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Une réforme des retraites aux forceps

Le premier ministre Edouard Philippe l’a affirmé, ce mardi lors de la réunion hebdomadaire du groupe majoritaire à l’Assemblée :

« Quand il faut prendre mes responsabilités, je n’ai pas pris l’habitude de me défausser. »

S’il le faut il n’hésitera pas à recourir au 49-3 pour faire passer le texte qui divise pourtant la société française. Pour l’empêcher de passer, les députés de l’opposition ont multiplié les amendements. La majorité estime de son côté que cela s’apparente à de l’obstruction.

« Le 49-3 est une responsabilité du premier ministre, a-t-il rappelé. Si je considère que c’est comme cela qu’il faut avancer, je prendrai mes responsabilités. »

« Notre objectif» est d’«adopter la réforme avant l’été», a-t-il ajouté.

L’article 49-3 de la Constitution permet au premier ministre d’engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur un texte de loi, pour le faire adopter sans vote. 

Edouard Philippe a cependant demandé aux députés LREM de tenir bon sur la réforme des retraites car il ne veut pas prendre cette décision « trop tôt »

« Nous avons besoin que vous teniez encore, que vous continuiez à être dans la discussion, pour une raison simple: je trouve compliqué et difficilement compréhensible pour l’opinion de prendre acte trop tôt. J’ai besoin que pendant quelques jours vous montriez le même degré de présence, d’implication, qui a prévalu jusqu’à présent. »

Plusieurs groupes du parlement ont affirmé leur opposition au recours au 49.3, vu comme une tentative de passer la loi en force et sont partis en croisade contre lui. Au sein même de la majorité, une opposition se manifeste. « C’est une violence faite au Parlement, à la démocratie. Si le gouvernement décide de l’utiliser, tout le monde a bien compris que c’est une marque d’infamie qui sera apposée au bas de la réforme », a par exemple jugé le communiste Pierre Dharréville. Boris Vallaud, porte-parole des députés PS, s’est dit « non seulement contre le 49-3 » mais pour que le gouvernement « revienne avec sa réforme quand il sera prêt ». Enfin, « si le gouvernement utilise le 49-3, ce sera parce que le débat est devenu impossible », a estimé le président du groupe UDI-Agir Jean-Christophe Lagarde. « Si c’est pour passer le même texte au 49.3, c’est désastreux. C’est-à-dire qu’il n’y aura pas eu ce temps de débat nécessaire», a affirmé de son côté aujourd’hui, sur France Inter, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. « Dans un pays qui aurait besoin de débattre du système des retraite », passer en force « veut quand même dire que la maturité des acteurs politique est questionnée ».

Deux députés LR ont demandé au premier ministre de suspendre l’examen du projet de loi instituant un système universel de retraites. « Plutôt que d’activer le 49-3 , nous vous demandons de sortir de cette crise par le haut en suspendant l’examen de votre projet de loi jusqu’à la fin des travaux de la conférence de financement », écrivent Christian Jacob, président des Républicains (LR), et Damien Adab, président du groupe LR à l’Assemblée, dans une lettre adressée à Edouard Philippe.

Passer en force cette réforme des retraites ne devrait cependant pas gêner Macron le Jupitérien, cela ne constituera en somme qu’un pas de plus dans la dérive autoritaire qu’il a instituée depuis son arrivée à l’Elysée.

Francesca de Villasmundo

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