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Qui legit intellegat : homélie de Mgr Carlo Maria Viganò, archevêque, pour le 1er dimanche de l’Avent

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Terra vestra deserta ; civitates vestræ succensæ igni : regionem vestram coram vobis alieni devorant, et desolabitur sicut in vastitate hostili.

Votre pays est désolé, vos villes sont consumées par les flammes, vos champs sont dévorés sous vos yeux par des étrangers ; tout est dévasté, comme par un débarquement de barbares. [Ésaïe 1:7]

S’exprimant lors de l’Assemblée générale de la Conférence Épiscopale Italienne à Assise[1], le cardinal Matteo Zuppi a dit que « la Chrétienté est terminée », et que ce fait doit être considéré positivement, comme une opportunité, comme un καιρός. Vous ne serez pas étonné de l’utilisation du lexique globaliste, selon lequel chaque crise induite par le Système est aussi une opportunité : la soi-disant pandémie de Covid, la guerre en Ukraine, la transition écologique, l’islamisation des nations occidentales. Zuppi – l’un des principaux représentants de l’église synodale – prend cependant soin de ne pas reconnaître que la destruction de l’édifice catholique et l’effacement de la présence catholique dans la société sont l’effet logique et nécessaire de l’action subversive du Concile Vatican II et de ses développements récents et lointains, obstinément imposés par la Hiérarchie elle-même. D’autre part, du moment où le Christ Roi et Pontife est détrôné, remplacé par la « volonté de la base » – d’abord la collégialité, aujourd’hui la synodalité – ce qui s’était passé deux cents ans plus tôt dans les affaires publiques ne pouvait que se produire dans l’Église Catholique.

La liturgie austère de l’Avent commence au cœur de la nuit, lorsque à la Première Nocturne des Matines résonnent les trois Leçons avec l’oracle d’Isaïe.

Huit siècles avant la Venue du Sauveur, le Seigneur réprimande l’infidélité de Son peuple par la bouche du Prophète : « Malheur à la nation pécheresse, peuple chargé d’iniquité, race de méchants, enfants corrompus ! » (Is 1, 4) Ces paroles sévères, prononcées pour nos pères en vue de la Première Venue du Christ, sont d’autant plus valables pour nous, témoins de cette Incarnation que nous nous préparons à célébrer à la fin de ce temps sacré de l’Avent ; mais également dans l’attente de la deuxième Venue du Christ Juge, cette fois, dans la gloire. C’est le thème de l’Évangile d’aujourd’hui : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et sur la terre l’angoisse des peuples… » (Lc 21, 25) Et tout comme l’année liturgique s’est terminée dimanche dernier avec un rappel de la fin des temps, de même cette nouvelle année commence par le premier Dimanche de l’Avent avec un rappel semblable : « Quand ces choses commencent à arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche. »

Nous sommes pris entre deux événements majeurs : la première Venue du Christ dans l’humilité de la condition humaine et l’obscurcissement de Sa divinité pour accomplir l’œuvre de la Rédemption ; et la seconde Venue du Christ en tant que Rex tremendæ majestatis, qui viendra juger le monde per ignem, par le feu de Sa Justice.

C’est entre ces deux faits historiques que l’Église Militante accomplit sa mission sanctifiante : le premier, déjà accompli ; le deuxième, encore à accomplir et à déchiffrer, comme dans la parabole du figuier, ab arbore fici discite parabolam (Mt 24, 32). Avant l’Incarnation, l’Ancienne Loi était en vigueur ; après la résurrection des morts et le Jugement dernier, il y aura des cieux nouveaux et une terre nouvelle (Ap 21, 1), et seule l’Église Triomphante restera : triomphante sur Satan définitivement vaincu, et sur l’Antéchrist qui sera tué par l’Archange Saint Michel. L’histoire du Salut se déroule entre ces deux dates historiques, séparées par deux mille ans de combats aux résultats opposés entre Dieu et Satan. Deux mille ans ruisselant du sang innocent des Martyrs, versé par les mêmes mains meurtrières qui, sous l’Ancienne Loi, tuèrent et lapidèrent les Prophètes que le Seigneur envoyait à Son peuple (Lc 13, 34).

Le témoignage de fidélité à Dieu nécessite le passage à travers le certamen, la bataille de la Croix.

Cette vérité – théologique parce qu’elle est essentielle au plan trinitaire de la Rédemption – est rendue explicite dans le Sacrifice parfait de la Tête du Corps Mystique, et elle se perpétue mystiquement – et parfois réellement avec le Martyre – dans l’oblation des membres de ce Corps. La première à S’immoler, d’une manière possible seulement à la Mère Immaculée de Dieu, fut la Bienheureuse Vierge, Regina Crucis, que nous honorons pour cette raison comme notre Co-rédemptrice et – en vertu de cette offrande – notre Médiatrice de toutes les Grâces auprès de la divine Majesté. Le passage de l’Ancienne à la Nouvelle et Éternelle Alliance est baigné du sang de tant de vies, avant et après le Sacrifice suprême du Golgotha par le Verbe Incarné. Un sang versé par des enfants corrompus, présents alors comme aujourd’hui sous les voûtes du Temple de Dieu.

Lorsque nous lisons dans le livre d’Ézéchiel la vision des abominations d’Israël[2] – avec les pièces secrètes du temple de Jérusalem utilisées par les soixante-dix anciens de la maison d’Israël pour pratiquer des cultes infernaux, et le lieu le plus sacré entre le vestibule et l’autel utilisé pour le culte du soleil[3] – le parallèle avec les abominations que nous avons observées ces dernières décennies surgit spontanément :  de l’adoration du Bouddha sur le tabernacle de l’église Sainte Claire à Assise, à l’époque du panthéon de Jean-Paul II, à l’intronisation de l’idole immonde de la Pachamama dans la Basilique du Vatican. Il est difficile de ne pas reconnaître, dans ce mélange de cultes cananéens et babyloniens, pratiqués par une partie du peuple d’Israël, une référence au culte de la Terre Mère, à la « conversion verte », aux objectifs durables de l’Agenda 2030.

Mais si ces abominations ont conduit les Juifs de l’Ancienne Loi à l’exil, quelle punition attend ceux qui les accomplissent sous la Nouvelle Loi ?

Si le Seigneur était offensé par les contaminations des rites païens dans la liturgie du Temple voulues par la hiérarchie sacerdotale juive[4], comment ne pourrait-Il pas être plus encore offensé par des contaminations similaires, et pires, introduites dans la liturgie par la Hiérarchie de l’église conciliaire et synodale ? « Quomodo facta est meretrix civitas fidelis ? » (Is 1, 21) Comment la ville fidèle est-elle devenue une prostituée ? demande le Prophète Isaïe. « Votre terre est désolée, vos cités sont consumées par le feu, vos champs sont dévorés par des étrangers, sous vos yeux ; tout est dévasté, comme par une subversion des barbares » (ibid., 7). N’est-ce pas ce que nous voyons dans nos propres nations, rebelles contre les Commandements de Dieu et Sa sainte Loi ? Ne nous semble-t-il pas que la Hiérarchie de l’Église – la civitas fidelis – se prostitue au nouveau culte du soleil, au lieu de reconnaître dans le Christ le Sol Justitiæ qui éclaire tout par la Vérité divine ? Pourquoi ce vil asservissement aux requêtes des ennemis de Dieu, de l’Église et de l’humanité ?

Lorsque, dans le silence de la Sainte Nuit, le Verbe éternel du Père vit la lumière dans la chair de l’Emmanuel, les anciennes Prophéties messianiques apparurent dans leur évidence, montrant en l’Homme-Dieu l’accomplissement des Écritures. Ce fut une révélation. C’était la Révélation. Mais une autre révélation – au sens propre du terme grec ἀποκάλυψις, qui signifie lever le voile – aura lieu à la fin des temps, lorsque ce ne sera pas la réalité qui changera, mais notre façon de la voir, sans ces obstacles qui voilaient notre regard. Même alors, nous verrons l’accomplissement des Écritures : la trahison de l’Autorité civile et religieuse, l’apostasie de la Hiérarchie ecclésiastique, la dissolution du corps social dans des guerres, des famines, des pestes, des cataclysmes. Et tout comme il y avait ceux qui, malgré l’évidence, niaient que le Christ était le Desideratus cunctis gentibus, le Désiré de tous les peuples, ainsi il y a et il y aura ceux qui, face aux événements prédits par le Prophète Daniel et l’Apôtre Saint Jean, parleront – comme le Cardinal Zuppi – de καιρός persistant à croire et à nous faire croire que la crise est un bien, et qu’il n’y a donc pas besoin de restauration de l’ordre divin par le seul détenteur de l’Autorité, le Christ Roi et Pontife. Nier le mal, en plus de constituer une forme de coopération avec lui, implique aussi de nier la nécessité du triomphe du Bien, et finit par être une forme de complicité avec le mal lui-même, une sorte de résignation induite, un défaitisme dangereux, un fatalisme qui empêche l’individu et la société de se réveiller, de réagir, pour contrer l’action de l’ennemie. Et cela est vrai à la fois pour l’Église et pour la société civile, car la Seigneurie du Christ est niée et contestée dans les deux domaines, et précisément par les dirigeants de ces institutions qui tirent leur légitimité du fait d’être vicaires de l’Autorité suprême du Verbe Incarné.

L’Avent est un terrain d’entraînement spirituel en préparation de la Très Sainte Nativité de Celui qui, né secundum carnem en vue de la Rédemption, a récapitulé toutes choses en Lui, guérissant dans l’ordre de la Grâce le vulnus infligé par le χάος de Satan. L’Avent doit aussi être pour nous un entraînement au bon combat quotidien – celui contre le monde, la chair et le diable – et au combat historique des derniers temps, lorsque l’Antéchrist usurpera toute autorité terrestre afin d’établir son royaume infernal.

Si nous savons comprendre l’inéluctabilité du triomphe de Notre Seigneur Jésus-Christ, préparé avec l’Incarnation et accompli sur le Golgotha dans l’obéissance au Père, nous serons capables de lire sub specie æternitatis – dans la perspective de l’éternité – même les événements présents et futurs, préservant la paix du cœur dans les tribulations et les épreuves les plus rudes. C’est pourquoi, en célébrant spirituellement la Naissance du Sauveur par une véritable conversion intérieure et en faisant grandir la vie de la Grâce en nous, nous nous préparons aussi à suivre notre Roi et Seigneur sur le chemin de la Croix, trône d’où Il règne sur nous tous avec la pourpre de Son Sang très Précieux. Cette milice est le véritable καιρός, la seule opportunité qui nous permettra de participer à la victoire finale si nous savons nous ranger sous la bannière du Christ Roi et de Marie Reine. Hora est jam nos de somno surgere (Rom 13, 11), nous exhorte l’apôtre. N’oublions pas que la Providence divine a établi que ce sera Elle, la Co-Rédemptrice, la Regina Crucis, qui écrasera la tête de l’ancien Serpent.

Écoutons l’oracle d’Ézéchiel avec ces dispositions :

« Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vous rassemblerai parmi les païens, et je vous rassemblerai des terres où vous avez été dispersés, et je vous donnerai la terre d’Israël. Ils y entreront et enlèveront toutes ses idoles et toutes ses abominations. Je leur donnerai un cœur nouveau et je mettrai en eux un esprit nouveau. J’ôterai le cœur de pierre de leur poitrine, et leur donnerai un cœur de chair, afin qu’ils suivent mes décrets, gardent mes lois et les accomplissent ; ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. Mais sur ceux qui suivent avec leur cœur leurs idoles et leur méchanceté, je ferai tomber leurs œuvres, dit le Seigneur Dieu » (Ez 11, 17-21).

Qu’il en soit ainsi.

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

30 novembre MMXXV, Dominica I Adventus

© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò

[1] Cf. https://www.chiesacattolica.it/card-zuppi-il-dono-di-una-strada-per-costruire-comunita/

[2] Cette vision est interprétée par les Pères de l’Église à la fois au sens littéral (comme une condamnation de l’idolâtrie historique d’Israël) et au sens allégorique (comme une condamnation de l’hérésie et de l’apostasie dans l’Église ou dans l’âme). Saint Jérôme identifie les abominations à des pratiques païennes infiltrées dans le temple.

[3] Il m’a dit : « Fils de l’homme, brise le mur. » J’ai brisé le mur, et voilà, une porte est apparue. Il m’a dit : « Entre et vois les abominations maléfiques qu’ils commettent. » Je suis entré et j’ai vu toutes les créatures rampantes et les animaux abominables, et toutes les idoles du peuple d’Israël représentées autour des murs, ainsi que soixante-dix anciens de la maison d’Israël, parmi lesquels se tenait Jazaniah, fils de Shaphan, debout devant eux, chacun tenant un encensoir à la main, tandis que le parfum s’élevait en nuages d’encens. Il me dit : « As-tu vu, ô fils de l’homme, ce que font les anciens du peuple d’Israël dans les ténèbres, chacun dans la chambre cachée de son idole ? Ils continuent de dire : Le Seigneur ne nous voit pas… le Seigneur a abandonné la terre… ». […] Il me conduisit dans la salle intérieure du temple, et voici, à l’entrée du temple, entre le vestibule et l’autel, environ vingt-cinq hommes, dos tournés vers le temple et visage tourné vers l’est, prostrés et adorant le soleil (Ez 8, 8-12.16). Soixante-dix anciens qui vénèrent les idoles : c’est-à-dire les soixante-dix membres qui composent le Sanhédrin. Vingt-cinq hommes se prosternant au soleil : les chefs des vingt-quatre ordres lévitiques (1 Chr 24,18-19), avec le Grand Prêtre, « les princes du sanctuaire » (Is 43, 28), représentant l’ensemble du sacerdoce, comme les soixante-dix anciens représentaient le peuple.

[4] Le grand prêtre joua un rôle de premier plan dans la « pollution de la maison du Seigneur » (2 Chr 36, 14) avec des cultes solaires perses.

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