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Roland-Garros contre Serres d’Auteuil : un match au long cours

affiche roland garrosLe jeudi 12 juin 2014 se tenait dans les locaux de l’association Paris Historique un café-patrimoine sur le combat d’associations contre l’extension du stade de Roland Garros. Agnès Popelin, vice-présidente d’Ile-de-France Environnement (IDFE) et Alexandre Gady, président de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF), présentaient leur combat en faveur de la préservation du patrimoine historique du jardin et des Serres d’Auteuil.

Le projet du « nouveau Roland-Garros »

Le jardin botanique – daté du règne de Louis XV et les Serres d’Auteuil qui l’agrémentent – construites en 1897 siècle sous la direction de l’architecte Camille Formigé, constituent un patrimoine à la fois historique et environnemental incontestable auprès du bois de Boulogne. Jouxtant cet ensemble, le complexe de Roland-Garros est créé en 1928.

En 2010, la Fédération Française de Tennis (FFT) émet le désir d’accroître la surface du site du tournoi et recherche des espaces : des projets sont proposés dans différentes villes, notamment Versailles, Marne-la-Vallée, Gonesse et Paris, dernier site qui remporte l’appel d’offre. Avec 500.000 spectateurs en quinze jours, le stade de huit hectares et demi n’est pas suffisant pour l’accueil du public et nécessite effectivement de s’accroître. Le choix du site de Paris entraînerait un agrandissement du terrain de trois hectares (coût de l’opération : 340 millions d’euros) là où d’autres sites auraient pu en proposer bien davantage. Le bénéfice destiné à la ville de Paris, de l’ordre de 6,5 millions d’euros est par ailleurs assez modeste par rapport aux bénéfices perçus par la FFT – 75 millions d’euros, et ne constitue pas un attrait majeur pour la ville. Enfin, litige majeur, il implique une destruction de certaines serres abritant des espèces botanique rares et précieuses et une dénaturation visuelle[1] du jardin, en dépit du classement au titre de la loi de 1913 sous la protection de laquelle le jardin botanique est censé être placé.

L’alternative proposée par les associations

Dénonçant les velléités mercantiles du projet d’agrandissement[2], différentes associations dont l’IDFE, la SPPEF, France Nature Environnement (FNE), et beaucoup d’autres[3] choisissent de se fédérer sous l’appellation Ensemble pour un autre Roland-Garros. Dépassant les clivages politiques – des élus du parti Europe Ecologie des Verts, certains membres de l’UMP et de l’UDI se sont positionnés en faveur de leur action, cette entreprise appuyée par la ville de Boulogne, vise à établir un consensus productif pour défendre le site. Une alternative constructive est proposée : étendre les terrains de tennis en couvrant l’autoroute A13 au nord du complexe, ce qui permettrait, pour un coût raisonnable, de respecter la protection du patrimoine et parallèlement d’améliorer le paysage riverain. Malgré ses atouts évidents, cette proposition n’a pas été retenue par l’expertise de la ville de Paris qui insiste sur l’importance d’ériger ses cours suivant une orientation vers l’Est et non vers le Nord.

En dépit de louables victoires des associations devant le Tribunal Administratif, recours et attaques se multiplient à leur encontre. Le caractère légal de cette campagne est pourtant contestable puisque le site est protégé par deux conventions qui ne semblent pourtant pas dissuader les tenants du nouveau Roland-Garros: en 1991, Philippe Chatrier ratifie un contrat stipulant que la construction du Cour Suzanne Lenglen serait la dernière extension du site et en 1998, l’Etat fait voter la protection des serres et du sol de l’ensemble du complexe.

Comment agir ?

Une enquête publique menée par la Mairie du XVIe arrondissement de Paris se tient du 10 juin au 18 juillet, afin de recueillir avis et opinions sur la construction du nouveau Roland-Garros. Les amoureux du patrimoine qui souhaitent défendre la conservation de cet espace peuvent faire part de leurs revendications à l’adresse suivante :

Mairie du XVIème arrondissement

Projet de modernisation du stade Roland-Garros – enquête publique

À l’attention de Madame le commissaire-enquêteur, Marie-Claire Eustache

71, avenue Henri Martin

75775 Paris Cedex 16

Pour se maintenir au courant de l’avancée du projet, agir ou rejoindre les associations : sites et pages Facebook de la SPPEF ou de l’IDFE.



[1] « En remplacement de l’actuel court n° 1, qui sera détruit pour agrandir la place des Mousquetaires, un nouveau court semi-enterré de près de 5 000 places sera érigé dans la partie sud-est du jardin botanique des serres d’Auteuil. Il sera réalisé à l’emplacement des serres « techniques » et « chaudes » situées dans la partie sud-est du jardin ». Communiqué officiel du site Nouveau Roland-Garros.

[2] Il est prévu de construire conjointement au nouveau complexe des espaces commerciaux et des surfaces d’accueil du public (sanitaires, restaurants, etc.) s’intégrant aux bâtiments d’exploitation de briques actuellement utilisés par le personnel professionnel s’occupant des jardins.

[3] Voir l’ensemble des associations dans le communiqué de presse de « Ensemble pour un autre Roland-Garros ».

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