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La Rome conciliaire refuse à Notre-Dame ses titres de « Co-rédemptrice » et « Médiatrice de toutes grâces » !, par Louis FLETENCHARD

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« Caricaturant, pour mieux s’en démarquer, la terminologie traditionnelle de l’Église, et par ailleurs prolixe en belles considérations sur le rôle maternel de la Vierge, cette « Note » prétend minimiser le rôle confié par Dieu à son Associée dans l’œuvre de la Rédemption et du salut des âmes : d’une part, on affirme que la très sainte Vierge Marie n’est pas intervenue dans l’acquisition de la grâce ; d’autre part, on estompe presque jusqu’à la négation son rôle universel et nécessaire dans la dispensation des grâces. On ne lui reconnaît plus qu’un vague rôle d’intercession maternelle.

Par ses mises en garde fallacieuses, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi « obscurcit » la collaboration unique de Notre-Dame à l’œuvre du salut. Il découronne la Vierge Marie et insulte la Sagesse divine. Il scandalise enfin tous les chrétiens, intimement heurtés par cette grave atteinte aux grandeurs de leur Mère, et déconcertés qu’on ambitionne de restreindre sa mission auprès de leurs âmes. » (Communiqué de la Maison Généralice de la Fraternité Saint-Pie X)

Le 4 novembre 2025, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié un décret intitulé Mater Populi fidelis, qui est une note doctrinale sur certains titres mariaux qui se réfèrent à la coopération de Marie à l’œuvre du salut. Ce document déjà annoncé depuis un moment était très attendu, spécialement au sujet de ce qu’il allait dire au sujet de ses titres de « Co-rédemptrice » et « Médiatrice de toutes grâces ».

Comme nous pouvions nous y attendre, dans la sillon de François, la Rome conciliaire continue ici sa dévaluation du rôle de Notre-Dame dans l’œuvre du salut, s’opposant au Magistère antérieur !

Voici le plan de notre article : 

I) Il s’agit bel et bien d’un document du magistère conciliaire

II) Concernant le titre de « Co-rédemptrice »
– A) Ce que dit le document
1) Propos vrais et acceptables : le risque de confusion
2) Propos intolérables : le titre de « Co-rédemptrice » est un « terme erroné »
a) Déclarations du décret
b) Précédents chez François
c) Passages qui prouvent qu’il s’agit bien d’une condamnation de la chose et pas seulement du terme

– B) L’enseignement du Magistère antérieur (même conciliaire !)

– C) Quelques articles sur le sujet

III) Concernant le titre de « Médiatrice de toutes grâces »
– A) Ce que dit le document
– B) L’enseignement du Magistère antérieur
1) L’unanimité des théologiens reconnue comme telle par le Magistère
2) Le Magistère lui-même

I) Il s’agit bel et bien d’un document du magistère conciliaire

Le document se conclut par la mention : « Le Souverain Pontife Léon XIV, Le 7 octobre 2025, Mémoire Liturgique de la Sainte Vierge du Rosaire, il a approuvé la présente Note, délibérée lors de la session ordinaire de ce Dicastère, en date du 26 mars 2025, et en a ordonné la publication. » Il s’agit donc bien d’un document du Magistère de Léon XIV, il n’est donc pas possible de faire échapper l’église conciliaire au niveau structurel à l’accusation d’erreur qui va découler de ce que nous allons montrer.

II) Concernant le titre de « Co-rédemptrice »

A) Ce que dit le document
1) Propos vrais et acceptables : le risque de confusion

Les n°17 et 18 dressent un historique du terme et Co-rédemptrice, il n’y a rien à redire dessus. Plus bas, le n°22 explique ensuite comment le terme, par son ambiguïté, risque de créer de la confusion dans l’esprit des fidèles :

Compte tenu de la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption, l’utilisation du titre de Co-rédemptrice pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune. Ce titre risque d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne, parce qu’« il n’y a de salut en personne d’autre », car « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12). Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes, afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à la foi du Peuple de Dieu et devient gènante. Dans ce cas, elle n’aide pas à exhalter Marie comme la première et la plus grande collaboratrice dans l’œuvre de la Rédemption et de la grâce, parce que le danger d’obscurcir la place exclusive de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme pour notre salut, le seul capable d’offrir au Père un sacrifice d’une valeur infinie, ne serait pas un véritable honneur pour la Mère. En effet, en tant que « servante du Seigneur » (Lc 1, 38), elle nous indique le Christ et nous demande : « Tout ce qu’Il vous dira, faites-le » (Jn,2, 5). »

Si le document ne disait que cela, il serait difficile de lui donner tort. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin !

2) Propos intolérables : le titre de « Co-rédemptrice » est un « terme erroné »

a) Déclarations du décret
Au n°19, il est est écrit :

« Lors de la Feria IV du 21 février 1996, le Préfet de ce qu’on appelait alors la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Cardinal Joseph Ratzinger, en réponse à la question de savoir si la demande du mouvement Vox Populi Mariae Mediatrici d’une définition du dogme de Marie comme co-rédemptrice ou médiatrice de toutes grâces était acceptable, a répondu dans son votum personnel : « Négatif. La signification précise des titres n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre. Une doctrine définie de foi divine appartient au dépôt de la foi, c’est-à-dire à la révélation divine véhiculée dans l’Écriture et dans la tradition apostolique. Or, on ne voit pas clairement comment la doctrine exprimée dans les titres est présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique »[37]

La signification précise des titres n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre » dit-il !?

Mais que fait-il des dizaines d’occurrences dans le Magistère et des kilomètres d’écrits des meilleurs théologiens pendant des siècles (le document en a lui-même dressé un historique depuis le XVè siècle !) ? On croit rêver !

Le n°19 poursuit

« Plus tard, en 2002, il s’est exprimé publiquement contre l’utilisation de ce titre : « La formule “Co-rédemptrice” est trop éloignée du langage de l’Écriture et de la patristique et provoque ainsi des malentendus… Tout procède de Lui, comme le disent surtout les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui. Le mot “co-rédemptrice” éclipserait cette origine ». »

Encore une fois, on est consterné de l’inconstance du propos ! A-t-il cru que pendant presque 600 ans d’usage par le peuple chrétien et 200 ans de consécration magistérielle (nous y reviendrons plus bas), personne ne s’était aperçu de l’absence de ce terme dans ces sources ? Et que personne ne s’était soucié d’expliciter sa réelle signification ? Ignore-t-il que les protestants utilisent la même méthode pour nier l’Immaculée Conception ? Et lui échappe-t-il qu’un nombre infini de notions théologiques sont logées à la même enseigne ?

Enfin, le n°19 se conclut par ses mots qui sont les plus terribles :

« Le Cardinal Ratzinger ne niait pas qu’il y aurait de bonnes intentions et des aspects valables dans la proposition d’utiliser ce titre, mais il soutenait qu’il s’agissait d’un « terme erroné »[38] »

C’est là que s’exprime le plus clairement le principal problème du document : la négation de la Co-rédemption de Marie, puisqu’elle serait un « terme erroné » !

Le n°20 donne ensuite les arguments de RATZINGER : 

« Le Cardinal de l’époque mentionnait les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens, où le vocabulaire utilisé et le dynamisme théologique des hymnes présentent de telle manière la centralité rédemptrice unique et la fontalité du Fils incarné que la possibilité d’y ajouter d’autres médiations est exclue, parce que « toutes sortes de bénédictions spirituelles » nous sont données « dans le Christ » (Ep 1, 3) ; parceque nous sommes pour Lui des fils adoptifs (cf. Ep 1, 5) et en Lui nous avons été comblés de grâce (cf. Ep 1, 6), « En Lui nous trouvons la rédemption, par son sang » (Ep 1, 7) et « Il nous a prodigués » (Ep 1, 8) sa grace. En Lui, « nous avons été mis à part » (Ep 1, 11) et nous avons été prédestinés. Et Dieu a voulu « faire habiter en Lui toute la Plénitude» (Col 1, 19) et, « par Lui, réconcilier tous les êtres pour Lui » (Col 1, 20). Une telle louange sur la place unique du Christ nous invite à mettre chaque créature en situation clairement réceptive, et à une prudence religieuse et délicate lorsque nous envisageons toute forme de coopération possible dans le domaine de la Rédemption. »

A le lire, on a l’impression que les documents du Magistère et toute la réflexion théologique auxquels ont donné lieu le titre « Co-rédemptrice » n’ont tout simplement jamais existé ! C’est affligeant.

Le n°21 mentionne et approuve les propos de François : 

« Le Pape François a clairement exprimé sa position au moins trois fois contre l’utilisation du titre de Co-rédemptrice, alléguant que Marie « n’a jamais voulu prendre pour elle quelque chose de son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme co-rédemptrice. Non, disciple »[39]. L’œuvre rédemptrice a été parfaite et n’a besoin d’aucun ajout. C’est pourquoi « la Vierge n’a voulu obtenir aucun titre de Jésus […]. Elle n’a pas demandé d’être elle-même une quasi-rédemptrice ou une co-rédemptrice: non. Il n’y a qu’un seul Rédempteur et ce titre ne se dédouble pas »[40]. Le Christ « est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ »[41]. Parce que « le sacrifice de la Croix, offert avec un cœur aimant et obéissant, présente une satisfaction surabondante et infinie »[42]. Bien que nous puissions prolonger ses effets dans le monde (cf. Col 1 :24), ni l’Église ni Marie ne peuvent remplacer, ni perfectionner, l’œuvre rédemptrice du Fils de Dieu incarné, qui a été parfaite et n’a pas besoin d’ajouts. »

b) Précédents chez François

François a nié a au moins trois reprises la doctrine catholique de la corédemption de Marie : 

« Fidèle à son Maître, qui est son Fils, l’unique Rédempteur, elle n’a jamais voulu prendre pour elle quelque chose de son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme co-rédemptrice. Non, disciple. […] Quand on vient nous dire qu’il fallait la déclarer telle, ou faire cet autre dogme, ne nous perdons pas en bavardages: Marie est femme, elle est Notre-Dame, Marie est la Mère de son Fils et de la Sainte Mère l’Eglise hiérarchique et Marie est métisse, la femme de nos peuples, mais qui a «métissé» Dieu. » (Homélie du 12 décembre 2019, pour la Notre-Dame-de-Guadalupe

Le mot « bavardages » qui figure dans la traduction officielle est bien euphémisé ! En effet, le mot original est « Tonterias » ou « absurdités, sottises, inepties », dans la langue originelle espagnole-argentine, selon le texte officiel ; « chiacchere » en italien : « bavardages inutiles », selon la traduction officielle dans cette langue. La traduction officielle en anglaise propose le mot « chatter » qui signifie lui aussi « bavardage », mais d’autres sites anglophones ont, eux, traduit directement depuis l’espagnol avec un mot plus conforme à l’original, celui de « foolishness » : « folie » ! L’abbé Guy CASTELAIN écrit :

« François a écarté résolument le titre de « Corédemptrice » : « Elle ne s’est jamais présentée comme Corédemptrice ». À la fin de cette homélie, il ajoute : « Lorsque l’on vient avec des histoires selon lesquelles il faudrait La déclarer ceci, ou faire cet autre dogme ou cela, ne nous perdons pas dans un non-sens » [13]. Un autre site de langue anglaise traduit : « Ne nous égarons pas dans une folie (foolishness) ». L’original, en espagnol – « no nos perdamos en tonteras » – se traduit exactement : « Ne nous perdons dans ces bêtises, ces sottises » [14]. » (La Porte Latine, article « Centenaire de la Messe de Marie Médiatrice »)

Et le site FSSPX.Actualités

« A la fin de cette homélie, prononcée la veille du cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale, il ajoute :  « Lorsque l’on vient avec des histoires selon lesquelles il faudrait la déclarer ceci, ou faire cet autre dogme ou cela, ne nous perdons pas dans un non-sens ». Telle est la traduction de Zenit, agence de presse proche du Saint-Siège. Un autre site de langue anglaise et de même tendance traduit : « ne nous égarons pas dans une folie (foolishness) ». L’original, en espagnol – ne nos perdamos en tonteras – se traduit exactement : ne nous perdons dans ces bêtises, ces sottises.

Ainsi donc, il est clair que pour le pape, vouloir déclarer la Très Sainte Vierge corédemptrice, relèverait de la « sottise », terme qui traduit adéquatement sa pensée. » (Le pape François qualifie la corédemption de la Vierge de « sottise »

Le site anglophone de Zenit ne propose aucun article de cette homélie de François. Nous en concluons que l’agence a dû supprimer son article devant le scandale, ou bien que ces auteurs sont trompés de source, car la traduction « foolishness » est bel et bien omniprésente sur l’internet anglophone, en voici quelques exemples : 1, 2, 3, 4.

Chacun constatera par ailleurs la nullité des arguments invoqués : 

« Fidèle à son Maître, qui est son Fils, l’unique Rédempteur, elle n’a jamais voulu prendre pour elle quelque chose de son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme co-rédemptrice. Non, disciple. »

Il est vrai qu’en plusieurs siècles de réflexion théologiques, personne n’avait remarqué que dans l’Écriture Sainte Marie ne se revendique jamais corédemptrice (pas plus qu’Immaculée Conception, Mère de Dieu, perpétuellement vierge, Nouvelle Eve, Nouvelle Arche d’Alliance, Reine des Cieux, Avocate, etc, alors que tout cela est soit dogmatique soit omniprésent dans la théologie et la piété catholiques !) ni que Jésus est le seul rédempteur ! Des siècles de théologie et de Magistère pour aboutir à une conclusion à ce point au raz des pâquerettes ! De plus, François commet l’erreur de dire implicitement que toute vérité de foi doit se trouver dans l’Écriture Sainte ! On pourrait être tenté de dire que c’est du protestantisme, mais nous disons plutôt qu’il s’agit de protestantisme bas de gamme, car un protetsant ayant un minimum d’épaisseur reconnaîtra que pour qu’une vérité soit considérée comme biblique, elle peut ne s’y trouver que de manière implicite ou indirecte ! 

Mais François ne s’est pas arrêté en si bon chemin et à encore déclaré par deux fois : 

« La Vierge n’a voulu obtenir aucun titre de Jésus; elle a reçu le don d’être sa Mère et le devoir de nous accompagner comme une Mère, d’être notre Mère. Elle n’a pas demandé d’être elle-même une quasi-rédemptrice ou une co-rédemptrice: non. Il n’y a qu’un seul Rédempteur et ce titre ne se dédouble pas. Seulement disciple et Mère. » (Méditation quotidienne du 3 avril 2020 sur Notre-Dame des Douleurs, disciple et mère

« Le Christ est le Médiateur, le pont que nous traversons pour nous adresser au Père (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2674). Il est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ. […] la Vierge, comme Mère à laquelle Jésus nous a confiés, nous enveloppe tous; mais comme Mère, pas comme déesse, pas comme co-rédemptrice: comme Mère. Il est vrai que la piété chrétienne lui donne toujours de beaux titres, comme un fils à sa mère: que de belles choses dit un fils à sa mère qu’il aime! Mais faisons attention: les belles choses que l’Eglise et les saints disent de Marie n’ôtent rien à l’unicité rédemptrice du Christ. Il est l’unique Rédempteur. Ce sont des expressions d’amour comme celles d’un fils à sa mère – parfois exagérées. Mais l’amour, nous le savons, nous fait toujours faire des choses exagérées, mais avec amour. » (Audience générale du 24 mars 2021 – Catéchèse – 27. Prier en communion avec Marie)

c) Passages qui prouvent qu’il s’agit bien d’une condamnation de la chose et pas seulement du terme

Pour s’en convaincre, il faut souligner quatre éléments : 

Premièrement, le document dit que le rachat anticipé de Marie ne fait d’elle rien d’autre qu’un modèle et un prototype, faisant ainsi l’impasse sur toute la doctrine traditionnelle sur le type de rachat particulier dont bénéficia Notre-Dame et du rôle particulier et universel qui lui fut ainsi départi : « Le dogme de l’Immaculée Conception met l’accent sur la primauté et l’unicité du Christ dans la Rédemption, parce que même la première rachetée est rachetée par le Christ et transformée par l’Esprit, avant toute possibilité d’une action propre[24]. C’est à partir de cette condition particulière de “première rachetée” par le Christ, de “première transformée” par l’Esprit-Saint, que Marie peut coopérer plus intensément et plus profondément avec le Christ et avec l’Esprit, en devenant un prototype[25], un modèle et un exemple de ce que Dieu veut accomplir en chaque personne rachetée[26]. » (n°14)

Deuxièmement, comme nous l’avons souligné, il reprend et approuve la déclaration de RATZINGER d’après laquelle la co-rédemption de Marie est un « terme erroné » (n°19).

Troisièmement, il cite l’argumentaire de RATZINGER disant que « le vocabulaire utilisé et le dynamisme théologique des hymnes présentent de telle manière la centralité rédemptrice unique et la fontalité du Fils incarné que la possibilité d’y ajouter d’autres médiations est exclue […] Une telle louange sur la place unique du Christ nous invite à mettre chaque créature en situation clairement réceptive, et à une prudence religieuse et délicate lorsque nous envisageons toute forme de coopération possible dans le domaine de la Rédemption » (n°20), faisant la même impasse que le n°14.

Quatrièmement, il évoque les trois déclarations de François où ce dernier traîne littéralement la doctrine de la co-rédemption dans la boue (n°21).

B) L’enseignement du Magistère antérieur (même conciliaire !)

Pour connaître la vérité catholique à ce sujet enseignée par les Papes de Pie VII à Pie XII, nous renvoyons nos lecteurs à cet article : 

Marie est Co-rédemptrice [Magistère]

En l’occurrence, même la Rome conciliaire continua à enseigner cette vérité jusqu’à Benoît XVI. Voici une compilation des déclarations depuis Jean XXIII : 

La corédemption de Marie dans l’enseignement de Jean XXIII à Benoît XVI

C) Quelques articles sur le sujet

Marie est Médiatrice : le titre que l’Église ne peut oublier (Abbé François DELMOTTE)

Marie dépouillée : quand l’œcuménisme tue la Vierge Marie (Abbé François DELMOTTE)

Défense de la doctrine de la Corédemption de la Sainte Vierge (Abbé Claude BARTHE) 

La crise mariale chez les jésuites (Abbé Guy CASTELAIN)

III) Concernant le titre de « Médiatrice de toutes grâces »

A) Ce que dit le document

La Note dit que le rôle de « Médiatrice de toutes grâces » de Marie (dont il lui refuse d’ailleurs le titre), ne peut être correctement compris que comme une médiation plus éminente mais du même type que la médiation de grâces à laquelle chaque croyant est appelé par Dieu (n°24-29) : 

« 24. La phrase biblique qui se réfère à la médiation exclusive du Christ est décisive. Le Christ est l’unique Médiateur, « car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1 Tm 2, 5-6). L’Église a expliqué cette place unique du Christ, parce que, étant le Fils éternel et infini, l’humanité qu’Il a assumée Lui est hypostatiquement unie. Ce lieu est exclusif de cette Humanité, et les conséquences qui en découlent ne peuvent s’appliquer qu’au Christ. En ce sens précis, le rôle du Verbe incarné est exclusif et unique. Face à une telle clarté dans la Parole révélée, une prudence particulière s’impose dans l’application de l’expression “Médiatrice” à Marie. Face à une tendance à élargir le champ de la coopération de Marie sur la base de ce terme, il convient d’en préciser à la fois la portée précieuse et les limites.

  1. D’une part, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’existe un usage commun du terme “médiation” dans les domaines les plus variés de la vie sociale, où il s’entend simplement comme coopération, aide, intercession. Par conséquent, il est inévitable qu’il soit appliqué à Marie dans un sens subordonné, et en aucune façon il n’a pour but d’ajouter une efficacité ou une puissance à l’unique médiation de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.
  2. D’autre part, il est évident qu’il y a eu une forme de médiation réelle de Marie pour rendre possible l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre humanité, car il était exigé que le Rédempteur fût « né d’une femme » (Ga 4, 4). Le récit de l’Annonciation montre qu’il ne s’agit pas d’une médiation purement biologique, puisqu’il met en évidence la présence active de Marie qui interroge (cf. Lc 1, 29.34) et accepte avec fermeté : « Qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Cette réponse de Marie a ouvert les portes de la Rédemption que toute l’humanité espérait et que des saints ont décrite dans un dramatisme poétique[49]. Lors des noces de Cana, Marie joue également un rôle médiateur lorsqu’elle présente à Jésus la nécessité des fiancés (cf. Jn 2, 3) et demande aux serviteurs de suivre les instructions de Jésus (cf. Jn 2, 5).
  3. La terminologie de la médiation au Concile Vatican II se rapporte surtout au Christ et, parfois, aussi à Marie mais de manière clairement subordonnée[50]. En fait, il préféra utiliser une autre terminologie axée sur la coopération[51] ou sur l’aide maternelle[52]. L’enseignement du Concile formule clairement la perspective de l’intercession maternelle de Marie, avec des expressions telles que « intercession multiple » et « protection maternelle »[53]. Ces deux aspects constituent ensemble la spécificité de la coopération de Marie à l’action du Christ par l’Esprit. On ne peut parler au sens strict d’une médiation de la grâce autre que celle du Fils de Dieu incarné[54]. C’est pourquoi il est nécessaire de se rappeler toujours, et de ne pas obscurcir, la conviction chrétienne qu’« il faut en effet croire fermement, comme un élément permanent de la foi de l’Église, la vérité sur JésusChrist, Fils de Dieu, Seigneur et unique Sauveur, qui par son incarnation, sa mort et sa résurrection a accompli l’histoire du salut, dont il est la plénitude et le centre »[55].

Marie dans l’unique médiation du Christ

    1. En même temps, nous devons nous rappeler que l’unicité de la médiation du Christ est “inclusive”, c’est-à-dire que le Christ rend possibles diverses formes de participation à l’accomplissement de son dessein salvifique de sorte que, en communion avec Lui, nous pouvons tous être, d’une certaine manière, des coopérateurs de Dieu, “médiateurs” les uns pour les autres (cf. 1 Co 3, 9). C’est précisément parce que le Christ a une puissance infiniment suprême qu’Il peut promouvoir ses frères et sœurs pour les rendre capables de coopérer vraiment à la réalisation de ses desseins. Le Concile Vatican II a affirmé que « l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source »[56]. C’est pourquoi « il faut élucider le contenu de cette médiation participée, qui doit rester guidée par le principe de l’unique médiation du Christ »[57]. Il est vrai que l’Église prolonge dans le temps et communique partout les effets de l’événement pascal du Christ[58] et que Marie a une place unique dans le cœur de l’Église mère[59].
    2. La participation de Marie à l’œuvre du Christ est évidente si l’on part de cette conviction que le Seigneur ressuscité promeut, transforme et rend les croyants capables de collaborer avec Lui à son œuvre. Ce n’est pas à cause d’une faiblesse, d’une incapacité ou d’un besoin du Christ, mais précisément à cause de sa puissance glorieuse, qu’Il est capable de nous prendre, généreusement et gratuitement, comme collaborateurs pour son œuvre. Ce qu’il faut souligner dans ce cas, c’est précisément ceci : lorsqu’Il nous permet de l’accompagner et, sous l’impulsion de sa grâce, nous donnons le meilleur de nous-mêmes, c’est sa propre puissance et sa miséricorde qui sont finalement glorifiées. »

B) L’enseignement du Magistère antérieur

Comme il fallait s’y attendre, l’enseignement de l’Église est tout autre et parle bel et bien d’une médiation universelle en un sens particulier et universelle, du fait de la place unique de Marie dans le plan du salut ! Il y aurait des encyclopédies entières à écrire sur le sujet ! Nous limiterons à dire ce qui suit.

1) L’unanimité des théologiens reconnue comme telle par le Magistère

Saint Bernard de Clairvaux (1091-1153), qui appela à la deuxième Croisade, est l’auteur de cette célèbre sentence :

« C’est donc du plus intime de nos cœurs, du fond même de nos entrailles et de tous nos vœux que nous devons honorer la vierge Marie, c’est la volonté de celui qui a voulu que tout nous vint par Marie. » (Sermon sur la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie – L’Aqueduc, §7)

Elle fut reprise par saint Léonard de Port Maurice, OFM, patron des missions paroissiales, †1751

« C’est l’enseignement commun des saints que personne ne se sauve que par l’intercession de Marie, et que, dans l’ordre actuel de la Providence, Dieu n’accorde au monde aucune grâce que la supplique n’ait été signée par les mains de Marie. C’est ce que dit expressément saint Bernard : “Deus totum habere nos voluit per Mariam !” “C’est la volonté de Dieu que nous n’ayons rien que par Marie !” Telle est la source de ces ineffables bienfaits qui découlent continuellement sur nous. » (Sermon, n. 18 § V)

Et enfin par Pie XII

« Le docteur Mellifluus (saint Bernard †1153), gloire de la Bourgogne et de l’Église universelle, résume la Tradition des Pères lorsqu’il enseigne que Dieu a voulu que nous ayons tout par Marie, et cette très douce et vivifiante doctrine est admise à l’heure actuelle d’un commun accord par les théologiens. » (Décret de miraculis pour la canonisation du bienheureux Louis-Marie GRIGNON de MONFORT, fondateur des Prêtres missionnaires de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, 11 janvier 1942 ; in : AAS, t. XXXIV, p. 44)

Il est donc établi que tel est bien « l’enseignement commun des saints », le « résume la Tradition des Pères » et une « doctrine admise à l’heure actuelle d’un commun accord par les théologiens ». Il s’ensuit donc que cette doctrine ne saurait être fausse car Pie IX enseigne : 

« Quand même il ne s’agirait que de la soumission due à la foi divine, on ne pourrait pas la restreindre aux seuls points définis par des décrets exprès des Conciles œcuméniques, ou des Pontifes romains et de ce Siège Apostolique ; il faudrait encore l’étendre à tout ce qui est transmis, comme divinement révélé, par le corps enseignant ordinaire de toute l’Église dispersée dans l’univers, et que pour cette raison les théologiens catholiques, d’un consentement universel et constant, regardent comme appartenant à la foi. » (Lettre apostolique Tuas Libenter à Mgr Gregor von SCHERR, archevêque de Munich et Freisingen, 21 décembre 1863)

2) Le Magistère lui-même 

Nous ne pouvons que trop recommander la lecture du Catéchisme de la médiation universelle de Notre-Dame, publié par les Chevaliers de Notre-Dame dans Le Sel de la terre. il s’agit d’une étude en treize parties et un résumé, consultable dans l’article suivant : 

Le culte de Marie est béni par Dieu

Une colligation des déclarations Magistérielle sur la Médiation universelle de Notre-Dame est présente dans la première partie : cliquer ici.

Par ailleurs, de nombreuses citations des Papes déjà mentionnées sur la co-rédemption de Marie contiennent également des mentions de la Médiation universelle de Notre-Dame, puisque la co-rédemption en est la source.

Nous recommandons encore ces articles qui compilent également des enseignements pontificaux sur la Médiation universelle de Marie : 

Le cardinal Mercier, apôtre du culte marial (Abbé Guy CASTELAIN) 

Centenaire de la Messe de Marie Médiatrice (Abbé Guy CASTELAIN) 

The MOST Theological Collection: Our Lady In Doctrine and Devotion  « XIII: Mediatrix of All Graces » (Catholic Culture)

Louis FLETENCHARD

Notre dossier sur le sujet sur MPI

– L’église conciliaire, Léon XIV régnant, rejette le titre de Co-rédemptrice pour Marie
– La Reine du Ciel est offensée – Communiqué officiel de l’Ordre des Chevaliers de Notre-Dame
– La FSSPX dénonce fermement et avec clarté l’attaque scandaleuse contre la Très Sainte Vierge du Dicastère pour la doctrine de la foi
Fremet et tabescet – À propos de la scandaleuse Note doctrinale Mater Populi fidelis, par Mgr Carlo Maria Viganò, Archevêque

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