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Jacques Sapir, professeur et doctorant en économie, tenait ce 30 juin 2014 une conférence au Centre de langue et de Culture russe (CLCR) présidé par Madame Irène Commeau, sur la « Situation économique en Ukraine » et ses conséquences.

Les facteurs de la crise ukrainienne

La crise financière généralisée de 2008 a été particulièrement désastreuse pour l’Ukraine qui, au contraire des autres pays frappés par celle-ci, n’a pas réussi à rétablir sa croissance et connaît actuellement une période de stagnation économique difficile. L’exaspération de la population face à cette réalité, à laquelle s’ajoutent un mécontentement global vis-à-vis d’une élite politique incapable de proposer une solution de sortie de crise et des troubles sociaux profonds, ont engendré les soulèvements du printemps 2013.

L’économie ukrainienne est caractérisée par une triple nature expliquant les positions politiques, économiques et sociales actuelles de cette nation ; une économie des régions de l’Est, une autre impactant celles de l’Ouest et enfin celle visant l’Ukraine centrale. La première fournit la plus grande partie du produit intérieur brut du pays[1], tandis que la seconde constitue une enclave agricole, intégrant des régions pauvres[2] mais autosuffisantes. Enfin, la dernière est définie par une activité tertiaire, alimentée par une économie de services s’étendant de Kiev aux régions de la mer Noire (Odessa inclue).

Ces trois économies parallèles expliquent la posture ukrainienne vis-à-vis de ses voisins étrangers ; en effet, quatre régions de l’Est du pays sont à l’origine de 60 % des exportations du pays – en direction de la Russie, des pays orientaux et de l’Asie, au contraire des régions occidentales qui n’exportent que très faiblement. L’Ukraine centrale concentre quant à elles tous les revenus liés aux sièges sociaux, grandes entreprises qui consomment beaucoup de produits importés, origine essentielle du déficit commercial du pays. Tant que l’Ukraine reste unie et que ses régions opèrent une activité syncrétique et complémentaire, une certaine stagnation économique peut se maintenir à l’intérieur du pays. En revanche, dans le cas d’une explosion de cette unité, son déficit s’élèverait entre 22 et 25 milliards de dollars par an (!). Cet état, connu par la classe politique mondiale et les organisations internationales, est à l’origine des maux en cours en Ukraine, dont l’avenir économique ne peut être assuré en cas de sécession.

S’appuyant sur les statistiques de l’année 2013, Jacques Sapir a démontré toute la légitimité qu’aurait l’Ukraine à établir des partenariats avec ses principaux correspondants économiques – Russie, pays d’Orient et d’Extrême-Orient, avec 50 % de ses exportations nationales, à laquelle l’Union Européenne ne peut prétendre – avec seulement 23 % des exportations du pays pour 35 % de ses importations. Une alliance avec la Russie constituerait une politique économique particulièrement sensée dans la mesure où l’Ukraine prodigue à son voisin russe de nombreux produits de base (notamment chimiques comme l’azote ou les produits laminés) que celui-ci utilise dans les compagnies industrielles qu’il acquiert depuis peu en Europe. Cette stratégie aurait qui plus permis à terme d’amoindrir l’ampleur du déficit commercial entre la Russie et l’Ukraine. S’il faut plaider un partenariat ukraino-européen, il n’en faut donc pas chercher la source dans le domaine économique mais bien dans des considérations politiques orientées.

Les conséquences de la crise

La situation actuelle en Ukraine est un véritable désastre tant sur le plan économique, politique que social ; certaines régions de l’Est ne paient plus leurs impôts, y compris parmi celles n’ayant pas déclarées faire sécession avec le reste du pays. Le gouvernement n’assume plus entièrement ses fonctions : le 29 juin 2014, la Garde Nationale a ainsi protesté contre l’extension du cessez-le-feu[3], contestation trahissant la perte de contrôle des instances gouvernementales sur ses cellules internes. Enfin, les facteurs sociaux qui découlent de cette disposition sont dramatiques – les agences de presse russes annoncent entre 100.000 et 200.000 réfugiés ukrainiens.

Seul un cessez-le-feu durable et une prise de contrôle de la rébellion pourraient installer une situation de stabilité en Ukraine ; ce n’est qu’après une réconciliation nationale que pourra être envisagée la réorganisation politique du pays, quitte à y établir une assemblée constituante. Jacques Sapir reste cependant assez pessimiste sur l’issu de ce grave conflit ; selon lui, l’Ukraine rêve de l’Europe mais est intensément russe dans l’âme. Nier l’existence d’une telle contradiction constitue un aveuglement laissant présager un avenir sombre.


[1] Elle englobe les villes industrielles (mines de charbon mais aussi des établissements sidérurgiques modernisés par des pactes établis avec des sociétés étrangères, des industries de construction mécanique et de transformation de pétrole).

[2] Le salaire moyen au niveau régional est de quatre à six fois inférieur au salaire moyen des régions de l’Est.

[3] La Garde Nationale se doit d’obéir aux ordres du gouvernemen. A cet égard, notons que si  l’Union Européenne a demandé que l’armée régulière soit installée en place de la Garde Nationale, les Etats-Unis plaident le contraire.

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2 Commentaires
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pamino
pamino
il y a 8 années

« cet évêque transformé en assistante sociale pour migrants »
Ô Saint Empire Romain de nation italienne, que d’abus sont commis en ton nom !

toto
toto
il y a 8 années

Le pauvre, il y a une probabilité non-négligeable qu’il soit égorgé par ses « protégés » quand tout pétera. Les musulmans n’aiment pas les carpettes quand elles ne leur sont plus utiles.

Onclin
Onclin
il y a 8 années
Répondre  toto

« Le pauvre, il y a une probabilité non négligeable qu’il soit égorgé par ses “protégés” » non il apostasiera la foi catholique millénaire par « charité » catholique conciliaire. L’apostasie de la foi catholique millénaire devient un acte de charité chrétienne conciliaire lorsqu’elle sauve « la culture de rencontre », qui est la « charité » bien ordonnée selon Vatican II voir DIGNITATIS HUMANAE et NOSTRA AETATE et soutenu par ce pape François qui dit que le « prosélytisme est une bêtise » et partant on peut conclure : que le martyre des Saints Martyrs devient quasi satanique puisqu’il lutte contre la « charité de rencontre » en allant annoncé Jésus Christ comme l’unique chemin, l’unique vérité, l’unique vie. Par contre les musulmans aiment les carpettes, ils prient sur ce qui les ressemblent. Ils sont la carpette du diable puisqu’ils ne reconnaissent pas Jésus. Voir Saint Jean Epître 1 chap 2 22 Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils.

23 Quiconque nie le Fils, n’a pas non plus le Père ; celui qui confesse le Fils, a aussi le Père.


Soupape
Soupape
il y a 8 années

Les Chefs des Etats d’où viennent ces « migrants »
ne pourraient-ils employer chez eux,
les chômeurs qu’ils nous exportent ?

Le Pape n’aurait-il jamais pensé à cette solution ?
Il pourrait utiliser son « poids moral » pour la faire valoir !

Réponse : il ne peut pas ne pas y avoir pensé,
mais il ne VEUT pas y penser. .

Etienne
Etienne
il y a 8 années

Comme italien, il a un droit de vote.
Sur l’expulsion éventuelle de clandestins violents, il peut en causer mais il n’a aucune décision à prendre.
Comme citoyen européen, je peux aussi lui demander qu’il coupe son klaxon.

balaninu
balaninu
il y a 8 années

« pour le plus grand malaise…. » et pour son malheur, s’il ne change pas très vite de direction !!!!!!

Gauvain
Gauvain
il y a 8 années

« Ces évêques, archevêques et patriarches oecuménistes, nos « pères », qui passent leur temps à montrer de l’amour à tous pourvu qu’ils n’appartiennent pas à leur troupeau me font penser à d’autres pères assez communs de nos jours comme ceux-ci :

Ces gouvernants qui font de beaux discours, d’une haute tenue morale (avec l’admiration de « tous ») donnant la leçon à leurs concitoyens en leur reprochant leur crispation identitaire, leur repliement sur soi, leur manque d’ouverture, de tolérance, etc. quand ceux-ci souhaiteraient tout simplement que l’on s’occupe aussi – si ce n’est d’abord – de leurs problèmes de fin de mois, de l’insécurité dans laquelle ils vivent réellement (et non pas dans leurs fantasmes) et de leur incertitude quant à leur propre devenir et celui de leurs enfants. Ces « dirigeants » ne connaissent évidemment rien de la vie réelle de leurs administrés, ils vivent dans un cercle auto-reproducteur qui parcourt le monde, se congratulant les uns les autres, vivant avec des privilèges que l’on croyait abolis, une vie de luxe avec domestiques dans les lambris dorés de l’Ancien Régime. Le peuple se rend bien compte qu’il ne compte que pour fournir les votes nécessaires à un moment donné pour la réussite de leur carrière. Alors le peuple se révolte quelquefois en votant autrement avec un calme apparent, quelquefois en se révoltant violemment et alors le « pouvoir » envoie sa police pour mater de plus en plus brutalement la rébellion.  »

https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.fr/2017/01/quelle-sorte-de-peres-sont-nos-eveques.html

Anne Lys
Anne Lys
il y a 8 années

Il y a bien entendu à prendre et à laisser dans le discours immigrationniste de Mgr Galantino : aider ceux des migrants réellement « obligés à fuir des situations dramatiques » est effectivement une obligation qui s’impose à tout Chrétien.

Malheureusement son message ne s’arrête pas là. Il relaie de son autorité épiscopale « le non ferme du monde ecclésial et de la solidarité sociale, en plus de celui des juristes engagés depuis des années dans la tutelle et la promotion des migrants », lequel « Non » s’oppose non seulement à la négligence ou à l’égoïsme de ceux qui ne voudraient pas s’acquitter de ce devoir alors qu’ils le peuvent, mais à toute action qui éviterait aux contribuables italiens et européens d’avoir à prendre en charge de très nombreux jeunes hommes qui ne sont nullement « obligés à fuir des situations dramatiques » mais qui ont préféré consacrer leurs ressources, non à une activité dans leur pays qui aurait aidé leurs compatriotes à obtenir un meilleur niveau de vie, mais à payer des passeurs pour venir dans cette Europe considérée comme un Eldorado où ils vivraient mieux sans rien faire que chez eux en travaillant.

C’est pourquoi ils s’opposent à toute expulsion de migrant, même n’ayant aucun titre à bénéficier du droit d’asile, et s’opposent même à toute loi qui permettrait de discerner entre les « réfugiés » fuyant un réel danger et les « migrants » désireux de bénéficier de la générosité des pays européens.

Ils s’opposent aussi à toute sanction contre les « migrants » qui commettent en Italie des actes de vandalisme ou autres délits, migrants dans lesquels, comme dans les vrais réfugiés, ils veulent « voir Dieu », les excusant par le fait qu’ils n’obtiennent pas tout ce dont ils ont rêvé. Et bien entendu, l’assistance qu’ils souhaitent leur voir apporter ne suffisant pas à ce rêve, ils exigent que les gouvernements accordent l’asile définitif à tous ceux qui le demanderont avec assez de persistance, pour peu qu’ils aient « débuté un parcours de scolarisation ou se so[ie]nt rendus disponibles pour des travaux socialement utiles. » Et l’on peut parier que les Mgr Galantino et tutti quanti témoigneront volontiers en faveur de tous les « migrants », affirmant qu’ils remplissent cette condition …

Je me demande d’ailleurs par quelle autorité Mgr Galantino peut parler au nom du « du monde ecclésial et de la solidarité sociale », sans parler des « juristes », c’est-à-dire des avocats spécialisés qui s’enrichissent sur le dos des migrants en question pour lesquels ils plaident inlassablement. Ce n’est pas parce qu’il est évêque d’un unique diocèse (nous ignorons quelle est la position du clergé et des fidèles de ce diocèse, d’ailleurs : le suivent-ils comme un seul homme ?) qu’il est mandaté pour parler au nom « du monde ecclésial ». Et nul ne l’a mandaté dans le « monde de la solidarité sociale », pour la bonne raison que nul de ceux qui sont dans ce « monde » n’a autorité pour mandater qui que ce soit pour parler au nom de tous.

Raiford
Raiford
il y a 8 années

Personne n’a l’air de comprendre que que beaucoup d’évêques n’enseignent plus la doctrine du Christ, mais la doctrine maçonnique…
Il ne faut pas chercher d’autres explications ou arguments.