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Rosa Mystica : la journée de lundi

Lundi 29 avril

Avant 6h30, c’est déjà l’effervescence devant le gymnase. Imaginez une vaste place à découvert, avec des policiers qui assurent la circulation autour, quelques gardiens qui remplacent provisoirement l’armée (trop occupée par les élections), des petits échoppes pour acheter de quoi grignoter en attendant, et des gens qui font les cent pas, avec une large proportion d’enfants. Et comme fond sonore, klaxons, musiques et réclames électorales, toujours au volume maximum. Devant l’entrée, plusieurs infirmiers interrogent les patients pour remplir une fiche d’informations et mesurer l’importance du problème médical. Dans le sas avant le gymnase, une équipe de personnel soignant pèse, prend la tension et le pouls, contrôle la glycémie, prend la température, etc. Autant de vérifications faites pour seconder les médecins, et détecter parfois des graves soucis.

Une fois à l’intérieur du gymnase, les patients sont dirigés vers leur zone d’attente. Le premier tiers de l’espace sert de chapelle : les Sœurs ont dressé un autel au-dessus duquel est fixée une grande fresque qu’elles ont peinte elles-mêmes ; elles ont mis également des panneaux qui expliquent chaque mystère du Rosaire. Cela permet de montrer à nos malades le sens religieux de l’aide que nous leur apportons. Et quand ils attendent, ils peuvent recevoir la médaille miraculeuse et le scapulaire, et recevoir des rudiments de catéchisme. Father Tim, les Sœurs et monsieur l’abbé Vaillant se relaient pour leur apporter un peu de joie spirituelle, et leur montrer l’importance de la pratique religieuse, surtout dans les épreuves qu’ils rencontrent.

Passé cette zone, on arrive dans un vaste espace où de nombreuses tables sont dressées : là se jouxtent espaces d’attente, médecins généralistes, ORL, pédiatres, chirurgiens, dentistes, opticiens, pharmaciens, et dans le fond, il y a cinq cabines d’opération. C’est une véritable fourmilière avec beaucoup de mouvement, des enfants qui jouent, pleurent, courent et sautent. C’est héroïque pour tous de travailler dans ces conditions, on développe peut-être à force une oreille sélective…

Les patients vont donc voir le médecin qui les concerne ; la consultation est parfois longue car il y a besoin d’un ou deux interprètes pour passer du français à l’anglais, puis de l’anglais au visaya. Après cela, il reste à attendre pour percevoir ses médicaments. C’est long car il n’y a que deux pharmaciennes (appel aux bonnes volontés compétentes pour les prochaines missions !) qui doivent vérifier chaque médicament donné avec sa posologie. Pour finir, certains doivent se rendre au « refferal desk » pour avoir un rendez-vous à l’hôpital ou dans un laboratoire d’analyses. Par exemple, une pauvre femme qui arrive avec une énorme tumeur parotide ; ce n’est sans doute pas cancéreux, mais il faut quand même faire une biopsie. Son cas est fréquent ici : elle laisse grossir par négligence une petite tuméfaction, puis quand il devient trop voyant, se dit qu’elle n’a pas l’argent pour se faire opérer. Et au bout de dix ans, elle a le visage déformé ; elle vient alors nous voir, mais il est trop tard pour agir, à moins de faire une grosse opération qui serait très coûteuse. Nous avons aussi un cas de tuberculose aujourd’hui : une femme qui a pris quatre mois de traitement, au lieu de neuf minimum. Et depuis un an, tous les symptômes reprennent peu à peu. Elle est envoyée d’urgence à l’hôpital. Autrement, il y a beaucoup de cas de diabète, avec des taux qui explosent nos records européens : le docteur Lantier doit faire à une patiente une liste de menus équilibrés indispensables pour sa santé ; sans quoi, elle devra sans doute être hospitalisée. De son côté, le docteur Etellin est obligé d’envoyer aux urgences une autre patiente : elle a 40 ans, son taux de glycémie est à 5gr ; il lui faut vite un traitement intensif d’insuline, mais comme elle risque alors des effets secondaires dangereux, elle doit être surveillée.

Anecdote amusante pour finir, un homme se fait enlever un lipome dans le dos. En se relevant de la table d’opération, il est soulagé : « Depuis le temps que je priais Allah pour être débarrassé de cela ! » Hé hé, a-t-il bien réalisé que seul le vrai Dieu veille sur notre mission… ?

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