Climat d’angoisse pour les dirigeants de l’UE
Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre polonais Donald Tusk ont promis leur soutien à l’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne lors d’une visite dans le pays le 27 août.
Les trois dirigeants européens ont rencontré la présidente moldave Maia Sandu dans la capitale, Chisinau, le jour où l’ancienne république soviétique a célébré son indépendance de l’URSS.
Les alliés pro-UE de Sandu craignent en réalité les résultats des élections parlementaires moldaves prévues en septembre.
Si les Moldaves ne veulent plus de la politique pro-UE, c’est évidemment la faute à Moscou (air connu)
Macron, Merz et Tusk ont salué la résilience du pays face à ce que le gouvernement moldave et ses alliés occidentaux ont qualifié de campagne d’ ingérence de Moscou.
La Russie a réagi en niant toute ingérence dans la politique moldave.
« Notre pays a été accusé sans fondement d’interférer dans les affaires intérieures de la Moldavie et de tenter d’influencer la volonté des citoyens de la République », avait déjà déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, en octobre dernier, après le premier tour des élections présidentielles et le référendum constitutionnel en Moldavie.
La Russie a des troupes stationnées dans la région majoritairement russophone de Transnistrie, qui s’est séparée du contrôle de Chisinau lors d’une brève guerre au début des années 1990. La majorité de la population moldave, qui s’élève à environ 2,5 millions de personnes, parle roumain.
« Votre présence ici – France, Allemagne, Pologne – montre non seulement votre soutien à la Moldavie, mais aussi que le projet européen est vivant et que nous en faisons partie », a déclaré Sandu lors d’une conférence de presse ce mercredi. « Et permettez-moi de le dire clairement : il n’y a pas d’alternative à l’Europe. Sans l’Union européenne, la Moldavie restera prisonnière du passé. »
« Ingérence dans nos élections, financement illégal de l’étranger, campagnes de désinformation, cyberattaques, manifestations payantes, utilisation de l’Église et des plateformes en ligne pour des messages anti-européens, tentatives de sabotage du vote de la diaspora, efforts pour semer la haine entre les communautés », a-t-elle déclaré sans sembler se rendre compte qu’elle dressait une liste tellement longue des opposants moldaves à l’UE qu’elle démontrait par elle-même que seule une minorité soutient l’adhésion à l’UE.
Et si la véritable ingérence venait surtout de l’UE ?
Lors de la conférence de presse, Macron a prétendu que les citoyens moldaves avaient compris que l’adhésion à l’UE représentait une opportunité en termes de prospérité, de sécurité et de modernisation. La France continuera d’apporter son soutien à la Moldavie lors des prochaines étapes de son processus d’adhésion, a-t-il ajouté.
Le chancelier allemand Merz a affirmé que l’Allemagne, la France et la Pologne soutenaient la Moldavie, qui, selon lui, subit des « attaques hybrides constantes » de la part de Moscou. « La porte de l’Union européenne est ouverte et vous êtes les bienvenus dans l’Union européenne », a-t-il ajouté.
Faisant écho aux propos de ses collègues dirigeants européens, Tusk a déclaré : « Il n’y a pas d’UE sûre, pas de Pologne, de France ou d’Allemagne sûres sans une Moldavie indépendante et sûre. » Une ritournelle déjà entendue au sujet de l’Ukraine.
Lors du référendum d’octobre 2024, les Moldaves avaient voté de justesse en faveur de l’intégration dans le bloc des 27 nations. Après le référendum, la Russie avait accusé l’Occident d’« ingérence flagrante » dans le processus électoral en Moldavie.
« Le point culminant de la vaste campagne antirusse lancée par Chisinau a été la décision d’ouvrir, sous un prétexte quelconque, seulement deux bureaux de vote en Russie, où, selon diverses estimations, résident entre 300 000 et 500 000 citoyens moldaves », a souligné Zakharova. « En revanche, environ deux cents bureaux de vote ont été créés aux États-Unis et en Europe occidentale. »
Les partis eurosceptiques sont bien placés dans les sondages qui précèdent les élections du mois prochain. Le Parti des socialistes de la République de Moldavie (PSRM) est actuellement deuxième dans les sondages, derrière le Parti d’action et de solidarité de Sandu .
En juillet, le PSRM a annoncé une alliance électorale avec d’autres partis hostiles à l’adhésion à l’UE, le Cœur de la Moldavie, l’Avenir de la Moldavie et le Parti communiste, coalisés pour « mettre fin aux intérêts étrangers et à l’OTAN », selon les mots du leader du PSRM et ancien président Igor Dodon.
Pierre-Alain Depauw
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