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Réflexions pascales en temps de coronavirus

Un projet de loi canadien pourrait emprisonner les chrétiens qui citent la Bible

Cette Semaine Sainte confinée permet et favorise d’utiles réflexions. Tout d’abord, après la déréliction et la mort du Christ, l’espoir de la Résurrection est une image de notre propre espoir de sortir de la crise actuelle.

Par ailleurs, au plan pratique, la maladie apportée par le virus est grave. L’on doit essayer de s’en prémunir et ne pas oublier ceux qui en sont victimes.

Pourtant, d’ un autre point de vue, ce virus a agi comme un révélateur et même parfois un juge à l’égard des pratiques de notre temps. Il a mis à bas en quelques semaines l’orgueilleuse modernité : l’homme du XXIe siècle se voulait sans racines, indépendant de Dieu, maître des techniques et contrôlant la santé et une économie en progrès constant… A voir ce qui est arrivé, l’on pense irrésistiblement à certains textes de la Bible comme le Magnificat (deposuit potentes de sede) ou à ces passages qui montrent Dieu renversant les calculs des orgueilleux et des impies. Un exemple entre mille : la tour de Babel, qui devait aller jusqu’aux cieux et qui a été abandonnée dans la confusion … De même le virus a montré que le système de santé du XXIe siècle n’avait guère de moyens supérieurs à celui du XIVe face à la peste… Des hommes puissants, des rois, des ministres, ont subi le virus comme les plus humbles…

Qui aurait été cru il y a à peine plus d’un mois s’il avait dit que le libre-échange et le libéralisme à tout crin seraient remis en cause, que l’on se tournerait vers la Nation et même parfois vers le Ciel, et que la moitié de l’humanité se trouverait privée de la liberté d’aller et venir dont elle jouissait depuis la Préhistoire ? La « société liquide » voulue par certains financiers cosmopolites est à terre, et il n’y a pas lieu de la regretter. La reconstruction devra se faire par d’autres voies.

Le libéralisme à tout crin, l’idéologie anglo-saxonne du « laisser-faire -laissez-passer » a été atteinte : le commerce international est entravé par l’épidémie. À cette occasion l’on redécouvre l’intérêt des circuits courts. Le manque de masques fait penser qu’il faudrait peut-être recommencer à produire un maximum de choses en France. L’économie réelle reprend la première place face à la finance anonyme et vagabonde qui est incapable de répondre aux besoins, dont elle se souciait au vrai fort peu.

Et l’on se réjouit de l’autosuffisance alimentaire de notre pays, vieille terre d’agriculture ! Où sont les rêves d’achat à toute époque de n’importe quoi à bas prix…

Il n’est plus question de nomadisme, de voyages tous azimuts de gens qui n’ont rien à faire aux antipodes… Pour comprendre la tristesse qu’il y a de ne plus pouvoir accéder à nos plages et à nos terroirs, il a fallu que l’on nous prive de voyages inutiles vers des sables lointains ou des forêts inextricables… Les Seychelles, le Kilimandjaro, le Taj Mahal apparaissent dérisoires lorsqu’on ne peut plus aller visiter la Côte d’Opale, le Mont-Blanc ou Versailles… Notre autonomie est réduite à deux kilomètres ! Et l’homme serait allé sur la Lune ! Quel humoriste amer aurait osé penser cela?

L’on a entendu Monsieur Macron, naguère mondialiste avoué, vanter la protection de la Nation et souhaiter rapatrier une partie de la production industrielle ! La fermeture des frontières, présentée naguère comme le mal absolu, apparaît maintenant comme la protection absolue… Il n’y a que les trafiquants et les immigrants clandestins qui pourront s’en plaindre.

Le virus a aussi obligé les Français à revenir chez eux et à veiller eux-mêmes à leur alimentation. Certains se sont alors rendu compte du fait qu’ils avaient exagérément négligé leur domicile qui n’était qu’un dortoir et non plus un nid familial, et sacrifié leur table au « vite fait mal fait » et à la « malbouffe. » De même dans certaines familles, l’on se croisait à peine : entre les horaires de travail des parents et les sorties des enfants, qui allaient manger ou dormir on ne sait où, il n’y avait plus guère de communauté… Le confinement aura peut-être permis des révisions à ce sujet, voire, par nécessité, un retour à une vie réglée.

Les luttes électorales, les grandes réformes annoncées à grand renfort de médias sont passées au second plan… Les gens attendent d’un gouvernement des décisions et non des palabres. Les politiciens sont devenus silencieux, et on ne les regrette pas.

L’on peut songer que, si la crise dure encore un peu, comme il est probable, les dirigeants de la République laïque finiront par aller au pied des autels pour réclamer la fin de l’épreuve, qu‘ils ne peuvent obtenir tout seuls … Cela paraît incroyable, mais que l’on se rappelle qu’ils l’ont fait en 1940. Néanmoins l’invocation ne suffit pas pour détourner un fléau, et il faudra envisager des sacrifices avant (et après).

Le retour à la sagesse durera-t-il quand l’épidémie, comme toute chose, cessera ? Peut-être certains auront-ils pris quelques résolutions qu’ils tiendront. Il est aussi à craindre que la détente, comparable à celle qui suit les après-guerres, voie renaître les mauvais comportement d’antan … De la sagesse que nous aurons su acquérir dépend largement notre avenir : faute de tenir compte du sévère avertissement reçu, nous risquons de nous apercevoir que nous avons eu affaire à l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse, et de devoir nous préparer à nous mesurer aux trois autres…

François Marceron.

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