Par la voix de la FSSPX, on croyait le catholicisme traditionnel, c’est-à-dire le catholicisme authentique, résistant aux projectiles des catapultes ou des trébuchets les plus redoutables. Héritière de ce catholicisme bimillénaire, le seul à jamais pertinent, et fière de porter l’héritage, l’auguste société sacerdotale formait des prêtres chargés de conquérir les âmes d’ici-bas. Ces âmes malades, ces âmes qui se perdent dans le maquis des idées du monde ou s’isolent dans l’incompréhension des choses de ce monde. Mais cette conquête des âmes, et même de toutes les âmes qui peuplent les nations de la Terre, n’est pas une conquête à la César, ni à la Brutus contre César. Elle est d’ordre divin. Elle est de prescription divine : « allez enseigner les nations ! ». Elle est d’instruire au dépôt (doctrinal) de la Foi ; elle est aussi d’ouvrir les yeux de l’ignorant au trésor liturgique de la Sainte Eglise.

La FSSPX tenait l’étendard du Christ Sauveur dressé, au cœur d’une modernité de plus en plus orpheline de Dieu malgré deux mille ans de Révélation ininterrompue. Elle élevait l’hostie et le calice pour leurs plus humbles adorations. Elle portait, au-delà des rivages, la voix de son Divin Maître par le chant grégorien et la procession liturgique. Elle prêchait le Verbe de Dieu par-delà les haussements d’épaule ou le sarcasme des consciences rétives. Elle affrontait la logorrhée du penseur ou du théologien libéral qui fait du « moi-je » le centre de sa méditation spirituelle. Elle était, à la légion du Christ et de sa Sainte Mère, la chevalerie en marche, prête à en découdre avec l’erreur doctrinale et à freiner ses métastases. Les mots de la Foi sortaient de sa bouche avec force ; le courage de l’Espérance animait sa volonté au combat, et la Charité de ses actes éveillait, pour les soulager, les âmes blessées. Elle était forte dans son isolement au monde et se faisait plus forte encore en son devoir de demeurer fidèle à l’Eglise de toujours, à la messe de toujours, aux sacrements de toujours, malmenés tous ensemble par la foule ironique et rebelle des athées ou des catholiques libéraux.

Or, à l’aune d’un « réchauffement climatique » dont on nous rebat idéologiquement les oreilles, il apparait que le souffle à l’intérieur de cette société se réchauffe à son tour. Les chefs, jadis au « présentez armes ! », se mettent au repos sans que l’ordre du Divin Maître ne les y invite. Ils déposent leur paquetage pour s’aller désaltérer à la buvette de la maison Sainte-Marthe ou se retirer à l’ombre d’un parasol romain. Par lassitude de ces chefs actuels, sans doute aussi par la pusillanimité qui gagne leurs esprits, ce tout d’ordre de l’Eglise militante, devient une sorte de bateau ivre, un forum où les opinions se croisent, un piaillement de basse-cour sur les commodités d’un nouveau modèle ou d’un nouveau statut canonique à recouvrir, car ceux-là même qui le dirigent, taisent ou relativisent les désordres qui, de l’extérieur, le troublent à l’intérieur. La machine libérale est alors en marche : se faire bien voir de l’autre, à Rome ou sur les quatre continents ; tenir des mots doux ou lénifiants, susurrer le vrai à reculons, le réduire au silence ou le négliger par omission.

De fait, à l’heure d’internet, à l’heure où le porte-voix se fait planétaire, l’ordre du combat est édulcoré pour céder la place aux sirènes du vivre-ensemble. Les mots sont départis de la volonté qui les anime. Le fondateur de la FSSPX ne s’est jamais dit vaincu, ni senti à l’extérieur de l’Eglise, ni n’a jamais consenti à l’indécent reproche que les autorités de l’Eglise lui firent de se vouloir, à lui seul, l’Eglise. Il était un homme d’Eglise, au sein de l’Eglise, arc-bouté à celle-ci, investi de la mission de la défendre contre les esprits retors qui l’envahissent depuis plus d’un siècle et que Vatican II a magnifiés. La FSSPX est une œuvre d’Eglise, au cœur même de l’Eglise, mise au rebus par le poison libéral qui la dirige à Rome et dans les diocèses du monde entier. Il est de nécessité publique de l’écrire et de l’affirmer. Il est même de nécessité catholique de l’oser répéter à ses dirigeants actuels.

Or, ce poison libéral a pénétré cette œuvre apostolique instituée il y a presque cinquante ans maintenant. Il a endossé le costume du coquet impétrant qui courtise la belle mariée au mépris de toutes les règles de la bonne moralité. Car la FSSPX est « mariée », oui ! « mariée » avec le magistère pérenne. Elle est l’épouse du rite tridentin érigé en sceptre de magnificence au cours des siècles de chrétienté catholique ; elle est la servante d’un seul Seigneur pour la promotion de l’ordre sacerdotal et se doit de refuser toute altération de ce lien royal. L’adultère est libéral, le divorce est libéral, le concubinage est libéral. Le mélange des idées est libéral, la confusion des genres et des espèces est libérale. Rien de ces parjures libéraux ne saurait, sans traîtrise, triompher du but fixé par le fondateur de cette société.

Lorsque l’on lit, aujourd’hui, le site dédié à la communication de la Maison Générale, FSSPX.news, l’on ne voit ni le rejet des courtisans romains ni celui de leurs supplétifs aux sourires biaisés qui tiennent leurs doigts croisés dans le dos. L’on y lit des brèves ou des notes d’actualité sur le Vatican ou l’Eglise dans le monde, sans le moindre rappel à l’ordre doctrinal, sans la moindre indignation spirituelle ni la moindre interpellation théologique.

Plusieurs articles, entre autres et actuellement en ligne, feront foi de cette démission de la pensée face à l’erreur : François exhorte la Curie à dépasser la logique des complots,  Le maître des cérémonies du pape donne sa définition de la liturgie et François confirme le cérémoniaire de Benoît XVI dans ses fonctions . Nous sommes là dans le donné brut, froid, orphelin du commentaire dirigé et qui laisse au lecteur le soin de se faire sa propre opinion. Le catholique libéral est ainsi fait : pétri de toutes ces indépendances du vrai et du bien ; de l’indépendance de l’intelligence et de celle de la volonté ; de celle de la conscience et de celle du sentiment ; de celle du corps, du présent, de la raison, de l’individu, bref de l’indépendance de l’homme, dans tous ses états, parce qu’il est redevenu ce Protagoras en qui réside la mesure de toute chose.

S’avise-t-on de lui faire reproche de cet état d’esprit, il sort aussitôt les griffes, lance des oukases soviétiques contre la soi-disant révolte, sanctionne les auteurs, réduit au silence l’un, expédie l’autre au bout du monde, et lui oppose son « droit à… ». Les leçons du Pape François sont vite apprises.

Que le site internet de la Maison Générale, qui se réclame du saint Pape Pie X, grand pourfendeur des hérésies de notre temps, se fasse désormais le relais, sans commentaires, des erreurs libérales et modernistes qui siphonnent le corpus doctrinal de l’Eglise, relève de l’imposture. Il convient, hélas, de le mesurer…

Gilles Colroy

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