Les éditions du Triomphe ont réédité cette oeuvre de la comtesse de Ségur : La Bible d’une Grand-Mère.
Toute heureuse d’avoir cette magnifique réédition entre les mains, que j’ai feuilletée, parcourue longuement, j’ai malheureusement manqué un chapitre, je dirai une page ! L’avertissement de l’éditeur était pourtant bien là, détaillé sur toutes les corrections et remaniement de texte que les éditions du Triomphe ont entrepris malheureusement, dans un souci de ne pas « choquer » de plaire aux lecteurs du XXI° siècle… C’est tout simplement trahir le texte.
Voici le texte de l’avertissement de l’éditeur :
« Dans le texte original de La Bible d’une grand-mère de la comtesse de Ségur, la foi expliquée et transmise aux enfants s’appuie sur le catéchisme et la tradition catholiques, mais fait place aussi à certaines croyances scientifiques et certaines habitudes sociales et religieuses de l’auteur et de l’époque. Pour leur très grande majorité, elles sont expliquées de façon très identifiable dans le dialogue de la grand-mère avec ses petits-enfants, et participent au style voire au charme du texte. Quand cela est nécessaire, elles sont expliquées par des notes en bas de page que nous avons ajoutées.
Certaines conceptions, toutefois, ne sont plus recevables de nos jours, compte tenu des progrès effectués depuis deux siècles dans les connaissances et les relations entre les confessions religieuses. C’est ce qui a conduit à corriger quelques passages du texte qui suit, afin qu’il soit recevable en toute sérénité dans les familles, par les jeunes lecteurs d’aujourd’hui. En fin d’ouvrage, on trouvera une notice qui donne le détail de ces corrections, par souci d’honnêteté envers le lecteur d’aujourd’hui.
Il est par ailleurs utile de savoir que le texte de L’Évangile d’une grand-mère et des Actes des apôtres d’une grand-mère a été écrit et publié avant le texte de La Bible d’une grand-mère (Ancien Testament) qui ont été replacés dans leur continuité chronologique et par souci de cohérence. »
Et le texte en fin d’ouvrage : Précisions sur les corrections :
« Les corrections et actualisations portées au texte de cette Bible une grand-mère, limitées au strict nécessaire et voulues au bénéfice du lecteur d’aujourd’hui, ont été guidés par le souci d’en retirer principalement les erreurs scientifiques manifestes, les jugements de valeurs condescendants envers d’autres peuples et religions, en particulier le peuple juif, et les préjugés misogynes.
Ainsi, concernant la chronologie historique, on pouvait fermement croire au XIXe siècle qu’Adam avait été créé 4000 ans avant la naissance du Christ. Nous avons supprimé cette mention qui n’était pas à l’avantage du texte quand elle prétendait dater historiquement le récit de la création ainsi que les épisodes majeurs de la Genèse jusqu’à Abraham. Quand cela était pertinent, elle a été remplacée par l’expression « milliers d’années » qui ne dénature pas l’approche du texte original et qui n’est pas non plus trompeuse.
Deuxièmement, l’infidélité du peuple d’Israël face à la bonté de Dieu durant le récit biblique ainsi que l’incrédulité des dignitaires religieux juifs face à l’avènement du Christ conduisent la comtesse de Ségur et ses jeunes interlocuteurs à adopter à plusieurs reprises un ton critique sévère et sans nuances vis-à-vis des Juifs, irrecevable pour l’éditeur et pour le lecteur contemporains. Cette approche, symptomatique d’un tour d’esprit antisémite de l’époque, et bien qu’elle soit mise en scène par le biais des réflexions puériles par nature, a nécessairement été atténuée afin de ne pas généraliser à tout un peuple les fautes de quelques-uns. . Pour être plus en phase avec une compréhension améliorée du mystère d’Israël dans l’économie du salut dont nous bénéficions aujourd’hui, la mention globalisante « les Juifs » a ainsi régulièrement laissé la place aux formulations suivantes : « des Juifs », « les hauts religieux juifs » ou encore « la foule ». Énoncés à l’occasion d’incises, les quelques propos lapidaires justifiant la mort brutale des méchants en affirmant l’infériorité des croyants d’autres confessions chrétiennes ont eux aussi été retirés, car ils n’apportaient rien au développement du récit.
Dans le même esprit, les quelques passages décrivant les femmes comme inférieures aux hommes nous ont paru datés et parfaitement dispensables. L’ensemble de ces interventions laisse le texte original intact dans son écrasante majorité et garantie au lecteur une expérience de découverte authentique de l’œuvre de la comtesse de Ségur. »
Je vous présente toutes mes excuses pour cette erreur.
Laure Macaire.
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