Mercredi 26 février 2025, à Canterbury, ont eu lieu les funérailles de S. E. Mgr Richard Nelson Williamson, en présence de quatre évêques, de nombreux prêtres et fidèles. Une ambiance de catacombes : fidélité, prières, persécutions…
S. E. Richard Nelson Williamson, l’un des quatre évêques consacrés par l’Archevêque Marcel Lefebvre en 1988, s’est éteint le jeudi 29 janvier 2025
Les funérailles de ce Prince de l’Église n‘ont eu lieu que le mercredi 26 février suivant dans une ambiance plus proche de l’atmosphère des catacombes que de celle de l’Église triomphante. Pour des questions de sécurité, elles se sont d’ailleurs déroulées uniquement sur invitation.
En guise de cathédrale, Mgr Williamson a eu droit à un « hall » de Canterbury, cependant particulier. Construit par souscription publique, ce vaste hall à charpente d’église était une salle d’exercices pour l’armée de 1912 à 1970, et servit comme hôpital pendant la seconde Guerre Mondiale. Somme toute, ce lieu militaire correspondait bien à ce combattant infatigable des droits de Dieu.
Pour ne pas risquer de se voir refuser ce hall, la persécution contre Mgr Williamson continuant après sa mort, les organisateurs ont gardé secret l’adresse jusqu’à la veille, le 25 février, ce qui a permis aux évêques, prêtres et fidèles déjà dans le Kent de pouvoir venir lui rendre un dernier hommage autour de son cercueil ouvert lors d’une veillée funèbre. Après diverses messes de Requiem célébrées et un Rosaire récité, le cercueil a finalement été fermé avant la Messe Pontificale de Requiem du lendemain.
La Messe Pontificale de Requiem du 26 février 2025
En présence de Leurs Excellences Thomas d’Aquin, Giacomo Ballini et Michał Stobnicki, de plusieurs religieux et prêtres dont certains de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, des membres de la famille Williamson, dont le frère aîné de Son Excellence, Harry, et ses neveux (dont deux ont aidé à transporter le cercueil hors de l’église) et de quelques 200 fidèles. Mgr Paul Morgan, compatriote de Mgr Williamson, a célébré cette Messe de Requiem pour le repos de l’âme de son confrère, ami, et père dans l’Épiscopat.
À la fin de la messe Mgr Paul Morgan a prononcé un sermon retraçant le combat de Mgr Williamson, -qu’il surnomma plusieurs fois « The Good Bishop »-, pour la gloire de la Sainte Église Catholique.
La revue catholique anglaise, The WM Rewiev a fait un résumé fidèle de ce sermon, des « Cinq absoutes » et de l’éloge funèbre du frère de Mgr Williamson, Harry, dans un article intitulé Un évêque turbulent : Mgr Morgan « a évoqué le caractère providentiel de la mort de l’évêque Williamson : dans son propre pays plutôt qu’à l’étranger, avoir eu son accident vasculaire cérébral à la maison plutôt que dans un aéroport, avoir reçu l’extrême-onction rapidement, être entouré d’amis et de famille, et partir paisiblement. Malgré cette paix, Morgan a souligné que « la vie est un combat » – pour notre salut, ainsi que contre le monde, la chair et le diable, et les erreurs de la crise moderne de l’Église.
« Un évêque turbulent »
« Mgr Morgan a répondu à une critique formulée peu de temps après la mort de Williamson par un certain prêtre allemand. Ce bulletin regrettable et inopportun accusait le défunt évêque des faits suivants : « Il avait du mal à concilier la grâce et la nature. D’un côté, il accordait volontiers crédit aux messages, apparitions et autres phénomènes surnaturels ; de l’autre, il tendait vers un certain naturalisme, accordant à la politique et aux phénomènes contemporains une place excessive dans ses sermons et ses conférences. »
« Mgr Morgan a rejeté une telle accusation et a expliqué pourquoi elle était totalement dénuée de fondement, tout en faisant preuve de trop de diplomatie pour nommer le prêtre en question.
« Il a ensuite réfléchi au lieu de la cérémonie et à la fête liturgique du jour, établissant un lien entre le rôle de Saint Ethelbert (roi païen du Kent, fêté le 26 février) dans la conversion de l’Angleterre. Lorsque saint Augustin de Cantorbéry et ses collaborateurs arrivèrent à Cantorbéry, envoyés par le pape Grégoire le Grand, le roi Ethelbert reçut les missionnaires avec bienveillance. Æthelbert était lui-même païen, mais il était marié à une princesse chrétienne franque. Mgr Morgan n’a pas manqué de rappeler à l’assemblée que l’un des thèmes favoris de Williamson était l’importance et le pouvoir des bonnes épouses. En peu de temps, le roi Ethelbert et son royaume furent baptisés. En temps voulu, Augustin fut nommé archevêque de Canterbury dans le royaume du Kent. Morgan établit des parallèles entre ces événements cruciaux dans la conversion de notre nation et le travail de Williamson en tant qu’apôtre de l’Église catholique de nos jours.
Les funérailles sont un moment de « trêves » ou de cessez-le-feu
« Mgr Morgan passa de Saint Augustin de Canterbury à Saint Thomas Becket de Canterbury , évoquant son martyre pour la liberté et l’indépendance de l’Église, ainsi que le fait regrettable que les obsèques de S. E. Mgr Williamson aient eu lieu dans une salle plutôt que dans une cathédrale. Néanmoins, Morgan remercia ceux qui avaient travaillé pour faire de la salle un cadre digne pour les funérailles. »
Dans son sermon, Mgr Morgan a également fait référence à un dicton français selon lequel les funérailles sont un moment de « trêves » ou de cessez-le-feu.
L’article de WM Review continue ainsi :
« Ce thème de la lutte et du témoignage de saint Thomas a été repris dans une lettre de l’archevêque Carlo Maria Viganò, que Mgr Morgan a ensuite lue à haute voix. Mgr Viganò a rendu hommage au défunt évêque, comparant ce qu’il a appelé le « martyre blanc » de ses dernières années au « martyre rouge » de Becket. »
Memento de S. E. Mgr Richard Williamson
« Cinq absolutions » et éloge final
« Une cérémonie inhabituelle s’ensuivit, connue sous le nom de « Quinque Absolutiones » ou « Cinq Absolutions ». L’Encyclopédie catholique décrit cette cérémonie comme suit : « Lors des funérailles des évêques, cardinaux, souverains, etc., on prononce non pas une, mais cinq absolutions selon les formes prévues dans le Pontificale Romanum. Elles sont prononcées par cinq évêques ou autres « prélats », chaque absolution étant précédée d’un répons distinct. »
« Après les absolutions et les parties religieuses des funérailles, M. Harry Williamson a prononcé un éloge funèbre sur « Richard le garçon, Richard le frère, Richard l’homme ». Il a lui aussi fait référence à saint Thomas de Canterbury, en particulier au fait que le roi Henri II l’appelait « ce prêtre turbulent ». M. Williamson a ajouté, provoquant les rires des personnes en deuil, qu’il était évident « où il voulait en venir » avec cette référence. Il a également parlé de la distance qui le séparait de son défunt frère et du peu de connaissances qu’il avait de la vie et du travail jusqu’à récemment. M. Williamson a remercié le secrétaire et les collaborateurs de l’évêque défunt pour tout leur travail avec son frère, et surtout pour l’organisation des funérailles elles-mêmes. Ces dernières étaient certainement un exploit. »
Après la messe, toujours en raison de la persécution des autorités civiles et religieuses, de la haine des gauchistes et des nécessaires mesures de sécurité, seuls les quatre évêques présents et quelques prêtres, la famille leur ayant laissé la place, ont pu accompagner le cercueil de Mgr Williamson pour la mise en terre catholique.
Si le lieu doit rester secret « Mgr Williamson souhaitait y être enterré » selon The WM Review.