Vingt-Deuxième dimanche après la Pentecôte – « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »
D’après Honorius d’Autun, la Messe du jour se rapporte au temps de l’Antéchrist. L’Église jette ses yeux dans l’avenir sur le règne de cet homme de péché, et comme déjà sous le coup de la persécution redoutable des derniers jours, elle emprunte l’Introït au psaume CXXIX. Si, concurremment avec le sens prophétique que revêtent aujourd’hui les paroles de ce psaume, nous en voulons une application présente et toujours pratique, étant donnée notre misère, rappelons-nous l’Évangile de la semaine précédente, qui était autrefois celui du présent Dimanche. Chacun de nous se reconnaîtra dans la personne du débiteur insolvable qui n’a d’espoir qu’en la bonté de son maître ; et nous nous écrierons, dans la confusion de notre âme humiliée : Si vous considérez les iniquités, Seigneur, qui subsistera devant vous ? Nous venons de ranimer notre confiance, en chantant que la miséricorde est en Dieu. C’est lui-même qui donne leur pieux accent aux prières de son Église, parce qu’il veut l’exaucer. Mais nous ne serons écoutés avec elle qu’à la condition de prier comme elle selon la foi, c’est-à-dire conformément aux enseignements de l’Évangile. Prier selon la foi, c’est donc aujourd’hui remettre à nos compagnons leurs dettes envers nous, si nous demandons à être absous nous-mêmes par le Maître commun.
ÉPÎTRE. Saint Paul, au nom de l’Église, attire de nouveau notre attention sur l’approche de la fin. Mais ce dernier des jours, qu’il nommait Dimanche le jour mauvais, est appelé aujourd’hui par deux fois, dans le court passage de l’Épître aux Philippiens qu’on vient d’entendre, le jour du Christ Jésus. La lettre aux Philippiens est toute à la confiance, l’allégresse y déborde ; et cependant elle nous montre la persécution sévissant sur l’Église, et l’ennemi mettant à profit la tempête pour exciter les passions mauvaises au sein même du troupeau du Christ. L’Apôtre est enchaîné ; la jalousie et la trahison des faux frères ajoutent à ses maux. Mais la joie domine sur la souffrance en son cœur, parce qu’il est arrivé à cette plénitude de l’amour où la douleur alimente mieux que toutes délices la divine charité. Pour lui, Jésus-Christ est sa vie, et la mort est un gain : entre la mort qui répondrait au plus intime désir de son cœur en le rendant au Christ, et la vie qui multiplie ses mérites et le fruit de ses œuvres, il ne sait que choisir. Que peuvent, en effet, sur lui les considérations personnelles ? Sa joie présente, sa joie future, est que le Christ soit connu et glorifié, peu lui importe en quelle manière. Son attente ne sera point confondue, puisque la vie et la mort n’aboutiront qu’à glorifier le Christ en sa chair. De là, dans l’âme de Paul, cette indifférence sublime qui est le sommet de la vie chrétienne, et n’a rien de commun, on le voit, avec l’engourdissement fatal où les faux mystiques prétendirent, au XVIIe siècle, enfermer l’amour. Quelle tendresse prodigue à ses frères le converti de Damas, à cette hauteur où il est parvenu dans le chemin de la perfection ! Dieu m’est témoin, dit-il, combien je vous aime et désire tous dans les entrailles de Jésus-Christ ! L’aspiration qui le remplit et l’absorbe, est que le Dieu qui a commencé en eux l’œuvre bonne par excellence, cette œuvre de la perfection du chrétien arrivée à sa consommation dans l’Apôtre, la poursuive et l’achève en tous pour le jour où le Christ apparaîtra dans sa gloire. Il prie pour que la charité, cette robe nuptiale des bénis du Père qu’il a fiancés à l’unique Époux, les entoure d’un éclat non pareil au grand jour des noces éternelles. Or le moyen que la charité se développe en eux sûrement, c’est qu’elle y grandisse dans l’intelligence et la science du salut, c’est-à-dire dans la foi. C’est la foi, en effet, qui forme la base de toute justice surnaturelle. Une foi diminuée ne peut, dès lors, porter qu’une charité restreinte. Combien donc ils se trompent, ces hommes pour qui le souci de la vérité révélée ne va pas de pair avec celui de l’amour ! Leur christianisme se résume à ne croire que le moins possible, à prêcher l’inopportunité de nouvelles définitions, à rétrécir savamment et sans fin l’horizon surnaturel par égard pour l’erreur. La charité, disent-ils, est la reine des vertus ; elle leur inspire de ménager même le mensonge ; reconnaître à l’erreur les mêmes droits qu’à la vérité, est pour eux le dernier mot de la civilisation chrétienne établie sur l’amour. Et ils perdent de vue que le premier objet de la charité étant Dieu, qui est la vérité substantielle, n’a pas de pire ennemi que le mensonge ; et ils oublient qu’on ne fait point acte d’amour, en plaçant sur le même pied l’objet aimé et son ennemi mortel. Ce n’est point ainsi que l’entendaient les Apôtres : pour faire germer la charité dans le monde, ils y semaient la vérité. Tout rayon nouveau dans l’âme de leurs disciples profitait à l’amour ; et ces disciples, devenus lumière eux-mêmes au saint baptême, n’avaient rien tant à cœur que de ne pactiser point avec les ténèbres. Renier la vérité était, dans ces temps, le plus grand des crimes ; s’exposer par mégarde à diminuer quoi que ce fût de ses droits, était la souveraine imprudence. Le christianisme avait trouvé l’erreur maîtresse du monde ; devant la nuit qui retenait la race humaine immobilisée dans la mort, il ne connut point d’autre procédé de salut que de faire briller la lumière ; il n’eut point d’autre politique que de proclamer la puissance de la seule vérité pour sauver l’homme, et d’affirmer ses droits exclusifs à régner sur le monde. Ce fut le triomphe de l’Évangile, après trois siècles de lutte acharnée et violente du côté des ténèbres, qui se prétendaient souveraines et voulaient rester telles, de lutte sereine et radieuse du côté des chrétiens, dont le sang versé ne faisait qu’augmenter l’allégresse en affermissant sur la terre le règne simultané de l’amour et de la vérité. Aujourd’hui que par la connivence des baptisés l’erreur reprend ses prétendus droits, la charité d’un grand nombre a diminué du même coup ; la nuit s’étend de nouveau sur un monde agonisant et glacé. La ligne de conduite des fils de lumière reste la même qu’aux premiers jours. Sans terreur et sans trouble, fiers de souffrir pour Jésus-Christ, comme leurs devanciers et comme les Apôtres ils gardent chèrement la parole de vie ; car ils savent que, tant qu’il restera pour le monde une lueur d’espérance, elle sera dans la vérité. Ne se préoccupant que de marcher d’une manière digne de l’Évangile, ils poursuivent, dans la simplicité des enfants de Dieu, leur carrière au milieu d’une génération mauvaise et perverse, comme font les astres au firmament dans la nuit. « Les astres brillent dans la nuit, dit saint Jean Chrysostome, ils éclatent dans les ténèbres ; bien loin de perdre à l’obscurité qui les entoure, ils en apparaissent plus brillants : ainsi en sera-t-il de toi-même, si tu demeures juste au milieu des pervers ; ta lumière en ressortira davantage. » — « Comme les étoiles, dit de même saint Augustin, poursuivent leur course dans les sentiers tracés par Dieu, sans se lasser de projeter leur lumière au sein des ténèbres, sans se troubler des maux qui arrivent sur la terre : ainsi doivent faire les saints, dont la conversation est vraiment au ciel, ne se préoccupant pas plus que les astres eux-mêmes de ce qui se dit ou se fait contre eux. » Le Graduel chante la douce et puissante unité maintenue jusqu’à la fin dans l’Église par la charité, à l’accroissement de laquelle nous exhorte l’Épître, et que l’ancien Évangile de ce Dimanche recommandait comme l’unique moyen de salut pour le jour du jugement.
ÉVANGILE. Il faut bien que la diminution des vérités doive être le danger tout spécial des derniers temps, puisque l’Église, en ces semaines qui ont pour objet de représenter les derniers jours du monde, nous ramène saris cesse à la prudence de l’entendement comme à la grande vertu qui doit alors garder ses fils. Dimanche, elle leur remettait comme arme défensive le bouclier de la foi, comme arme offensive la parole de Dieu ; huit jours plus tôt, c’était la circonspection de l’intelligence qui leur était recommandée, pour conserver, dans les jours mauvais, leur sainteté fondée sur la vérité leur richesse consistant dans la science. Aujourd’hui, dans l’Épître, c’était encore l’intelligence et la science qui leur étaient proposées, comme pouvant seules accroître leur amour et parfaire l’œuvre de leur sanctification pour le jour du Christ. L’Évangile vient conclure opportunément ces leçons de l’Apôtre parle récit d’un fait tiré de l’histoire du Sauveur, et leur donner l’autorité qu’apporte avec soi tout exemple emprunté à la vie du divin modèle de l’Église. Jésus-Christ, en effet, s’y montre à nous comme l’exemple des siens dans les embûches tendues à leur bonne foi par les complots des méchants. C’était le dernier jour des enseignements publics de l’Homme-Dieu, presque à la veille de sa sortie de ce monde. Ses ennemis, tant de fois déjoués dans leurs ruses, essayèrent un suprême effort. Les Pharisiens, qui ne reconnaissaient point la domination de César et son droit au tribut, s’unirent à leurs adversaires, les partisans d’Hérode et de Rome, pour poser à Jésus la question insidieuse : Est-il permis ou non de payer le tribut à César ? Si la réponse du Sauveur était négative, il encourait la colère du prince ; s’il se prononçait pour l’affirmative, il perdait tout crédit dans l’esprit du peuple. Avec sa divine prudence, Jésus déconcerta leurs menées. Les deux partis, si étrangement alliés par la passion, se refusèrent à comprendre l’oracle qui pouvait les unir dans la vérité, et retournèrent bientôt sans doute à leurs querelles. Mais la coalition formée contre le juste était rompue ; l’effort de l’erreur, comme toujours, avait tourné contre elle ; et la parole qu’elle avait suscitée, passant des lèvres de l’Époux à celles de l’Épouse, ne devait plus cesser de retentir en ce monde, où elle forme la base du droit social au sein des nations. Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, redisaient les Apôtres ; et s’ils proclamaient bien haut qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ils ajoutaient : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne procède de Dieu, et celles qui existent, c’est Dieu qui les a établies. Celui donc qui résiste à la puissance, résiste à l’ordre établi de Dieu, et s’attire la damnation. Demeurez donc soumis, parce qu’il est nécessaire, soumis non seulement par le sentiment de la crainte, mais aussi par le devoir de la conscience. C’est pour la même raison que vous payez des tributs aux princes, parce qu’ils sont les ministres de Dieu. » La volonté de Dieu, telle est donc la source comme la vraie grandeur de toute autorité parmi les hommes. L’homme, par lui-même, n’a aucun droit de commander à son semblable. Le nombre ne change rien à cette impuissance des hommes sur ma conscience, puisque, nombreux ou non, je suis l’égal de chacun d’eux par nature, et qu’additionner les droits sur moi de chacun, c’est additionner le néant. Mais Dieu, voulant que les hommes vécussent en société, a voulu par là même qu’il y eût à leur tête un pouvoir chargé de ramener les volontés multiples à l’unité du but social. Il laisse aux événements conduits par sa providence, aux hommes eux-mêmes à l’origine des sociétés, une grande latitude pour déterminer la forme sous laquelle devra s’exercer le pouvoir civil et son mode de transmission. Mais, une fois régulièrement investis, les dépositaires souverains du pouvoir ne relèvent que de Dieu dans la sphère de leurs attributions légitimes, parce que c’est de lui seul que leur vient la puissance, non de leurs peuples qui, n’ayant point cette puissance en eux-mêmes, ne pourraient la donner. Tant qu’ils observent les conditions du pacte social, ou ne tournent pas à la ruine de la société le pouvoir reçu pour son bien, leur droit à l’obéissance est celui de Dieu même : soit qu’ils prélèvent les tributs nécessaires à leur gouvernement ; soit que les lois portées par eux viennent restreindre, dans le commerce ordinaire de la vie, la liberté laissée par le droit naturel, ou que leurs ordres envoient le soldat à une mort certaine pour la défense de la patrie. Dans tous ces cas, c’est Dieu même qui commande par eux et veut être obéi : dès ce monde, il met le glaive en leurs mains pour la punition des rebelles ; il châtiera lui-même dans l’autre éternellement ceux qui ne se seront pas amendés. Combien grande n’est donc pas cette dignité de la loi humaine, qui fait du législateur le vicaire même de Dieu, en même temps qu’elle épargne au sujet l’humiliation de l’abaissement devant un autre homme ! Mais, pour que la loi oblige et soit vraiment loi, il est clair qu’elle doit avant tout se conformer aux prescriptions et aux défenses de l’Être souverain dont la volonté seule peut lui donner son caractère auguste, en la faisant entrer dans le domaine de la conscience. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir de loi contre Dieu, contre son Christ ou son Église. Dès lors que Dieu n’est plus avec l’homme qui commande, la puissance de celui-ci n’est que force brutale. Le prince ou l’assemblée qui prétend réglementer les mœurs d’un pays à l’encontre de Dieu, n’a donc droit qu’à la révolte et au mépris de tous les gens de cœur ; donner le nom sacré de loi à ces tyranniques élucubrations, est une profanation indigne d’un chrétien comme de tout homme libre.
L’Antienne de l’Offertoire et ses anciens Versets se réfèrent, comme l’Introït, au temps de la dernière persécution. La prière d’Esther au moment de paraître devant Assuérus, pour combattre Aman figure de l’Antéchrist, en fournit les paroles. Esther est l’image de l’Église ; et nous ne pouvons indiquer mieux les sentiments dans lesquels il convient de chanter l’Offertoire du jour, qu’en traduisant ici l’en-tête consacré par l’Esprit-Saint lui-même, dans l’Écriture, à cette prière sublime. « La reine Esther eut recours au Seigneur, épouvantée du péril imminent. Déposant ses habits royaux, elle prit des vêtements propres aux pleurs ; sur sa tête, les parfums variés furent remplacés par la cendre et l’ordure ; son corps s’humilia dans les jeûnes ; tous les lieux, auparavant témoins de sa joie, furent remplis de ses cheveux qu’elle arrachait dans sa douleur. Et elle priait le Seigneur Dieu d’Israël, disant : « Mon Seigneur, « qui êtes seul notre roi, assistez-moi solitaire ». La plus sûre garantie contre l’adversité est l’absence du péché dans les âmes, le péché excitant la colère de Dieu et appelant sa vengeance. Disons avec l’Église, dans la Secrète : L’Antienne de la Communion nous donne à remarquer, pour nous porter à les imiter, la persévérance et l’instance des supplications de la sainte Église. En célébrant la mémoire du Sauveur selon sa recommandation, dans les Mystères, nous ne devons point perdre de vue que ces Mystères sacrés sont aussi le refuge de notre misère. Ce serait présomption ou folie que de ne point songer à les utiliser par la prière en ce sens, comme fait l’Église dans la Postcommunion.

Sanctoral
Dédicace de l’Archibasilique du Très-Saint-Sauveur
Le pape saint Pie V étendit la fête de la dédicace de la cathédrale de Rome au calendrier universel en 1568 comme double. Léon XIII en fit un double majeur en 1897, et saint Pie X un double de deuxième classe qui prime donc ainsi sur le dimanche.
Alors vint un des sept Anges qui avaient les sept coupes des dernières plaies, et il me parla, disant : Viens, et je te montrerai la nouvelle mariée, l’Épouse de l’Agneau. Et il me transporta en esprit sur une montagne grande et haute, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, ayant la clarté de Dieu ; sa lumière était semblable à une pierre précieuse, telle qu’une pierre de jaspe, semblable au cristal. Elle avait une grande et haute muraille, ayant elle-même douze portes, et aux portes douze Anges, et des noms écrits, qui sont les noms des douze tribus des enfants d’Israël. A l’Orient étaient trois portes, au septentrion trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur ces fondements étaient les douze noms des Apôtres de l’Agneau. Celui qui me parlait avait une verge d’or pour mesurer la ville, ses portes et la muraille. La ville est bâtie en carré ; sa longueur est aussi grande que sa largeur elle-même. Il mesura donc la ville avec sa verge d’or, dans l’étendue de douze milles stades ; or, sa longueur, sa largeur et sa hauteur sont égales. Il en mesura aussi la muraille, qui était de cent quarante-quatre coudées de mesure d’homme, qui est celle de l’Ange.
La muraille était bâtie de pierres de jaspe ; mais la ville elle-même était d’un or pur, semblable à du verre très clair. Les rites que l’Église observe dans la consécration des temples et des autels, ont été institués par le Pape saint Sylvestre 1er. Bien que, depuis te temps des Apôtres, il existât des lieux dédiés à Dieu et appelés tantôt oratoires, tantôt églises, où, le Dimanche, se tenaient les assemblées et où le peuple chrétien avait coutume de prier, d’entendre la parole de Dieu et de recevoir l’Eucharistie, toutefois ces lieux n’étaient pas consacrés avec tant de solennité, et il ne s’y trouvait pas encore d’autel érigé en titre et oint du saint chrême, pour représenter Jésus-Christ, qui est notre autel, notre hostie et notre Pontife. Ce fut quand l’empereur Constantin eut obtenu la santé et le salut par le sacrement du baptême, qu’il fut permis pour la première fois aux Chrétiens, par une loi de ce prince, de bâtir partout des églises ; et il les excita à la construction de ces édifices sacrés, non seulement par son édit, mais encore par son exemple. Il dédia, en effet, dans son palais de Latran, une église au Sauveur, tout près de laquelle il édifia aussi une basilique sous le nom de saint Jean-Baptiste, au lieu même où, baptisé par saint Sylvestre, il avait été guéri de la lèpre de l’infidélité. Ce Pape consacra l’église du Sauveur le cinquième jour des ides de novembre ; et c’est de cette consécration qu’on célèbre aujourd’hui la mémoire, parce que c’est en ce jour que la première dédicace publique d’une église a été faite à Rome et que l’image du Sauveur apparut au peuple romain, peinte sur la muraille.
Si le bienheureux Sylvestre décréta dans la suite, en consacrant l’autel du prince des Apôtres, que l’on n’édifierait plus désormais d’autels qu’en pierre, et si cependant, celui de la basilique de Latran est en bois, il n’y a pas lieu de s’en étonner ; depuis saint Pierre jusqu’à Sylvestre, les Papes ne pouvaient, à cause des persécutions, résider en un lieu fixe : partout où la nécessité les poussait, soit dans les cryptes, soit dans les cimetières, soit dans les maisons de pieux fidèles, ils offraient le sacrifice sur cet autel de bois, qui était creux et en forme de coffre. Or, la paix ayant été rendue à l’Église, saint Sylvestre le plaça dans la première église, qui fut celle de Latran, et, en l’honneur du prince des Apôtres, que l’on dit avoir offert le Saint Sacrifice sur cet autel, ainsi que des autres Pontifes qui, jusque-là, s’en étaient servis pour la célébration des Mystères, il ordonna qu’aucun autre que le Pape n’y célébrerait jamais la messe. La basilique du Saint-Sauveur, successivement endommagée par des incendies, dévastée, renversée par des tremblements de terre, fut restaurée avec grand soin puis reconstruite par les Papes. Le vingt-huit avril mil sept cent vingt-six, le souverain Pontife Benoît XIII, de l’Ordre des Frères Prêcheurs, l’a consacrée solennellement et a décidé qu’on célébrerait en ce jour la mémoire de cette solennelle Dédicace. Selon ce que Pie IX avait projeté d’entreprendre, Léon XIII fit exécuter de grands travaux pour allonger et élargir le chœur du maître-autel, qui allait s’affaissant de vétusté ; il donna l’ordre de restaurer, selon les dessins antiques, les vieilles mosaïques, déjà réparées en beaucoup d’endroits, et de les transporter dans la nouvelle abside, magnifiquement construite et ornée ; il pourvut aussi à l’achèvement de l’ornementation du transept et à la réparation des caissons du plafond ; l’an mil huit cent quatre-vingt-quatre, il ajouta la sacristie, la demeure des chanoines et une galerie contiguë, menant au Baptistère de Constantin.

Saint Théodore, Soldat, Martyr
Saint Théodore, jeune soldat romain, est un des plus célèbres martyrs de l’Orient. Il naquit en Syrie, à la fin du IIIe siècle; il ne faut pas le confondre avec un autre Théodore, vieux soldat et martyr, dont la fête arrive le 7 février. Théodore faisait partie d’une légion romaine qui avait établi son quartier d’hiver dans la ville d’Amasia, où les édits persécuteurs étaient exécutés sévèrement. Le jeune soldat, plein de l’amour de Jésus-Christ, dédaigna, malgré le péril, de cacher sa foi, et, au contraire, il se fit une gloire de la professer publiquement; aussi fut-il présenté comme chrétien au tribun de sa légion.
Celui-ci lui demanda comment il osait professer une religion proscrite sous peine de mort: « Je ne connais point vos idoles, répondit-il; j’adore Jésus-Christ, Fils unique de mon Dieu. Je vous abandonne mon corps; vous pouvez le déchirer, le mettre en pièces, le livrer aux flammes. Si mes discours vous offensent, coupez-moi la langue. Dès que Dieu l’exige, je suis prêt à faire le sacrifice de chacun de mes membres. » Le tribun et les juges, affectant d’être touchés de compassion pour sa jeunesse, se contentèrent de le menacer et le laissèrent en liberté. Théodore ne songea qu’à gagner des âmes à Jésus-Christ, à fortifier les autres confesseurs de la foi et à les animer au martyre; il poussa même le courage jusqu’à mettre le feu au temple de la déesse Cybèle. Ce fut en vain qu’on essaya de lui faire exprimer quelques regrets à ce sujet: il brava toutes les menaces, comme il se rit de toutes les promesses. Il fut alors fouetté très cruellement et enfermé dans un cachot, sans nourriture, pour y mourir de faim. La nuit, le Sauveur vint le visiter, lui promit de le nourrir d’un aliment invisible et le fortifia pour le dernier combat. Cette visite donna à Théodore tant de joie, qu’il se mit à chanter les louanges de Dieu, et des Anges vêtus de blanc vinrent unir leurs voix à la sienne.
Les geôliers et les gardes, le juge lui-même, furent témoins du miracle sans se convertir. On lui fit alors de belles promesses, et on lui dit que, s’il feignait seulement la moindre soumission, on le mettrait en liberté. Ayant répondu à ces nouvelles sollicitations avec une fermeté invincible, Théodore est alors déchiré avec des crochets de fer, on lui brûle les côtes avec des torches ardentes, puis on le condamne à être brûlé vif. Le vaillant soldat, placé sur le bûcher, se munit du signe de la Croix, et bientôt sa belle âme s’envola au Ciel.

Bienheureux Gabriel Ferretti, Premier Ordre Franciscain
Gabriel est né en 1385 et appartenait à l’ancienne famille ducale des Ferretti. Ses parents pieux l’ont élevé dans la crainte de Dieu et, à sa dix-huitième année, il est entré dans l’Ordre franciscain. Ses efforts pour acquérir la vertu lui valurent un tel degré de respect et de confiance de ses frères que, peu après son ordination sacerdotale, alors qu’il n’avait que vingt-cinq ans, il fut nommé pour prêcher des missions dans la Marche d’Ancône.
Pendant quinze ans, il se consacra à cette tâche importante avec un heureux succès. Il fut ensuite affecté à la charge de gardien du couvent d’Ancône, et plus tard il fut élu provincial de la province de la Marche. Dans ces deux fonctions, il prenait soin de bien guider ses sujets. Il ne reculait devant aucun travail, et il pouvait être très sévère s’il était nécessaire de corriger un mal. Il obtint cependant les plus grands résultats grâce à son propre exemple brillant de vertu, qui incita les caractères faibles et laxistes à s’efforcer vaillamment d’observer la règle. L’incident suivant est la preuve de sa grande humilité et de sa piété. Un jour, alors qu’il se rendait à Assise, il entra dans l’église franciscaine de Foligno pour prier. Le sacristain, qui le prenait pour un frère, lui ordonna de servir la messe d’un prêtre qui venait de se rendre à l’autel. L’humble provincial obéit, mais lorsque le gardien du couvent reconnut dans le serviteur le vénérable supérieur de la province de la Marche, il fit de sévères reproches au sacristain. Le Père Gabriel défendit le sacristain en disant : « Servir la messe est un grand privilège. Les anges se considéreraient honorés. Alors ne blâmez pas le frère de m’avoir conféré cet honneur ! »
Le zèle de Gabriel pour promouvoir les intérêts de l’ordre était aussi grand que son humilité. A San Severino, il restaure un couvent tombé en ruine. A Osimo, il construisit un nouveau couvent. Il agrandit le couvent d’Ancône pour accueillir le grand nombre de novices attirés par la renommée de sa sainteté. Le bienheureux Gabriel Ferretti possédait un amour ardent pour Dieu et pour la Bienheureuse Vierge Marie, et il l’exprimait involontairement dans tous ses sermons. Souvent, il avait la vision de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge. Riche de vertus et de mérites, le bienheureux Gabriel Ferretti mourut le 12 novembre 1456 au couvent d’Ancône, assisté dans sa dernière heure par le serviteur de Dieu Grégoire d’Albe et saint Jacques de la Marche. Ce dernier a prononcé son oraison funèbre. À ce jour, son corps est intact et les nombreux miracles opérés par son intercession ont accru la dévotion des fidèles à son égard. Les papes Benoît XIV et Clément XIII ont solennellement confirmé sa vénération.
Martyrologe
A Rome, au Latran, la Dédicace de la basilique du Très-Saint-Sauveur, mère et tête de toutes les églises de la Ville et du monde.
A Amasée, dans le Pont, l’anniversaire de saint Théodore soldat. Au temps de l’empereur Maximien, pour avoir confessé la foi chrétienne, il fut meurtri cruellement et mis en prison, puis réconforté par une apparition du Seigneur qui l’exhorta à persévérer avec courage et constance. Après avoir été étendu sur le chevalet et déchiré avec des peignes de fer, d’une façon si barbare que ses entrailles étaient mises à nu, il fut jeté dans un brasier ardent pour y être consumé. Saint Grégoire de Nysse a célébré ses louanges dans un célèbre panégyrique.
A Tyane, en Cappadoce, la passion de saint Oreste, sous l’empereur Dioclétien.
A Thessalonique, saint Alexandre martyr, sous l’empereur Maximien.
A Bourges, en Aquitaine, saint Ursin confesseur. Ordonné à Rome par les successeurs des Apôtres, il fut désigné pour être le premier évêque de cette ville de Bourges.
A Naples, en Campanie, saint Agrippin évêque, célèbre par ses miracles.
A Constantinople, les saintes vierges Eustolie romaine, et Sopatre, fille de l’empereur Maurice.
A Beyrouth, en Syrie, commémoraison de l’image du Sauveur, laquelle ayant été crucifiée par les Juifs, répandit du sang en telle abondance que les églises d’Orient et d’Occident purent en recevoir à leur gré.
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