François nous avait habitués à ses déclarations déconnectées du réel, fondées sur la pure idéologie tiers-mondiste, concernant l’immigration.
Sa déclaration la plus délirante est sans doute la suivante :
« J’en viens encore à souligner l’importance d’offrir aux migrants et aux réfugiés un premier accueil approprié et digne. […] Le principe de la centralité de la personne humaine, fermement affirmé par mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI (Cf. Lettre encyclique Caritas in veritate, 47), nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. Par conséquent, il est nécessaire de former adéquatement le personnel préposé aux contrôles de frontière. Les conditions des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, postulent que leur soient garantis la sécurité personnelle et l’accès aux services élémentaires. » (Message pour la 104ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2018, 15 août 2017)
Notons la contradiction directe d’avec Pie XII qui enseignait :
« Ce ne sont pas les seuls intérêts des immigrants, mais aussi la prospérité du pays qui doivent être consultés. » (Discours à M. Ugo CARUSI, du Département de la Justice des États-Unis, Commissaire pour l’immigration et à M. Howard R. TRAVERS, Commissaire pour l’immigration, 13 mars 1946)
Cela découle de la vision fausse de la dignité humaine et de la place de l’homme dans la société et devant Dieu, qui a plusieurs autres manifestations dans la doctrine conciliaire, toutes déjà condamnées par le Magistère, voire par le bon sens élémentaire :
- liberté religieuse
- immoralité de la peine de mort
- condamnation de la prison à perpétuité
- idée d’une « dignité infinie » de la personne humaine
- démocratie considérée comme seul régime convenant à la dignité humaine (François, Espère)
Ce principe est posé, entre autres, dès Vatican II qui déclare :
« Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet. » (Constitution pastorale Gaudium et Spes, 7 décembre 1965 – Sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Première partie, Ch. I, §12, n°1)
Saint Pie X nous mettait déjà en garde contre ce travers :
« Mais, plus étranges encore, effrayantes et attristantes à la fois, sont l’audace et la légèreté d’esprit d’hommes qui se disent catholiques, qui rêvent de refondre la société dans de pareilles conditions et d’établir sur terre, par-dessus l’Église catholique « le règne de la justice et de l’amour », avec des ouvriers venus de toute part, de toutes religions ou sans religion, avec ou sans croyances, pourvu qu’ils oublient ce qui les divise : leurs convictions religieuses et philosophiques, et qu’ils mettent en commun ce qui les unit : un généreux idéalisme et des forces morales prises « où ils peuvent ». Quand on songe à tout ce qu’il a fallu de forces, de science, de vertus surnaturelles pour établir la cité chrétienne, et les souffrances de millions de martyrs, et les lumières des Pères et des Docteurs de l’Église, et le dévouement de tous les héros de la charité, et une puissante hiérarchie née du ciel, et des fleuves de grâce divine, et le tout édifié, relié, compénétré par la Vie de Jésus-Christ, la Sagesse de Dieu, le Verbe fait homme ; quand on songe, disons-Nous, à tout cela, on est effrayé de voir de nouveaux apôtres s’acharner à faire mieux avec la mise en commun d’un vague idéalisme et de vertus civiques. Que vont-ils produire ? Qu’est-ce qui va sortir de cette collaboration ? Une construction purement verbale et chimérique, où l’on verra miroiter pêle-mêle et dans une confusion séduisante les mots de liberté, de justice, de fraternité et d’amour, d’égalité et d’exaltation humaine, le tout basé sur une dignité humaine mal comprise. Ce sera une agitation tumultueuse, stérile pour le but proposé et qui profitera aux remueurs de masses moins utopistes. Oui, vraiment, on peut dire que le Sillon convoie le socialisme, l’œil fixé sur une chimère. » (Encyclique Notre Charge Apostolique, dite Lettre sur le Sillon du 25 août 1910 condamnant les erreurs de Marc SANGNIER et de son mouvement)
Aussi, Léon XIV a une nouvelle fois douché les espoirs des conciliaires conservateurs voulant voir en lui un retour à la tradition et une rupture avec les errements de François. Il s’est fait remarquer par cette déclaration sur l’immigration lors de son sermon de la Pentecôte, le 8 juin 2025 :
« Comme l’affirme Benoît XVI : « L’Esprit Saint leur donne de comprendre. En surmontant la rupture initiale de Babel – la confusion des cœurs, qui nous élève les uns contre les autres – l’Esprit ouvre les frontières. […] L’Église doit toujours redevenir ce qu’elle est déjà: elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et abattre les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l’Eglise, il n’y a que des frères et des sœurs de Jésus Christ libres » (Homélie de Pentecôte, 15 mai 2005). »
Cette citation a fait parler d’elle, mais l’honnêteté intellectuelle oblige à dire qu’elle n’a pas forcément le sens immigrationniste qu’on pourrait être tenté de lui prêter, mais qu’elle signifie que l’Église a pour rôle de faire vivre l’humanité dans l’union de la charité du Christ. Mais Léon XIV a aussi dit ceci plus tard dans le même sermon :
« L’Esprit brise les frontières et abat les murs de l’indifférence et de la haine, car “il nous enseigne tout” et “nous rappelle les paroles de Jésus” (cf. Jn 14,26) ; et, par conséquent, il enseigne, rappelle et grave avant tout dans nos cœurs le commandement de l’amour, que le Seigneur a placé au centre et au sommet de tout. Et là où il y a l’amour, il n’y a pas de place pour les préjugés, pour les distances de sécurité qui nous éloignent de notre prochain, pour la logique d’exclusion que nous voyons malheureusement émerger aussi dans les nationalismes politiques. »
C’est une impensable déconnexion du réel ! Qui connaît assez peu les réalités du terrain pour penser que les nationalismes modernes ont ce genre de tenants et aboutissants, et qu’ils ne sont pas les pulsions de survie d’une civilisation qui ne veut pas mourir ?!
Nous pouvons affirmer que Léon XIV a une vision totalement fausse de l’amour prioritaire que nous devons vouer à notre nation et à notre peuple.
Avant d’être élu à la tête de l’Église conciliaire, lorsqu’il n’était que le Cardinal Robert Francis PRÉVOST, il manifesta déjà clairement son erreur. En effet, Léon XIV est américain, il est donc le compatriote de J.D. VANCE, Vice-président des États-Unis depuis l’élection de Donald J. TRUMP. J.D. VANCE étant catholique, avait fait une déclaration sur la hiérarchie de l’amour que nous devons avoir envers nos différents prochains, reprenant l’“ordo amoris”, donnée constante de la doctrine catholique, théorisée par saint Augustin :
« Comme le rapporte LifeSiteNews du 31 janvier 2025, lors d’un entretien sur Fox News « le vice-président J.D. Vance a défendu l’enseignement catholique traditionnel concernant la sollicitude envers sa propre famille et son pays, avant les immigrants étrangers, suscitant ainsi l’indignation de la gauche et un débat sur les réseaux sociaux.
« Il a déclaré : “Il y a quelque chose de très tordu dans l’esprit de l’extrême gauche de ce pays, et je pense vraiment qu’ils éprouvent plus de compassion pour les étrangers en situation irrégulière qui n’ont pas le droit d’être dans ce pays, que pour leurs concitoyens. En tant que dirigeant américain, mais pour vous aussi en tant que citoyen américain, votre compassion va d’abord à vos concitoyens.
« Cela ne veut pas dire que vous détestez les gens en dehors de vos frontières, mais il y a cette vieille école – et je pense que c’est un concept très chrétien, d’ailleurs – vous aimez votre famille, puis vous aimez votre voisin, puis vous aimez votre communauté, puis vous aimez vos concitoyens dans votre propre pays et ensuite, après cela, vous pouvez vous concentrer sur le reste du monde et lui donner votre priorité”. » » (Article “Etats-Unis : un vice-président qui lit saint Augustin” sur fsspx.news)
En lire plus sur cette notion : https://tribunechretienne.com/ordo-amoris-de-saint-augustin-a-jd-vanceun-fondement-moral-service-du-bien-commun/
Nous soulignons que cette déclaration de J.D. VANCE, ressemble comme deux gouttes d’eau aux propos suivants du Chanoine Stéphen COUBÉ (1857-1938) :
« Le patriotisme est une vertu humaine et une vertu divine. Vertu humaine, il est inné dans tous les nobles cœurs. […] Le patriotisme est aussi une vertu divine, puisque Dieu nous en fait un devoir. Il nous ordonne d’aimer notre prochain, mais évidemment dans la mesure où celui-ci nous est proche. La première place, la plus intime dans notre affection, appartient à notre famille. Mais la seconde revient à la patrie, qui est comme l’onde élargie de la famille, la famille multipliée par les générations successives. L’humanité, composée des nations étrangères, vient après. Famille, patrie, humanité, ce sont comme trois cercles concentriques dont notre cœur occupe le centre ; l’amour que nous avons pour les êtres qui les peuplent, doit être en raison inverse du rayon qui nous en sépare. » (Jeanne d’Arc et la France, 1910, pp. 8-9)
Quelques jours plus tard, François prit la plume pour condamner la politique migratoire de Donald TRUMP.
Sans nous prononcer sur le fond de cette affaire, car nous n’avons pas en main tous les éléments factuels pour juger, ni les grâces d’état pour le faire, nous soulignons tout de même ce passage de sa lettre qui ne s’occupe pas d’une réalité circonstancielle, mais d’un principe général :
« Les chrétiens savent très bien que ce n’est qu’en affirmant l’infinie dignité de tous que notre identité de personnes et de communautés atteint sa maturité. L’amour chrétien n’est pas une expansion concentrique d’intérêts qui s’étendent peu à peu à d’autres personnes et d’autres groupes. » (Lettre aux évêques des États-Unis d’Amérique, 10 février 2025, n°6)
Aussi, le Cardinal PRÉVOST se prononça également contre ces propos !
Le Figaro rapporte :
« Quand JD Vance a suggéré que les chrétiens devaient d’abord aimer leur famille, avant leurs voisins, leur communauté et leurs concitoyens, Mgr Robert Francis Prevost, aujourd’hui Léon XIV, avait répondu sur X en republiant un éditorial cinglant titré «JD Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres». Ce qui lui avait valu des dizaines de milliers de «j’aime» et une avalanche de commentaires acerbes. » (Article “Critique de JD Vance, immigration, violences sexuelles… Léon XIV, un pape extrêmement connecté sur les réseaux sociaux”)
Et nous-mêmes :
« Mgr Prevost est connu pour être un critique virulent de l’administration du président américain Donald Trump et a constamment utilisé son compte X pour promouvoir des campagnes hostiles aux politiques d’immigration de Trump.
Dans un article du 3 février, Mgr Prevost a republié un article de NCROnline intitulé « JD Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres ». L’article critique le vice-président américain pour avoir soutenu à juste titre que nous avons une responsabilité plus immédiate envers les membres de notre famille et notre pays qu’envers ceux qui vivent à l’étranger – une position enseignée par saint Thomas d’Aquin et réitérée dans les « encycliques sociales » des papes des XIXe et XXe siècles.
Il a partagé un article similaire du magazine Dissident America sur le même sujet quelques jours plus tard. » (Article “5 choses inquiétantes à savoir sur Léon XIV”)
Voici l’article relayé par le Cardinal PRÉVOST, futur Léon XIV : https://www.ncronline.org/opinion/guest-voices/jd-vance-wrong-jesus-doesnt-ask-us-rank-our-love-others
Or ces déclarations de François et du futur Léon XIV sont contraires au Magistère de l’Église !
« Or, si la loi naturelle nous ordonne d’aimer d’un amour de prédilection et de dévouement, le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés en sorte que le bon citoyen ne craint pas d’affronter la mort pour sa patrie, à plus forte raison, les chrétiens doivent-ils être animés de pareils sentiments à l’égard de l’Église. Car elle est la cité sainte du Dieu vivant et la fille de Dieu lui-même, de qui elle a reçu sa constitution. C’est sur cette terre, il est vrai, qu’elle accomplit son pèlerinage ; mais, établie institutrice et guide des hommes, elle les appelle à la félicité éternelle. Il faut donc aimer la patrie terrestre qui nous a donné de jouir de cette vie mortelle ; mais il est nécessaire d’aimer d’un amour plus ardent l’Église à qui nous sommes redevables de la vie immortelle de l’âme, parce qu’il est raisonnable de préférer les biens de l’âme aux biens du corps et que les devoirs envers Dieu ont un caractère plus sacré que les devoirs envers les hommes. » (Encyclique Sapientiae Christianae, 10 janvier1890, sur les principaux devoirs des chrétiens, n° 8)
« Si le catholicisme était ennemi de la patrie il ne serait plus une religion divine.
Oui, elle est digne non seulement d’amour, mais de prédilection, la patrie dont le nom sacré éveille les plus chers souvenirs et fait tressaillir toutes les fibres de votre âme, cette terre commune où vous avez votre berceau, à laquelle vous rattachent les liens du sang et cette autre communauté plus nobles des affections et des traditions. » (Discours adressé à Mgr TOUCHET, Évêque d’Orléans et aux pèlerins français le 19 avril 1909 sur l’Église et la France ; in Actes de S. S. Pie X, Maison de la Bonne Presse, tome 5, pages 208-209)
« Dans une si pressante détresse, c’est là une obligation impérieuse de la loi de charité. Si celle-ci nous impose d’aimer même nos ennemis, à plus forte raison nous ordonne-t-elle d’entourer de notre affection ceux qui nous sont unis par les liens d’une commune patrie. » (Lettres apostoliques Diuturni, 15 juillet 1919 – Aux évêques d’Allemagne sur les devoirs qui incombent aux catholiques pour réparer les maux de la guerre ; in : Actes de Benoît XV, Maison de la Bonne Presse, Tome 2, page 57)
« Et il n’est pas à craindre que la conscience de la fraternité universelle, inculquée par la doctrine chrétienne, et le sentiment qu’elle inspire, soient en opposition avec l’amour que chacun porte aux traditions et aux gloires de sa propre patrie, et empêchent d’en promouvoir la prospérité et les intérêts légitimes; car cette même doctrine enseigne que dans l’exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l’on est uni par des liens spéciaux. Le Divin Maître lui-même donna l’exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l’imminente destruction de la Cité sainte. » (Encyclique Summi pontificatus, 20 octobre 1939 – Sur consécration universelle au Christ-Roi)
Pour aller plus loin :
Pie XII, Constitution apostolique Exsul familia nazarathena, 1er août 1952 – Sur l’assistance spirituelle aux émigrants : cliquer ici. Ce document contient entre autres des principes généraux sur la manière catholique de considérer l’immigration.
Abbé Grégoire CELIER, Un regard chrétien sur l’immigration : cliquer ici
Article “La patriotisme est une obligation chrétienne” (Philosophie du christianisme) : cliquer ici
Article “What does the Catholic Church say about immigration?” (The WM Review) : cliquer ici
Louis FLETENCHARD
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