Le ministère américain de la Justice a lancé une enquête fédérale pour déterminer si les principales dirigeantes de la Black Lives Matter Global Network Foundation (BLMGNF) ont escroqué des donateurs qui ont versé plus de 90 millions de dollars lors des prétendues manifestations pour la justice raciale de 2020.
Fonds détournés à des fins personnelles
L’enquête fédérale, initialement lancée sous l’administration Biden, s’est poursuivie durant le second mandat de Trump. Elle est supervisée par le procureur fédéral Bill Essayli.
L’enquête, menée par le bureau du procureur fédéral du district central de Californie, porte sur la gestion par l’organisation nationale de l’afflux massif de dons suite à la mort de George Floyd à Minneapolis. Les enquêteurs cherchent à déterminer quels fonds ont été détournés à des fins personnelles et si les donateurs ont été induits en erreur quant à l’utilisation de leurs dons.
Des citations à comparaître ont été adressées aux dirigeants de la fondation, et au moins un mandat de perquisition a été exécuté ces dernières semaines. Cependant, aucune accusation criminelle n’a encore été portée et l’enquête se poursuit.
Achat d’une luxueuse propriété avec piscine à Los Angeles
Les déclarations fiscales montrent que la BLMGNF a clôturé son exercice 2021 avec un actif d’environ 42 millions de dollars. En 2024, l’actif s’élevait à 28 millions de dollars, tandis que les revenus ont chuté brutalement par rapport à leur pic de 2020, pour atteindre 6,8 millions de dollars.
Parmi les dépenses les plus controversées figure l’achat, en 2022, d’une luxueuse propriété à Los Angeles pour 6 millions de dollars. Cette propriété, comprenant une maison de sept chambres et sept salles de bains, une piscine et une maison d’hôtes, était décrite par la fondation comme une « Maison de la Joie Noire ». La section de Los Angeles du mouvement Black Lives Matter y a installé son siège social et ses salles de réunion. Des fêtes privées y ont été organisées par Patrisse Cullors.
Patrisse Cullors, 42 ans, cofondatrice du mouvement Black Lives Matter et directrice exécutive jusqu’à sa démission en mai 2021, a également fait l’objet d’un examen minutieux concernant son patrimoine immobilier personnel. Les documents publics révèlent que Mme Cullors a acquis quatre maisons d’une valeur totale de 3,2 millions de dollars, dont des propriétés à Los Angeles et en Géorgie.
Les documents fiscaux révèlent également des millions de dollars versés à des cabinets de conseil liés à des membres influents du mouvement BLM, ainsi que d’importantes rémunérations de dirigeants.
Des sections locales du mouvement Black Lives Matter avaient déjà fait face à des condamnations pour fraude distinctes. Un militant de Géorgie a été condamné à 42 mois de prison pour avoir détourné 450 000 $ de dons. À Atlanta, un leader autoproclamé du mouvement Black Lives Matter local a été arrêté par le FBI pour avoir détourné 200 000 dollars de fonds collectés par BLM du Grand Atlanta à des fins personnelles. Tyree Conyers-Page a plaidé coupable l’an dernier de fraude électronique et de blanchiment d’argent. Ces cas ne sont pas isolés. Mais ces affaires n’ont aucun lien avec l’enquête visant la fondation nationale.
Les enquêtes fédérales pour fraude de cette ampleur peuvent prendre des années à résoudre. Les accusations potentielles pourraient inclure la fraude par voie électronique, la fraude postale ou le complot, autant d’infractions passibles de peines de prison importantes si elles sont prouvées.
« Des escrocs et des voleurs »
L’enquête fédérale a non seulement attiré l’attention sur l’affectation des dons, mais a également relancé les interrogations sur le fonctionnement interne du mouvement Black Lives Matter. Ce mouvement est composé de deux entités : une fondation à but non lucratif chargée de collecter des fonds et des sections locales de BLM qui mènent des actions de terrain telles que des manifestations et des rencontres communautaristes.
Au plus fort des manifestations de 2020, la fondation a reçu plus de 90 millions de dollars de dons de particuliers et d’entreprises souhaitant soutenir le mouvement. De nombreuses sections locales cette année-là, y compris la section principale à Los Angeles, ont déclaré n’avoir jamais perçu leur part de ces fonds. Selon un rapport d’impact de 2020 , 21,7 millions de dollars devaient être distribués par la coalition nationale de Black Lives Matter à des organisations noires, y compris des sections locales. Or, d’après la coalition désormais dissoute, en juin 2021, ces fonds n’avaient pas été versés. La même année, des familles de personnes présentées comme des victimes de violences policières ont accusé la fondation d’ utiliser le nom de leurs proches à des fins lucratives.
La section de Los Angeles a fini par se séparer et former Black Lives Matter Grassroots. Evoquant certains dirigeants nationaux de Black Lives Matter, la section de Los Angeles les a considérés publiquement comme « des escrocs et des voleurs ».
Pierre-Alain Depauw
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