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Sermon du RP Paul-Marie, ofm – La Tradition de l’Eglise – 14 janvier 2024

Est-il possible que l’Église enseigne aujourd’hui des doctrines contraires à celles qu’elle a précédemment enseignées en matière de foi et de mœurs ? 

Version écrite du sermon

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Mon Très Révérend Père, bien chers Pères et Frères, bien chers fidèles,

À l’approche du Synode sur la synodalité, vous savez que 5 cardinaux de l’Eglise ont adressé au pape ce qu’on appelle des dubia, c’est à dire des doutes sur ses enseignements ou sur ses comportements qui sont faits pour demander des éclaircissements sur sa pensée. Il est de coutume que dans l’église, les cardinaux, les évêques puissent faire cela. Et le pape est censé répondre à des questions précises, précisément par oui ou par non.

Mais le pape n’a pas répondu par oui ou non …. un peu pour éviter la réponse claire. Or les cardinaux avaient formulé comme premier doute celui-ci : Est-il possible que l’Église enseigne aujourd’hui des doctrines contraires à celles qu’elle a précédemment enseigné en matière de foi et de mœurs ?

Pourquoi cela ? Eh bien, parce que des choses allaient être discutées pendant ce fameux synode qui n’avaient jamais été discutées dans l’Eglise, ou en tout cas que l’Église avait toujours eu soin de préserver, de conserver de garder précieusement. Et la question qui se pose finalement, c’est la question de la Tradition de l’Eglise.

À travers cette question des cardinaux, c’est la question de la Tradition. Est-ce que la Tradition de l’Eglise, c’est à dire l’ensemble des vérités de foi, et ce qui touche aussi aux mœurs, est-ce que tout cela, est-ce qu’aussi la constitution de l’Eglise par le Christ, ce que le Christ a fondé, est-ce que tout cela peut changer à travers le temps ou pas ? Voilà la question des cardinaux. En effet, qu’est-ce qui a été évoqué par exemple au synode ? La question de la bénédiction des couples contre nature. Est-ce que cela s’est déjà fait dans l’Eglise ? Je ne crois pas. Le sacerdoce des femmes ? Ça n’a jamais non plus eu lieu dans l’Eglise. La participation des laïcs au gouvernement de l’Eglise au même titre que les clercs, ou encore la démocratisation de l’Eglise, elle qui a été fondée par Jésus-Christ comme une monarchie…Autant de questions qui, finalement, semblent battre en brèche la Tradition.

Voilà pourquoi les cardinaux ont présenté ce premier dubium au pape François.

C’est donc pour nous l’occasion de nous rappeler : Qu’est-ce que la Tradition ? Ce que devons croire à son sujet ? Pour bien comprendre ce qu’est la Tradition, il faut d’abord évoquer la notion de la Révélation.

Dieu s’est révélé aux hommes depuis des siècles, depuis Adam et Ève, on peut dire. Il s’est révélé à eux. Il s’est révélé aux patriarches, aux prophètes et à travers les prophètes à tous les personnages de l’Ancien Testament. Et cela jusqu’au Nouveau Testament où, là, c’est Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui est venu nous enseigner  les vérités que nous devons croire et les commandements que nous devons observer pour être sauvés. Et il a envoyé ses apôtres prêcher cette doctrine et la répandre dans le monde … fonder l’Eglise.

Voilà ce qu’est la Révélation. On voit que cette Révélation s’est faite d’abord par oral : c’est par la prédication vivante que se sont transmises ces vérités. Saint Paul disait : « Jadis, bien des fois et de bien des manières, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes, mais en ces temps qui sont les derniers, il nous a parlé par son propre Fils ». C’est donc par la prédication que s’est constitué ce corps de doctrine que nous devons croire et puis ses commandements que nous devons observer pour être sauvés.

Il y a aussi, bien sûr, des choses qui ont été mises par écrit, et c’est ce qu’on appelle la Sainte Écriture. Il y a donc deux sources de la Révélation, la Tradition orale. Et puis la Sainte Écriture qui l’accompagne.

Depuis Notre Seigneur Jésus-Christ, la doctrine de l’Eglise est fixée. Il ne peut pas y avoir une Révélation plus parfaite que celle que nous a apportée Notre Seigneur et qu’Il nous a fait prêcher par les apôtres parce qu’il est le propre Fils de Dieu et personne ne peut mieux nous parler des vérités de la foi et de la morale que le propre Fils de Dieu. Maintenant que ce corps de doctrine est constitué, la révélation est close, c’est à dire qu’il n’y a pas de nouvelles vérités qu’on pourrait ajouter par-dessus cela, il n’y a plus qu’une chose à faire, c’est à garder ce dépôt. Et c’est ce que dit Saint Paul précisément à son disciple Timothée ; il lui dit : « Timothée, garde le dépôt. Pour moi j’ai mené jusqu’au bout le bon combat, j’ai gardé la foi. » Et il le met en garde son disciple contre les nouveautés. Il lui annonce que viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine et s’écarteront de la vérité pour se tourner vers les fables.

Effectivement. Quand on regarde le monde moderne aujourd’hui, on voit que sa façon de penser, sa façon de vivre, est à des milliers de kilomètres de ce que prêchait, de ce que demandait Notre Seigneur Jésus-Christ, et de ce qu’a demandé l’Eglise à travers les siècles.

Le monde moderne par exemple ne supporte plus la sainteté du mariage. C’est pour cela qu’il voudrait que l’Église bénisse le péché, bénisse l’union libre, bénisse la contraception, bénisse les couples contre nature. Voilà ce que voudrait le monde. Le monde ne supporte pas non plus le célibat sacerdotal, la chasteté parfaite, parce que lui il est tout plongé dans le vice, dans l’impureté. Et donc il fait pression pour que l’Église lâche cela et permette que les prêtres se marient.  Le monde moderne ne veut pas non plus admettre de différence sociale entre l’homme et la femme. Dans l’Eglise, comment cela va se concrétiser ? Cela va se concrétiser en donnant aux femmes accès  au sacerdoce, comme si c’était possible, comme si Notre Seigneur Jésus-Christ n’avait pas choisi que des hommes pour les constituer prêtres. Mais le pape n’a pas le pouvoir de changer ce que Jésus-Christ à Lui-même institué.

Ensuite, le monde moderne ne supporte pas non plus la hiérarchie, l’autorité et par conséquent, il ne veut pas dans l’Eglise cette distinction entre les fidèles et les clercs. Non, il faut tout niveler, que tous aient les mêmes attributions. Le monde moderne ne supporte pas la constitution monarchique de l’Eglise, parce que lui, ce qu’il prêche, c’est la démocratie partout ; maintenant, c’est la démocratie. Alors il faut que l’Église se mette à la page mais Notre Seigneur n’a pas fondé une Eglise qui soit une démocratie, Il l’a fondée comme une monarchie.

Ensuite, l’homme moderne de façon générale ne veut plus du culte de Dieu. Il veut le culte de l’homme. Il faut que l’Église s’y fasse. Il faut qu’elle nous donne une nouvelle messe. Autant de choses, vous voyez, dont  on pourrait multiplier les exemples.

Le monde moderne ne supporte pas ce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a donné et ce qu’il demande à l’Eglise de garder fidèlement, c’est à dire cette Tradition, cet ensemble de vérités révélées :  ces vérités de Foi, ces vérités qui touchent aussi aux mœurs, ou qui touchent à la constitution de l’Eglise, tout cela, il n’en veut plus, il n’en veut plus, et il le combat.

Et pourtant vous le savez on ne peut pas changer la Tradition parce que changer la Tradition c’est changer tout simplement l’Eglise c’est changer la religion.

L’Eglise c’est d’abord et avant tout la Tradition. Quand Notre Seigneur envoie ses apôtres fonder l’Eglise que leur dit-il : allez prêchez enseignez tout ce que je vous ai moi-même enseigné apprenez aux hommes à observer les commandements que je vous ai donnés et puis baptisez les sacrements voilà et il n’y a pas à inventer Notre Seigneur Lui-même a fondé cela et il faut simplement le transmettre à travers les siècles pour le salut des hommes.

Monseigneur Strickland cet évêque américain qui, à l’approche du synode, a fait une lettre pastorale à ses fidèles, leur a signalé que ce qui était en train d’être projeté à Rome, ou ces discussions, c’était bien vain, parce que c’était complètement à côté de la plaque, à côté de la Tradition ou contraire à la Tradition ; et il leur a dit : écoutez, nous, on reste fidèles à ce qui a toujours été enseigné, et puis voilà, le reste on s’en fiche. Mais parce qu’il a justement été fidèle à la Tradition, il a été mis de côté, évincé par le pape François. Il avait pourtant raison de dire cela, parce que s’attacher à la Tradition comme il le disait à ses fidèles, c’est s’attacher à l’Eglise ; l’Eglise et la Tradition, c’est une seule et même chose (plus ou moins, voyez, petite distinction), mais la tradition c’est l’essence de l’Eglise le fond de l’Eglise ce qu’il y a de plus profond dans l’Eglise c’est sa Tradition, c’est cet ensemble de vérités dogmatiques et morales que nous devons tenir et pratiquer pour être sauvés. Ainsi, vous comprenez que l’expression « catholique traditionnel », c’est un pléonasme, un pléonasme. On ne peut pas être catholique si on n’est pas fidèle à la Tradition, on est catholique dans la mesure même où l’on est fidèle à la Tradition. C’est pourquoi nous n’avons pas à rougir de ce titre de « traditionaliste ». Oui, si par là on entend la fidélité à la Tradition, c’est notre gloire.

Monseigneur Lefebvre qui a voulu mener ce bon combat de la Tradition face aux nouveautés de Vatican II, a bien signifié dans le sacre des évêques en 1988, que s’il faisait cet acte, c’était pour continuer cette Tradition de l’Eglise, continuer à transmettre ce qui avait toujours été enseigné, pratiqué dans l’Eglise. Voilà pourquoi il a fait ces évêques, parce que c’est le rôle de l’évêque, c’est le principal rôle du pasteur de transmettre cette Tradition, d’en être le gardien, le témoin.

Une petite difficulté qu’on pourrait ici soulever, c’est que le pape Jean-Paul II a répondu à cet acte de Monseigneur Lefebvre en lui disant qu’il se justifiait mal, parce qu’il avait une fausse notion de la Tradition. Jean-Paul II disait que Monseigneur Lefebvre avait une fausse notion de la Tradition et il insistait sur le fait que la Tradition est vivante, la vie c’est quelque chose qui évolue.

Alors qu’en est-il, essayons de creuser un petit peu cette chose : la Tradition est-elle vivante ? Le pape François, précisons-le, a la même conception que le pape Jean-Paul, II puisqu’il disait dans une phrase à sa manière : « la Tradition n’est pas une pièce de musée (à laquelle on ne touche plus), la Tradition c’est la garantie de l’avenir », (il y a une dynamique dans la Tradition, une dynamique, une évolution). Et le pape François qui en 2021 restreignait de façon très grande la possibilité de célébration de la messe traditionnelle dans l’Eglise, n’hésitait pas à intituler son acte « Traditionis Custodes », (Gardiens de la Tradition). Ah, il y a là deux choses qui nous paraissent contradictoires : il combat la messe traditionnelle, finalement, au nom de la tradition, lui, le gardien de la tradition ! Il y a un problème. Mais tout s’explique par le simple fait que le modernisme, comme le disait Saint Pie X, c’est une hérésie qui est subtile, qui est cachée, elle garde les mêmes mots mais elle leur donne un autre sens. Et le mot « Tradition » n’échappe pas à cela.

Alors essayons de distinguer. Quand c’est obscur il faut distinguer.

La tradition est-elle vivante ? La tradition est vivante du point de vue de son sujet. Ce sujet quel est-il ? C’est le pasteur, c’est le prédicateur, c’est celui qui est envoyé par Notre Seigneur Jésus-Christ pour prêcher. Eh bien, de ce point de vue-là, oui la Tradition est vivante parce que, les pasteurs, ils sont en chair et en os, et ils se succèdent les uns aux autres. Donc de ce point de vue-là, la Tradition, elle est vivante, du point de vue du sujet.

Elle est vivante aussi du point de vue de son mode, puisqu’il s’agit d’une prédication c’est une voix, c’est une parole vivante, ce n’est pas comme la parole écrite qui est fixée et on ne peut plus y toucher. Maintenant, est ce qu’elle est vivante selon son objet, son contenu ? Ces vérités qui sont prêchées, qui sont enseignées, est-ce qu’elles sont vivantes ? Ah c’est là qu’est la question, et c’est là qu’il faut bien distinguer. Substantiellement, ces vérités de la foi, de la morale, ne peuvent pas changer : elles ont été fixées par Notre Seigneur Jésus-Christ et elles resteront toujours telles que Notre Seigneur Jésus-Christ nous les a enseignées.

Saint Vincent de Lérins disait, à propos des hérétiques qui, justement, voulaient changer les choses à ce niveau-là : « Je ne peux assez m’étonner de la passion d’errer qu’éprouvent certains hommes, à qui ne peut suffire l’antique règle de la foi, transmise et acceptée une fois pour toutes ».

Une fois pour toutes ! Cette règle de la foi ne change pas substantiellement, ces vérités resteront toujours, jusqu’au bout, et l’on ne peut pas les changer et encore moins dire des choses contraires à ce qui a été enseigné.

En revanche, et  ce cas a effectivement été reconnu depuis toujours dans l’Eglise, il peut y avoir une certaine précision du contenu de la foi, Saint Vincent de Lérins le disait aussi : « Il faut qu’elle croisse et qu’elle progresse l’intelligence de chaque fidèle et de toute l’Eglise à travers les siècles, mais toujours dans le même dogme, dans le même sens, dans la même doctrine. »

Comprenez. Je prends une image : si vous faites une course de relais, on vous donne un objet, et qu’est-ce qu’attend l’arbitre au bout ? Il attend qu’à travers les multiples passations de l’objet, quand vous arriverez au bout, ce soit le même objet. Si vous arrivez avec un autre objet, vous êtes à côté, vous avez raté l’épreuve. C’est un petit peu ça, voyez, l’Eglise moderne, on change l’objet au fur et à mesure du temps, hop ! Puis au bout on arrive avec un autre objet. Eh bien non, cela ça ne marche pas, substantiellement, l’objet doit être le même, ces vérités doivent être les mêmes.

Maintenant, prenez un objet qui est vivant, qui croît : par exemple une plante. Je ne sais pas, quelqu’un vous a donné comme héritage un petit arbuste. Vous le passez à votre héritier puis à votre héritier qui le passe à son votre héritier, etc. etc. L’arbuste va peut-être croître, oui, il va croître, il est vivant, mais c’est toujours le même arbuste, voyez c’est toujours le même.

Eh bien dans l’Eglise, c’est pareil : on garde la substance, c’est la même doctrine, elle ne change pas, c’est celle de Jésus-Christ. Mais comme Notre Seigneur l’avait dit à ses apôtres : Je vous enverrai le Saint-Esprit, qui vous révélera justement tous les détails, toutes les richesses contenus dans ce trésor que je vous ai donné. Mais c’est toujours dans le même sens, comme un arbre, quand il croît, c’est toujours dans le même sens, dans la même dynamique, vous voyez.

Prenons un exemple, à ce sujet, pour vous montrer cela : l’Immaculée Conception. Si vous regardez les tout premiers siècles de l’Eglise, vous ne trouverez peut-être pas dans la bouche des Pères de l’Eglise le mot « Immaculée Conception ». Pourtant cela a été défini par le pape Pie IX, en 1854. Alors, est-ce que c’est une nouveauté ?… Ce n’est pas une nouveauté au sens d’une nouvelle doctrine, quelque chose d’inventé qui sort de nulle part, mais c’est l’explicitation, finalement, de ce qu’est une Mère de Dieu. Qu’est-ce que c’est qu’une Mère de Dieu ? Quand on creuse la notion de « Mère de Dieu », on trouve tout de suite, que Mère de Dieu, ça suppose : « toute sainte », « toute sainte ». Alors dans les premiers siècles de l’Eglise vous trouverez l’expression « toute sainte » oui. Et puis, on creuse au fur et à mesure des siècles on creuse et l’on on se dit : mais cette sainteté de Notre-Dame, elle s’étend jusqu’où ? Elle s’étend jusqu’au premier instant de sa conception : elle est totale, elle est parfaite ! C’est une explicitation, vous voyez, une précision de la doctrine, mais ce n’est pas un changement de doctrine, une autre doctrine. Et cela, c’est ce qu’on appelle « l’évolution homogène du dogme », mais il n’y a pas de changement de doctrine, il n’y a pas une nouvelle doctrine et encore moins une doctrine contraire à ce qui a été enseigné.

Alors Monseigneur Lefebvre appuyer son combat son combat sur l’autorité des apôtres eux-mêmes.

Saint Paul, dès son époque (pour dire que ça ne date pas d’aujourd’hui les hérésies et les attaques contre la doctrine et la Tradition de l’Eglise. Saint Paul  disait : Il y en a qui cherchent à subvertir l’Evangile » et il disait aux Galates : « Mais si quelqu’un vous annonce un autre évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ». Et il disait : « Quand bien même moi, ou un ange du ciel, qu’il soit anathème, qu’il soit anathème !». L’apôtre Saint Jean, dans sa première épître, ne parle pas autrement. Il met en garde les fidèles en leur disant : « Beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde, ne croyez pas à tout esprit mais éprouvez les esprits pour voir, pour constater s’ils viennent bien de Dieu ». Il leur apprend à discerner dans les enseignements qu’ils vont avoir. Un prédicateur me prêche, mais qu’est-ce qu’il me dit ? Est-ce que ça, c’est conforme à ce qui m’a toujours été enseigné ou pas ? Voilà ce qui est la règle de conduite des fidèles qui veulent garder la foi.

« Si vous restez fidèles, dit encore Saint Jean, si vous restez fidèle à ce que vous avez entendu dès le commencement », alors vous obtiendrez « la vie éternelle qui vous a été promise ». Et bien sûr, le Magistère de l’Eglise est venu définir cela. C’est dans la constitution Pastor Aeternus qui parle justement de l’infaillibilité pontificale, quand le pape enseigne en matière de foi et de mœurs avec toute son autorité de pasteur. Eh bien, Pastor Aeternus précise ceci : « L’Esprit-Saint n’a pas été promis au successeur de Pierre pour qu’il fasse connaître sous sa révélation une nouvelle doctrine mais pour qu’il garde avec son assistance, qu’il garde saintement et expose fidèlement la Révélation transmise par les apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi. »

Il n’y a pas de choses à ajouter, non, la Révélation est terminée avec la mort du dernier des apôtres. Il n’y a plus qu’à transmettre, à protéger, éventuellement à expliciter le contenu de la foi, mais c’est tout. Et quand les papes entraient en charge autrefois (je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui), ils faisaient un serment, et dans ce serment ils prononçaient ces mots : « Je promets de ne rien dissimuler ni changer de ce qui a été transmis par mes vénérables prédécesseurs. » Vous voyez, cette fidélité à « ce qui a été transmis », qu’est-ce que c’est ? C’est la Tradition. Tradere c’est transmettre en latin, voilà la doctrine de l’Eglise à ce sujet.

Alors, aujourd’hui pourquoi est-ce qu’on en arrive là ?

Évidemment, parce que le démon se déchaîne contre l’Eglise plus que jamais, et la grande tentation des pasteurs depuis maintenant 60 ans, peut-être déjà avant, qu’elle est-elle ? C’est la tentation de plaire au monde. Encore une fois le monde est complètement en déphasage par rapport à ce que demande Notre Seigneur et à ce que tient l’Eglise. Alors que se passe-t-il ? Eh bien il y a des pressions sur l’Eglise, et les pasteurs soit se découragent, soit en ont assez de combattre, soit tout simplement pour être bien vus, bref ! pour des raisons humaines vont finir par vouloir brader la doctrine ou l’enseignement de l’Eglise. Saint Paul lui disait ceci : « Si je cherchais à plaire aux hommes, je ne serais pas le serviteur du Christ. » Il avait conscience que, parfois, rappeler les vérités de la foi, ou des mœurs, surtout à des gens qui ne vivent pas comme il faut, ça demande du courage et l’on risque de subir persécution. Mais il y était prêt : il a souffert persécution toute sa vie. Pour Saint Paul, mieux vaut subir persécution que de lâcher la Tradition puisqu’elle est le gage du salut éternel.

C’est pour cela que Monseigneur Lefebvre n’a pas reculé devant ces sacres, qui lui ont attiré les foudres des autorités romaines dévoyées ; c’est pour cela que Monseigneur Strickland n’a pas hésité à faire cet acte public qui lui a valu d’être déposé par le pape François : il préférait subir persécution plutôt que de lâcher le trésor de la Tradition.

Alors prions bien pour que les pasteurs de l’Eglise, de plus en plus nombreux, se réveillent. Qu’ils se désintoxiquent de leur modernisme, cette fausse façon de penser la foi, de penser la Tradition, et qu’ils rejettent courageusement les faux principes de Vatican II. Mais le gros problème des cardinaux qui ont fait les dubia au pape, c’est qu’ils s’appuient parfois sur des textes de Vatican II : et le pape François fait la même chose ! Parce qu’à Vatican II ils ont mis les faux principes, si vous voulez, mais pas de façon explicite, et du coup on est capable d’interpréter le texte de deux façons. Mais il faut bien reconnaître que c’est dans Vatican II que se trouve la racine du problème.

Alors demandons à ce que ces pasteurs redeviennent ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être, c’est-à-dire des gardiens, oui, des gardiens vigilants de la Tradition, mais attention, de la Tradition immuable. Et reprenons les paroles des cardinaux :  Est-il possible que l’Eglise enseigne aujourd’hui des doctrines contraires à celles qu’elle a précédemment enseignées en matière de foi et de mœurs ? La règle du jeu, c’est de répondre par oui ou par non, Eh bien, la réponse, c’est non.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ainsi soit-il

Fr Paul-Marie +, ofm

Morgon, dimanche 14 janvier 2024, deuxième dimanche après l’Epiphanie

Version audio du sermon :

Antoine de Fleurance

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