Dans l’Inde d’aujourd’hui, 80 % des 1,4 milliard d’habitants sont hindous, 14 % musulmans, 2,3 % chrétiens, 1,7 % sikhs, et le reste n’est pas précisé. Toutes les minorités religieuses sont victimes d’une manière ou d’une autre de la montée du nationalisme hindou. Les chrétiens indiens sont particulièrement malmenés à la suite de l’émergence du nationalisme hindou agressif en tant que force culturelle et politique.
Augmentation significative des attaques contre les chrétiens
Ce nationalisme s’est particulièrement manifesté dans l’ascension et le succès du Parti Bharatiya Janata (BJP) du Premier ministre Narendra Modi, qui est le parti au pouvoir en Inde depuis 2014.
Façonné par l’idéologie nationaliste hindoue connue sous le nom d’Hindutva, le parti demeure la formation politique la plus importante et la plus puissante d’Inde au Parlement et dans les assemblées des États.
Dans le rapport Persécutés et oubliés : un rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi, publié en novembre par l’organisation catholique Aide à l’Église en Détresse, l’Inde a été classée parmi les pays où la persécution s’est considérablement aggravée en 2023-2024 par rapport aux deux années précédentes.
Le rapport déplore une « augmentation significative des attaques contre les chrétiens et une nouvelle législation restreignant les activités non hindoues », soulignant qu’à la fin de 2023, 720 attaques ou cas de persécution avaient été recensés dans 23 des 28 États du pays, dont 287 incidents dans le seul État de l’Uttar Pradesh, au nord du pays. En 2022, à titre de comparaison, le total des attaques s’élevait à 599.
Lois anti-conversion
Les lois anti-conversion de 12 États ont également été utilisées pour accuser des prêtres et des religieuses de convertir des mineurs et pour perquisitionner des écoles et des orphelinats. Au total, 855 personnes ont été arrêtées en vertu de ces lois entre 2020 et 2023.
Au milieu des affrontements entre les groupes ethniques Meitei et Kuki à Manipur, qui comptent respectivement d’importantes populations hindoues et chrétiennes, quelque 11 000 maisons chrétiennes et 360 églises ont été détruites, souvent avec le soutien des politiciens du BJP.
Les rapports de persécution de 2024 ont révélé une augmentation des attaques, ce qui a incité plus de 300 dirigeants chrétiens, principalement américains, dont trois archevêques, 18 évêques et 167 membres du clergé, à demander au Département d’État américain de désigner l’Inde comme un « pays particulièrement préoccupant » en vertu de la loi internationale sur la liberté religieuse de 1998.
Dans leur lettre, ils dénoncent les « violations des droits de l’homme perpétrées par l’État contre les minorités religieuses, qui s’aggravent rapidement » sous le gouvernement nationaliste hindou. Avant l’arrivée du BJP, affirment-ils, « il y avait eu des incidents de persécution importants mais sporadiques », mais aujourd’hui, « la situation a radicalement changé et s’est aggravée ».
Les signataires ont noté que l’Inde est classée 11e sur la liste de surveillance mondiale 2024 d’Open Doors International, qui révèle où la persécution des chrétiens est la plus extrême.
Open Doors, une organisation mondiale de défense des chrétiens persécutés, a expliqué dans un rapport de 2023 que « les droits de toutes les catégories de communautés chrétiennes en Inde sont violés, car les radicaux hindous… les considèrent comme étrangers à la nation ».
« Ils veulent purifier leur pays du christianisme, et ils n’hésitent pas à recourir à une violence extrême pour y parvenir. »
La « grave préoccupation » face aux « atrocités croissantes contre les chrétiens et d’autres minorités » a conduit les dirigeants catholiques en Inde, plus tard dans l’année, à convoquer une réunion, au cours de laquelle ils ont dénoncé la discrimination généralisée contre les chrétiens, des Dalits de la caste la plus basse jusqu’aux plus hauts niveaux de la société.
Ils ont lancé leur appel à la tolérance à peu près au même moment où la police de l’Uttar Pradesh arrêtait dix chrétiens, lors d’une célébration liturgique dominicale, les accusant de tenter de convertir des hindous de basse caste.
Selon le Forum chrétien uni basé à Delhi, 673 attaques violentes ont été perpétrées contre des chrétiens en octobre, ce qui suggère que les persécutions en 2024 pourraient même dépasser celles de 2023.
Chrétiens chassés de leur domicile s’ils refusent d’apostasier
La fin de la situation n’était certainement pas en vue, puisqu’en novembre, huit panchayats (conseils locaux) ont ordonné à une centaine de chrétiens du Chhattisgarh de quitter leur domicile ou de renoncer à leur foi. Des violences ont éclaté et 40 personnes ont été contraintes de se réfugier dans des églises après la destruction de leurs biens, selon Asia News.
Léo Kersauzie
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !
Commentaires