Sanctoral

XIX° Dimanche après la Pentecôte – « Nous sommes des invités dans la salle de festin de l’Église »

L’auguste chef du peuple de Dieu est le salut des siens dans tous leurs maux. Ne l’a-t-il pas montré, Dimanche dernier, d’une façon éclatante, en restaurant à la fois le corps et l’âme du pauvre paralytique qui nous figurait tous ? Écoutons sa voix, dans l’Introït, avec reconnaissance et amour ; promettons-lui la fidélité qu’il demande : sa loi, observée, nous gardera de la rechute. L’Antienne qui suit est inspirée de divers passages de l’Ecriture, sans se trouver dans aucun. Le Verset est tiré du psaume LXXVII. Pour bien comprendre la pensée qui domine les Collectes et plusieurs autres parties des Messes du Temps après la Pentecôte, il est bon, comme on le sait, de ne point perdre de vue l’Évangile du Dimanche précédent. C’est ainsi que l’Église s’inspire encore ci-après de l’épisode du paralytique que le Fils de l’homme, il y a huit jours, guérit doublement sous nos yeux en figure d’un plus grand mystère. Dégagé dans le corps et dans l’âme par la parole toute-puissante du Sauveur, le genre humain peut maintenant d’un cœur libre et dispos vaquer à Dieu. Obtenons du Très-Haut, en nous unissant à l’Église dans la Collecte, que jamais le fatal engourdissement qui nous fut si contraire ne ressaisisse nos facultés.

ÉPÎTRE. La lecture de l’Épître aux Éphésiens, suspendue Dimanche en la manière que nous avons rapportée, est reprise aujourd’hui par la sainte Église. L’Apôtre a posé précédemment les principes dogmatiques de la vraie sainteté ; il déduit maintenant les conséquences morales de ces principes. Rappelons-nous que la sainteté en Dieu est sa vérité même, la vérité vivante et harmonieuse, qui n’est autre que le concert admirable des trois divines personnes unies dans l’amour. Nous avons vu que la sainteté pour les hommes est aussi l’union à l’éternelle et vivante vérité par l’amour infini. Le Verbe a pris un corps pour manifester dans la chair cette vérité parfaite, dont il est l’expression substantielle ; son humanité, sanctifiée directement par la plénitude de la vie divine qui réside en lui, est devenue le modèle, et aussi le moyen, la voie unique de la sainteté pour toute créature. Indépendamment du péché, les conditions de la nature finie retenaient l’homme bien loin de la vie divine ; mais il trouve en Jésus-Christ, tels qu’ils sont en Dieu, les deux éléments de cette vie : la vérité et l’amour. En Jésus, comme complément de son incarnation, la Sagesse aspire à s’unir aussi tous les membres de cette humanité dont il est le chef ; par lui l’Esprit-Saint, dont il est le réservoir sacré, se déverse sur l’homme pour l’adapter à sa vocation sublime, et consommer dans l’amour infini qui est lui-même cette union de toute créature avec le Verbe divin. Ainsi nous est communiquée la vie de Dieu, dont l’existence se résume dans la contemplation et l’amour de son Verbe ; ainsi sommes-nous sanctifiés dans la vérité, en participant à la sainteté même dont Dieu est saint par nature. Mais si le Fils de l’homme, étant Dieu, participe pour sa race à la vie d’union dans la vérité, qui fait la sainteté de la Trinité souveraine, il ne communique cette vie, cette vérité, cette union déifiante, qu’à ceux des hommes qui sont devenus vraiment ses membres, qui reproduisent entre eux en lui, par l’opération de l’Esprit de vérité et d’amour, l’unité dont cet Esprit sanctificateur est en Dieu le lien tout-puissant. Que tous ils soient un, comme vous en moi et moi en vous, ô Père, disait l’Homme-Dieu ; qu’ils soient eux aussi UN en nous : je leur ai donné la gloire, c’est-à-dire la sainteté que vous m’avez donnée, pour qu’ils soient UN comme nous-mêmes nous sommes un, pour que, moi en eux et vous en moi, ils soient consommés et parfaits dans l’unité. Tel est, formulé par le Christ en personne, l’axiome simple et fécond, fondement du dogme et de la morale du christianisme. Jésus, dans cette prière sublime, expliquait ce qu’il venait de dire auparavant : Je me sanctifie pour eux, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la VÉRITÉ. Comprenons maintenant la morale de saint Paul en notre Épître, et ce qu’il entend par cette justice et cette sainteté de la vérité qui est celle du Christ, de l’ homme nouveau que doit revêtir quiconque aspire à la possession des richesses énumérées dans les précédents passages de sa lettre immortelle. Qu’on relise l’Épître du XVIIe Dimanche, et l’on y verra que toutes les règles de l’ascétisme chrétien comme de la vie mystique se résument, pour l’Apôtre, dans ces mots : Soyons soucieux de l’UNITÉ. C’est le principe qu’il donne aux commençants comme aux parfaits ; c’est le couronnement des plus sublimes vocations dans l’ordre de la grâce, comme le fondement et la raison de tous les commandements de Dieu : tellement que, si nous devons nous abstenir du mensonge et dire la vérité à ceux qui nous écoutent, le motif en est, d’après l’Apôtre, que nous sommes membres les uns des autres ! Il est une sainte colère, dont parlait le psalmiste, et qu’inspire en certaines occasions le zèle de la loi divine et de la charité ; mais le mouvement d’irritation soulevé dans l’âme doit, alors même, s’apaiser au plus tôt : le prolonger serait donner place au diable, et lui laisser beau jeu pour ébranler ou renverser en nous, par la rancune et la haine, l’édifice de la sainte unité. Avant notre conversion, le prochain n’avait pas moins que Dieu même à souffrir de nos fautes ; l’injustice nous coûtait peu, quand elle passait inaperçue ; l’égoïsme était notre loi, c’était la garantie du règne de Satan sur nos âmes. Maintenant que l’Esprit de sainteté a chassé l’indigne usurpateur, le meilleur signe de son empire reconquis est que non seulement les droits d’autrui sont désormais sacrés pour nous, mais que notre travail et toutes nos œuvres s’inspirent de la pensée des besoins du prochain à satisfaire. En un mot, poursuit et conclut l’Apôtre un peu plus loin, étant les imitateurs de Dieu comme ses fils très chers, nous marchons dans l’amour. Ce n’est point autrement que l’Église, d’après saint Basile, manifeste au monde la grandeur des biens conférés à cette terre par l’Incarnation. L’assemblée des chrétiens parfaits montre la nature humaine, auparavant rompue et divisée en mille fragments, rejointe maintenant sur elle-même et pour Dieu ; c’est le résumé de ce que le Sauveur a fait dans la chair. Le Christ a rendu la liberté de leurs mouvements à nos mains paralysées pour le bien surnaturel ; élevons-les spirituellement dans la prière, glorifiant Dieu par cet hommage qu’il agrée comme un sacrifice de suave odeur. C’est l’enseignement que la sainte Église nous donne par son exemple, au Graduel.

ÉVANGILE. L’Évangile qu’on vient d’entendre a fait donner plus spécialement le nom de Dimanche des conviés aux noces au dix-neuvième Dimanche après la Pentecôte. Dès le commencement néanmoins de la série dominicale qui prend son point de départ à la descente de l’Esprit-Saint, l’Église proposait à ses fils l’enseignement évangélique qu’elle offre aujourd’hui derechef à leurs méditations ; au deuxième Dimanche après la Pentecôte, elle empruntait à saint Luc l’exposé de la parabole du grand repas aux nombreux invités, que saint Matthieu, précisant davantage, appelle maintenant le festin des noces. Placée ainsi au début et vers la fin de la saison liturgique à laquelle préside l’Esprit sanctificateur, cette parabole éclaire toute la partie de l’année qu’elle domine en cette manière, et révèle de nouveau le vrai but qu’y poursuit l’Église. Mais combien la lumière n’a-t-elle pas grandi, depuis le jour où nous furent présentées pour la première fois ces allégories mystérieuses ! Ce certain homme, homo quidam, qui fit un grand souper et y appela beaucoup de gens, est devenu le roi qui fait les noces de son fils et nous donne en ces noces l’image du royaume des cieux. L’histoire du monde, elle aussi, s’est depuis lors développée sous nos yeux, comme l’ont fait, en passant d’un évangéliste à l’autre, les termes eux-mêmes de l’allégorie. Les anciens et premiers conviés, qui d’abord se bornaient à décliner l’invitation du père de famille, ont crû en audace ; s’emparant des porteurs du message que leur adressait l’amour, ils les ont couverts d’insultes et mis à mort. Nous avons assisté à la vengeance de cet homme qui était Dieu même, du père d’Israël devenu le roi des nations ; nous avons vu ses armées perdre les homicides et briller leur ville. Et voilà qu’enfin, malgré le refus des invités de Juda et leur opposition perfide à la célébration des noces du Fils de Dieu, les noces sont prêtes et la salle est remplie. Le roi céleste a laissé aux serviteurs de son amour le soin d’appeler de toute race les nouveaux conviés ; mais maintenant que les envoyés, selon ses ordres, ont parcouru la terre entière, rassemblé les nations pour ce jour de la joie de son cœur, il va descendre en personne, pour s’assurer lui-même que rien ne manque aux apprêts de la fête et donner le signal du festin éternel des noces sacrées. Or, pour une telle fête, en un tel lieu, rien ne saurait manquer que de la part des conviés ; que ceux-ci veillent donc à ne pas attirer sur eux, dans cet universel et suprême examen, la défaveur du très-haut prince qui les appelle à son alliance. S’il a daigné les convoquer, malgré leur pauvreté sordide, des places publiques et de tous les carrefours, il leur a laissé tout le temps de déposer les haillons du passé ; sachant bien qu’ils ne pouvaient se pourvoir eux-mêmes, il a mis à leur disposition, pour le banquet nuptial, les plus riches vêtements de sa grâce et des vertus. Malheur donc à quiconque serait trouvé, au dernier jour, sans la robe nuptiale de la charité ! sa faute n’aurait point d’excuse, et le roi la punirait justement par l’exclusion de la salle du festin, comme une insulte à son fils. Tout ce qui précède, dans les Dimanches qui viennent de s’écouler, nous a montré l’Église soucieuse uniquement de préparer l’humanité à ces noces merveilleuses, dont la célébration est le seul but qu’ait poursuivi le Verbe divin en venant sur la terre. Dans son exil qui se prolonge, l’Épouse du Fils de Dieu nous est apparue comme le vivant modèle de ses fils ; mais elle n’a point cessé non plus de les disposer par ses instructions à l’intelligence du grand mystère de l’union divine. Il y a trois semaines, abordant plus directement qu’elle ne l’avait fait jusque-là le sujet de son unique préoccupation de Mère et d’Épouse, elle leur rappelait l’appel ineffable. Huit jours plus tard, par ses soins, l’Époux des noces auxquelles on les conviait se révélait à eux dans cet Homme-Dieu devenu l’objet du double précepte de l’amour qui résume toute la loi. Aujourd’hui, l’enseignement est complet. Elle le précise dans l’Office de la nuit, où saint Grégoire nous donne toute sa pensée ; avec la double autorité d’un grand Docteur et d’un grand Pape, au nom même de l’Église, il explique ainsi l’Évangile : « Le royaume des cieux est l’assemblée des justes. Le Seigneur dit en effet par un prophète : Le ciel est mon trône ; et Salomon dit d’autre part : L’âme du juste est le trône de la Sagesse, pendant que Paul appelle le Christ : Sagesse de Dieu. Si donc le ciel est le trône de Dieu, nous devons conclure évidemment que, la Sagesse étant Dieu et l’âme du juste le trône de la Sagesse, cette âme est un ciel… Le royaume des cieux est donc bien l’assemblée des justes… Si ce royaume est déclaré semblable à un roi qui fait les noces de son fils, votre charité comprend aussitôt quel est ce roi, père d’un fils roi comme lui-même, à savoir celui dont il est dit dans le psaume : O Dieu, confiez au Roi vos jugements, et votre justice au Fils du Roi ! Dieu le Père a fait les noces de Dieu son Fils, quand il l’a uni à la nature humaine, quand il a voulu que celui qui était Dieu avant les siècles devînt homme sur la fin des siècles. Mais nous devons éviter le danger de laisser à entendre qu’il puisse exister dualité de personnes en notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ… A cause de cela, il peut être à la fois plus clair et plus sûr de dire que le Père a fait les noces du Roi son Fils, en lui unissant par le mystère de l’incarnation la sainte Église. Le sein de la Vierge mère a été la chambre nuptiale de cet Époux, dont le Psalmiste dit : Il a placé sa tente dans le soleil, il est l’Époux qui s’avance de sa chambre nuptiale. »

Malgré sa qualité d’Épouse chérie du Fils de Dieu, l’Église n’en est pas moins sujette ici-bas aux tribulations. Les ennemis de l’Époux, ne pouvant plus atteindre directement le Seigneur, portent sur elle leur rage. Le Seigneur voit dans ces épreuves, supportées par l’Église avec amour, un nouveau trait de cette conformité qu’elle doit avoir avec lui en toutes choses ; il la laisse donc souffrir en ce monde, se contentant de la soutenir toujours et de la sauver, comme ledit l’Offertoire, au milieu des maux qui vont croissant autour d’elle. L’auguste Sacrifice qui se prépare obtient toujours son effet infini, en ce qui regarde la glorification de la Majesté souveraine ; mais sa vertu s’applique à l’homme dans une mesure plus ou moins grande, dépendant à la fois des dispositions de la créature et de la miséricorde suprême. Implorons donc, dans la Secrète, le Dieu tout-puissant, pour qu’il daigne nous faire éprouver abondamment l’effet des Mystères divins qui vont s’accomplir. L’Homme-Dieu, par son contact divin au saint banquet, a rendu spirituellement la vigueur à nos membres ; souvenons-nous qu’il nous faut les consacrer désormais à son service, et que nos pieds raffermis doivent s’exercer à courir dans la voie des divins commandements. La Postcommunion semble être encore un souvenir de l’Évangile du paralytique, qui se lisait autrefois en ce Dimanche. On y implore l’assistance du céleste médecin qui dégage l’homme du mal où il gémit impuissant, et lui donne la force nécessaire pour accomplir la loi de Dieu vaillamment et toujours.

La Maternité de la Bienheureuse Vierge Marie

La fête de la Maternité de la Ste Vierge était fêtée en certains lieux le deuxième dimanche d’octobre, une messe pro aliquibus locis se trouvait dans l’appendice du Missel Romain. En 1931, pour célébrer le XVème centenaire du Concile d’Ephèse, qui proclama le dogme de la maternité divine, Pie XI établit la fête pour l’Eglise universelle au 11 octobre.

En 431, un concile général convoqué à Ephèse proclama et définit le dogme de la Maternité divine de la très Sainte Vierge. Jusque-là, il n’avait jamais été contesté qu’il y avait deux natures en Notre-Seigneur : la nature divine et la nature humaine, mais qu’il n’y a qu’une seule personne. Notre-Dame étant la Mère de l’unique personne de Jésus-Christ, a le droit d’être appelée Mère de Dieu, au même titre que nos mères, qui, bien qu’elles n’aient point formé nos âmes, mais seulement nos corps, sont cependant appelées les mères de l’homme tout entier, corps et âme. Car, si l’homme n’est homme qu’en tant que son âme est unie à son corps, Jésus-Christ n’est réellement Jésus-Christ qu’autant que Sa Divinité est unie à Son Humanité. En 1931, à l’occasion du quinzième centenaire du grand concile d’Ephèse, Pie XI institua la fête que nous célébrons aujourd’hui. La Maternité divine de Marie L’élève au-dessus de toutes les créatures. L’Église honore en ce jour cet incomparable privilège accordé à Marie, dogme fondamental de notre sainte religion. Grande est la dignité de la mère! Mais combien plus digne de vénération est celle de la Mère du Fils de Dieu qui a engendré dans le temps Celui qui est engendré du Père de toute éternité !  “Il y a dans cette maternité, dit saint Thomas, une dignité en quelque sorte infinie, puisqu’Elle a pour Fils Celui que les anges adorent comme leur Dieu et leur Seigneur. Cette suréminente dignité est la raison d’être de Son Immaculée Conception, de Son élévation au-dessus des anges, de la toute-puissance de Son crédit auprès de Dieu.” Cette élévation donne à Marie une autorité qui doit inspirer notre confiance envers Celle que l’Église appelle Mère de Dieu, Mère du Christ, Mère de la divine grâce, Mère très pure, Mère très chaste, Mère aimable, Mère admirable, Mère du Créateur, Mère du Sauveur. En nous faisant vénérer ainsi la très Sainte Vierge, l’Église veut susciter en nos âmes un amour filial pour Celle qui est devenue notre propre Mère par la grâce. Marie nous a tous enfantés au pied de la croix. Notre prérogative de frères adoptifs de Jésus-Christ doit éveiller en nos coeurs une confiance illimitée envers Marie qui nous a adoptés sur le Calvaire, lorsqu’avant de mourir, le Sauveur nous a présenté à la Co-rédemptrice, en la personne de saint Jean, comme les enfants qu’Il désirait La voir adopter, disant : “Mère, voilà Votre fils ; fils, voilà votre Mère ! Ces paroles sont comme le legs testamentaire du Christ. “Que peut-on concevoir au-dessus de Marie ? demande saint Ambroise, quelle grandeur surpasse celle qu’a choisie pour Mère Celui qui est la grandeur même ?” “Il a plu à Dieu d’habiter en Vous, ô Marie, Lui dit saint Bernard, lorsque de la substance de Votre chair immaculée, comme du bois incorruptible du Liban, le Verbe S’est édifié une maison par une construction ineffable. C’est en Vous, ô Mère unique et bien-aimée qu’Il S’est reposé et qu’Il a versé sans mesure, tous Ses trésors…”

Saint Nicaise et ses Compagnons, Martyrs

Suivant la tradition, saint Nicaise, dont le nom grec signifie victorieux, vit le jour en Grèce. D’après de très anciens documents, il naquit à Athènes et fut converti, avec le grand saint Denis, par le savant discours de saint Paul devant l’Aréopage. Après avoir séjourné quelques temps près du grand Apôtre, saint Nicaise, avec saint Denis, travailla en Grèce au salut des âmes, puis s’embarqua avec le même Saint pour Rome. Le Pape saint Clément les envoya dans les Gaules, avec d’autres missionnaires, pour continuer l’évangélisation de ce pays, commencée avec succès par des envoyés de saint Pierre lui-même. Tandis que saint Denis fixa son siège à Paris, Nicaise se dirigea vers le pays de Rouen. Mais cette ville, qui le vénère encore aujourd’hui pour son premier pontife, ne devait pas le voir dans ses murs; car il reçut en route la couronne du martyre. Il emmenait avec lui le prêtre Quirin et le diacre Égobile. Vers Pontoise, les habitants leur promirent d’accepter l’Évangile, s’ils les délivraient d’un dragon qui infestait ce pays. Alors Quirin marcha vers le dragon, le lia sans peine et le conduisit devant le peuple émerveillé; là, le monstre expira, par l’ordre du Saint. A cette vue, bon nombre d’idolâtres se convertirent à la foi du Christ, et trois cent dix-huit d’entre eux reçurent le baptême. Le bruit de ce prodige s’étant répandu dans le pays d’alentour, les conversions se multiplièrent, et les habitants de Meulan, de Mantes, de Monceaux, commencèrent à ouvrir les yeux à la lumière de l’Évangile. Les apôtres chassèrent aussi plusieurs démons qui tourmentaient les habitants de la contrée. Mais la voix du Ciel les appelait plus loin. Nicaise, Quirin et Égobile reprirent leur marche vers Rouen. A la Roche-Guyon, ils convertirent par leur prédication une noble dame, nommée Pience, et un prêtre des idoles, appelé Clair. Ce dernier était aveugle; ils lui rendirent en même temps la vue de l’âme et celle du corps. Ce fut le signal de nombreuses conversions. Les prêtres païens, irrités, conduisirent les trois apôtres au gouverneur, qui, peu auparavant, avait mis à mort saint Denis et ses compagnons; mais, inaccessibles à toutes les menaces, ils subirent courageusement le martyre. On rapporte de ces trois héros de la foi le même fait qui est raconté de saint Denis; il auraient porté leur tête entre leurs mains, après avoir été décapités.

Saint Alexandre Sauli, Évêque, Barnabite

La famille dont sortait Alexandre Sauli était une des plus illustres de la Lombardie. Elle a produit plusieurs grands hommes, entre autres des évêques et des cardinaux qui se sont distingués par leurs talents et leur piété; on en voit encore les armes sur des hôpitaux et des églises magnifiques. Alexandre naquit à Milan le 15 février 1534, l’année même que fut fondée la congrégation des clercs réguliers, dits Barnabites. Il parut, dès son enfance, prévenu des plus abondantes bénédictions du ciel. Ses parents lui donnèrent des maîtres habiles, sous la conduite desquels il fit de rapides progrès. Il étudia surtout la science des Saints à l’école de l’esprit de Dieu, dont il écoutait les leçons avec une grande docilité. Il se sentit de bonne heure pénétré d’une grande horreur pour les divertissements profanes du siècle. Un jour que le peuple était assemblé autour d’une troupe de comédiens, il s’avança un crucifix à la main, et fit un discours si pathétique, que les comédiens prirent la fuite. Le peuple entra dans les sentiments d’une vive componction, et se retira les larmes aux yeux. Quelque temps après, il se consacra sans réserve au service de Dieu dans la congrégation des Barnabites. Il endurcit son corps à la fatigue par les travaux et les veilles, se livrant avec zèle au ministère de la parole et de la réconciliation. Il avait un talent singulier pour toucher et convertir les pécheurs. Il continua d’exercer les mêmes fonctions, même lorsqu’il eut été chargé d’enseigner la philosophie et la théologie dans l’université de Pavie. On vit des communautés entières se mettre sous sa conduite, afin d’apprendre de lui les moyens de parvenir à la perfection de leur état. Ayant été invité à prêcher dans la cathédrale de Milan, ses sermons produisirent des fruits merveilleux. Saint Charles Borromée félicita l’Eglise d’avoir un pareil ministre, et versa des larmes de joie à la vue des succès de son zèle apostolique. Alexandre n’avait encore que trente-deux ans lorsqu’il fut élu supérieur général de son ordre. Il remplit cette place avec une capacité qui donna un nouvel éclat à sa congrégation : mais Dieu ne l’avait pas destiné à vivre renfermé dans la retraite ; l’île de Corse était le théâtre où devaient briller ses éminentes vertus. Cette île avait été anciennement convertie à la foi par des missionnaires venus de Rome. L’église d’Aléria paraît être une des plus anciennes de celles qui y furent fondées. On connaît principalement un de ses évêques, nommé Pierre. Il vivait du temps de saint Grégoire-le-Grand, qui lui écrivit des lettres. Mais cette église était depuis longtemps réduite dans l’état le plus déplorable ; il n’y avait plus de piété ni de discipline quand Alexandre Sauli en fut nommé évêque, en 1571, par le saint Pape Pie V. Le nouvel évêque ayant été sacré par saint Charles Borromée, partit sans délai avec trois prêtres de son ordre. La situation attendrissante de son illustre père, qui touchait au dernier moment de sa vie, ne fut point capable de le retenir ; il n’entendait que les gémissements de son église désolée. Il ne fut point non plus arrêté par la vue de l’esclavage qu’il avait à craindre de la part des corsaires mahométans, qui infestaient toutes les côtes de l’Ile de Corse; il s’embarqua plein de confiance en Dieu, et la navigation fut heureuse. Il ressentit une vive douleur en voyant que Dieu était partout méconnu. Aléria n’était plus que le titre d’une église. A peine y avait-il dans toute l’étendue du diocèse un lieu où l’on pût faire décemment l’office divin. Les bourgades, à l’exception de trois ou quatre, étaient inhabitées. Les peuples étaient dispersés dans les bois et sur les montagnes. Plongés dans une grossière ignorance, ils ne savaient pas les premiers éléments de la religion. Le clergé n’avait pas moins besoin d’être instruit que le peuple. Le saint évêque, sans église et même sans maison, fixa d’abord sa demeure à Talone. C’était une espèce de bourgade située à quatre lieues des ruines d’Aléria. Il y tint un synode sur le modèle de ceux qui se tenaient à Milan sous saint Charles Borromée, et y fit de sages règlements pour commencer à remédier aux abus ; il entreprit ensuite la visite de tout son diocèse. Il alla dans les hameaux les plus écartés, et pénétra jusqu’aux endroits les plus inaccessibles. La vue d’un pasteur si charitable attendrissait les plus sauvages ; ils venaient tous se jeter à ses pieds, bien résolus de lui obéir, même avant de l’avoir entendu. Ses paroles portaient la lumière de la foi dans les esprits, et le feu de la charité dans les cœurs. Partout il lui fallut réformer d’anciens abus, abolir des coutumes scandaleuses, fonder des églises, ou relever celles qui étaient ruinées, et pourvoir à la décence dû culte du Seigneur. Il établit des collèges et des séminaires où l’on pût former la jeunesse. Les coopérateurs qu’il avait amenés avec lui étant morts de fatigue sous ses yeux, il se trouva dans un très-grand embarras : il ne se découragea cependant point ; il redoubla ses travaux sans craindre d’épuiser sa santé. La continuité de ses occupations ne l’empêcha point non plus de s’assujettir à des jeûnes continuels et à une rigoureuse abstinence. Quoiqu’il eût très-peu de revenu, il ne laissait pas de faire des aumônes abondantes. Les déprédations des corsaires l’obligèrent souvent de changer de demeure. On le vit transporter son séminaire et sont clergé de Talone, situé sur la côte orientale de l’île, à Algagliola, qui était sur la côte occidentale, et de cette ville à Corte, dans le centre de l’île, puis à Cervione. Ce fut dans cette dernière ville qu’il bâtit sa cathédrale, et qu’il fonda un chapitre de chanoines. Il avait un rare talent pour réunir les esprits et les cœurs divisés ; aussi lui donna-t-on dans toute la Corse le surnom d’Ange de paix. Le bienheureux Alexandre Sauli adressa de sages avertissements à son clergé. Il s’y proposait d’instruire les ministres, tant sur la conduite qu’ils devaient tenir, que sur la manière dont ils devaient diriger les âmes confiées à. leurs soins ; il composa aussi des entretiens, dans lesquels il expliqua la doctrine de l’Eglise avec beaucoup de précision et de netteté. Saint François de Sales estimait singulièrement cet ouvrage, et disait que la matière y était épuisée. Le saint prélat allait de temps en temps à Rome, ainsi que les autres évêques d’Italie ; mais il y allait comme au centre de l’apostolat, et avec tant de dévotion, qu’il y éprouvait en lui-même ce que dit saint Chrysostome, que l’esprit apostolique y vit toujours, et que des tombeaux des apôtres, et de leurs cendres tout inanimées qu’elles sont, sortent encore des étincelles du feu sacré dont ils embrasèrent la terre. Tous ses voyages furent comme autant de missions, par les grands fruits que produisirent partout ses prédications, ses conseils et ses exemples. C’est de quoi les villes de Gênes, de Milan et de Rome ont plusieurs fois fourni des témoignages qui ont été confirmés par quatre Souverains-Pontifes. Grégoire XIII, l’un d’eux, fut extrêmement frappé lorsqu’il l’entendit prêcher. Saint Philippe de Néri l’honorait aussi beaucoup ë. cause de ses talents et de son éminente sainteté. Les ennemis de la religion eux-mêmes ne pouvaient résister à la force et à l’onction de ses discours. Ayant eu une conférence avec un calviniste de Genève, qui était venu dogmatiser en Corse, il lui fit ouvrir les yeux à la vérité, et le ramena dans le sein de l’Eglise. A Rome, un seul de ses sermons enleva à la synagogue des juifs quatre de ses plus fermes soutiens. La vénération où était le saint apôtre de la Corse porta les villes de Tortone et de Gênes à le demander pour pasteur ; mais il ne voulut point quitter sa première épouse, à laquelle il était tendrement attaché. Ce ne fut que par obéissance aux ordres du Pape Grégoire XIV, qu’il accepta l’évêché de Pavie en 1591. Il ne fut pas plus tôt arrivé dans son nouveau diocèse, qu’il entreprit d’en faire la visite. Toutes les fêtes solennelles il revenait à Pavie. Etant à Calozzo, dans le comté d’Asti, il fut attaqué de la maladie qui l’enleva de ce monde. Il mourut le 23 Avril 1592. Sa sainteté fut attestée par plusieurs miracles. La cérémonie de sa béatification se fit à Rome en 1742 et il fut canonisé par saint Pie X le 11 décembre 1904.

Martyrologe

Fête de la Maternité de la bienheureuse Vierge Marie.

A Tarse, en Cilicie, les saintes femmes Zénaïde et Philonille, deux sœurs, proches parentes selon la chair du bienheureux Apôtre Paul, et ses disciples dans la foi.

Dans le Vexin, en Gaule, la passion des saints martyrs Nicaise, qui était évêque de Rouen, Quirin prêtre, Scuvicule diacre et Pience vierge, sous le préfet Fescenninus.

A Besançon, en Gaule, saint Germain, évêque et martyr.

Le même jour, la passion des saints Anastase prêtre, Placide, Genès, et de leurs compagnons.

A Tarse, en Cilicie, l’anniversaire des saints martyrs Taraque, Probe et Andronic. Durant la persécution de Dioclétien, ils languirent longtemps dans des cachots infects et éprouvèrent par trois fois des tourments et supplices divers; ils eurent enfin la tête tranchée et, confessant le Christ, entrèrent triomphants dans la gloire.

En Thébaïde, saint Sarmata, disciple du bienheureux abbé Antoine. Il fut, pour le Christ, mis à mort par les Sarrasins.

A Uzès, dans la Gaule Narbonnaise, saint Firmin, évêque et confesseur.

A Calosso, au diocèse d’Asti, antérieurement diocèse de Pavie, saint Alexandre Sauli, de la Congrégation des Clercs Réguliers de saint Paul, évêque et confesseur. Célèbre par sa naissance, ses vertus, sa doctrine et ses miracles, il a été inscrit au catalogue des saints par le souverain pontife Pie X.

Au monastère d’Aghaboé, en Irlande, saint Cainnech, prêtre et abbé.

A Lierre, en Belgique, la mise au tombeau de saint Gommaire confesseur.

A Rennes, en Gaule, saint Émilien confesseur.

A Vérone, sainte Placidie vierge.</ptextarea id=”cliquemailclipboardAreaToText”>

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