Fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Roi
Fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Roi [Instituée en 1925 par l’encyclique Quas primas de Pie XI]

Fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Roi [Instituée en 1925 par l’encyclique Quas primas de Pie XI]

En ce temps-là, Pilate dit à Jésus : « Tu es le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?»  Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu fait ?» Jésus répondit : « Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas.»  Pilate lui dit : « Tu es donc roi ?» Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean 18,33-37). Les textes de l’office qui ont été publiés pour la Fête du Christ Roi instituée par Pie XI permettent de célébrer la fête liturgiquement avec l’Église dans toutes ses parties. Nous allons donc examiner déjà l’annonce solennelle de la fête, dès la veille, par les premières vêpres. Là se dresse, pour ainsi dire, devant nous l’image du Roi : le Christ, le Roi de paix, dont le royaume est éternel et auquel tous les rois sont soumis. — Le soir, pendant la veillée nocturne, nous récitons et chantons en commun ou, du moins, en union d’esprit avec l’Église universelle les Matines, la prière dramatique de la fête. L’on a choisi dans le psautier huit psaumes royaux qui sont encadrés par des antiennes exprimant avec beauté et clarté le mystère de la fête. Les leçons ont été choisies, elles aussi, avec à-propos : celles du premier nocturne (il en est de même pour l’Épître) sont tirées de la lettre christologique de saint Paul aux Colossiens : l’universelle royauté du Christ sur le monde et sur l’Église y est magistralement exposée. Au second nocturne, nous entendons l’Encyclique de Pie XI exposer officiellement l’objet et la portée de la fête. Au troisième nocturne, la lecture la plus importante, le commentaire de l’Évangile, est faite avec beaucoup de pénétration par saint Augustin, le célèbre Père de l’Église. Les répons qui suivent les leçons offrent tout un parterre de passages bibliques riches de pensées et de sentiments sur la royauté du Christ (les quatre premiers sont empruntés à l’Ancien Testament ; les quatre derniers, au Nouveau). Dès le matin du jour de la fête, nous saluons, à laudes, dans le soleil levant, le Divin Soleil royal “ qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a rendus dignes de partager le sort de ses saints dans la lumière ”. Ainsi préparés, nous nous rendons à la Messe. Au chant de l’Introït, le regard prophétique de saint Jean nous conduit devant le trône du Roi céleste ; celui-ci est le Divin Agneau immolé qui nous révèle maintenant encore sa grandeur royale et qui doit être proclamé Roi par tous. Le psaume 71 de l’Introït chante avec enthousiasme la royauté pacifique du Christ. Après une prière d’action de grâces pour notre incorporation au royaume et à la famille de Dieu, l’Apôtre des nations nous présente, dans l’Épître, le portrait du Roi sublime et tout-puissant de ce royaume et de cette famille. Le Christ est “ l’image du Dieu invisible ” ; “ en lui tout a été créé ”, “ il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui ”, il est “ la tête de l’Église ”, “ il devrait avoir en toutes choses la première place. ” Un portrait fouillé et magnifique de l’Homme-Dieu, notre Roi, adressé par l’Apôtre à la communauté qui lui était si chère ! Les chants psalmodiques unissent leur richesse de pensées et de sentiments aux lectures, comme un écho de l’Épître et une première note de l’Évangile. Le Graduel est une acclamation enthousiaste à l’adresse du Roi (Ps. 51) ; le chant de l’Alléluia y ajoute un mot pénétrant du prophète Daniel sur le Roi immortel de l’univers. A l’Évangile, le Christ est debout, prisonnier, devant Pilate. Le représentant officiel de l’empereur romain qui règne sur le monde est assis à son tribunal et il pose au Christ cette question : “ Es-tu roi ? ” “ Je le suis. ” La réponse ne pouvait être plus précise, plus claire ni plus vraie. Elle sortait de la bouche de celui qui allait bientôt, en signe de suprême dérision, être couronné d’épines et nanti d’un manteau et d’un sceptre de roi, et qui règne à jamais sur le trône céleste comme Roi du temps et de l’éternité. — La scène que nous venons de rappeler, extraite de l’Évangile de saint Jean, le disciple bien aimé, n’avait été chantée jusqu’ici, au cours de l’année liturgique, que dans la Passion du vendredi-saint. Elle est désormais utilisée comme Évangile dans tout le monde catholique à la grande fête royale de Notre Seigneur Jésus Christ. C’est un point culminant dans la liturgie de cette nouvelle fête solennelle. Les deux dernières processions sont accompagnées par deux chants royaux : le psaume 2 (Off.) et le psaume 28 (Comm.). Au Saint Sacrifice, le Christ paraît au milieu de nous : “ Le Seigneur règne en Roi pour l’éternité et bénit son peuple dans la paix ” (Comm.), la communion est aujourd’hui un festin royal.

Vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte

Vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte – “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu”

D’après Honorius d’Autun, la Messe du jour se rapporte au temps de l’Antéchrist. L’Église jette ses yeux dans l’avenir sur le règne de cet homme de péché, et comme déjà sous le coup de la persécution redoutable des derniers jours, elle emprunte l’Introït au psaume CXXIX. Si, concurremment avec le sens prophétique que revêtent aujourd’hui les paroles de ce psaume, nous en voulons une application présente et toujours pratique, étant donnée notre misère, rappelons-nous l’Évangile de la semaine précédente, qui était autrefois celui du présent Dimanche. Chacun de nous se reconnaîtra dans la personne du débiteur insolvable qui n’a d’espoir qu’en la bonté de son maître ; et nous nous écrierons, dans la confusion de notre âme humiliée : Si vous considérez les iniquités, Seigneur, qui subsistera devant vous ? Nous venons de ranimer notre confiance, en chantant que la miséricorde est en Dieu. C’est lui-même qui donne leur pieux accent aux prières de son Église, parce qu’il veut l’exaucer. Mais nous ne serons écoutés avec elle qu’à la condition de prier comme elle selon la foi, c’est-à-dire conformément aux enseignements de l’Évangile. Prier selon la foi, c’est donc aujourd’hui remettre à nos compagnons leurs dettes envers nous, si nous demandons à être absous nous-mêmes par le Maître commun. ÉPÎTRE. Saint Paul, au nom de l’Église, attire de nouveau notre attention sur l’approche de la fin. Mais ce dernier des jours, qu’il nommait Dimanche le jour mauvais, est appelé aujourd’hui par deux fois, dans le court passage de l’Épître aux Philippiens qu’on vient d’entendre, le jour du Christ Jésus. La lettre aux Philippiens est toute à la confiance, l’allégresse y déborde ; et cependant elle nous montre la persécution sévissant sur l’Église, et l’ennemi mettant à profit la tempête pour exciter les passions mauvaises au sein même du troupeau du Christ. L’Apôtre est enchaîné ; la jalousie et la trahison des faux frères ajoutent à ses maux. Mais la joie domine sur la souffrance en son cœur, parce qu’il est arrivé à cette plénitude de l’amour où la douleur alimente mieux que toutes délices la divine charité. Pour lui, Jésus-Christ est sa vie, et la mort est un gain : entre la mort qui répondrait au plus intime désir de son cœur en le rendant au Christ, et la vie qui multiplie ses mérites et le fruit de ses œuvres, il ne sait que choisir. Que peuvent, en effet, sur lui les considérations personnelles ? Sa joie présente, sa joie future, est que le Christ soit connu et glorifié, peu lui importe en quelle manière. Son attente ne sera point confondue, puisque la vie et la mort n’aboutiront qu’à glorifier le Christ en sa chair. De là, dans l’âme de Paul, cette indifférence sublime qui est le sommet de la vie chrétienne, et n’a rien de commun, on le voit, avec l’engourdissement fatal où les faux mystiques prétendirent, au XVIIe siècle, enfermer l’amour. Quelle tendresse prodigue à ses frères le converti de Damas, à cette hauteur où il est parvenu dans le chemin de la perfection ! Dieu m’est témoin, dit-il, combien je vous aime et désire tous dans les entrailles de Jésus-Christ ! L’aspiration qui le remplit et l’absorbe, est que le Dieu qui a commencé en eux l’œuvre bonne par excellence, cette œuvre de la perfection du chrétien arrivée à sa consommation dans l’Apôtre, la poursuive et l’achève en tous pour le jour où le Christ apparaîtra dans sa gloire. Il prie pour que la charité, cette robe nuptiale des bénis du Père qu’il a fiancés à l’unique Époux, les entoure d’un éclat non pareil au grand jour des noces éternelles. Or le moyen que la charité se développe en eux sûrement, c’est qu’elle y grandisse dans l’intelligence et la science du salut, c’est-à-dire dans la foi. C’est la foi, en effet, qui forme la base de toute justice surnaturelle. Une foi diminuée ne peut, dès lors, porter qu’une charité restreinte. Combien donc ils se trompent, ces hommes pour qui le souci de la vérité révélée ne va pas de pair avec celui de l’amour ! Leur christianisme se résume à ne croire que le moins possible, à prêcher l’inopportunité de nouvelles définitions, à rétrécir savamment et sans fin l’horizon surnaturel par égard pour l’erreur. La charité, disent-ils, est la reine des vertus ; elle leur inspire de ménager même le mensonge ; reconnaître à l’erreur les mêmes droits qu’à la vérité, est pour eux le dernier mot de la civilisation chrétienne établie sur l’amour. Et ils perdent de vue que le premier objet de la charité étant Dieu, qui est la vérité substantielle, n’a pas de pire ennemi que le mensonge ; et ils oublient qu’on ne fait point acte d’amour, en plaçant sur le même pied l’objet aimé et son ennemi mortel. Ce n’est point ainsi que l’entendaient les Apôtres : pour faire germer la charité dans le monde, ils y semaient la vérité. Tout rayon nouveau dans l’âme de leurs disciples profitait à l’amour ; et ces disciples, devenus lumière eux-mêmes au saint baptême, n’avaient rien tant à cœur que de ne pactiser point avec les ténèbres. Renier la vérité était, dans ces temps, le plus grand des crimes ; s’exposer par mégarde à diminuer quoi que ce fût de ses droits, était la souveraine imprudence. Le christianisme avait trouvé l’erreur maîtresse du monde ; devant la nuit qui retenait la race humaine immobilisée dans la mort, il ne connut point d’autre procédé de salut que de faire briller la lumière ; il n’eut point d’autre politique que de proclamer la puissance de la seule vérité pour sauver l’homme, et d’affirmer ses droits exclusifs à régner sur le monde. Ce fut le triomphe de l’Évangile, après trois siècles de lutte acharnée et violente du côté des ténèbres, qui se prétendaient souveraines et voulaient rester telles, de lutte sereine et radieuse du côté des chrétiens, dont le sang versé ne faisait qu’augmenter l’allégresse en affermissant sur la terre le règne simultané de l’amour et de la vérité. Aujourd’hui que par la connivence des baptisés l’erreur reprend ses prétendus droits, la charité d’un grand nombre a diminué du même coup ; la nuit s’étend de nouveau sur un monde agonisant et glacé. La ligne de conduite des fils de lumière reste la même qu’aux premiers jours. Sans terreur et sans trouble, fiers de souffrir pour Jésus-Christ, comme leurs devanciers et comme les Apôtres ils gardent chèrement la parole de vie ; car ils savent que, tant qu’il restera pour le monde une lueur d’espérance, elle sera dans la vérité. Ne se préoccupant que de marcher d’une manière digne de l’Évangile, ils poursuivent, dans la simplicité des enfants de Dieu, leur carrière au milieu d’une génération mauvaise et perverse, comme font les astres au firmament dans la nuit. « Les astres brillent dans la nuit, dit saint Jean Chrysostome, ils éclatent dans les ténèbres ; bien loin de perdre à l’obscurité qui les entoure, ils en apparaissent plus brillants : ainsi en sera-t-il de toi-même, si tu demeures juste au milieu des pervers ; ta lumière en ressortira davantage. » — « Comme les étoiles, dit de même saint Augustin, poursuivent leur course dans les sentiers tracés par Dieu, sans se lasser de projeter leur lumière au sein des ténèbres, sans se troubler des maux qui arrivent sur la terre : ainsi doivent faire les saints, dont la conversation est vraiment au ciel, ne se préoccupant pas plus que les astres eux-mêmes de ce qui se dit ou se fait contre eux. » Le Graduel chante la douce et puissante unité maintenue jusqu’à la fin dans l’Église par la charité, à l’accroissement de laquelle nous exhorte l’Épître, et que l’ancien Évangile de ce Dimanche recommandait comme l’unique moyen de salut pour le jour du jugement. ÉVANGILE. Il faut bien que la diminution des vérités doive être le danger tout spécial des derniers temps, puisque l’Église, en ces semaines qui ont pour objet de représenter les derniers jours du monde, nous ramène saris cesse à la prudence de l’entendement comme à la grande vertu qui doit alors garder ses fils. Dimanche, elle leur remettait comme arme défensive le bouclier de la foi, comme arme offensive la parole de Dieu ; huit jours plus tôt, c’était la circonspection de l’intelligence qui leur était recommandée, pour conserver, dans les jours mauvais, leur sainteté fondée sur la vérité leur richesse consistant dans la science. Aujourd’hui, dans l’Épître, c’était encore l’intelligence et la science qui leur étaient proposées, comme pouvant seules accroître leur amour et parfaire l’œuvre de leur sanctification pour le jour du Christ. L’Évangile vient conclure opportunément ces leçons de l’Apôtre parle récit d’un fait tiré de l’histoire du Sauveur, et leur donner l’autorité qu’apporte avec soi tout exemple emprunté à la vie du divin modèle de l’Église. Jésus-Christ, en effet, s’y montre à nous comme l’exemple des siens dans les embûches tendues à leur bonne foi par les complots des méchants. C’était le dernier jour des enseignements publics de l’Homme-Dieu, presque à la veille de sa sortie de ce monde. Ses ennemis, tant de fois déjoués dans leurs ruses, essayèrent un suprême effort. Les Pharisiens, qui ne reconnaissaient point la domination de César et son droit au tribut, s’unirent à leurs adversaires, les partisans d’Hérode et de Rome, pour poser à Jésus la question insidieuse : Est-il permis ou non de payer le tribut à César ? Si la réponse du Sauveur était négative, il encourait la colère du prince ; s’il se prononçait pour l’affirmative, il perdait tout crédit dans l’esprit du peuple. Avec sa divine prudence, Jésus déconcerta leurs menées. Les deux partis, si étrangement alliés par la passion, se refusèrent à comprendre l’oracle qui pouvait les unir dans la vérité, et retournèrent bientôt sans doute à leurs querelles. Mais la coalition formée contre le juste était rompue ; l’effort de l’erreur, comme toujours, avait tourné contre elle ; et la parole qu’elle avait suscitée, passant des lèvres de l’Époux à celles de l’Épouse, ne devait plus cesser de retentir en ce monde, où elle forme la base du droit social au sein des nations. Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, redisaient les Apôtres ; et s’ils proclamaient bien haut qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ils ajoutaient : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne procède de Dieu, et celles qui existent, c’est Dieu qui les a établies. Celui donc qui résiste à la puissance, résiste à l’ordre établi de Dieu, et s’attire la damnation. Demeurez donc soumis, parce qu’il est nécessaire, soumis non seulement par le sentiment de la crainte, mais aussi par le devoir de la conscience. C’est pour la même raison que vous payez des tributs aux princes, parce qu’ils sont les ministres de Dieu. » La volonté de Dieu, telle est donc la source comme la vraie grandeur de toute autorité parmi les hommes. L’homme, par lui-même, n’a aucun droit de commander à son semblable. Le nombre ne change rien à cette impuissance des hommes sur ma conscience, puisque, nombreux ou non, je suis l’égal de chacun d’eux par nature, et qu’additionner les droits sur moi de chacun, c’est additionner le néant. Mais Dieu, voulant que les hommes vécussent en société, a voulu par là même qu’il y eût à leur tête un pouvoir chargé de ramener les volontés multiples à l’unité du but social. Il laisse aux événements conduits par sa providence, aux hommes eux-mêmes à l’origine des sociétés, une grande latitude pour déterminer la forme sous laquelle devra s’exercer le pouvoir civil et son mode de transmission. Mais, une fois régulièrement investis, les dépositaires souverains du pouvoir ne relèvent que de Dieu dans la sphère de leurs attributions légitimes, parce que c’est de lui seul que leur vient la puissance, non de leurs peuples qui, n’ayant point cette puissance en eux-mêmes, ne pourraient la donner. Tant qu’ils observent les conditions du pacte social, ou ne tournent pas à la ruine de la société le pouvoir reçu pour son bien, leur droit à l’obéissance est celui de Dieu même : soit qu’ils prélèvent les tributs nécessaires à leur gouvernement ; soit que les lois portées par eux viennent restreindre, dans le commerce ordinaire de la vie, la liberté laissée par le droit naturel, ou que leurs ordres envoient le soldat à une mort certaine pour la défense de la patrie. Dans tous ces cas, c’est Dieu même qui commande par eux et veut être obéi : dès ce monde, il met le glaive en leurs mains pour la punition des rebelles ; il châtiera lui-même dans l’autre éternellement ceux qui ne se seront pas amendés. Combien grande n’est donc pas cette dignité de la loi humaine, qui fait du législateur le vicaire même de Dieu, en même temps qu’elle épargne au sujet l’humiliation de l’abaissement devant un autre homme ! Mais, pour que la loi oblige et soit vraiment loi, il est clair qu’elle doit avant tout se conformer aux prescriptions et aux défenses de l’Être souverain dont la volonté seule peut lui donner son caractère auguste, en la faisant entrer dans le domaine de la conscience. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir de loi contre Dieu, contre son Christ ou son Église. Dès lors que Dieu n’est plus avec l’homme qui commande, la puissance de celui-ci n’est que force brutale. Le prince ou l’assemblée qui prétend réglementer les mœurs d’un pays à l’encontre de Dieu, n’a donc droit qu’à la révolte et au mépris de tous les gens de cœur ; donner le nom sacré de loi à ces tyranniques élucubrations, est une profanation indigne d’un chrétien comme de tout homme libre. L’Antienne de l’Offertoire et ses anciens Versets se réfèrent, comme l’Introït, au temps de la dernière persécution. La prière d’Esther au moment de paraître devant Assuérus, pour combattre Aman figure de l’Antéchrist, en fournit les paroles. Esther est l’image de l’Église ; et nous ne pouvons indiquer mieux les sentiments dans lesquels il convient de chanter l’Offertoire du jour, qu’en traduisant ici l’en-tête consacré par l’Esprit-Saint lui-même, dans l’Écriture, à cette prière sublime. « La reine Esther eut recours au Seigneur, épouvantée du péril imminent. Déposant ses habits royaux, elle prit des vêtements propres aux pleurs ; sur sa tête, les parfums variés furent remplacés par la cendre et l’ordure ; son corps s’humilia dans les jeûnes ; tous les lieux, auparavant témoins de sa joie, furent remplis de ses cheveux qu’elle arrachait dans sa douleur. Et elle priait le Seigneur Dieu d’Israël, disant : « Mon Seigneur, « qui êtes seul notre roi, assistez-moi solitaire ». La plus sûre garantie contre l’adversité est l’absence du péché dans les âmes, le péché excitant la colère de Dieu et appelant sa vengeance. Disons avec l’Église, dans la Secrète : L’Antienne de la Communion nous donne à remarquer, pour nous porter à les imiter, la persévérance et l’instance des supplications de la sainte Église. En célébrant la mémoire du Sauveur selon sa recommandation, dans les Mystères, nous ne devons point perdre de vue que ces Mystères sacrés sont aussi le refuge de notre misère. Ce serait présomption ou folie que de ne point songer à les utiliser par la prière en ce sens, comme fait l’Église dans la Postcommunion.

Saint Narcisse, Évêque de Jérusalem, vingt neuf octobre
Digne de louange pour sa sainteté, sa patience et sa foi, ce fut par une heureuse mort qu’il s’en alla vers le Seigneur, à l’âge de cent seize ans.

Sanctoral   

Saint Narcisse, Évêque de Jérusalem

Saint Narcisse, né en Palestine, vers la fin du Ier siècle, s’appliqua dès sa jeunesse, avec un grand soin, à l’étude des sciences divines et humaines. Il entra dans l’état ecclésiastique, et l’on put voir en lui le modèle achevé de toutes les vertus sacerdotales; aussi l’appelait-on le saint prêtre. Pendant toute sa vie il fut entouré de l’estime universelle; toutefois ce n’est qu’à l’âge de quatre-vingts ans qu’il fut choisi pour évêque de Jérusalem. Cette haute dignité lui inspira un nouveau zèle et une nouvelle ferveur, et il gouverna son troupeau avec une vigueur qu’on n’aurait pas dû naturellement attendre de son grand âge. Sa vie austère et pénitente fut toute entière vouée au bien de l’Église. En 195, il présida, avec Théophile de Césarée, un concile tenu relativement à la célébration de la fête de Pâques, et où il fut décidé que cette fête se célébrerait toujours un dimanche, et non le jour où il était d’usage de la célébrer chez les Juifs. Le Ciel opéra un grand nombre de prodiges par les mains de ce vénérable pontife: on en raconte un particulièrement remarquable. Une veille de Pâques, l’huile manquait aux lampes de son église pour les offices solennels qui avaient alors lieu dans la nuit. Narcisse commanda de tirer de l’eau à un puits qui était proche et de la lui apporter; il la bénit et la fit verser dans les lampes; on s’aperçut alors qu’elle s’était changée en huile, ce qui excita l’admiration des fidèles. On conserva longtemps avec respect des restes de cette huile miraculeuse. La vénération que ce saint évêque s’était attirée ne put le garantir de la malice des méchants. Trois scélérats l’accusèrent d’un crime atroce et confirmèrent leur calomnie par des imprécations horribles contre eux-mêmes. L’un dit: “Je veux être brûlé vif, ci cela n’est pas vrai!” L’autre: “Je veux être couvert de la lèpre!” Le troisième: “Je consens à perdre la vue!” Narcisse crut devoir céder à l’orage et se retira dans un désert, où il s’ensevelit pendant huit années. Dieu Se chargea de sa vengeance. Ses calomniateurs reçurent le prix de leur crime: le premier périt dans un incendie, avec toute sa famille; le second fut couvert d’une lèpre horrible; le troisième, frappé d’effroi et plein de repentir, pleura son péché au point qu’il en perdit la vue. Narcisse ne put résister plus longtemps aux instances de son peuple et vint reprendre le soin de son Église. Il mourut à l’âge de cent seize ans.

Bienheureux Thomas de Florence, Frère convers, Premier Ordre Franciscain, vingt neuf octobre
À cause des nombreux miracles accomplis par son intercession, sa vénération ne cessait de croître et le pape Clément XIV le béatifie.

Bienheureux Thomas de Florence, Frère convers, Premier Ordre Franciscain

Thomas était le fils d’un boucher de Florence, nommé Bellaci. Ses parents l’ont élevé dans la crainte de Dieu ; mais lorsqu’il fut devenu jeune homme, il s’écarta du chemin de la vertu en fréquentant de mauvais compagnons. Les choses en sont arrivées à un point où les parents ont averti leurs fils de n’avoir rien à voir avec Thomas Bellaci, et c’était une honte de se trouver en sa compagnie. Puis un homme riche de la ville, qui était également très méchant, fit de Thomas son ami et utilisa le jeune homme audacieux pour de nombreux actes ignobles. Il arriva un jour où un crime grave fut commis à Florence et Thomas en fut accusé. Même si cette fois il était réellement innocent, sa réputation le faisait courir le risque d’être condamné à de lourdes peines.  Écrasé par la tournure des événements, Thomas arpente les rues jusqu’à ce qu’il rencontre un prêtre pieux qui avait réussi à ramener à la raison plus d’un de ces jeunes hommes. Thomas a d’abord repoussé le prêtre, mais lorsque celui-ci a continué à lui montrer beaucoup de sympathie, Thomas a ouvert son cœur et a raconté son histoire. Le prêtre le consola et l’invita chez lui, lui disant qu’il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour lui. En fait, il a fait déclarer Tomas innocent du crime qui lui était imputé. Thomas résolut désormais de réparer sa vie désordonnée sous la direction de son sauveur. Il rompit ses anciennes fréquentations et rejoignit une société pieuse dont le prêtre était directeur. Au lieu d’errer dans les rues et les tavernes, on le voyait maintenant occupé à son travail et visitant les églises ; au lieu de se livrer à des jeux et à des plaisirs tumultueux, il se livra désormais à la prière et aux œuvres de pénitence. Plus le bienheureux Thomas de Florence était rempli de la grâce de Dieu, plus il avait envie de quitter le monde et de se consacrer à une vie de pénitence. Près de Fiesole, les Frères Mineurs avaient récemment construit un couvent réputé pour la vie sainte de ses membres. Là, Thomas demande à être admis comme frère lai. Sa demande a été soigneusement étudiée puis accordée. La pénitence que Thomas fit au couvent prouva la sincérité de sa conversion. En jeûnant, en veillant et en se flagellant, il devint un frère modèle. Ses vêtements étaient constitués des vêtements usés de ses frères. Il accomplissait les tâches les plus humbles avec la plus parfaite obéissance. La conversion sincère du frère Thomas a été récompensée par Dieu par des grâces extraordinaires. Lors de la prière, le bienheureux Thomas de Florence était fréquemment ravi en extase, de sorte que son corps était souvent vu élevé dans les hauteurs. Il fut doté de dons spirituels remarquables, de sorte que, bien qu’il fût frère laïc, il fut nommé maître des novices. Il a formé de nombreux saints hommes qui sont devenus avec le temps des gloires de l’ordre. Au fil du temps, le pape Martin V confia à Thomas la tâche de prêcher contre les Fraticelli hérétiques, dont l’extinction complète est attribuée à lui et à ses confrères mineurs. Thomas fonda également de nombreux couvents dans le sud de l’Italie et ailleurs. Le pape Eugène IV l’envoya finalement avec d’autres franciscains en Orient pour promouvoir la réunion de l’Église orientale avec l’Église occidentale. Là, le bienheureux Thomas de Florence rencontra de grandes difficultés, la faim et un emprisonnement cruel ; et il avait l’espoir de remporter la couronne du martyr. Cependant, il a été libéré lorsque le pape lui a envoyé une grosse somme d’argent pour sa rançon. De retour en Italie, Thomas comptait faire la demande d’être renvoyé en Orient. Mais le bienheureux Thomas de Florence mourut lors du voyage à Rome, au couvent de Rieti, le 31 octobre 1447. À cause des nombreux miracles accomplis par son intercession, sa vénération ne cessait de croître ; et le pape Clément XIV le béatifie.

Martyrologe

Les saints évêques Maximilien martyr, et Valentin confesseur.

A Sidon, en Phénicie, saint Zénobe prêtre. Dans la rigueur de la dernière persécution, alors qu’il en exhortait d’autres au martyre, il en fut lui-même jugé digne.

En Lucanie, les saints martyrs Hyacinthe, Quinctus, Félicien et Lucius.

A Bergame, sainte Eusébie, vierge et martyre.

A Jérusalem, l’anniversaire du bienheureux Narcisse évêque. Digne de louange pour sa sainteté, sa patience et sa foi, ce fut par une heureuse mort qu’il s’en alla vers le Seigneur, à l’âge de cent seize ans.

A Autun, saint Jean, évêque et confesseur.

A Cassiope, dans l’île de Corfou, saint Donat évêque, dont le bienheureux pape Grégoire fait mention.

A Vienne, en France, la mise au tombeau du bienheureux abbé Théodore.

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