La solitude de Zelensky à Vilnius au sommet de l'OTANLes États-Unis freinent l’entrée de l’Ukraine au sein de l’OTAN. L’administration Biden met un frein. Alors que Biden est à la tête d’un pays qui se comporte de manière fluctuante sur la question, il préfère s’arrêter lorsqu’il s’agit de passer à un point de non-retour. Ajoutons : heureusement.

Le double jeu des États-Unis et de l’Ukraine

Avant le déclenchement de la guerre, l’OTAN avait inclus, depuis 2008, l’Ukraine dans la politique dite de la « porte ouverte », pour ensuite réaffirmer sa position dans la décennie suivante, même après le déclenchement de la guerre dans le Donbass. A l’opposé des déclarations faites peu avant le 24 février 2022 (le jour de l’attaque russe) dans lesquelles l’entrée de Kiev était définie comme « pas à l’ordre du jour ». Cette dernière déclaration pouvait vouloir dire tout ou rien : ne pas être à l’ordre du jour maintenant ne veut pas dire ne pas être à l’ordre du jour « plus tard », et le « plus tard » peut aussi être immédiat. En tout état de cause, l’entrée de l’Ukraine dans les statuts de l’OTAN laisse peu de place à l’interprétation, du moins quant aux intentions de l’Alliance atlantique.

Volodymyr Zelenski, pour sa part, avait une attitude tout aussi fluctuante : peu de temps après le déclenchement du conflit, il avait annoncé que son pays ne rejoindrait pas l’alliance elle-même, puis il avait de nouveau changé de position.

Désormais, Joe Biden semble faire de même : le président américain lors de son voyage en Europe semble disposé à réitérer son non, du moins pour le moment, à l’entrée de Kiev, après s’être rigoureusement exprimé il y a quelques semaines sur la voie « non accélérée » » d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine au Pacte atlantique. La « tournée » du président durera quatre jours, commençant lundi dernier par une rencontre avec le Premier ministre britannique Rishi Sunak. Mardi et mercredi, la réunion de l’OTAN à Vilnius.

Washington ne veut pas de confrontation directe avec Moscou

Washington ne veut pas de confrontation directe avec Moscou et Moscou ne veut pas de confrontation directe avec Washington. Une évidence réaffirmée à plusieurs reprises en cette année et demie, malgré les frictions continues et les risques d’accidents qui ont augmenté, comme c’est logique, de façon exponentielle.

Dans le désastre du conflit qui bouleverse l’Europe, c’est peut-être la seule bonne nouvelle qui continue à se maintenir « sur la même ligne » sans bouleversements. Joe Biden, et son administration de faucons et ses alliés vassaux, connaissent parfaitement l’évidence : faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN pendant le conflit signifierait de facto entrer directement en guerre avec le Kremlin, car c’est le statut officiel de l’OTAN, l’article 5 de l’Alliance stipulant qu’une attaque contre un membre est une attaque contre tous les membres.

L’absence de dates précises sur la future adhésion de l’Ukraine à l’OTAN signifie, selon le président Volodymyr Zelensky, qu’il y a une volonté de « laisser une fenêtre d’opportunité pour négocier l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN dans les négociations avec la Russie ». C’est ce qu’a déclaré hier le président ukrainien.

La solitude de Zelensky

« Nous accordons de l’importance à nos alliés. Nous attachons de l’importance à notre sécurité commune. Et nous apprécions toujours une conversation ouverte. L’Ukraine sera représentée au sommet de l’OTAN à Vilnius. C’est une question de respect. Mais l’Ukraine mérite également le respect. Or, sur le chemin de Vilnius, nous avons reçu des signaux indiquant que certaines formulations sont discutées sans l’Ukraine. »

Il a ajouté :

« Et je voudrais souligner que cette formulation concerne l’invitation à devenir membre de l’OTAN, et non l’adhésion de l’Ukraine. »

« Il est absurde et sans précédent qu’aucun délai n’ait été fixé pour l’invitation ou l’adhésion de l’Ukraine. En même temps, une formulation vague sur les « conditions » est également ajoutée pour l’invitation à l’Ukraine. Il ne semble pas urgent d’inviter l’Ukraine dans l’OTAN ni d’en faire un membre de l’Alliance. Cela signifie, répète Zelensky, qu’il reste une fenêtre d’opportunité pour négocier l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN dans le cadre des négociations avec la Russie. Pour la Russie, c’est une motivation pour continuer sa terreur. L’incertitude est une faiblesse. Et j’en parlerai ouvertement au sommet », conclut Zelensky

« L’Ukraine mérite de faire partie de l’Alliance. Pas maintenant, car, maintenant, c’est la guerre, mais nous avons besoin d’un signal clair et ce signal est nécessaire dès maintenant », a insisté le chef d’État ukrainien dans un message sur Telegram.

Un signal clair que les Etats-Unis qui utilisent l’Ukraine dans leur guerre par procuration contre la Russie n’ont pas envie de donner. Le niet a certainement été adouci par des déclarations de circonstance, comme celle d’une adhésion sans préliminaires en temps voulu et celle de garanties de sécurité extra-OTAN qui viendront également en temps voulu. Mais fondamentalement, Kiev est « out ». Et Zelensky bien seul.

Francesca de Villasmundo

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