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Accord Chine-Vatican : le cardinal Zen critique le manque de transparence du Saint-Siège

Tandis que dans les grands médias internationaux, le rusé diplomate du Vatican, le cardinal Parolin, secrétaire d’Etat, défend bec et ongles son ‘bébé’, le renouvellement de l’accord provisoire entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège concernant la nomination des évêques et aux modalités secrètes, le cardinal Zen continue son combat pour dénoncer l’abandon de la Foi qui est en train de se jouer.

Là où le cardinal Parolin parle en homme politique teinté d’esprit messianiste, qualifiant cet accord d’un pas vers « la consolidation d’un horizon international de paix, en ce moment où nous vivons tant de tensions au niveau mondial », le cardinal Zen parle en homme de Dieu, totalement éloigné des « finasseries diplomatiques » qui ont cours dans les bureaux des Palais apostoliques.

En inféodant la nomination des évêques à l’Association patriotique chinoise, courroie de transmission de Pékin la Rouge, cet accord soumet la foi des évêques à l’idéologie communiste, et leur ministère aux bons vouloirs des apparatchiks chinois. De quoi aiguillonner la lutte du cardinal Zen contre cet accord qui livre les catholiques de l’Empire du Milieu aux mains de leurs bourreaux.

A Rome pour quelques jours la semaine dernière dans l’espoir de pouvoir y rencontrer le pape François, il est rentré dimanche dernier à Hong-Kong, sans avoir obtenu audience au Vatican. Le pape François n’a pas souhaité ‘dialoguer’ avec lui…

Le but du voyage, a-t-il déclaré au National Catholic Register, était principalement de plaider en faveur de l’élévation et de l’installation d’un nouvel évêque successeur dans Hong-Kong, une ville confrontée à des manifestations en cours et à une réponse armée du gouvernement régional soutenu par le Parti communiste chinois. Sa visite, a-t-il souligné, était probablement la dernière. « Je ne crois pas que je reviendrai », a-t-il dit.

« Mes jambes ne fonctionnent pas très bien, maintenant, pour ces longs voyages. »

« Comme je l’ai fait l’année dernière, j’ai remis une lettre à un secrétaire de la Maison Sainte Marthe, dans l’espoir de voir le Saint-Père. Je lui ai fait savoir à quel point c’était urgent et que je n’étais ici que pour une courte période », a continué le cardinal Zen auprès du journaliste du NCR. Il a expliqué pareillement la nécessité urgente qu’un évêque « auquel le peuple ait confiance » soit installé le plus tôt possible, car les fidèles de Hong Kong et de Chine se méfient de plus en plus de ce qui est perçu comme une attitude politique du Vatican.

« Le Vatican semble deviner l’esprit de Pékin, cherchant toujours à anticiper ce que fera Pékin, toujours apaisant. Il semble que [les diplomates du Vatican] aient peur de nommer Mgr Ha (Mgr Joseph Ha Chi-shing) car cela pourrait offenser Pékin », a déclaré le cardinal. Et ils préfèreraient donc le père Peter Choy Wai-man, l’un des quatre vicaires généraux du diocèse de Hong Kong, qui a « la bénédiction de Pékin » mais est considéré comme « inacceptable par de nombreux fidèles catholiques ».

Le Vatican « s’est rétracté par peur de Pékin », continue le cardinal Zen.

« Ensuite, cette autre nomination, et puis ils ont suspendu cette décision après avoir su que [le père Choy] ne serait pas accepté par le peuple. Donc, maintenant, le Vatican a mis les deux de côté et cherche un troisième candidat. »

Cette situation est la raison pour laquelle le cardinal  est retourné à Rome la semaine dernière pour chercher une rencontre avec le Pape.

« Il me semble qu’au bout d’un an et demi, le Saint-Père doit entendre parler de son peuple à Hong Kong. J’ai peur, après si longtemps, que le cardinal Parolin et le cardinal Tong aient tergiversé pour essayer de revenir au favori de Pékin. Je suis donc venu à Rome une fois de plus pour mon peuple et pour le Pape. »

Concernant l’accord Chine-Vatican, l’évêque chinois a renouvelé son opposition au NCR et sa frustration de ne pas en connaître les modalités alors que cela engage la vie des catholiques chinois.

En dehors de la reconnaissance de sept évêques « indépendants » (auparavant excommuniés en raison de leur élection par le gouvernement chinois) et d’un « document pastoral » qui ordonne au clergé de l’Église clandestine et persécutée de s’enregistrer auprès du gouvernement, les détails de l’accord sont inconnus, même au cardinal Zen. La semaine dernière, Vatican Press a interviewé le cardinal Parolin, qui a confirmé que l’accord secret devrait être renouvelé ce mois-ci.

« Le Saint-Siège a fait trois choses pour tuer notre Église. Le premier acte horrible est ce document secret, cet accord secret avec Pékin. Parce que c’est secret, le gouvernement peut l’utiliser pour exiger du peuple quoi que ce soit au nom du Pape », a déclaré le cardinal Joseph Zen au NCR.

« Le deuxième a été de légitimer les sept évêques schismatiques », continue-t-il, faisant référence à la levée des excommunications et à la reconnaissance de sept évêques créés par l’État communiste chinois au sein de l’Association catholique patriotique chinoise établie par l’État.

« Le troisième, et c’est encore plus terrible, est ce document d’enregistrement : signer un document d’adhésion à l’église indépendante ? C’est de l’apostasie ! J’ai élevé la voix, j’ai écrit une lettre au Pape, puis à tous les cardinaux du monde, et rien ne s’est passé. C’est incroyable », a dénoncé le cardinal.

Mgr Zen a critiqué également auprès du NCR le manque de transparence sur ce dossier chinois par le Vatican et le silence du pape François sur la persécution religieuse chinoise et les manifestations et la violence à Hong Kong. Pour le prélat chinois, le pontife argentin est  « un homme politique intelligent » réussissant à « séduire les deux parties ».

En réponse à une question du journaliste américain lui demandant ce que l’Occident pouvait faire pour l’aider dans son combat, Mgr Zen a simplement affirmé :

« Rien. J’ai fait plus que je ne peux, et il n’y a rien d’autre à faire que la prière. « Si demain, le Vatican choisit cet évêque, béni par Pékin, s’ils nomment ce mauvais évêque pour Hong Kong, mon travail sera terminé. Je choisirai de disparaître. »

Et de conclure :

« Mon dernier acte de protestation sera de faire exactement cela, de disparaître maintenant alors que tout le monde sait pourquoi. J’ai mis cela dans mon testament et mes dernières volontés : que mes os ne soient pas placés dans la cathédrale, je ne veux pas être enterré avec de tels hommes. Je serai enterré dans un simple cimetière avec ce qui reste du fidèle peuple de Dieu. » 

Francesca de Villasmundo 

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