« Ce que certains percevaient comme un renouveau,
d’autres l’utilisèrent comme une révolution. »
Dans un texte intitulé « La vérité sur Vatican II« , Mgr Strickland (1), évêque émérite, s’adresse à ses confrères dans l’épiscopat et aux fidèles de son ancien diocèse de Tyler (Texas, USA) pour leur proposer une analyse sur le Concile Vatican II.
Comme feu Benoît XVI, il considère que Vatican II doit être appréhendé comme se situant dans une « herméneutique de continuité« .
Cependant, il émet de fortes critiques quant à son application et aux dérives qui compromettent le fameux – fumeux ? – « esprit » du Concile.
Voici quelques extraits qui montrent que cet évêque est sur la bonne voie, mais qu’il a encore un assez long chemin à parcourir avant de reconnaître que ce concile œcuménique est le principal responsable de la crise que nous connaissons.
Mgr Joseph Edward Strickland :
« Pour bien comprendre Vatican II, il faut voir que le Concile est né d’un mélange de sainte intention, de faiblesse humaine et d’infiltration calculée.
Aux côtés de pasteurs sincères désireux de renouveau se tenaient d’autres, animés par la fragilité de l’espoir qu’une miséricorde sans définition puisse guérir l’incrédulité. Cependant, certains entrèrent également au Concile avec le projet de réorienter l’Église.
Ce que certains percevaient comme un renouveau, d’autres l’utilisèrent comme une révolution. L’ennemi qui ne pouvait détruire l’Église de l’extérieur chercha à l’affaiblir de l’intérieur, et le Concile devint le champ de bataille de cette guerre secrète.
Il ne s’agissait pas d’une simple faiblesse humaine, mais d’une stratégie délibérée, portant la marque du Malin, qui s’efforce toujours de confondre miséricorde et compromis, lumière et ombre.
La fidélité exige désormais de la précision.
La confusion qui règne au sein de l’Église ne provient pas seulement d’interprétations erronées, mais aussi d’omissions et de distorsions délibérées dans certains textes conciliaires. Quatre points requièrent une clarté particulière de la part de tout évêque soucieux de préserver la Foi dans son intégralité.
- La liberté religieuse – Dignitatis Humanae – concerne l’immunité face à la coercition, et non l’égalité des croyances. « La seule vraie religion subsiste dans l’Église catholique et apostolique », affirme-t-elle. Prétendre le contraire contredit à la fois ses termes et l’encyclique Quas Primas de Pie XI : « L’empire de notre Rédempteur embrasse tous les hommes… Son règne exige que toute la société humaine soit soumise à la loi du Christ. »
- L’œcuménisme – Unitatis Redintegratio avertissait : « Rien n’est plus étranger à l’esprit de l’œcuménisme qu’un faux irénisme. » Pourtant, ce faux irénisme a prospéré. L’œcuménisme authentique appelle les frères séparés à revenir à la maison ; le faux œcuménisme prétend que le foyer n’a plus d’importance.
- L’Église « subsiste dans » l’Église catholique – Lumen Gentium enseigne que l’Église du Christ « subsiste dans » l’Église catholique. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a précisé par la suite : « Le Concile Vatican II n’a ni modifié ni eu l’intention de modifier cette doctrine. » L’Église du Christ est l’Église catholique.
- La liturgie – Sacrosanctum Concilium – prescrivait que « l’usage de la langue latine soit préservé » et que « le chant grégorien… occupe une place prépondérante ». Lorsque ces directives furent rejetées, ce ne fut pas de l’obéissance, mais une trahison.
À mes frères évêques
J’appelle tous les bergers, fidèles au Christ, à :
- Reconnaître le Concile comme un acte valide du Magistère, tout en discernant soigneusement ses limites pastorales et en les distinguant de la doctrine immuable.
- Interprétez toutes choses en continuité avec chaque dogme précédemment défini, afin qu’aucune nouveauté ne vienne obscurcir la foi transmise une fois pour toutes aux saints.
- Rejetez toute affirmation, politique ou pratique qui contredit la doctrine antérieure sous prétexte d’un « esprit de Vatican II », en nommant clairement ces erreurs afin que les fidèles ne soient pas trompés.
- Enseignez aux fidèles que le véritable renouveau n’est pas un changement de doctrine, mais un approfondissement de la fidélité, un retour à la pureté de la vérité et à la ferveur de la sainteté.
- Sanctifiez le culte en restaurant la liturgie sacrée dans sa plénitude et sa vérité. Défendez sans hésitation le droit des fidèles à la messe traditionnelle en latin – trésor des siècles qui a nourri d’innombrables saints. Préservez-la non comme une relique, mais comme une source vivante de grâce, et veillez à ce que chaque forme du rite romain, ancienne ou nouvelle, reflète le même respect, le même silence et la même obéissance qui attirent les âmes à l’adoration. Là où le respect se perd, la foi s’affaiblit ; là où l’autel retrouve sa sainteté, l’Église respire à nouveau.
Quand on me demande ce que je pense du concile Vatican II, je réponds simplement : « J’accepte ce que l’Église a toujours enseigné ; je lis Vatican II dans cette même foi, et chaque fois qu’il est utilisé contre cette foi, je me range du côté des Apôtres, et non du côté de la nouveauté. »
Telle est la position catholique : ni rébellion ni crédulité, mais vérité. «
Le chemin parcouru, même partiellement, par Mgr Strickland est à prendre en compte, comme ceux de Mgr Schneider, de feu Mgr Huonder et, celui totalement abouti, de Mgr Viganò.
Prions Notre Dame, Co-rédemptrice, pour qu’Elle aide tous ces pasteurs, qui semblent de bonne volonté, à aller jusqu’à bout de leurs interrogations et à avoir le courage de rejoindre définitivement le combat de la Tradition.
Christian LASSALE
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