Mgr Strickland démis par François
Mgr Strickland démis par François

Le 11 novembre dernier, le pape François relevait de la gouvernance pastorale du diocèse de Tyler (Etas-Unis) S. Exc. Mgr. Joseph E. Strickland. De cette grave décision bergoglienne, aucune raison n’avait été rendue publique. Interrogé le 16 novembre, l’ancien évêque de Tyler a révélé les accusations qui lui sont reprochées.

Le manque de communion avec les confrères de l’épiscopat américain, le manque de soutien au Synode sur la synodalité et le manque de mise en œuvre du motu proprio Traditionis Custodes

Interviewé par Raymond Arroyo dans l’épisode du 16 novembre de l’émission The World Over, le désormais évêque émérite de Tyler a révélé les accusations qui lui auraient été reprochées lors de sa conversation avec le nonce apostolique, le cardinal Christophe Pierre : le manque de communion avec les confrères de l’épiscopat américain, le manque de soutien au Synode sur la synodalité et le manque de mise en œuvre du motu proprio Traditionis Custodes. Mgr Strickland a également déclaré qu’aucune violation canonique ne lui aurait été reprochée. Et, toujours selon son témoignage, il y a déjà deux ans, depuis Rome, ils lui ont fait savoir qu’ils n’appréciaient pas du tout son insistance sur la garde du depositum fidei.

Comme le signalent des canonistes, les raisons avancées par le nonce, évidemment à la disposition du pape, ne justifient pas un acte aussi grave que la destitution d’un évêque. « Depuis quand ne pas être d’accord avec ses confrères évêques constituerait-il en soi un acte à sanctionner ? D’accord ou pas d’accord sur quoi ? Et puis, de quels confrères parle-t-on ? De McElroy ou Cordileone ? D’après les fermes paroles que Mgr. Timothy Broglio, président de la Conférence épiscopale américaine, a lancé au nonce pour ses propos provocateurs dans la revue jésuite America, par lesquels il reprochait essentiellement aux évêques américains un retard dans l’application de la « synodalité », il ne semble pas que l’épiscopat américain soit tellement uni dans l’acceptation de tout ce qui vient de Rome » commente un quotidien italien.

Tous unis dans la même pensée unique synodale est une obligation

On peut se demander que signifie « soutenir le Synode sur la synodalité » qui se veut gay-friendly et féministe en introduisant la bénédiction des duos d’invertis et le ministères des femmes ? « Depuis quand un Synode des évêques serait-il contraignant et ne permettrait-il pas la possibilité de dissidence ? Pourquoi serait-ce un problème de rappeler, comme l’a fait Mgr Strickland, que l’on discute au Synode de questions que l’Église a déjà clarifiées définitivement depuis longtemps ? » continue le journaliste italien.

Quant à la non-mise en œuvre de Traditionis Custodes dans le diocèse de Tyler, le pape François lui-même avait assuré, lors d’une audience privée le 4 février 2022, que le motu proprio ne s’appliquait pas à aux groupes déjà constitués ni aux instituts qui ont eu dans leurs constitutions la reconnaissance de l’utilisation des livres liturgiques anciens. Le pape l’avait écrit noir sur blanc dans un décret qui fut ensuite remis au supérieur du District français de la FSSP, l’abbé Benoît Paul-Joseph, et au recteur du séminaire Saint-Pierre de Wigratzbad, l’abbé Vincent Ribeton. Or dans le diocèse de Mgr Strickland, la messe de rite ancien est célébrée dans la paroisse Saint-Joseph le Travailleur de Tyler, confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, accueillie dans le diocèse en 2003 par l’évêque de l’époque, Mgr. Álvaro Corrada. Mgr Strickland n’aurait donc fait qu’appliquer les dispositions émises par François lui-même. Interdire au prêtre de la FSSP de célébrer selon le rite ancien, aurait été à l’encontre du décret du Pape.

Et pourtant, malgré ces accusations sans consistance pour fonder un acte aussi grave que la révocation du siège diocésain, El papa argentin n’a pas hésité à limoger Mgr Strickland sur qui ne pèse aucun scandale financier ou sexuel, encore moins des propos hérétiques, ni aucune violation de règles canoniques. Un comble lorsque l’on sait, rappelle le prélat démis, que « les nombreux évêques, étroitement liés au scandale McCarrick » sont « encore en place ». Mais la dissonance des jugements de François est encore plus marquée quand on considère que l’évêque d’Anvers, Mgr. Johan Bonny n’a subi aucune sanction alors qu’il s’est récemment contenté de contredire le Cinquième Commandement et de s’être opposé à tout le Magistère de l’Église sur la fin de vie, se déclarant, dans certaines circonstances, en faveur de l’euthanasie.

L‘autoritarisme’ conciliaire qui frappa Mgr Lefebvre est toujours à l’œuvre sous François, digne ‘vicaire’ de la révolution conciliaire

Mgr Strickland a déclaré au quotidien américain Life Site News qu’il pensait avoir été renvoyé parce qu’il avait « menacé certains des pouvoirs en place avec la vérité de l’Évangile ». « Si vous voulez qu’elle [la vérité de l’Évangile] change, alors je suis un problème » a-t-il précisé. Pour sa défense, il a pareillement souligné qu’il reconnaissait que le Pape avait certes le pouvoir de destituer un évêque, mais qu’il le fasse à juste titre ou non n’est pas indifférent.

« Son acceptation de la décision de François ne supprime pas le problème sous-jacent : que se passe-t-il si un évêque peut être démis de ses fonctions simplement parce qu’il n’est pas d’accord avec les autres évêques ? Ou ne soutient-il pas une nébuleuse « synodalité » ? C’est une question que tout évêque devrait se poser, non seulement parce que, comme on dit, la vie est une roue qui tourne, mais aussi parce que le risque que l’évêque soit de plus en plus compris comme une figure administrative et non comme un véritable successeur des apôtres est grand. L’Église catholique est-elle une entreprise qui peut destituer ses dirigeants s’ils ne suivent pas la ligne de l’entreprise ? Et s’ils ne savent pas comment former un groupe ? Et s’ils sont trop indépendants dans leur action ? (…) Le sentiment est que le Pape étouffe littéralement l’autorité des évêques sur deux fronts : en la paralysant et en la dissolvant dans les structures et dynamiques synodales de plus en plus invasives, et en la décapitant dans le cas des évêques résistants » analyse justement LNBQ, mais cependant un peu oublieuse du passé de l’Eglise conciliaire.

Depuis Vatican II, l’ordre fut donné à tous les prélats, sous couvert d‘obéissance, de mettre en œuvre les nouveautés de la révolution conciliaire, tels le Novus Ordo de Paul VI, l’œcuménisme, l’indifférentisme, le relativisme moral, et tant d’autres décrets progressistes, modernistes, libéraux, libertaires.  Et « l’auto-démolition de l’Église » commença alors. Nonobstant les mises en demeure d’obtempérer, quelques évêques courageux et plus clairvoyants s’étaient levés dès la fin du Concile pour défendre « la vérité de l’Evangile » contre de tels changements doctrinaux contraires à la Tradition et à la loi divine dont nous voyons aujourd’hui les mortels résultats, l’apostasie de la hiérarchie romaine et du monde couplée avec l’abomination arc-en-ciel promue par l’Eglise conciliaire elle-même. Maltraitance, déclassement et même « excommunication » furent les sentences émises contre ces évêques ‘désobéissants’ par les prédécesseurs de François. Mgr Lefebvre fut la plus belle victime de cet ‘autoritarisme’ conciliaire décapitant dont François n’est en réalité que le digne ‘vicaire’… en plus méchant.

Francesca de Villasmundo

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