Un livre d’une actualité brulante, incontournable, assez complet. Chaque lecteur sensible à ce sujet y trouvera un chapitre, quelques pages, quelques lignes qui évoqueront son histoire, son combat pour la défense de la messe, du catéchisme, etc, son combat ou celui de ses parents, de sa famille. Un combat qui dure encore. Jean Madiran disait « Les “traditionalistes”, ce n’est pas, ce ne peut-être, ni un parti, ni une armée, ni une Église ; c’est un état d’esprit. Et, bien sûr, un comportement. Une professio et une devotio. »
» Ce livre est le fruit d’une recherche engagée il y a environ trente ans et d’une documentation, sans exclusive, accumulée au fil des décennies. Celle-ci a été complétée par l’exploration de nombreuses archives et les questions posées à de multiples acteurs et témoins. Sachant qu’un souvenir, un témoignage ou un document ne suffisent pas à faire toute la lumière. » Y.C.
Le traditionalisme compris comme la défense de la tradition catholique mise à mal par des novateurs n’est pas apparu à la suite du Concile Vatican II. Il date du début du XX° siècle. Et si l’on établit la généalogie du traditionalisme on constate qu’il est en droite ligne l’héritier du catholicisme né en opposition avec la Révolution française.
Dans le livre c’est d’une manière générique que le mot est employé pour désigner les communautés, les congrégations religieuses, les fraternités sacerdotales, les évêques, les prêtres, les mouvements, les organisations, les écrivains, les revues qui ont été et qui sont attachés à la défense de la transmission de la Tradition catholique. La Tradition étant à la fois l’acte de transmettre et le contenu de ce qui est transmis. Chez certains, cette défense de la doctrine traditionnelle va jusqu’à la remise en cause des enseignements du concile Vatican II, chez d’autres c’est un effort pour les réinterpréter à la lumière de la Tradition… L’attachement des fidèles à la Tradition n’est pas sentimental mais une conviction réelle que cette liturgie traditionnelle exprime pleinement la foi catholique -Lex orandi, lex credendi. L’éventail des catholiques qui se déclarent attachés à la tradition est très large, allant des « bi-ritualistes » à ceux qui déclarent la nouvelle messe invalide…
La figure la plus connue du traditionalisme est incontestablement celle de Mgr Marcel Lefebvre dans l’histoire de l’Eglise contemporaine. Son oeuvre la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X est sur la ligne de crête ans ce combat.
Le but de ce livre est d’abord de dresser un panorama rigoureux et si possible incontestable quant aux noms, aux faits et aux dates. Chaque personnalité marquante, chaque communauté en activité ou pas aujourd’hui a sa page, ses références, son histoire, avec une réelle objectivité. Le dictionnaire biographique est éloquent par ses sources, sa diversité et sa précision. Tous les grands noms y sont avec leur combat, leur espoir et les œuvres qu’ils ont élaborées. Des catholiques intégraux moins connus de la Contre-Révolution, la Cité catholique, en passant par la prise de Saint-Nicolas du Chardonnet, et des prises de positions après 1988, des grands pèlerinages, des fondations qui fleurissent…Un chose est frappante : l’importance du rôle des laïcs, la diversité des parcours des prêtres ou religieux et les évolutions de certains. Il y eut du courage, de l’héroïsme parfois, de l’obstination aussi, en certains cas de la rigidité jusqu’à l’aveuglement. Mais ces pages situent également les traditionalistes dans l’histoire plus générale de l’Eglise. En France et dans le monde entier sont évoquées et situées dans le contexte de l’époque, les différents courants, les acteurs et les communautés qui ont œuvrés dans ce combat et le contexte de l’époque permet de mieux comprendre les positions de chacun. Beaucoup se souviendront du Brésil et des espoirs déçus !
Le livre d’Yves Chiron, au delà des éléments historique rapportés, conserve malheureusement une vision axée sur le point de vue Ecclesia Dei. Car plutôt que de parler de ralliement, que ce soit celui de 1988 ou celui tenté par Mgr Fellay en 2012, qui constituent objectivement un compromis pour les uns et pour d’autres une trahison, l’auteur n’hésite pas à parler de « pleine communion », le pendant de « communion imparfaite », concept étranger à la théologie catholique mais largement usité par les autorités conciliaires. Et pourtant les trahisons que constituent les ralliements ou tentatives de ralliement sont des faits en tant que trahison et non en tant que point de vue, la Tradition ne pouvant faire l’objet de compromis politiques.
Le sommaire très détaillé permet de consulter une période plus qu’une autre, les notes authentifient les faits, les déclarations avec une grande rigueur. L’index permet en un clin d’oeil de retrouver celui que vous cherchez. Et le dictionnaire biographique de 126 pages présente les grands noms de ce combat avec la rigueur de l’historien.
Histoire des traditionalistes, Yves Chiron, 640 pages, Tallandier, 26.90€
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Notre Dame à La Salette a reproché aux clercs de rechercher leur bonheur terrestre au lieu de se consacrer à servir son Fils. Elle les a mis en garde contre sa colère, mais ils n’ont rien voulu entendre. Dieu leur a envoyé la pire des malédictions : La destruction de son Église qu’ils utilisaient pour assurer leur bonheur terrestre. Il a suscité les Modernistes, qui adhéraient à la « Théologie Libérale » développée par les théologiens luthériens de Tübingen dans les années 1830, aux fondements athées, prônant le culte de l’Homme et la mondialisation. Avec le Néo-Modernisme, le Modernisme a trouvé sa radicalité et sa fin. Avec les Néo-Modernistes on a eu droit à la négation de Dieu (invention du dictamen de la conscience) et à la mise en place par le biais du Concile Vatican II de cette religion mondialiste qu’est la « religion néo-moderniste conciliaire » qui par une imposture infernale s’est parée du qualificatif de « catholique », une imposture préconisée au début du XXème siècle par Alfred Loisy qui avait déclaré que Rome serait réformée avec ou contre elle mais dans Rome. Avec Vatican II, l’homme s’est fait Dieu, la porte lui a été cependant ouverte par Grégoire VII, avec sa fameuse réforme où la Papauté a voulu dominer les laïcs et les abaisser au rang de sujets des clercs. Le Pape Innocent III s’est fait « Vice-Dicem », « Vice-Dieu », et s’est approprié les pouvoirs royaux du Christ, la « plenitudo potestatis », en se servant des attributs de l’empereur romain païen qu’il a faits sien. Ce faisant, il a ouvert les portes de l’enfer, favorisé le doute sur l’existence de Dieu, l’athéisme, et les attaques contre la religion chrétienne…Dieu a puni les Hébreux pour l’avoir contesté par dix fois, il a projeté les lévites dans l’abîme, enlevé aux Hébreux leurs guides, Moïse et Aaron, et décidé que toute la génération adulte qui était sortie d’Égypte ne verrait pas la Terre promise. Or, depuis un siècle, les hommes ayant choisi la réalisation de leur bonheur terrestre, au point qu’aujourd’hui l’immense majorité d’entre eux ne croient plus en Dieu, les choses vont de mal en pis. Avons-nous atteint le fond ? On peut en douter. Ce qui est sûr, c’est que la fin du mondialisme passe par un retour des hommes à la foi (Cf. Pierre Hilard), et le retour des clercs au service de Dieu.
Une chose importante motive ma réflexion par rapport, non à ce livre que je n’ai pas encore lu, mais à la position des tradis face à ce que je nommerais la « marche de l’histoire » ou « la concordance avec les prophéties ». Historiquement, on sait bien que l’Eglise fondée par Notre Seigneur a eu bien des vicissitudes et scissions au point de brouiller le sens même de la Foi pour beaucoup. Catholiques ? Protestants ? Orthodoxes ?Lesquels sont vraiment Chrétiens en définitive et l’histoire même de la Papauté ne nous montre t’elle pas qu’elle n’a pas toujours été « Inspirée » mais bien tristement soumise au péché et à ses crimes ! Nombreux sommes nous dans nos « milieux » à invoquer ici ou là les prophéties, notamment les plus récentes de la Salette et de Fatima. Dans cette optique et sans que l’on puisse affirmer interpréter ces paroles rapportées de la Sainte Vierge, ces avertissements, voire les versets sur la fin des temps de l’Apocalypse, il faut savoir si oui ou non nous imaginons un avenir de style fidèle à la Tradition pour l’Eglise ? Ou bien une fin d cette même Eglise dont il est bien dit qu’elle s’écartera ou s’est écartée de la Foi transmise par les Apôtres. Peut-on dire, par exemple, que nous devons pratiquer comme avant le Concile et attendre l’avènement d’un pape fidèle à la Tradition reniant donc le Concile…ou bien que, fatalement, tout en continuant à pratiquer ainsi, nous devons bel et bien attendre l’accomplissement de la Promesse du Christ (répétée dans le Crédo) de revenir parmi les hommes infidèles qui n’ont pas converti le monde entier ?
Je penche plutôt pour la seconde hypothèse et je rends hommage aux hommes de bien qui ont sauvé et sauvent l’honneur du Christ et de son Eglise à la dérive, par leur vie pieuse et leurs oeuvres de préservation de la Tradition.