Lorris Chevalier sur les pas de Régine Pernoud
Lorris Chevalier est docteur en histoire médiévale. Il a été consultant pour deux des derniers films de Ridley Scott. Il participe à des revues et colloques universitaires et est l’auteur d’un ouvrage en anglais intitulé A Medieval Cabinet of Curiosities. Il signe son premier livre en français, La femme au Moyen Âge publié aux éditions Salvator. Ce sujet a autrefois été traité par Régine Pernoud (1909-1998) mais à son époque peu de sources étaient disponibles. Aujourd’hui, la virtualisation des documents permet d’accéder facilement aux archives qu’il était compliqué de consulter auparavant, à moins de voyages dans chaque lieu de conservation. Or, contrairement à beaucoup de préjugés tenaces, ces documents prouvent le pouvoir et l’influence des femmes dans la société médiévale. Grâce à la christianisation, dont trop d’historiens contemporains nient ou réduisent le rôle, la femme a été majoritairement respectée pendant l’époque médiévale, et cela dans tous les aspects de la vie.
La courtoisie médiévale
Il est essentiel de souligner que le Moyen Âge a été le théâtre d’une véritable éclosion de la « valeur courtoise », cette éthique de respect et d’honneur portée à la femme, souvent confondue à tort avec la simple idée d’amour courtois. En réalité, la courtoisie médiévale dépasse la sphère de la littérature et de la poésie pour devenir une véritable pratique sociale chevaleresque. Elle est encouragée non seulement par certains membres du clergé, qui y voient un moyen d’instaurer un ordre moral, mais aussi par les institutions politiques, et elle n’est pas l’apanage exclusif de la noblesse. Par ce biais, la femme est élevée à un statut singulier, porté par des valeurs d’honneur, de respect et d’idéalisation qui n’ont que peu d’équivalents à d’autres époques. L’éthique courtoise invite à reconnaître ce supplément d’âme qui habite la femme, cette capacité unique à incarner la beauté, à inspirer et sublimer les sentiments, la créativité, et parfois même la destinée des hommes. En ce sens, le Moyen Âge nous rappelle que la reconnaissance de la femme ne se limite pas aux seules luttes politiques ou économiques, mais s’enracine aussi dans une profonde appréciation de sa singularité spirituelle et symbolique, aujourd’hui trop souvent oubliée.
Ce livre brise les légendes noires et les clichés
Lorris Chevalier a voulu dépasser les clichés et les légendes, en explorant des figures souvent méconnues : des femmes médecins, des femmes d’affaires, des femmes de pouvoir, des femmes guerrières, des femmes de lettres, des femmes saintes, des meurtrières, des troubadouresses… Il nous éclaire ainsi sur la richesse et la complexité de la condition féminine médiévale.
Le lecteur découvrira les rôles variés des femmes dans les corporations, dans les ordres de chevalerie et les tournois, dans le sport et la chasse, dans les complots. Reines, abbesses, mécènes, marchandes, artisanes, les femmes occupent une place essentielle dans l’histoire médiévale. Leur mode de vie est aussi analysé rigoureusement par Lorris Chevalier : hygiène, vêtements, cosmétiques, alimentation, loisirs. Les faits historiques mis en lumière surprendront plus d’un lecteur… et d’une lectrice !
Ex Libris
La femme au Moyen Âge, Lorris Chevalier, éditions Salvator, 2025, 280 pages, 22 euros
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