Cela aura été une fin de non-recevoir pour le pauvre cardinal Zen, évêque émérite de Hong-Kong et vaillant opposant à l’accord signé entre le Saint-Siège et la Chine, que le pape François a refusé de rencontrer. Si cette information laisse indifférents les grands médias ‘catholiques’ mainstream tel Vatican Insider, la voix officieuse de son maître le pape François, ou le progressiste La Croix en France, quelques quotidiens conservateurs italiens en parlent.

Tant le blog du vaticaniste Aldo Maria Valli, que le journal La Nuova Bussola Quotidiana ou le site Stilium Curiae du journaliste spécialiste du Vatican Macro Tosatti reviennent sur les quelques jours passés à Rome de Mgr Joseph Zen et ce refus bergoglien de dialoguer avec lui.

Grâce à Aldo Maria Valli qui n’a pas boudé une rencontre avec Mgr Zen, la pensée et l’autopsie par Mgr Zen de cet accord secret entre le Saint-Siège et la Chine qui va se renouveler sont lisibles par tous :

« Nous nous voyons à Rome, raconte Valli, dans les dernières heures de son court séjour (cent vingt heures, celles que les autorités de Hong Kong lui ont concédés), motivé par le désir de rencontrer le pape. Mais de Sainte Marthe, pour le cardinal âgé, pas même un geste, pas même une salutation. Alors Mgr Zen a remis une lettre à l’un des secrétaires privés de François, dans laquelle il traite de la question du nouvel évêque de Hong Kong. “Depuis plus d’un an et demi maintenant, dit-il, nous sommes sans évêque. Il y eut l’idée de nommer Monseigneur Joseph Ha, l’auxiliaire. Aujourd’hui, cependant, la cote de Monseigneur Peter Choy, l’un des quatre vicaires, trop près de Pékin, augmente. Dans la lettre, j’avertis le pape : nommer Choy sera un désastre. Je suis resté pendant le temps consenti, mais pas même un geste de Sainte Marthe.

Très lucide, le cardinal Zen évoque également l’accord, toujours secret et expiré il y a quelques jours, entre Pékin et le Saint-Siège. “Il est inconcevable, dit-il, que cela soit resté un secret même pour ceux qui s’occupent étroitement de ces problèmes. Nous ne pouvons pas procéder de cette manière”. “Cependant, à Pékin, ajoute-t-il, tout le monde ne veut pas de ratification. Il y a une composante du Parti qui ne veut pas d’accords : ce sont les plus durs, ceux selon lesquels l’Église doit simplement être contrôlée et, si nécessaire, écrasée, sans accords d’aucune sorte. Xi Jinping a beaucoup de pouvoir mais aussi de nombreux ennemis internes : là, la guerre des gangs ne s’arrête jamais.” “Penser à conclure des accords avec Pékin est une folie. On ne fait pas d’accord avec le diable. On combat le diable, et c’est tout ! L’Église ne prend pas les ordres des gouvernements, et cela s’applique partout.”

Esprit, brillant, sincère, le cardinal Zen parle avec liberté et compétence. Un honneur d’avoir pu le rencontrer à nouveau. Un défenseur indomptable de la foi et de l’Église. Ce matin, il est déjà parti pour Hong Kong. »

Sur son site, Macro Tosatti partage quelques propos supplémentaires de Mgr Zen recueillis durant la rencontre de l’évêque chinois avec quelques amis à lui. Propos pessimistes sur l’avenir des catholiques de Hong-Kong :

« Nous sommes désormais au fond », s’exclame Mgr Zen avant d’ajouter :

« Je suis venu pour une chose, pour Hong Kong. Pour plaider la cause de notre futur évêque.

« Depuis plus d’un an et demi, nous sommes sans évêque à Hong Kong. Au début, il y avait la bonne idée de faire de l’auxiliaire un évêque, qui est resté à la mort de l’évêque ; un franciscain aimable, mais aussi courageux : Mgr Joseph Ha Chi-shing. Il a critiqué le gouvernement poliment, sans crier.

«  On a parlé de cet évêque auxiliaire comme successeur. Maintenant, au lieu de cela, ils disent que nous avons besoin de quelqu’un qui a la bénédiction de Pékin, ils parlent d’un prêtre, Peter Choi. Beaucoup d’entre nous ne le voient pas bien. La communauté était divisée.

« À un certain moment, ils ont compris que ce n’était pas un choix pratique et ils ont dit : cherchons une troisième personne. Ces jours-ci, je vois, je soupçonne que l’autre groupe tente à nouveau de mettre en avant le deuxième prénom, à savoir Peter Choi.

« Je suis venu avec une lettre au Saint-Père, pour lui dire que si tel est le cas, ce sera un désastre pour l’Église de Hong Kong, un désastre pour des décennies. Je lui ai dit que je suis ici pour trois ou quatre jours, s’il veut m’appeler… mais je n’ai pas été appelé. J’ai remis la lettre que j’avais écrite pour le Pape au secrétaire personnel, Gonzalo Aemilius.

« Je comprends, il doit être très occupé …

« J’ai attendu quatre jours pour être appelé, mais je n’ai pas été appelé. Alors je pars aujourd’hui.

« Ce sera horrible s’ils prennent Peter Choi.

« C’est ridicule qu’il ne soit préféré que parce qu’il plaît à Pékin. Pékin est un tyran. »

Ainsi ce cardinal honorable, âgé de 88 ans, bien fatigué mais avec toute sa tête, venu de l’autre bout du monde, est reparti sans avoir été reçu par l’actuel hôte du Vatican qui pourtant ne cesse de chanter les louanges du ‘sacro-saint’ dialogue avec tous… Enfin, un « avec tous » qui se résume dans les faits uniquement aux progressistes, aux athées, aux païens, aux infidèles, communistes et autres hétérodoxes… Un catholique comme Mgr Zen, osant contredire le pape François, lui n’a pas son entrée à Sainte Marthe !

Francesca de Villasmundo 

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