
Lors de son premier voyage apostolique en Turquie, le pape Léon XIV a marché sur le chemin œcuménique innové au concile Vatican II. La doctrine catholique est mise de côté au nom de l’union avec les « églises sœurs » et d’une déclaration commune au Phanar, à Istambul.
En Turquie, prière œcuménique avec le patriarche orthodoxe Bartholomée dans l’esprit de Vatican II
Le pape Léon XIV et le patriarche orthodoxe Bartholomée se sont rencontrés à Iznik, en Turquie, ville bâtie sur les ruines de l’ancienne Nicée, pour une rencontre de prière œcuménique. Cet événement a été présenté, tant dans les milieux catholiques qu’orthodoxes, comme un « moment historique », un prélude à la réconciliation entre l’Orient et l’Occident.
Sur le site même où s’est tenu le premier concile il y a 1 700 ans, sur les ruines de l’ancienne basilique Saint-Néophyte d’Iznik, Léon XIV a ainsi récité le Credo aux côtés du patriarche Bartholomée et d’autres chefs des Églises orthodoxes, mais aussi des pasteurs luthérien, anglican, méthodistes, évangélistes, pentecôtiste, etc., en somme devant un parterre constitué de toute la diversité des sectes protestantes et orthodoxes. Le désir d’une pleine communion, selon les lignes conciliaires donc au détriment de la doctrine catholique, était l’axe de la rencontre.
Léon XIV a justifié dans son discours cet acte œcuménique comme « le désir de pleine communion entre tous ceux qui croient en Jésus-Christ ». Mais « Les Pères de Nicée n’auraient pas approuvé cette démarche. Pour eux, confesser le Christ comme vrai Dieu distinguait les catholiques des hérétiques. Cela ne créait pas comme par magie l’unité avec les Ariens » note l’excellent blog Hiraeth In Exile.
Le Credo de Nicée récité en anglais sans le Filioque, s‘inscrit dans cette recherche de l’unité par-dessus la doctrine
Ce geste symbolique, continuité des premiers gestes œcuméniques nés de Vatican II, a été accompli à l’endroit même où le Credo fut professé et récité pour la première fois en 325. La confession de foi christologique, a déclaré le pape, « est un lien profond qui unit déjà tous les chrétiens ». Ce choix du Credo de Nicée par Léon XIV, récité en anglais sans le Filioque, n’est pas anodin et s‘inscrit dans cette recherche de l’unité par-dessus la doctrine, ce Credo étant « professé dans les liturgies orthodoxes et de nombreux offices protestants » et « dans sa version originale, sans le Filioque qui relate la procession du Saint-Esprit venant de Dieu le Père et du Fils dans la théologie trinitaire », la théologie du Filioque étant une des pierres de division entre les Catholiques et les Orthodoxes. MPI s’en est fait l’écho dans l’article Nouvelle trahison de l’Église conciliaire : minimisation officielle du Filioque.
« Pendant des siècles, l’Église latine a considéré le Filioque comme une expression non négociable de la vérité révélée. Florence enseignait explicitement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils « comme d’un seul principe » et condamnait le rejet de cette doctrine. Aujourd’hui, cette clause est perçue comme un obstacle à lever lors des moments clés de l’œcuménisme. Le dogme subsiste dans les manuels scolaires ; il disparaît dans la pratique » analyse encore Hiraeth In Exile.

Léon XIV et Bartholomée ont signé une déclaration commune centrée sur le vœu de « vivre de nouveau » dans l’unité par-dessus la doctrine
Pour aller plus avant, cette prière œcuménique souligne que l’objectif n‘est plus de ramener les frères séparés au seul bercail du salut qu’est l’Église catholique mais de trouver un terrain d’entente tel le premier Credo de Nicée. Ainsi il n’y a pas d’obligation de croire aux dogmes venus après le premier millénaire et ce qu’on appelle dans l’histoire de l’Église non revisitée par le concile Vatican II, le Schisme d’Orient. La fameuse Primauté de Pierre contestée par les Orthodoxes est ainsi optionnelle.
Ensuite, à Istanbul, à l’église patriarcale Saint-Georges (église du patriarcat orthodoxe) située dans le Quartier du Phanar, le Pape Léon XIV et le Patriarche œcuménique Bartholomée ont signé, toujours avec cet esprit conciliaire, une déclaration commune publiée la veille de la fête de saint André, centrée sur le vœu de « vivre de nouveau » dans l’unité, et qui est explicitement dans la continuité, rappellent les deux signataires, de la déclaration Paul VI avec le patriarche Athénagoras du 7 décembre 1965, à la veille de la conclusion du concile Vatican II, et qui parlait du retour à la « pleine communion de foi, à l’accord fraternel et à la vie sacramentelle » du premier millénaire.
La déclaration se réjouit, comme signe d’unité, que tous les chrétiens aient célébré Pâques le même jour cette année et exprime le désir d’une date commune et stable. « Une Pâque commune panchrétienne devient le sacrement de l’unité. L’idée qu’une foi commune et une soumission commune à Rome puissent être requises n’y est jamais évoquée. »
Visite de la Mosquée bleue mais pas de Sainte Sophie, dialogue inter-religieux oblige
À la fin de la liturgie orthodoxe, Léon et Bartholomée sont apparus au balcon et ont donné une bénédiction œcuménique aux participants.
Que rajouter sur ce voyage ? Léon XIV a également visité la Mosquée bleue, en chaussettes, sans y prier comme Benoit XVI s’extasient quelques naïfs tradi-conservateurs, mais cela change-t-il quelque chose à l’avancée du relativisme et de l’indifférentisme religieux, à l’apostasie de la foi catholique par l’église conciliaire et ses hiérarques, non bien sûr que non mais qu’importe dans ce monde de faux-semblants et d’apparences ! Il a aussi déposé, -et on se demande bien pourquoi-, une gerbe au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, responsable du génocide des Arméniens chrétiens.
En revanche, Léon XIV n’a pas tenu à visiter la basilique Sainte Sophie, transformée en mosquée. Les risques de ‘glisser’ hors du champ lexical du religieusement correct dans cette vénérable et antique église devenue mosquée aurait été trop grand, et n’aurait pas été très ‘orthodoxe’ au regard du dialogue inter-religieux…
L’œcuménisme conciliaire reste la boussole au détriment de la doctrine catholique et du salut des âmes
Que conclure de ce premier voyage apostolique de Léon XIV en Turquie ? L’œcuménisme conciliaire reste la boussole au détriment de la doctrine catholique et du salut des âmes : « Rome n’exige plus que les orthodoxes acceptent le Pastor aeternus. Elle leur offre en revanche une primauté d’honneur propre au premier millénaire. La papauté est redéfinie comme un ministère d’écoute et de « présidence dans la charité », suffisamment autoritaire pour abolir l’ancienne messe, mais trop délicate pour exiger des schismatiques qu’ils confessent des dogmes définis par Rome elle-même » conclut Chris jackson dans Hiraeth en exil.
« Nicée devient un symbole d’unité œcuménique, non un point de ralliement pour la vérité. Léon récite le Credo, mais pas la partie rejetée par l’Orient. Il signe une déclaration commune évoquant des « Églises sœurs » et une célébration commune de Pâques, et non une soumission à Rome. Il visite une mosquée en pratiquant une « écoute attentive » et dépose une gerbe sur la tombe d’Atatürk, tout en évitant Sainte-Sophie. »
Léon XIV a trahi l’esprit de Nicée, et Nicée jugera Léon
« La vérité, qui donne à réfléchir, n’est pas seulement que Léon XIV a trahi l’esprit de Nicée. C’est que Nicée jugera Léon. Les évêques réunis au bord de ce lac en 325 étaient des hommes imparfaits, mais ils croyaient que l’erreur perd les âmes. Ils étaient prêts à perdre la faveur impériale et à endurer l’exil pour un seul mot : homoousios. Ils croyaient que l’unité naît de la vérité, et non en dissimulant les contradictions. »
Et non seulement Nicée, mais l’Église catholique et la Tradition jugeront Léon et ses prédécesseurs conciliaires pour avoir fait passer l’unité sans la vérité au-dessus de la Vérité seule source d’unité salvatrice.
Francesca de Villasmundo
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !






