Plus de 1 000 pasteurs et personnalités influentes évangélistes américains se sont rendus en Israël à la mi-décembre : « le plus grand groupe de dirigeants chrétiens américains à visiter Israël depuis sa fondation ». OPA d’Israël sur les évangélistes états-uniens.
Le blog américain Responsible Statecraft relate l’OPA par le gouvernement de Benjamin Netanyahu sur les évangélistes états-uniens, à la suite de la mort de Charlie Kirk qui a dévoilé la distance prise par le célèbre influenceur chrétien vis-à -vis la cause sioniste.
OPA par le gouvernement de Benjamin Netanyahu sur les évangélistes états-uniens
Le voyage a été organisé par le gouvernement de Benjamin Netanyahu avec le soutien enthousiaste du mouvement sioniste évangélique américain. « Plus de 1 000 pasteurs et personnalités influentes chrétiennes américaines se sont rendues en Israël ce mois-ci, constituant ainsi le plus grand groupe de dirigeants chrétiens américains à visiter Israël depuis sa fondation » écrit Responsible Statecraft.
Au plus fort de la période de Noël, ces pasteurs étaient, selon le blog américain, « en mission financée par le gouvernement israélien » « pour, écrit de son côté Fox News, former et préparer les participants à servir d’ambassadeurs non officiels d’Israël dans leurs communautés ».
Véritable opération politico-diplomatique
Une véritable opération politico-diplomatique. Un séjour d’une semaine qui a amené l’un des plus fidèles soutiens de Trump, l’électorat évangélique, au cÅ“ur de la Cisjordanie occupée (que les participants continuent d’appeler par les noms bibliques de Judée et de Samarie). L’itinéraire prévoyait des moments de prière collective sur le site archéologique de Shiloh, lieu symbolique du sionisme religieux, identifié dans la Bible comme l’emplacement du Tabernacle qui abritait l’Arche d’Alliance.
Cette opération a été préparée, lit-on dans l’article de RS, par Mike Evans qui « est un auteur, un allié évangélique de premier plan de Donald Trump, un confident de longue date du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le fondateur du Centre du patrimoine des Amis de Sion à Jérusalem ». Evans n’a jamais caché son rôle de médiateur politico-religieux : il s’attribue le mérite d’avoir contribué à l’ascension politique de Benjamin Netanyahu et d’avoir mobilisé l’électorat évangélique qui a permis à Trump de remporter sa première victoire présidentielle.
Consolider le soutien des évangélistes américains aux actions militaires du gouvernement à Gaza et en Cisjordanie
Ces sionistes chrétiens croient que l’État d’Israël accomplit les prophéties bibliques. « Cette semaine, nous voulons que les pasteurs découvrent Israël par eux-mêmes et se rappellent ces vérités fondamentales », a déclaré Evans à propos du voyage, qui, selon lui, offrirait à ces pasteurs et à d’autres « une expérience immersive au niveau de l’État », comprenant des rencontres avec des responsables israéliens, des généraux, des chefs du renseignement et le président Isaac Herzog.
Pour RS, cette « mission » est « tout aussi cruciale pour consolider le soutien aux actions militaires du gouvernement à Gaza et en Cisjordanie que pour affirmer le soutien à l’intégrité religieuse du projet national » de l’État hébreux. « De ce fait, continue RS, les participants évangéliques à ce voyage souhaitaient aborder la question d’Israël sous l’angle d’une victimisation perpétuelle ».
Le message politique est adressé à Washington et au vice-président J.D. Vance
Pour le quotidien israélien Haaretz, le message politique d’Evans adressé à Washington est clair :
« avertir la Maison-Blanche que toute pression exercée sur Israël pour qu’il renonce à ses revendications sur la Cisjordanie serait perçue comme une trahison de la foi et de l’électorat évangélique américain ».
Un électorat qui considère ce territoire non comme une zone occupée, mais comme une partie intégrante de la promesse biblique. Le véritable destinataire du message semble être le vice-président J.D. Vance, qui, lors d’une visite en Israël en octobre dernier, avait profondément irrité le monde évangélique, et le mouvement des colons, en déclarant que l’administration américaine s’opposait à l’annexion de la Cisjordanie par Israël .
Brandissant une Bible devant le millier de pasteurs réunis, Evans a transformé la revendication territoriale en un acte de foi. Il a rappelé à Vance, sans ambages, qui l’avait porté au pouvoir :
« Ni la diplomatie, ni le droit international, mais la parole de Dieu. »
Selon Evans, c’est grâce à la mobilisation évangélique que Trump est devenu président. Le message implicite est clair : quiconque remet en question la souveraineté israélienne sur la Judée-Samarie remet également en question le pacte politique conclu avec l’électorat évangélique américain.
L’expansionnisme israélien a besoin du soutien idéologique et politique de la droite évangélique américaine
En Cisjordanie, l’occupation ne se fait pas seulement au moyen de bulldozers et de violences perpétrées par les colons : elle se consolide également grâce au soutien idéologique et politique de la droite évangélique américaine.
Le voyage des 1000 pasteurs en Israël ne se fait pas soudainement : comme le rapporte un autre article de Responsible Statecraft, au début de l’automne, Tel Aviv a lancé une campagne d’influence auprès des évangéliques pour les ramener à leurs positions antérieures de soutien inconditionnel à Israël, un soutien remis en question par le génocide à Gaza et par les critiques de l’influence israélienne dans la politique américaine, exprimées par certains partisans de MAGA, au premier rang desquels Tucker Carlson et Candace Owens.
Ainsi, si la famine et la crise humanitaire de Gaza sont sorties un peu des radars médiatiques ces derniers temps, pour donner un vernis de respectabilité au plan de paix signé en octobre sous la pression des Etats-Unis, la colonisation par Israël des terres palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande gazaouie n’a jamais cessée. Ces pasteurs et influenceurs évangélistes américains sont là , sont nécessaires à Netanyahu, pour légitimer auprès de leurs fidèles cet expansionnisme israélien au profit du messianique Grand Israël.
Francesca de Villasmundo
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