CONGRÈS DE LA COALITION EN FAVEUR DES PRÊTRES PERSÉCUTÉS 

Chers frères prêtres,

Chers frères et sœurs,

Je ne vous dis rien que vous ne sachiez déjà, quand je dis que l’Église du Christ traverse une crise très grave, et que la Hiérarchie catholique a manqué aux graves obligations de sa mission apostolique et est en grande partie corrompue. Les origines de cette crise et de cette apostasie sont maintenant apparentes même pour les plus modérés. Elles résident dans le fait d’avoir voulu aligner l’Église sur la mentalité du monde, dont le prince, ne l’oublions pas, est Satan : princeps mundi hujus (Jn 12,31).

En tant que catholiques, nous savons et croyons que la Sainte Église est indéfectible, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas être submergée par les portes de l’enfer, selon la promesse de Notre Seigneur : portæ inferi non prævalebunt (Mt 16, 18). Mais ce que nous voyons se produire nous montre la réalité d’une situation terrible, dans laquelle une partie corrompue de la Hiérarchie – que j’appelle l’église profonde par souci de brièveté – s’est totalement abandonnée à l’État profond. Il s’agit d’une trahison qui place les Pasteurs et les plus hauts niveaux de l’Église devant une très grave responsabilité morale et qui nécessite de la part des prêtres et des laïcs des choix courageux qui, en d’autres temps, seraient difficiles à adopter et à justifier. Nous sommes confrontés à une guerre, à un affrontement historique, dans lequel nos généraux non seulement ne conduisent pas l’armée pour faire face à l’ennemi, mais lui ordonnent de déposer les armes et de se rendre sans condition, faisant fuir les soldats les plus courageux et punissant les fonctionnaires les plus loyaux. Tout l’état-major de l’Église catholique s’est révélé allié à l’ennemi et est lui-même l’ennemi de ceux qu’il devrait au contraire défendre : l’ennemi du Christ et de ceux qui se glorifient de servir sous sa bannière.

Comment pouvons-nous comprendre, à la lumière de la Révélation, cette situation redoutable et unique dans toute l’histoire de l’Église ? Nous devons tout d’abord avoir un regard surnaturel, avec lequel nous pouvons comprendre que les événements actuels sont permis par Dieu, et que de toute façon ils ne parviendront jamais à submerger l’Église. La grande apostasie a été annoncée dans les Saintes Écritures et ne doit pas nous prendre au dépourvu. Éclairés par les paroles de l’Apocalypse de saint Jean et par des révélations privées approuvées, nous pouvons comprendre que la fin des temps est nécessaire pour séparer définitivement le bon grain de l’ivraie, ce qui nous permettra de reconnaître qui est avec le Christ et qui est contre Lui. Nous devons également comprendre que les tribulations que nous subissons sont aussi la juste punition de décennies – j’ose dire de siècles – d’infidélités des catholiques et d’une partie de la Hiérarchie : infidélités privées et publiques, enracinées dans le respect humain, dans la peur, dans les déviations morales et doctrinales, et dans les compromis avec la mentalité sécularisé et avec les ennemis de Notre Seigneur. Si nous considérons que la Révolution française a été la punition de Dieu pour le manquement de Louis XIV à lui consacrer les insignes du Royaume, nous comprenons bien les conséquences de la désobéissance du Roi de France pour l’avenir de l’Europe.

Rappelons le message que Notre Seigneur a confié à Sainte Marguerite Marie Alacoque en 1689, avec pour mission de le transmettre au roi de France Louis XIV :

Faites savoir au fils aîné de mon Sacré-Cœur, que de même que sa naissance temporelle a été obtenue grâce à la dévotion aux mérites de ma Sainte Enfance, ainsi sa naissance à la grâce et à la gloire éternelle sera obtenue par la consécration qu’il fera de lui-même à mon Adorable Cœur, qui veut triompher de son cœur, et par là, des cœurs des grands de la terre.

Le Sacré-Cœur veut régner dans son palais, être représenté sur ses étendards et gravé sur ses armes, afin de le rendre victorieux de tous ses ennemis, mettant à ses pieds ses ennemis fiers et hautains, afin de le faire triompher de tous les ennemis de l’Église.

Le Sacré-Cœur désire entrer avec pompe et magnificence dans les palais des princes et des rois, afin d’être honoré aujourd’hui autant qu’il a été outragé, humilié et méprisé pendant sa Passion. Il désire voir les grands de la terre abaissés et humiliés à ses pieds, comme il a été anéanti ensuite.

Mais si, il y a plus de trois siècles, la désobéissance de ceux qui gouvernaient les affaires publiques a mérité le sévère châtiment du Roi des rois, imaginons quelles calamités la désobéissance de ceux qui gouvernent l’Église a pu provoquer. Ainsi, si avec la Révolution française la société civile a chassé le Roi universel de sa divine seigneurie pour l’usurper et répandre les erreurs du libéralisme et du socialisme, avec la révolution conciliaire les papes et les évêques ont enlevé la triple couronne à la Tête du Corps mystique et à son Vicaire, faisant de l’Église du Christ une sorte de république parlementaire au nom de la collégialité et de la synodalité. Prenons-en acte : Notre Seigneur Jésus-Christ non seulement n’est plus reconnu comme Souverain des nations. Il n’est même plus reconnu comme Souverain de son Église, dans laquelle le but de la gloire de Dieu et du salut des âmes a été remplacé par la gloire de l’homme et la damnation des âmes qui en découle. Ce qui était hier un vice est aujourd’hui une vertu ; ce qui était hier une vertu est aujourd’hui un vice : toute l’action actuelle de la secte moderniste qui infeste le Vatican, les diocèses et les ordres religieux est caractérisée par le renversement de ce qui nous a été enseigné et transmis.

Dans ce contexte de rébellion et d’infidélité, ceux qui restent fidèles et s’efforcent de continuer à faire ce qu’ils ont toujours fait sont l’objet d’une véritable persécution. Cela a commencé par la ridiculisation des traditionalistes, en les désignant comme lefebvristes ou préconciliaires. Puis, selon la pratique que nous avons vue utilisée dans les régimes totalitaires, les bons catholiques ont été définis comme fous ou malades – ce que les sociologues appellent la pathologisation de la dissidence. Ne croyez pas que j’utilise des expressions exagérées : il y a quelques jours à peine, un prêtre du Costa Rica a été suspendu de son ministère et contraint de suivre un traitement psychiatrique simplement pour avoir célébré la messe de Paul VI en latin malgré l’interdiction de son évêque, Mgr Bartolomé Buigues (ici). Nous assistons aujourd’hui à la criminalisation des dissidents, et si nous ne voyons pas encore leur élimination physique, nous savons combien d’entre eux sont suspendus a divinis, privés de leurs moyens de subsistance et bannis de la vie ecclésiale. Et cela se produit alors que, dans le même temps, les personnes scandaleuses et les fornicateurs de toutes sortes non seulement ne sont pas punis et expulsés du ministère, mais sont même promus et immortalisés sur des photos aux côtés de Bergoglio, qui les serre de près parce qu’il sait qu’il peut les utiliser comme bon lui semble. Comprenons donc pourquoi la corruption des prélats sert le plan de la secte conciliaire : leurs fautes sont un excellent moyen d’obtenir leur obéissance et leur complicité dans l’exécution des pires atrocités contre l’Église et les fidèles.

L’initiative Coalition for Canceled Priests (Coalition en faveur des prêtres persécutés) est certainement une réponse à ce qui se passe, car ce projet entend apporter une aide aux prêtres victimes de persécutions et d’abus canoniques de la part d’évêques infidèles et renégats. Leur autorité, usurpée pour faire le mal au lieu de gouverner avec sagesse et charité le troupeau qui leur est confié, s’évanouit au moment même où ils l’utilisent contre le but pour lequel elle a été établie. Il est vrai qu’ils détiennent le pouvoir : mais ce pouvoir est au service d’un abus tyrannique sur lequel on ne peut ni ne doit se taire. Il est de notre devoir d’élever la voix pour condamner fermement les actes illégitimes des pasteurs qui se sont révélés être des mercenaires, sinon des loups voraces. Et c’est aussi notre droit non seulement de désobéir aux ordres illégitimes, invalides et nuls, mais aussi d’accomplir des actes d’objection de conscience et de former des initiatives visant à protéger les victimes de ces loups déguisés en moutons.

Permettez-moi également de suggérer, parallèlement à cette initiative louable, la création d’une fondation internationale qui puisse recueillir les offrandes et les dons des fidèles, en les détournant des paroisses et des diocèses qui sont de connivence avec le régime bergoglien actuel. Lorsque les évêques verront qu’ils prennent un coup dans leurs comptes bancaires, ils seront probablement persuadés de tempérer leur approche consistant à ostraciser les bons prêtres. Lorsque les tribunaux – civils ou ecclésiastiques – soutiendront ceux qui sont persécutés, leurs persécuteurs seront probablement plus prudents dans leurs abus de pouvoir. En attendant, des initiatives comme la Coalition pour les prêtres persécutés et d’autres projets similaires permettront de pratiquer les œuvres de miséricorde et d’acquérir des mérites devant Dieu. Chacun de nous, selon ses moyens, peut apporter une contribution concrète – pas nécessairement uniquement financière – ne serait-ce qu’en affectant ses offrandes à ceux qui les méritent et non à ceux qui les utilisent pour opprimer le bon clergé.

N’oublions pas, cependant, qu’en plus de l’aide matérielle, nous sommes tous appelés à redécouvrir le sens de la communauté, dont la Hiérarchie conciliaire aime tant parler sans jamais le mettre en pratique dans un sens catholique. Si nous sommes vraiment des frères dans le Christ, alors, en tant que frères, nous devons nous entraider aussi en accueillant nos prêtres, en leur offrant un logement, en préparant un autel domestique autour duquel nous pouvons rassembler nos amis. Nous devons mettre nos capacités à leur service – même les plus humbles, comme savoir cuisiner, construire un mur ou réparer un toit – pour ceux qui, aujourd’hui, sont expulsés de leur presbytère et se retrouvent à la rue. Nous devons penser aux jeunes hommes qui ont généreusement répondu à une vocation sacerdotale ou religieuse au cœur de la Tradition et qui voient aujourd’hui leur Ordination ou leur Profession religieuse mise en danger s’ils n’acceptent pas les déviations doctrinales et morales qui sont maintenant imposées par la secte conciliaire. Nous devons faire comprendre aux quelques évêques et cardinaux qui restent fidèles au Magistère qu’il ne peut y avoir aucune possibilité de dialogue avec ceux qui ont amplement démontré qu’ils sont alignés sur l’ennemi. Et nous devons prier la Divine Majesté, par l’intercession de la Reine du Ciel et de la Mère du Sacerdoce, pour qu’elle daigne accepter nos souffrances et celles de ces bons prêtres pour la conversion de la Hiérarchie qui a été corrompue aujourd’hui du haut en bas.

Aux nombreux, trop nombreux, prêtres, religieux et clercs – parmi lesquels, ne l’oublions pas, se trouvent également de nombreuses religieuses, moniales et sœurs – j’adresse mon souvenir affectueux, partageant leurs souffrances, les exhortant tous à s’offrir en victime en expiation des péchés des ministres de l’Église. Unissez-vous dans le Saint Sacrifice de la Messe à l’offrande de la divine, pure, sainte et immaculée Victime : que votre vie soit un sacrifice agréable à Dieu, dans un véritable esprit sacerdotal. Et que vous puissiez tous répéter, avant la fin de vos jours, les paroles du Cantique de Siméon : quia viderunt oculi mei salutare tuum (Lc 2, 30).

J’ai rappelé ci-dessus la cause des maux actuels : la rébellion contre la Royauté universelle de Notre Seigneur Jésus-Christ. La consécration de chacun de nous, des familles, des communautés, des nations et de la Sainte Église au Très Sacré Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie est en mesure d’émouvoir la Très Sainte Trinité par sa compassion et de mettre fin à ce terrible fléau, ou du moins de l’abréger et de hâter le triomphe du Roi des rois sur l’ennemi du genre humain. Tel est mon vœu le plus sincère ; telle est la noble intention qui doit animer toutes nos actions ; tel est le fondement de la fin formidable et inexorable des plans de Satan. Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat !

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

Dubuque, Iowa, U.S.A. – 22 septembre 2021

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