
Peter Mandelson a été limogé de son poste d’ambassadeur de Grande-Bretagne aux États-Unis après la divulgation de ses liens avec le pédo-criminel Jeffrey Epstein.
Epstein, « mon meilleur ami »
Mandelson était sous une pression croissante au sujet de sa relation avec Epstein depuis que les législateurs américains ont publié lundi un « livre d’anniversaire », compilé pour le 50e anniversaire d’Epstein en 2003, dans lequel l’ambassadeur avait écrit une note manuscrite décrivant Epstein comme « mon meilleur ami ».
Malgré cette révélation, le Premier ministre britannique Starmer avait d’abord défendu avec force son ambassadeur, déclarant au Parlement que Mandelson avait « toute sa confiance ».
Quelques heures plus tard, le scandale a fait boule de neige : Bloomberg a publié une série de courriels entre Mandelson et Epstein, dans lesquels Mandelson exprimait son soutien à son ami et proposait de discuter de sa tristement célèbre affaire de 2008 en Floride avec ses contacts politiques.
Epstein a plaidé coupable de deux chefs d’accusation de prostitution et a purgé 13 mois de prison après un accord controversé. Cependant, les courriels obtenus par Bloomberg ont montré que Mandelson avait continué à soutenir Epstein après cette condamnation.
« Je pense que vous et moi sommes tous deux désespérés et furieux face à ce qui s’est passé », a écrit Mandelson. Il a conseillé Epstein, lui suggérant de riposter en utilisant des techniques tirées de « L’Art de la guerre » de Sun Tzu.
En annonçant que Mandelson était démis de ses fonctions, le ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré que les courriels montraient que « la profondeur et l’étendue » de la relation de l’ancien ambassadeur avec Epstein sont « matériellement différentes de celles connues au moment de sa nomination ».
Scandale et onde de choc
Le scandale entourant Mandelson a créé un autre énorme casse-tête politique pour le Premier ministre britannique, qui a dû faire face à des questions sur son manque de jugement lors de la nomination de Mandelson alors que l’amitié de l’ambassadeur avec Epstein était bien connue.
Mandelson a éludé pendant des années les questions sur ses liens avec Epstein. Interrogé l’année dernière sur sa relation avec le délinquant sexuel, Mandelson avait balayé la question en la qualifiant d’« obsession » journalistique.
Mais les allégations sont devenues plus difficiles à rejeter lorsque les démocrates du Congrès ont publié des copies du « livre du 50e anniversaire » d’Epstein, compilé par Ghislaine Maxwell, sa petite-amie de l’époque, reconnue coupable de trafic sexuel en 2022 et qui purge une peine de 20 ans.
Parmi les 238 pages du livre se trouve une note manuscrite, entrecoupée de photographies de Mandelson et d’Epstein, qui commence ainsi : « Il était une fois un homme intelligent et vif d’esprit qu’ils appellent « mystérieux » qui a été parachuté dans ma vie. »
Mandelson écrit avoir passé « de nombreuses heures » à attendre que cet homme apparaisse, à rencontrer ses amis « intéressants », et à voir comment cet homme l’emmenait dans « l’une de ses glorieuses maisons », à côté d’une photo d’une île.
« Où qu’il soit dans le monde, il reste mon meilleur ami », écrit Mandelson.
La note de Mandelson à Epstein était entrecoupée d’images d’eux ensemble.
Dans une interview accordée mercredi au tabloïd britannique The Sun, Mandelson a déclaré avoir trouvé ces propos « très embarrassants » à lire et craindre d’autres échanges « très embarrassants » à court terme.
Le ministère des Affaires étrangères a déclaré : « À la lumière de cela, et conscient des victimes des crimes d’Epstein, il a été retiré de son poste d’ambassadeur avec effet immédiat »
« Prince des Ténèbres »
Mandelson était surnommé dans les cercles politiques le « Prince des Ténèbres ». Pour quelle raison ? Pour ses talents machiavéliques, affirme-t-on maintenant. Seulement pour cela ? Mandelson fut directeur de la communication du Parti travailliste dans les années 1980. Il a contribué à transformer le parti, qui a finalement remporté une victoire écrasante aux élections de 1997 sous Tony Blair.
Il avait démissionné de son poste de ministre en 1998 pour ne pas avoir déclaré un prêt contracté auprès d’un collègue millionnaire. Il est revenu au gouvernement l’année suivante, mais a de nouveau démissionné en 2001, accusé d’avoir utilisé sa position pour influencer une demande de passeport britannique au profit d’un riche donateur.
Mandelson a ensuite quitté Westminster pour Bruxelles, devenant commissaire européen au Commerce de 2004 à 2008. Il est encore revenu au gouvernement pour la troisième fois sous la direction du Premier ministre Gordon Brown, avant de se tourner vers le secteur privé après la défaite du Parti travailliste aux élections générales de 2010.
Après sa victoire écrasante aux élections de juillet dernier, Starmer avait initialement laissé Karen Pierce ambassadrice du Royaume-Uni aux États-Unis. Mais après la victoire de Donald Trump pour un second mandat à la présidence des États-Unis en novembre, Starmer avait nommé Mandelson pour manœuvrer dans le Washington de Trump.
Pierre-Alain Depauw
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !






