.

La séduction.

Après avoir cherché à déstabiliser son adversaire par la terreur, la Révolution va ensuite changer de masque. Elle cherchera désormais à le séduire et l’entraîner sur son terrain du compromis pour lui faire accepter ses faux principes. Prenons la crise qui nous occupe. On cherche à rassurer les gens par un ton mielleux : « Prenez soin de vous… ça va bien aller ! ». Derrière ces paroles rassurantes se cache un matérialisme effrayant : c’est la lutte pour le corps, la nourriture ou l’argent (et éventuellement la liberté), mais à peu près toujours au détriment de l’âme qu’on a totalement oubliée…

Venons-en aux lieux de culte fermés arbitrairement par l’Etat. La première séduction est de nous faire croire qu’il faudrait militer pour la liberté de tous les cultes. Rappelons que seul le culte catholique est légitime et a droit à l’existence. L’Etat n’a aucune autorité pour le restreindre. Les autres cultes n’ont en revanche aucun droit : ils ne peuvent tout au plus qu’être tolérés pour un temps. Une autre tentation, plus sournoise, nous guette : pourquoi ne pas remercier l’Etat d’avoir autorisé cent personnes à la messe, et pourquoi ne pas se contenter de ces mesures ? C’est toujours mieux que rien ! Certes, mais s’arrêter là dans notre combat pour la messe, c’est accepter en pratique le principe faux selon lequel l’Etat a un pouvoir sur le culte catholique. Depuis quand remercie-t-on un voleur de nous rendre de ce qu’il nous a volé ? Et de nous le rendre en partie seulement ? Imaginez quelqu’un qui viendrait vous chasser de votre maison. Iriez-vous le remercier de vous permettre d’y revenir, mais à titre de simple invité ? Non, accepter cela, c’est laisser gagner la Révolution, qui est toujours en mal de reconnaissance et qui cherche à se faire accepter par tous. Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd’hui. Il en va de l’honneur et de la gloire de Notre-Seigneur.

La Révolution entraînera aussi ses victimes dans son engrenage en les enrôlant, bon gré mal gré, dans une praxis (ou pratique) commune (si chère au marxisme). Tous les citoyens deviennent ainsi des policiers chargés de dénoncer leur voisin qui ne respecterait pas les règles, comme en Russie communiste. Ceux qui ne s’abaissent pas à ce vil office peuvent quand même devenir des agents de la peur, en répandant sur internet ou autour d’eux des bruits plus ou moins fondés, mais toujours anxiogènes, qui tendent à nous laisser obséder par cette seule vie matérialiste. En résumé, la Révolution cherche à séduire pour mieux détruire ses victimes qui auraient résisté à la terreur.

La division.

C’est le fruit nécessaire de toute Révolution, inspirée par Satan, qui détruit l’unité parce qu’il est ennemi de l’ordre. La Révolution va tout faire pour diviser ses ennemis. Elle emploiera pour cela la dialectique, qui consiste à utiliser ou même à fabriquer des mots sensationnels, émotifs… et surtout mal définis pour étiqueter son ennemi et l’enfermer dans des cases. On opposera ainsi le citoyen normal (c’est-à-dire soumis) au covidiot ou au complotiste, que l’on cherchera à mettre au ban de la société.

Cette révolution sanitaire utilise aussi les « gestes barrières » afin de détruire tout lien social entre ses victimes. L’on aura ainsi la distance sociale et masquée, l’isolement forcé : pensons aux personnes âgées mortes de solitude et de chagrin, sans prêtre, loin de leurs enfants. Il y aura aussi l’emploi à outrance de l’inhumain numérique. Se saturer de séries à longueur de journée, vautré sur son divan, seul devant son écran, est devenu un geste généreux pour sauver des vies ! Magasinage en ligne, travail à distance… : tout est fait pour que la société bascule irrémédiablement dans cet esclavage numérique dont personne ne pourra plus se libérer.

Pourquoi tout cela ? Saint Thomas d’Aquin -qui ne peut être suspecté de complotisme ! – l’explique très bien : « Ce sont les bons plus que les méchants qui sont suspects aux tyrans, et ceux-ci s’effrayent toujours de la vertu d’autrui… A cause de cela, ils (les tyrans) sèment des discordes entre leurs sujets eux-mêmes, ils alimentent celles qui sont nées, et ils prohibent tout ce qui tend à l’union des hommes, comme les mariages et les festins en commun et toutes les autres manifestations de ce genre qui ont coutume d’engendrer l’amitié et la confiance entre les hommes. » (De Regno Livre I, chap. 3)

En résumé, la Révolution cherche à diviser pour mieux régner.

Terreur, séduction et division : il est important de savoir que ces trois phases de la Révolution peuvent tout à fait coexister, et notre ennemi peut varier à volonté ces armes, du moment qu’il progresse vers son but. C’est comme un fil de fer que l’on voudrait briser. On peut le couper net : c’est rapide, mais c’est trop clair. Une manière plus sournoise sera de le tordre dans un sens puis dans un autre… jusqu’à obtenir le même résultat.

Quelle sera notre réponse ? 

Catholiques, nous n’avons aucune arme à emprunter à la Révolution : « la Contre-Révolution n’est pas une Révolution contraire », disait Joseph de Maistre. Saint Paul l’enseignait aux Romains : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais triomphe du mal par le bien » (Rom., XII, 21).

Aussi, plutôt que la division, nous voulons établir l’unité de l’ordre, en nous et autour de nous. Cet ordre nous relie à Dieu, notre Créateur et Maître, par l’union que produit en nous la grâce sanctifiante, la pratique des vertus et des Commandements, et notamment par le seul culte véritable et légitime qui est la Messe de toujours. Ce combat pour la messe est fondamental. Alors cette unité de l’ordre s’établira logiquement entre nous et notre prochain, dans notre famille, dans notre paroisse : l’homme est un animal social, il est donc nécessaire qu’il entretienne des rapports humains avec ses semblables, en supprimant les distances qui, sociales ou numériques, sont toujours réelles.

A la séduction, nous opposerons une conviction solide, ancrée dans l’étude des principes, ce qui nous oblige à une laborieuse mais fructueuse lecture de bons livres, et donc à l’éloignement des écrans, si faciles… et si nocifs pour l’intelligence comme pour la vie en société. Ne soyons pas esclaves, mais libres ! Et c’est la vérité qui nous rendra libres, comme le dit Notre-Seigneur en saint Jean.

Ainsi, face à la terreur révolutionnaire, nous garderons la paix, qui est « la tranquillité de l’ordre » (saint Augustin), cette paix profonde « que le monde ne peut donner », et qui sera en nous source d’une grande joie « que nul ne pourra nous ravir », comme le dit encore Notre-Seigneur en saint Jean.

Ni divisés, ni séduits, ni terrorisés, mais unis en Notre-Seigneur, convaincus et paisibles, nous combattons pour l’ordre social catholique, cet ordre qui est inséparable de la messe de toujours, cet ordre qui est celui du Christ-Roi. Il n’y a aucune autre solution à la crise que nous vivons.

Que l’Immaculée, « forte comme une armée rangée en ordre de bataille », établisse toujours plus en nous et autour de nous le règne de son divin Fils. Le Rosaire nous y a déjà puissamment aidés, il n’y a qu’à persévérer !

Haut les cœurs ! Honneur à l’Immaculée ! Et vive le Christ-Roi !

Abbé d’Abbadie

Source : FSSPX Canada, prieuré de la Sainte Famille

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

Quitter la version mobile