« Qu’y a-t-il de commun entre le Talmud et l’Evangile ? »
L’essayiste et homme politique Eric Zemmour a récemment écrit un ouvrage intitulé « La messe n’est pas dite. Pour un sursaut judéo-chrétien. » Il a été invité à en parler sur la chaîne C News le 20 octobre 2025.
Certaines affirmations d’Éric Zemmour méritent à coup sûr l’approbation :
« la France s’est nourrie du christianisme, a été façonnée par le catholicisme. »
Éric Zemmour a également dit que le christianisme n’est pas seulement une foi, mais que c’est une identité qui, à ce titre, concerne tous les Français (un « marqueur » civilisationnel), ce qui n’est pas mal vu.
L’invité est cependant revenu sur l’expression « judéo christianisme » qui lui a valu, a-t-il dit, de nombreuses remarques sur les réseaux sociaux.
Eric Zemmour a précisé qu’il ne disait pas que la France était judéo-chrétienne, mais qu’elle était chrétienne et même catholique.
Il a aussi déclaré qu’il ne disait pas que le judaïsme et le christianisme étaient la même religion, et qu’il reconnaissait même qu’il s’agissait de deux religions antagonistes. Il s’est donc expliqué du contenu qu’il donnait à l’expression « judéo christianisme » en l’attribuant à Renan, pour qui le christianisme était l’aboutissement du prophétisme juif, et Jésus le dernier des prophètes.
Éric Zemmour a ajouté en second lieu qu’il avait une raison politique d’utiliser ce concept : face à l’ « invasion islamique » et à « l’islamisation », il estimait nécessaire de forger une alliance entre Juifs et Chrétiens.
Les propos d’Éric Zemmour montrent une sympathie pour le christianisme, mais c’est une sympathie extérieure.
L’on ne saurait lui donner tort de considérer que le contexte de la religion est essentiel pour toute société et qu’il y a une différence fondamentale pour la vie sociale entre un contexte chrétien et un contexte musulman. Il a bien compris et exprimé néanmoins que la foi est primordiale dans le christianisme, là où les pratiques sont dominantes dans les autres religions, islam et judaïsme compris.
Néanmoins cette vision positive ne saurait suffire à légitimer la confusion que représente le « judéo-christianisme. »
Historiquement celui-ci n’existe pas, et n’a pas existé, sauf peut-être au temps des premières générations apostoliques, avant que les apôtres ne soient exclus… par la synagogue. Contre épreuve facile : nous ne connaissons aucun rabbin ou israélite notable qui se dise « judéo-chrétien », puisque le refus affirmé du Christ, ou au moins une indifférence à son message, est un trait fondamental de la religion juive.
Le judéo-christianisme répond à une tentation syncrétiste d’unir deux religions qui ont eu quelques points en commun, mais c’est un contresens : le christianisme et le judaïsme rabbinique viennent de la religion mosaïque, mais leur unité est dans l’origine, alors que les aboutissements sont distincts et éloignés. Qu’y a-t-il de commun entre le Talmud et l’Evangile ?
L’apport du livre d’Eric Zemmour revient donc d’une part à une constatation du contexte chrétien inséparable de la civilisation française, ce qui est très positif, et, d’autre part, à un projet d’alliance politique entre deux entités spirituelles distinctes et séparées.
Il s’agit là d’une question purement politique sur le bien-fondé de laquelle nous nous ne souhaitons pas nous prononcer ici, mais en aucun cas d’une réalité historique ou théologique.
François Marceron.
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