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Sermon pour l’Ascension (Abbé Beauvais)

Alors que les Apôtres regardaient le divin Maître remonter vers le Ciel, ne pouvant se détacher de cette vue, les anges s’adressent à eux : « Hommes de Galilée, que faites là vous, regardant le Ciel ? » Quelle question me direz-vous ! Quelle question à cet instant où les Apôtres voyaient partir le meilleur d’eux-mêmes, à cet instant où tout semblait partir avec le maître. En effet disparaissait là-haut Celui qu’ils aimaient. Et cependant n’était-il pas parti pour préparer leur place ? Il avait en effet répété que là où il était, il voulait les avoir avec lui.

Alors aujourd’hui nous aussi nous regarderons vers le Ciel, là où Notre-Seigneur Jésus-Christ nous montre l’idéal. Point n’est facile, évidemment, de définir le Ciel. … De plus, notre imagination est trop embarrassée de choses matérielles, de choses fugitives, passagères, pour que nous puissions former l’idée d’une joie divine, tout intellectuelle et qui ne passera pas.

Et pourtant, plus l’esprit découvre, plus l’esprit voit de choses à aimer, plus Dieu est connu, et plus l’amour devient grand. Et à mesure que nous verrons davantage, nous aimerons davantage. C’est là le vrai bonheur, voilà le charme qui sort de l’éternelle jeunesse des choses, de cette vision de Dieu jamais épuisée. Et c’est là d’ailleurs l’idée que la théologie catholique nous donne du Ciel et si la Cité de la terre nous fait par contraste penser au Ciel, si elle aussi a ses beautés, ce ne sont là que des ébauches. Elles déposent un germe en notre cœur, elles éveillent en nous d’autres aspirations. La terre n’est faite que pour nous donner le désir d’autre chose, pour développer nos aspirations, pour nous montrer qu’elle n’est pas notre but et elle nous force alors à regarder plus haut.

Qui de nous, par exemple au chevet d’un mourant, d’un être cher, n’a pas un petit peu pensé à l’au-delà ? Ce dévouement, ces sacrifices, cette bonté, tant de beauté ne peuvent pas finir si laidement. Tout cela est pour nous faire penser à l’au-delà et cette pensée s’impose à propos de toute espérance et de tout sentiment. Il n’est pas possible que la pensée du Ciel ne soit pas inscrite au fond de toute âme humaine et si le Ciel est la chose peut-être la plus difficile à décrire, c’est celle dont l’esprit peut le moins se passer.

Sermon de l’Abbé Xavier Beauvais pour l’Ascension (10 mai 2018)

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