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De temps en temps, la caste frissonne.
L’un des siens trébuche et tombe.
La justice lui rafraichit la mémoire, relève des faits, mais le juge s’embrouille et, dans le doute, rend sa liberté à l’interpellé en lui octroyant une peine avec sursis. « Je ne peux pas vous punir, mais ne recommencez pas ! ». La caste a toussé, le juge a toussé, mais l’un et l’autre, finalement, sont rassurés : la caste sur son incorrigibilité, le juge sur sa carrière. Le cours des choses peut reprendre alors sa pente licencieuse et la caste prolonger sa sourde prévarication.
Depuis Mitterrand, les affaires de corruption ou de concussion au plus haut sommet de l’Etat n’ont cessé de se développer. Les Pelat, Beregovoy, Chirac, Juppé, Carignon, Botton, Longuet, Balkany ont, de près ou de loin, été inquiétés par la justice puis se sont refaits comme l’on dit. Certains sont passés par la Santé, d’autres ont connu la disgrâce des médias ou celle d’un séjour à l’étranger. Mais la disgrâce est passagère.
Le temps passe et les français oublient.
Nicolas Sarkozy traine des casseroles au derrière depuis si longtemps que la chaussée parisienne en est déformée. Sa démarche aussi d’ailleurs, devenue avec le temps bancroche. Il ne marche plus droit. Son élocution, ses tics nerveux, son appétence au mensonge font de lui ce personnage dont on souhaiterait que la secousse fût décisive pour le soustraire définitivement de la vie publique. Il n’en est rien, hélas.
Un peu secoué par les juges sur sa loyauté d’homme d’Etat, sur son honnêteté financière, sur la sincérité de sa clameur d’innocence, il est conduit, pour peu de temps n’en doutons point, à la Santé pour y purger sa peine. Le pauvre ! Avant de franchir la porte, il passe par l’Elysée ; au moment de la franchir, les caméras l’accompagnent, le suivent et l’écoutent ; après, intra-muros, le voici flanqué de trois policiers chargés de veiller à sa sécurité ! Trois malheureux ! En prison eux aussi, pour protéger le coupable !
Ne plaignons pas l’homme. Rappelons-nous ces quelques faits.
– Au cours de son mandat, Sarkozy déclarait ceci au cours d’une conférence de presse :
– A la fin de son mandat, il faut revivre le meeting de Villepinte du 11 mars 2012 ; cette sinistre parade de politiciens qui ont tous contribué, année après année, au déclin de la France ; ce sinistre défilé de caciques de l’UMP venus soutenir le candidat Sarkozy, celui de « la France forte ! ».
– Ecoutons donc Sarkozy, au cours de ce même meeting, dire sans vergogne : « Cette colère qui monte contre l’impôt, contre l’Etat, contre les élus, contre les autres, cette colère qui porte en elle les germes de la violence, du rejet, de l’exclusion. Ne pas l’entendre serait irresponsable. Je ne prends pas la colère de nos compatriotes à la légère ».
– Mettons la colère ainsi évoquée en perspective avec les résultats de la gestion du pays sous son mandat :
– N’oublions pas non plus qu’à partir de 2004 et jusqu’en 2009, Sarkozy a vendu ou plus justement bradé 572 t d’or (1/5e des réserves nationales) pour 4.6 Mds € afin de les remplacer par un portefeuille de devises censé améliorer le rendement et réduire la dette de l’Etat. Lisons ceci : « La Cour des comptes pointe, dans son rapport annuel publié aujourd’hui, des erreurs d’appréciations sur la question de la vente d’une partie du stock d’or de la Banque de France survenue entre 2004 et 2009. En mai 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, annonce la vente de 500 à 600 tonnes d’or de la Banque de France sur 5 ans. La France pourra placer l’argent ainsi dégagé sur des devises et des placements obligataires, dont les intérêts serviront à réduire la dette. Une erreur d’appréciationque met en avant la Cour des comptes dans son rapport Mauvaise idée : entre 2004 et 2011, le prix moyen de l’once d’or explose : il est passé de 409,72 dollars à 1 384,21 dollars. D’ailleurs au même moment, les banques centrales européenne et les banques centrales des Etats de la Zone euro, ainsi que la banque suisse et la suédoise Sveriges Riksbank décident de limiter leurs ventes d’or. 20% des réserves d’or sont bradées. Le stock d’or de la Banque de France passe de 3 000 tonnes en 2004 à 2 445 tonnes fin juillet 2009. Si la France avait vendu ces 572 tonnes aujourd’hui, elle aurait touché deux fois plus d’argent, soit un montant supérieur à 18 milliards d’euros ». (source Midi Libre. Publié le 08/02/2012 à 13:58, mis à jour à 14:39)
– N’oublions pas enfin le traité de Lisbonne du 13 décembre 2007, odieux parjure au rejet du traité constitutionnel européen de 2005. Odieuse trahison que l’on explique par la conférence de presse citée plus haut lors de son mandat.
– Quant à l’immigration, sujet tabou des caciques de la droite mais que Sarkozy devait réduire et « passer au Karcher » dans les banlieues, les chiffres furent les suivant sous son mandat, lisons ceci : « selon l’Insee, en 2007, le solde migratoireen ce qui concerne les immigrés – c’est-à-dire le nombre d’étrangers qui arrivent en France chaque année moins le nombre de ceux qui en partent – était de 140.000 personnes. Ce chiffre était exactement le même en 2012. Sur le quinquennat, en moyenne, l’afflux net d’immigrés dans l’Hexagone a atteint 138.000 personnes chaque année. Néanmoins, les chiffres cités précédemment n’incluent pas l’immigration illégale, par définition extrêmement difficile à estimer. Là, les chercheurs ne sont pas d’accord. En 2004, un rapport du Sénat estimait le flux annuel d’entrées entre 30.000 et 40.000 personnes. Ce chiffre a probablement grimpé depuis, comme semble l’indiquer les demandes d’aide médicale d’Etat (AME), sorte de sécurité sociale pour les immigrés clandestins, depuis les printemps arabes et la guerre en Syrie ». (source les Echos, 29 novembre 2016)
Gilles Colroy.
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