
Sans remettre en cause le concile Vatican II, l’archevêque Raymond Burke est connu pour favoriser la messe traditionnelle et par conséquent les communautés ex-Ecclesia Dei. Cette position liturgique et non doctrinale a ses limites dans la défense de la Tradition et de la Foi catholique. Des limites visibles et pratiques…
Mgr Marcel Lefebvre : « Ce n’est plus seulement une question de liturgie, aussi importante soit-elle, qui nous sépare de Rome, mais une question de Foi »
« Ce n’est plus seulement une question de liturgie, aussi importante soit-elle, qui nous sépare de Rome, mais une question de Foi ».
Ainsi s’exprimait Mgr Marcel Lefebvre. De préservation de la Foi catholique qui s’exprime dans la liturgie mais aussi dans la morale, la discipline, les sacrements ; Foi qui n’est pas la foi conciliaire qui s’exprime tout autant dans la nouvelle messe, la nouvelle liturgie, les nouveaux sacrements, sacrements bâtards comme les appelait Mgr Lefebvre, une nouvelle discipline, une nouvelle morale nuancée de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel aujourd’hui.
La lecture récente d’un article du journaliste catholique américain Chris Jackson, ancien journaliste de The Remnant, confirme l’objectivité de ces paroles de Mgr Marcel Lefebvre. Mais quel rapport tout ceci avec le cardinal Burke, vous direz-vous ?
Dans un article paru récemment sur son blog Hiraeth en exil, et traitant de l’augmentation du nombre de transsexuels (c’est-à-dire de femmes) ‘ordonnés’ prêtres dans l’église conciliaire, Chris Jackson rappelle un fait peu connu des lecteurs français concernant la ‘praxis’ du cardinal Burke, connu pour favoriser la Messe traditionnelle et par conséquent les communautés ex-Ecclesia Dei, mais connu aussi pour son adhésion au concile Vatican II dont il critique certains aspects secondaires mais non l’esprit mortifère.
En 1997, Mgr Raymond Burke a approuvé et promu dans son diocèse de La Crosse une congrégation religieuse féminine cofondée par « Sœur Julie » Green, né Joel Green
Dans les années 1990, écrit Jackson, le cardinal Raymond Burke, alors évêque de La Crosse aux Etats-Unis, a lui-même « approuvé et promu une congrégation religieuse féminine cofondée par « Sœur Julie » Green, né Joel Green, un homme ayant subi une opération de changement de sexe. Face à des inquiétudes, Burke a défendu la fondatrice, affirmant qu’« elle » n’avait pas promu la moralité de l’opération et mettant en garde ses détracteurs contre les « jugements hâtifs ». Rome n’a agi qu’après que l’affaire eut été rendue publique ».
« En 1997, lit-on encore dans l’article, l’évêque Burke a approuvé les Servantes franciscaines de Jésus, une congrégation féminine cofondée par « Sœur Julie » Green, qui avait subi une opération de changement de sexe des années auparavant. Les faits n’ont pas été cachés : des plaintes ont été déposées, des lettres ont été envoyées au nonce apostolique et des consultations au Vatican ont été reconnues. Dans sa défense écrite, Burke reconnaissait le sexe biologique de la ‘cofondatrice’ et le désordre moral de l’opération, tout en justifiant son autorisation à fonder la congrégation et à y participer. Son expertise en droit canonique n’a pas empêché l’évêque de considérer l’affaire comme une singularité pastorale plutôt que comme une impossibilité manifeste. »
À la fin des années 1990, Mgr Burke demandait à l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre de venir de célébrer la messe tridentine dans une paroisse de son diocèse
Mgr Burke s’était notamment défendu dans une lettre datant du 20 novembre 2002 adressée à une fidèle inquiète de cette situation, Mary Therese Helmueller, en précisant qu’il avait agi avec l’aval du Saint-Siège, Jean-Paul II régnant : « Concernant Sœur Julie Green, FSJ, la reconnaissance de l’association de fidèles qu’elle et Sœur Anne LeBlanc ont fondée n’a été accordée qu’après consultation du Saint-Siège », écrit-il. « Ces questions sont confidentielles et n’appellent aucun commentaire supplémentaire… Je peux vous assurer que Sœur Julie Green ne considère en aucun cas une opération de changement de sexe comme juste ou bonne. Au contraire, elle la considère comme gravement désordonnée. Par conséquent, je vous mets en garde contre les jugements irréfléchis que vous avez portés dans votre lettre au Nonce apostolique. »
Or, tout en érigeant, à la fin des années 1990 et avec l’aval de la hiérarchie de l’église conciliaire cette congrégation féminine co-fondée par ce Joël Green, homme transsexuel qui se prend pour une femme, Mgr Raymond Burke demandait à l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre de venir de célébrer la messe tridentine dans une paroisse de son diocèse. Notons qu’avant son départ en 2003, la congrégation controversée a été supprimée par Burke lui-même, et n’existe plus aujourd’hui.
Les contradictions de Mgr Burke : le combat pour la Messe de toujours se trouve dissocier de la lutte contre les apostasies pratiques de Vatican II
Chez le cardinal Burke, à l’opposé de Mgr Marcel Lefebvre, le combat pour la Messe de toujours se trouve ainsi dissocier de la lutte contre les apostasies pratiques et les nouvelles règles de morale inverties induites par Vatican II. Et le conduit à de tels actes contradictoires, promouvoir la Messe de la Tradition tout en détruisant la morale traditionnelle, à justifier moralement l’injustifiable pratique de l’église conciliaire. La loi de prière n’est plus la loi de la foi.
Alors si aujourd’hui, le cardinal Burke, lors de la conférence annuelle de droit canonique Speculum iustitiae qu’il préside présente le phénomène des femmes transsexuelles ‘ordonnés’ prêtres « comme un symptôme de l’effondrement de l’Église », que ne se rappelle-t-il pas qu’il a favorisé cette monstruosité en tant qu’évêque ! « C’est l’emblème parfait du « traditionalisme » post-Vatican II : s’élever contre le péché à la tribune, mais transformer la discrétion pastorale en capitulation doctrinale lorsque la décision vous appartient » analyse fort justement Chris Jackson.
Dissocier la lutte contre les réformes novatrices et conduisant à l’apostasie de Vatican II, « le plus grand désastre de ce siècle et de tous les siècles passés, depuis la fondation de l’Église », à la nouvelle religion conciliaire, à une nouvelle foi, du combat pour la Messe de toujours ne mène qu’à une impasse et à terme, plus court que long, à l’acceptation pratique des hérésies néo-modernistes et néo-protestantes que ce concile a imposées au monde catholique – et cette ‘praxis’ du cardinal Burke l’illustre parfaitement -.
Les deux batailles vont ensemble, sont inséparables, en vérité elles ne sont qu’une même et unique résistance à la crise de la foi qui secoue l’Église, l’auto-détruit :
« Ce n’est plus seulement une question de liturgie, aussi importante soit-elle, qui nous sépare de Rome, mais une question de Foi ».
Francesca de Villasmundo
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