Alors que les forces irakiennes regagnent, peu à peu, leur territoire face aux djihadistes de l’État Islamique, la question reste ouverte sur le futur de la nation irakienne. Le danger est encore important de retomber dans la violence entre les différentes factions du pays.
En 2009, l’Irak sortait de la guerre civile, avec les Américains pour arbitres. Cette fois-ci, les Américains n’ont plus la main. Les Kurdes cherchent à recouvrir leur territoire, les milices chiites ont des ambitions sur le pays, l’ancien Premier ministre, Nouri al-Maliki, manœuvre contre le Premier ministre actuel, Haider al-Abadi. Il manque à l’Irak une institution nationale au-dessus des factions, capable de désarmer les milices ; ce qu’avait réussi, précisément, Saddam Hussein. La clé du désarmement est économique, quand les hommes démobilisés trouvent du travail. Dans le contexte de l’Irak actuel, il faudra probablement attendre qu’un développement économique minimum convainque les miliciens d’abandonner leurs armes pour retrouver un travail dans la société civile. En attendant, il n’y a pas d’emplois, les milices restent le seul exutoire pour les hommes.

L’Irak se doit d’intégrer toutes ces milices, au sein d’un état suffisamment fort et légitime pour toutes les factions, pour le bien du pays. Le Premier ministre, Al-Abadi, essaie de créer une cohésion multi-ethnique. Peut-être, la conscription nationale pourrait remplacer la fidélité à une milice par le patriotisme. Malheureusement, il n’y a plus en Irak un leader respecté capable de dépasser les divisions entre Chiites et Sunnites. 
Il y avait le parti Baas, ils l’ont dissous. Il y avait Saddam Hussein, ils l’ont tué sans procès. À l’heure où les Etats-Unis cherchent à se désengager du guêpier irakien, le pays risque de payer encore longtemps les erreurs de l’apprenti-sorcier américain.

Une piste développée par les analystes du Brookings Institute paraît intéressante : en décentralisant le pouvoir en Irak, on met un frein aux sectarismes. L’idée serait d’offrir un état décentralisé offrant des solutions locales, plutôt que de laisser les potentats locaux exploiter la décentralisation pour s’arroger autoritairement tous les pouvoirs. Les parlementaires irakiens sont actuellement inféodés, comme dans beaucoup de pays, aux partis qui les mettent en place. Ce système de représentation politique empêche les réformes d’intérêt général et punit ceux qui ont fait un bon travail, mais mettent en colère leur parti, comme l’ancien ministre des Finances Hoshyar Zebari. La solution pourrait être de remplacer l’élection des parlementaires à la proportionnelle par un vote par localité. 
les États-Unis ne sont pas enclins à réparer leurs erreurs en continuant de payer pour aider l’Irak à se relever. l’Union européenne sera, bien évidemment, mise à contribution par Washington pour assister les réformes sociales, comme les questions de chômage dans lesquelles elle est, elle-même, enlisée depuis des décennies. 

Les pays arabes, notamment les riches états du Golfe, sont outrageusement absents en Irak. Il est vrai qu’ils n’étaient pas les instigateurs directs de l’engagement américain dans la guerre du Golfe. 

Enfin, l’Iran, malgré et à cause de l’opposition américaine, a clairement un rôle majeur à jouer en Irak et sait, contrairement aux gouvernements de Washington, attendre son heure.

Source : conférence au Brookings Institute avecTamara Cofman Wittes, Center forMiddle East Policy (CMEP),Florence Gaub, European Union Institute for Security Studies; Kenneth Pollack, CMEP, Emma Sky, Yale University. 

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